Pacte germano soviétique et son protocole secret

Le 23 août 1939, Molotov, pour l’URSS, signe un accord de non agression avec l’Allemagne nazie, mais plus, un accord économique et un accord secret de partage de l’Europe.
Molotov niera toujours ce traité. Mais le 25 décembre 1989, le Congrès des députés du peuple de l'Union soviétique a reconnu l'existence du protocole secret du pacte germano-soviétique et l'a déclaré « nul et non avenu dès l'instant de sa signature ».
Trop tard ! Tout s’est bien déroulé comme prévu, sauf le fait que l’Allemagne trahirait l’URSS en l’envahissant le 22-6-1941.
Les commentateurs s’étonnent, s’indignent : « comment est-ce possible que Staline et Hitler aient pu concevoir un tel pacte ? »

Cet étonnement est plus que curieux. C’est oublier que sur demande de Lénine, le 16 avril 1922 est signé entre le PCUS et l’Allemagne nationaliste de Weimar, le traité de Rapallo en marge des accords de Gênes : accord économique et collaboration militaire secrète qui durera jusqu'en 1933 avec des camps d'entraînement allemands secrets en URSS dont une école des gaz de combat à Chikhany, une école d'aviation près de Lipetsk et un centre d'études et d'entrainement des chars de combat à Kazan.
A l’époque Lénine et ses amis ne parlaient que de l’extension de la révolution allemande à toute l’Europe. Doux mensonge ! En réalité Lénine voyait dans l’Allemagne un pays industriel qui aiderait l’URSS à devenir une grande puisance industrielle, tandis que la GB et la France étaient les seuls pays impérialistes de l’Europe !

Qu’y a -t-il dans le protocole secret de 1939 ?
Tout d’abord dans le pacte, chacun s’engageait à respecter une stricte neutralité si l’autre signataire était en conflit avec une puissance européenne. Ensuite, un accord économique prévoyait l’échange de machines industrielles allemandes contre des matières premières soviétiques : blé, pétrole, charbon, fer… Les deux parties en sortaient gagnantes. Berlin recevait les ressources indispensables à son industrie militaire, tandis que Moscou se dotait de machines-outils.
Mais l’arrangement allait encore plus loin. Un document secret annonçait le partage de l’Europe de l’Est en "zones d’influences" soviétiques et allemandes. Le protocole permettait à Hitler d’envahir la Pologne occidentale, puis d’avoir les mains libres pour se tourner vers les Pays-Bas et la France. En même temps, il autorisait Staline à s’emparer des pays baltes, de la Finlande, de la Bessarabie (actuelle Moldavie) puis de la Bucovine du nord (dans l’actuelle Ukraine). L’Allemagne obtenait ainsi son Lebensraum (espace vital) tandis que l’Union soviétique regagnait les territoires que l’Empire russe avait perdus durant la Première Guerre mondiale.
L’accord secret stipulait, en plus, que la Gestapo et le NKVD devaient collaborer" pour réprimer toute forme de "résistance". "Il reste ainsi difficile de distinguer la provenance des mesures contre les Juifs du pays", note un historien britannique. Ainsi 1,7 million de personnes – Juifs, Tsiganes, prisonniers militaires et politiques – furent déportées dans les camps de la mort du Reich et dans les goulags de Sibérie. Berlin et Moscou s’échangèrent aussi des dissidents politiques : quelques milliers de Russes anticommunistes contre autant d’antifascistes d’origine allemande et autrichienne.

La Wehrmacht attaqua l’ouest de la Pologne dès le 1er septembre 1939. L’Armée rouge, elle, annexa sa partie orientale dix-sept jours plus tard, puis se tourna vers la Finlande, le 30 novembre. 
La deuxième guerre mondiale venait de commencer.

Février 2023