MARX AU 21ème SIECLE ?

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    Bienvenue à vous (lire avant tout la rubrique "index")

    Bienvenue sur ce site "MARX au 21ème siècle?". Nous avons mis un point d'interrogation, pour indiquer la question sous-jacente fondamentale "Marx nous est-il utile encore aujourd'hui ?"

    La question n'est pas paradoxale, surtout en cette période "d'ultra libéralisme" (comme on dit dans le jargon connu), de crise, de fermetures massives d'entreprises. Le retour à Marx semblerait aller de soi. Nous ne le pensons que pour partie seulement, c'est pourquoi nous avons ouvert ce site en 2005.

    Nous avons été assez brièvement sur divers sites sur cette question. Récemment, depuis 2008, s'effectue un "retour à Marx" en France, alors qu'auparavent les sites étaient surtout anglosaxons. La majorité des sites en France est issue de la mouvance du PCF ou de dits réformateurs du PCF. Tous se disent dans la continuité de Marx, comme si cela allait de soi. Il y a en effet beaucoup de théories diverses et contradictoires chez Marx.. C'est avant tout un homme du 19ème siècle qui a une vision messianique de l'histoire et de l'avenir, et qui s'inscrit dans l'évolutionnisme déterministe de son temps; c'est aussi un homme de pouvoir qui n'a pas réglé son compte à la société patriarcale.

    Par contre son analyse précise du capitalisme et du système d'exploitation qui le gouverne est plus que jamais vrai et digne d'intérêt.

    Le malheur est qu'il y a eu l'existence de l'URSS s'appuyant sur la théorie marxiste. Celle-ci a-t-elle pu générer ce qui s'est passé dans ce pays, ou va-t-on se contenter sans cesse de dire que la théorie a été manipulée et tronquée ?

    Selon nous, les marxistes, pendant des dizaines d'années, après la révolution de février 1917, mais surtout après la prise du pouvoir par les bolchéviks en octobre 1917, ont été, à leur insu ou tout à fait volontairement, les serviteurs zélés du nationalisme grand russe, au profit de la seule défense de l'URSS, en utilisant ce qui a été le moins bon chez Marx, son messianisme, la dictature du prolétariat ou du Parti (comme disait Bakounine), son amour de la grande industrie, son rejet de l'anarchispme de l'AIT, son rejet de la "petite bourgeoisie" (les classes intermédiaires: paysans, artisans, commerçants, petits producteurs...). Lénine s'en est servi pour produire le bolchévisme qui donnera le stalinisme plus tard.

    De ce fait, les défenseurs de Marx aujourd'hui sont très souvent en fait des défenseurs de l'URSS, à des degrés divers. Cette défense du marxisme ne nous intéresse pas. Nous la réfutons.

     

    Il est donc nécessaire de procéder à un rééxamen des textes de Marx. Nous verrons que, selon nous, Marx n'est pas toujours responsable des déviations qui ont eu lieu. Le terme "marxisme" est toujours à l'honneur pour désigner une analyse dite en rupture avec la pensée dominante capitaliste. Mais nous pensons que Marx n'a pas toujours été en rupture avec cette pensée. De plus nous faisons remarquer qu'il y a eu d'autres types d'analyses en rupture avec le capitalisme, ne serait-ce que l'anarchisme.

    Les concepts de base de l'analyse de Marx ne semblent pas jusqu'à présent réinventoriés sérieusement, et d'autres sont carrément tronqués. Par exemple, les "marxistes" sont souvent les premiers à dénigrer de façon indirecte la "loi de la valeur travail" (pour faire moderne), à dénigrer toute valeur à la monnaie, influencés qu'ils sont par la tradition keynésienne; et ils sont souvent les premiers à prétendre qu'il y a des politiques de rechange en profondeur à faire, en conservant le cadre capitaliste, en même temps qu'ils se font les gardiens du temple.

    "Revenir à Marx" ? Dans quel but ?

    Il faut au préalable avoir conscience que toutes les dictatures qui se sont réclamées de Marx, ont toutes sombré à des degrés divers dans l'horreur (URSS, CHINE, ALBANIE, YOUGOSLAVIE, COREE, CAMBODGE, ALGERIE, ETHIOPIE, MOZAMBIQUE...), ont disparu ou font pâle figure (CUBA..VIETNAM...).. Pour quelles raisons ? La trahison ? Un peu facile ! Le mépris et le rejet de la paysannerie, de la petite bourgeoisie, la chasse aux anarchistes, la chasse et le refus de la démocratie directe, la soi-disant domination de la nature par la science, la science et l'industrialisation montées au pinacle, le parti unique...etc. On trouve les racines de tout cela chez Marx, bien qu'on trouve des textes extraordinaires chez cet auteur.

    Nous supposons que beaucoup de gens ont perçu tout cela et que les analyses anglo-saxonnes sont les plus riches car c'est sans doutes aux USA que les intellectuels ont eu la possibilité d'une lecture la plus libre, ce qui n'a pas été le cas en Europe en raison du poids des PC.

    C'est pourquoi, nous posons, en vue de l'action, la question fondamentale suivante: Marx nous est-il utile aujourd'hui pour comprendre le fonctionnement du capitalisme, la misère continue qui s'y développe, et la barbarie qui, chaque jour, s'étend un peu plus avec la libre concurrence et le libre échange ? Mais nous posons aussi la question: Marx nous est-il utile également pour combattre le capitalisme ?

    La réponse est oui à la première question. La réponse ressemble à un non à la seconde question.

    En effet, toute une partie des écrits de Marx relève d'un travail scientifique, dans le sens où la science a pour tâche de découvrir le fonctionnement réel des phénomènes de toutes sortes, derrière les apparences. A partir de là, le militant peut aiguiser son combat.

    Par contre, nous rejetons la philosophie de l'histoire développée par Marx comme étant un empêchement à ce que les peuples s'émancipent, comme étant une garantie au maintien du capitalisme, et un socle qui s'est avéré utile pour les dictatures.

    Mais nous faisons ici une remarque importante. Si l'URSS et les régimes dits socialistes et communistes, à parti unique, nous apparaissent avoir été plus que nocifs, ils n'en ont pas moins joué, aux yeux des grandes masses ouvrières, un rôle d'espoir considérable, qui, même si cela était illusoire, a fait rêver. De plus, sans l'URSS, et ce qu'elle représentait, illusoirement ou non, y aurait-il eu les acquis sociaux que nous connaissons en Europe ? Y aurait-il eu les combats victorieux contre les guerres (du Vietnam par exemle...). Il y aurait eu autre chose, mais quoi ?

    Une analyse objective, doit donc tenir compte de l'ensemble de ces éléments contradictoires.


    Notre objet : donner une vision critique sur la théorie de Marx, en mettant en évidence tous les aspects fondamentaux mais contradictoires de cette théorie.
    D'une part Marx a mis en lumière, au mieux de ce qui était possible, les mécanismes de fonctionnement du capitalisme naissant, puis en plein développement : l'exploitation et la lutte entre les classes, la violence sociale, le chômage et l'armée industrielle de réserve, le libre échange comme l'une des bases possibles de la barbarie (le terme est de lui), le colonialisme des nations industrielles, les fondements de l'impérialisme…la nature de la richesse capitaliste...
    D'autre part et en même temps, Marx a présenté une théorie du capitalisme industriel comme étant le plus haut degré de civilisation, alors qu'à notre avis le capitalisme industriel a été un système barbare et toujours plus barbare, pouvant amener l'humanité à la destruction. Marx a été abusé par l'illusion d'une société technicienne libératrice, et il a confondu le travail créateur et utile à l'homme avec le salariat. En outre il a développé une vision déterministe de l'histoire, où le capitalisme est naturellement présenté comme le plus haut degré de civilisation jamais atteint avant le communisme, c'est tout dire de ce que sera le communisme.

    Ce dernier devait s'instaurer par la révolution sociale, et faire disparaître l'exploitation, après que l'ensemble de la population se soit transformée en prolétaires triomphants (dictature du prolétariat), dans le cadre d'une industrialisation poussée à son plus haut degré. La caricature de ces objectifs se trouve dans la Chine actuelle.

    Nous présenterons ceci de façon détaillée.

     

    (revu en 2017)

     

    De ce point de vue, Marx nous est-il utile ? Et encore: Y a-t-il lieu de distinguer le communisme réel du communisme imaginé par Marx ?? Non, c'est la même chose. Est-ce bien le communisme imaginé par Marx (dont il ne voyait pas très précisément la mise en application) qui a conduit au communisme réel ? Oui hélas..

    ("Y avait-il dans la pensée de Marx une faille par où le mal pût entrer, l'embryon d'une de ces végétations parasites capables de tout dévorer et recouvrir, c'est ce que nous nous sommes demandés bien des fois et nous demandons encore avec anxiété"...

    André Breton, Allocution du 30-4-1949. recueilli dans "Mettre au ban les partis politiques", l'Herne 2007)

     

    La réflexion que nous proposons ne relève pas d'un exercice de style purement intellectuel. Dans la perspective qui était celle de Bourdieu, nous voulons tenter sérieusement de nous donner les moyens 1) de voir en quoi non pas un retour mais une relecture de Marx est indispensable aujourd'hui dans une situation où tout est fait pour a) exploiter toujours davantage les travailleurs et restaurer l'armée industrielle de réserve dans ses formes les pires, b) opposer entre eux dans cette perspective les salariés des 27 pays de l'Europe (principal objectif de l'Europe aujourd'hui), c)préserver les intérêts impérialistes de l'Occident dans les pays du Tiers monde par la guerre, la destruction, le pillage, la chasse aux musulmans aujourd'hui et aux "terroristes" (qui cache la chasse aux peuples pauvres) , d) sauvegarder notre genre de vie gaspilleur, e) isoler les différentes parties du salariat, émietter ce dernier, faire surgir des pogroms entre salariés...

    2) Mais en même temps il nous faut absolument savoir a)Pourquoi toutes les révolutions sociales, bifurquant vers le socialisme ou le communisme, ont échoué, sans exception, et pour certaines, ont produit des despotismes ravageurs, des famines et des génocides, b) quelle filiation il y eut entre les écrits et les réalités qui ont suivi, ce qui nous entraîne à rejeter comme impropables de dites "déviations", ou de dites "traïtrises", c)pourquoi le communisme, dit réel, a toujours nié la démocratie, entre autres la démocratie à la base, la liberté d'expression, l'organisation libre des citoyens, la séparation des pouvoirs, et a confisqué les soviets en URSS, d) pourquoi la réforme agraire a tourné au désastre au Zimbabwe « socialiste » (ne parlons pas de l'Ethiopie !), e) pourquoi l'Algérie dite « socialiste » a engendré la pénurie, la dictature et les ravages terroristes, f) pourquoi Cuba, pour résister aux USA, a toujours eu besoin de museler la démocratie, g)Pourquoi l'URSS a dévasté l'Afghanistan avant les USA, et torturé ses habitants etc etc

     

    Sur le 1) nous proposons cette relecture dans une série de rubriques où nous considérons que Marx a décrypter mieux qui quiconque la société capitaliste.

    Entre autre nous considérons que la théorie de la valeur-travail est une des clefs de compréhension du capitalisme.

    Réhabilitation de la valeur-travail.

    Indiquons que de nombreux économistes et sociologues ont prétendu, pendant tout le 20 ème siècle, que ce qui était le plus vieilli, le moins scientifique chez Marx est précisément ce que nous admirons le plus: la loi de la valeur travail !. Il n'y a pourtant pas besoin d'être grand clerc pour voir que toutes les propositions des différents gouvernements Raffarin, Villepin, Sarkozy, de décembre 2004 à 2009, visant à allonger le temps de travail, à diminuer si possible les salaires, à précariser toute une partie du salariat, et à légaliser cette précarité (CPE, CNE et autres...), constituent l'application concrète de la loi de la valeur et de la théorie de l'exploitation, au grand dam de ceux qui voudraient sauver le capitalisme par l'accroissement du pouvoir d'achat… Et nous ne saurions oublier le Ministre et le Président Sarcozy, dont la politique provocatrice de nettoyage des banlieues, de chasse à l'immigration, fait partie du nécessaire renforcement d'une armée industrielle de réserve rejetée vers les "classes dangereuses", pour tenter de soulever une partie du salariat contre les laissés pour compte.

    Notre singularité réside donc dans le fait que nous voulons réhabiliter une partie de l'analyse (entre autres la loi "la valeur travail ») explicative de l'exploitation, tant décriée, y compris par les anarchistes qui n'ont pas hésité à tout rejeter, en même temps que nous revendiquons le droit le plus total à la critique des perspectives émises par Marx.. Aujourd'hui une majorité d'intellectuels se réclamant encore du marxisme rejette la théorie de la valeur, qu'ils n'ont en fait jamais comprise (par exemple les tenants de la revue du MAUSS, Jacques Bidet (Que faire du Capital ? 1985, Klincksiek)   ou H.Denis (L'économie de Marx, histoire d'un échec , 1980, PUF) et tant d'autres. Ils font à notre avis une erreur. Il ne faut en fait ni tout rejeter avec haine, ni tout garder dévotement. Pour défendre le meilleur de Marx, il convient plutôt de tout réexaminer, de faire le tri. Cela insupportera les inconditionnels d'une lecture biblique. Cela insupportera également ceux qui pensent que la théorie marxiste est à rejeter dans les oubliettes de l'histoire. Nous n'en avons cure. Nous voulons faire le travail de réexamen et de deuil, afin d'émerger de près de cent ans d'une sorte d'obscurantisme de la pensée révolutionnaire.

    Sur le 2) nous émettons des hypothèses explicatives:

    a)Marx comme le courant Saint Simonien considéré l'industrialisation comme le sommet de la civilisation. Il a cru pouvoir distinguer l'industrialisation du capitalisme pour en faire une conquête au profit du prolétariat: "les acquis positifs" du capitalisme.

    Très logiquement la philosophie de "l'évolutionnisme unilinéaire " allait de pair. Celle-ci considère, à l'inverse des philosophies asiatiques, que l'histoire évolue dans le sens d'un progrès général des civilisations, grâce à la science (c'est le scientisme). Les anthropologues Boas (USA) au 19ème siècle, et Levy Strauss au 20ème siècle, pour ne parler que d'eux, se placeront à contre courant de cette vision des choses. Cette vision des choses est celle du 19ème siècle et caractérise le libéralisme économique.

    De ce point de vue Marx rejettera tous les courants anticapitalistes qui s'opposeront au machinisme, à la libre concurrence, à l'industrialisation :
    -opposition au courant ouvrier anglais " luddiste " (bri des machines) défendu spontanément par le jeune Engels dans " La situation de la classe laborieuse en Angleterre " (1844)
    -rejet des corporations dont les membres ne demandaient que leur réforme et non leur suppression lors de la révolution française en 1789 (voir les cahiers de doléance); corporations dont les principes étaient le refus absolu de la concurrence, et la maîtrise de l'évolution technique par les collectivités de métiers .
    -approbation de la loi Le Chapelier de 1791 en France, qui abolit les corporations, interdit toute coalition d'ouvriers, s'accompagne d'une répression sociale violente (loi martiale) et donne la liberté absolue au chef d'entreprise d'utiliser les techniques comme il l'entend. Marx considère qu'il s'agit là d'une libération positive des forces productives (libre concurrence, productivisme, standardisation, production en grand…)
    -opposition à la petite production (paysannerie, artisanat, petit commerce, c'est-à-dire le peuple…) mise en regard à l'efficacité de la grande production industrielle, dont Marx rêve qu'elle s'applique à l'agriculture.

    -de ce fait, Marx est un centralisateur de la production, ce qui l'entraînera à s'opposer à toute démocratie directe..
    -opposition au protectionnisme qui veut préserver la petite et moyenne production (opposition féroce à l'économiste allemand List qui impulsa le Zollverein allemand, tarif douanier contre l'Angleterre industrialisée, dans les années 1840). Marx s'affirmera " libre échangiste révolutionnaire " en vue de précipiter le mouvement révolutionnaire à l'assaut du capitalisme dans le désordre provoqué par cette libre concurrence.
    -méfiance vis à vis des mouvements paysans militant pour l'appropriation individuelle et collective de la terre : Marx préfère la grande propriété qui ouvre le champ à une gestion par l'Etat, un Etat dont il pense dans un premier temps que les prolétaires pourront se saisir, avant de préconiser sa destruction au profit de l'Etat dit des prolétaires.

    Pour ces raisons Marx ne mettra en avant que l'anticapitalisme du salariat, mais pas celui d'autres couches sociales populaires, en vue de s'approprier l'industrialisation, ce qu'on peut estimer comme étant contradictoire dans les termes.
    Cette préférence nette pour l'industrialisation n'empêche pas Marx de donner en détail tous les éléments de l'exploitation par le Capital, produit de cette industrialisation. D'ailleurs il définira avec soin ce qu'est une production qui crée du capital par opposition à une production qui ne débouche pas sur l'objectif de créer du capital. Cet apport reste magistral dans la perspective des économies rurales des pays du Tiers monde aujourd'hui, et pour une réflexion théorique sur une monnaie non liée au capital..

    b) En raison de ce qui précède, Marx s'opposera à toute " démocratie à la base " et rejettera le courant anarchiste, ce qui deviendra une tradition du mouvement ouvrier marxiste et socialiste. Or le courant anarchiste, avant d'être éradiqué, a été en Russie, de 1917 à 1923, le courant le plus intéressant avec le socialisme révolutionnaire.
    Comme Marx critique en même temps la " démocratie représentative " et ne lui donne qu'un avenir transitoire, il jette sans le vouloir les fondements d'un capitalisme d'Etat dictatorial (dictature du prolétariat, propriété publique) que semble bien avoir été le communisme.
    Bien qu'il adhère à l'idée de la fin de l'Etat, dans une société totalement automatisée pour le bien être commun, dit-il, où les hommes seraient débarrassés de la nécessité de produire…il en justifie la nécessité transitoire (dictature du prolétariat) dans l'attente de cette situation idyllique ("éternelle" se moqueront les anarchistes)
    Et bien qu'il n'ait pas préconisé la création d'un parti des communistes distinct des autres partis ouvriers (cf le Manifeste communiste de 1848, et non pas le Manifeste du parti communiste, comme des éditeurs peu scrupuleux l'écrivent encore), il jette aussi les fondements du parti unique en distinguant arbitrairement, sur le plan théorique, les intérêts des ouvriers de ceux du peuple. Il s'agit là d'une césure totalement artificielle mise en oeuvre par les " révolutionnaires professionnels " (cf Lénine) qui iront de ce fait vers le parti unique.

    c)Par suite Marx pense que l'histoire a un sens déterminé scientifiquement (!), qu'elle progresse, et passe par des étapes, des sociétés inférieures à des sociétés supérieures, jusqu'au communisme. Nous revenons là-dessus par ailleurs. Indiquons seulement que pour cette raison, Marx rejette la paysannerie et l'artisanat dans les limbes de l'histoire. Par là-même, il se pourrait que la xénophobie occidentale ait trouvé un allié de taille.

    Contre les analyses de Marx, il nous apparaît que la paysannerie a été éminemment révolutionnaire dans l'histoire. C'est elle qui fut l'élément décisif des soulèvements en France en 1789, au Mexique en 1910, en Russie en février 1917, en Chine en 1949, à Cuba en 1959... A elle, s'agrégeront les grands mouvements populaires des villes et les premières conquêtes salariales. Jamais par ailleurs, le prolétariat n'agira seul et contre le peuple contrairement à ce que Marx préconisait. Ce sont les porte-paroles autoproclamés de celui-là qui agiront contre le peuple. La Commune de Paris fut dirigée par le peuple tout entier de Paris : prolétaires, salariés divers, boutiquiers, commerçants, artisans, chômeurs, artistes…Ce ne fut pas la dictature du prolétariat, concept inventé par Marx.

    d)En accordant une toute puissance à la technique capitaliste et à la science, Marx n'a accordé aucun intérêt à la nature, et a pensé que l'homme la dominerait entièrement. Cette façon de voir les choses a eu des conséquences dramatiques

    e)Marx dit expressément au début de "Critique de l'économie politique" ( Marx 1859 La Pléiade I) que l'économie politique des valeurs d'usage n'est pas l'objet de son étude, puisque la richesse bourgeoise est la marchandise, et que c'est cela son étude: "La valeur d'usage comme telle est en dehors du domaine d'investigation de l'économie politique" écrit-il. C'est parfaitement exact. Ceci étant, Marx définira le Communisme comme étant le stade supérieur de la société capitaliste passée entre les mains des prolétaires, où la disparition de l'Etat et de la loi de la valeur travail feront partie des nécessités finales de la société....Mais il ne dit jamais que la société communiste mettra à l'ordre du jour l'économie politique des valeurs d'usage, c'est à dire celle des seuls besoins humains. Cela n'était ni l'objet de Marx, ni celui du communisme. Encore moins des épigones et des marxistes. Il y a là un immense champ d'investigation qui est ouvert et que Marx a laissé quasiment vide.

     

    Nous n'apprécions pas non plus l'attitude de Marx dans l'AIT, puisqu'il a préféré la dissoudre que d'y voir les anarchistes prendre un rôle déterminant.Cette hostilité vis à vis des anarchistes sera une constante du mouvement marxiste, sera au cœur de la stratégie des bolchéviks dans la conquête du pouvoir, même si ces derniers devront provisoirement s'allier avec eux dans la guerre civile en Ukraine de 1918 à 1921. C'est Marx qui a impulsé cette stratégie.

    Cet exposé fait de Marx le responsable des tragédies du 20ème siècle, au nom du communisme. Nous avons réfléchi plus de 30 ans avant d'en venir à cette conclusion.

     

    Pour autant, faut-il s'en prendre à ceux qui ont donné leur vie au communisme ?

    Les milliers d'individus qui se sont saisis de la pensée de Marx, en croyant que cette pensée était homogène à tous égards, en pensant que tous ses aspects étaient logiquement liés entre eux, ces milliers de gens qui ont combattu le capitalisme sous la bannière du marxisme, à une époque où l'on était "obligé" d'analyser cette pensée comme la Vérité scientifique, ces milliers de gens qui ont donné à cette cause le meilleur d'eux-mêmes, se sont-ils trompés, ont-ils eu tort, sont-ils à condamner ? Ils se sont trompés mais surtout ils ont été trompés et on ne saurait leur jeter la pierre car il est très probable qu'on ne pouvait pas facilement et majoritairement, au 19 ème siècle et au 20 ème siècle, faire la critique de l'industrialisation, du fameux « sens de l'histoire », du déterminisme historique ou de l'évolutionnisme déterministe, de l'idée folle de la domination de la nature par la science, de l'idée toute aussi folle d'un prolétariat dominant.

    On n'avait pas encore les moyens d'indiquer fortement que le progrès humain et social  n'est pas lié, loin de là, forcément, aux notions ci-dessus. Des voix éparses, pourtant, dès le 19 ème siècle, ont contesté le « communisme » tel que Marx le prédisait, entre autre les anarchistes russes comme Bakounine, ou bien Proudhon, ou d'autres, qui ont fait des ébauches d'analyses contraires (comme Sismondi, Stuart Mill ...). Mais la puissance de l'analyse de Marx, concernant l'exploitation des ouvriers, a balayé toutes les réserves sur d'autres parties de son œuvre.

    Et surtout sans doutes, le marxisme comme théorie, et l'URSS comme réalisation pratique, ont semblé indiquer à des milliers et des milliers de gens qu'un autre voie était possible que celle proposée par l'Occident. Ce besoin fut si fort qu'on ne saurait s'en prendre à ceux qui y collaborèrent avec tout leur coeur.

    C'est pourquoi nous tenons à réhabiliter Boris Souvarine:

    Boris Souvarine, expulsé du parti bolchévique en 1924 du fait de son extraordinaire lucidité sur le régime qui se constituait sous ses yeux, avait parfaitement analysé à l'époque où pouvait mener l'idée de détenir la " vérité " du point de vue d'une aristocratie politique. Cela donne tous les droits, surtout quand la vérité en question est proclamée comme étant scientifique. La critique de l'URSS a généralement été limitée jusqu'à présent, à gauche, à celle faite par les trotskystes contre les staliniens qui auraient déformé le marxisme, mais pas contre les bolchéviks….dont il était dit, à juste titre, que leur théorie était issue de celle de Marx. La seule critique ouverte contre les bolchéviks a émané des anarchistes russes, du 19ème et du 20ème siècle, et de l'opposition ouvrière en URSS, rapidement démantelée. La critique de la vision du communisme par Marx n'a jamais été, jusqu'à présent, une critique de gauche. Pour ainsi dire, cette critique n'avait pas droit de cité, car c'était une critique dite de la seule droite.

    Il en a été ainsi . Mais nous ne dirons pas, qu'il était nécessaire qu'il en fut ainsi. Contrairement à Marx, nous ne croyons en aucune nécessité historique.

    Tout ceci mérite d'être appronfondi et étudié. La discussion est ouverte.

    Nous ne prenons pas la pensée de Marx comme un bible. Nous prenons ce qui nous semble irréfutable et nous rejetons ou critiquons le reste.

    (Rubrique constituée en 2002, revue en août 2009)

     

    Nous allons proposer plusieurs rubriques mais qui suivent un ordre. Nous conseillons de suivre cet ordre.

    I) Marx libérateur : Introduction

    II) Marx industrialiste pour le compte du capitalisme