(Je présente cet essai, à corriger, dans le cadre de la terrible
situation dans laquelle nous sommes tous actuellement...)
Alors que nous devrions être unis sur quelques points essentiels susceptibles
de faire l'unité, contre les Puissances d'argent et d'exploitation, c'est
à dire le capitalisme, nous passons notre temps, depuis un siècle
à nous diviser, et nous subdiviser toujours plus, jusqu'à ne plus
ressembler à rien,
Qui nous ? La gauche et l'extrême gauche. Une brève énumération
et quelques exemples:
-Fin du 19ème: expulsion des anarchistes de l'AIT par Marx et ses amis
-Constitution de la 2ème Internationale des travailleurs sans les anars
-1905: explosion du PSD russe en menchéviks et bolchéviks
-A partir de là le système des exclusions commence.
-1925, Congrès de Tours, généralisation de la division
politique et syndicale. Socialistes d'un côté et communistes de
l'autre (Marx avait écrit dans le "Manifeste communiste" que
les communistes n'avaient nul besoin de constituer un parti à part, n'ayant
pas d'intérêts différents de ceux de l'ensemble des travailleurs)
-Exclusions massives du parti bolchevique et épuration
-A la 2ème guerre mondiale, la CGT se scinde en CGT, et FO-CGT....par
exemple.
Ne parlons pas des divisions et subdivisions dans le mouvement trotskyste.
Des milliers d'heures de réunions pour faire le compte des divergences,
s'exclure et se traiter de renégats....pour être plus forts face
à l'ennemi commun.
La question de l'unité n'est pas un problème syndical, c'est un
problème politique. On n'a pas cessé d'en parler pendant des dizaines
d'années dans le cadre des anathèmes et du rejet de l'autre.
S'ajoute aujourd'hui à cette culture centenaire de la division, le "complotisme".
Je le perçois comme un immense danger, et je ne suis pas sûre de
le caractériser avec exactitude. Je dirais qu'il s'agit d'une pensée
magique qui imagine que les forces qui s'opposent sont totalement homogènes,
étanches, sans contradictions, moyennant quoi les ennemis sont désignés
sans discernement, en ajoutant à la division existante une haine qui
n'a plus rien à voir avec la lutte des classes. Un individu atteint de
"complotisme" est sourd à l'analyse comme un curé qui
aurait la tête dans le bénitier.
Malheureusement, "nous" avons tout fait pour que les jeunes des banlieues
plongent dans cette idéologie.
Il faut discuter des divergences oui, non pour se diviser, mais pour approfondir
l'analyse. Pourtant il faut rester ensemble. Il faut cesser de servir à
l'autre une perspective politique déterminée qui divise. Ce ne
sont pas les directions d'organisations qui doivent décider des perspectives
mais les adhérents, les sympatisants, le peuple.
Les options qui peuvent faire l'objet de discussions pour construire l'unité
aujourd'hui (étant entendu qu'aucune idéologie ne constitue la
Vérité) pourraient être (à discuter):
-les banques et les entreprises aux travailleurs
-les grandes surfaces aux comités de citoyens
-A bas la guerre, à bas l'industrie d'armement
-Solidarité entre tous les peuples, entre toutes les cultures, sinon
c'est la guerre.
-multiplication des services publics, ouverts à tous.
-Tolérance absolue au niveau des religions, des idées, des cultures.
-un régime politique qui respecte la démocratie à la base
la plus grande
-Vers la protection totale de l'environnement
Les puissances d'argent se sont organisées naturellement autour de l'idée qu'on peut diviser à l'infini les peuples, pour préserver leur pouvoir. Et ceux qui veulent la "révolution" sont ceux-là même qui ont impulsé la division à l'extrême, en leur sein.
On retrouve le même problème, encore plus dramatique, au niveau
des combattants du dictateur Assad.
Je suis persuadée que la force très réactionnaire EI est
une conséquence de la division historique des peuples au Moyen Orient,
de l'expropriation des richesses, de la misère, de la destruction des
territoires... etc par les puissances d'argent.
Le djihadisme se présente donc sous une forme très contradictoire,
à la fois comme une opposition violente contre ces puissances d'argent,
mais également comme volonté sectaire et destructrice d'appliquer
à tous une vérité mortifère (c'est le poison du
pouvoir). Le djihadisme a cent visages différents. Il est aussi divisé
que l'extrême gauche occidentale; il en est de même que les groupes
rebelles laïcs.
Je note ces jours-ci que la Russie est prête à accepter des groupes
rebelles autour de la table de négociation, mais pas tous, alors qu'il
les faut tous, sauf l'EI bien sûr. Cette exclusion est nocive pour la
paix.
Que font alors les USA qui se partagent l'organisation de la division avec la
Russie ?
Au lieu de bombarder EI, ils ont bombardé Fatah Al-Cham, groupe sectaire
mais qui combat Assad. Ils ont assassiné des quantités de ses
cadres, espérant semer encore plus de division entre les groupes rebelles,
qui croient tous au complot.. entre eux.
Le seul vainqueur de tout cela sera le régime d'Assad.
Oui il y a des djihadistes dangereux. Il faut les convaincre du bien fondé
de la paix, et de la volonté d'aller à la paix, contre les querelles
personnelles, contre le pouvoir des petits chefs.
Si ceux qui parlent de la paix sont crédibles, celle-ci finira par s'imposer.
Mais il faut dire publiquement, haut et fort, ce qu'est la paix. Sur qui peut-on
compter pour ce faire ?
La Russie, mais encore plus les USA semblent bien plus désireux de multiplier
les raisons de renforcer les forces les plus sectaires chez les groupes rebelles
!
Les syriens, les irakiens, les kurdes, qui ont tant souffert, trouveront-ils,
avec l'ensemble des travailleurs occidentaux la voie vers la paix, sur quelques
mots d'ordre acceptables par tous ?
AMC 26-1-17