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    Daech, Frankenstein de l'Occident

    Lire la définition du totalitarisme dans "islamisme"

     

    Daech est-il fasciste ?

    (AMC 5-1-2016)


    Résumé sur les étapes de la constitution du djihadisme, et les attentats


    Le djihadisme s'est constitué au Moyen Orient. Il y a beaucoup à écrire sur les étapes historiques de cette constitution dans cette partie du monde. Ce n'est pas ici notre objet. La résistance arabe palestinienne en fait partie ; nous la datons à partir de la création d'Israël, mais cette résistance n'empruntait pas, jusqu'au début des années 80, des termes venus de l'islam. C'était une résistance politique largement laïque, se réclamant le plus souvent du socialisme. Il s'agissait selon les résistants d'une lutte révolutionnaire pour reconquérir la Palestine.
    C'est avec la résistance afghane à l'URSS en 1979, qu'on voit apparaître les mots tels que les résistants combattants moudjahidines, puis les madrasas, ces écoles coraniques pour enfants défavorisés au Pakistan ou pour les étudiants religieux talibans, et enfin les djihadistes du mot djihad, dont le sens premier n'est pas le conflit armé, mais la résistance, et la lutte spirituelle vers Dieu.
    L'Afghanistan, c'est une vieille histoire. Depuis la tentative d'occupation de ce pays par les anglais à la suite de l'Inde en 1837 (1), les pays occidentaux colonialistes ne cesseront de vouloir s'en saisir. Les soviétiques s'y risqueront à leur tour.
    Les attentats n'ont jamais cessé depuis la création d'Israël. Qui pouvait imaginer qu'il en eût été autrement ? Y a-t-il un peuple au monde qui aimerait être occupé, spolié, ou détruit, et qui ne riposterait pas ??
    Depuis le traité de Lausanne en 1923 qui a préparé la naissance d'Israël, cela n'a pas cessé en Palestine, puis au Liban à cause des camps de réfugiés, enfin en Europe : attentats, détournements d'avion, bombardements, guerres.
    Aurions-nous dû nous attendre à un durcissement des rebellions dans cette région dans la mesure où les pays capitalistes n'ont cessé d'aggraver leurs pressions sur le Moyen Orient, URSS compris ? Oui nous aurions dû, si ce n'était l'arrogance et sans doute la sottise des pays capitalistes.
    Depuis le partage de l'Empire Ottoman, ces derniers n'ont cessé d'aspirer à conquérir l'ensemble du Moyen Orient, et plus loin encore, pour le pétrole et les matières premières, entraînant l'URSS à faire la même chose dans le but de sa propre expansion. Toute la région a été emportée par des conflits sans fin, nés de cette avidité.
    Après avoir armé les résistants afghans contre l'URSS, caressé dans le sens du poil les apprentis talibans dans leur madrasas, crée Al-Qaîda comme cellule de la CIA qu'ils pensaient contrôler, les USA fourniront aux premiers des missiles Stingers , ce qui entraînera en 1989 le départ des soviétiques d'un pays totalement ruiné, destructuré, cassé, jonché de mines.
    Les djihadistes prendront leur liberté vis-à-vis des USA, essaimeront dans tout le Moyen Orient d'autant que ceux-ci se lanceront dans une guerre meurtrière contre l'Irak en 1991, soit deux ans seulement après le départ des soviétiques de l'Afghanistan. La jonction se fera alors avec les résistants palestiniens.
    Al Qaïda partira ensuite à l'assaut des USA dix ans après..


    Les occidentaux (ainsi que les djihadistes les appellent), n'ont apparemment jamais eu aucune idée de ce que peut signifier une résistance des peuples, entre autres musulmans, contre la colonisation, qu'elle soit capitaliste, " socialiste " ou sioniste. Ils n'y croyaient pas. Ils l'ont nommée " terrorisme ". Ils ont voulu, et veulent encore tout ignorer de la capacité à s'organiser, contre eux, des peuples très variés mais unis par exemple par la composante musulmane, dans le refus de l'occupation étrangère..
    Pourtant ils sont la cause de la naissance de cette résistance et de son développement, et on a le droit de penser qu'on ne pourra jamais éradiquer les mouvements de résistance et le djihadisme, qu'elle qu'en soit la nature, par une violence supérieure, ou alors tout à fait provisoirement. En effet la violence mise en œuvre par l'Occident au Moyen Orient, ou par Israël à Gaza (expérimentation des armes), semble bien être consubstantielle au colonialisme occidental et plus précisément à la civilisation capitaliste. Celle-ci a porté le meurtre de masse à la perfection technique, en suggérant aux djihadistes soit les mêmes méthodes soit le retour à des méthodes plus prosaïques, plus spectaculaires dans la cruauté, mais tout aussi efficaces, surtout lorsque s'y ajoute la nouvelle méthode des attentats aveugles où les tueurs s'immolent avec leurs victimes innocentes, au nom formellement d'une vérité supérieure, non plus au nom de la révolution socialiste ou communiste, mais au nom de Dieu.
    Selon nous, le tournant religieux dans la résistance au Moyen orient date de 1979. En effet, à cette date, deux faits se produisent en même temps. D'une part la révolte afghane contre les soviétiques, d'autre part la confiscation de la révolution populaire iranienne par les religieux chiites, qui s'en emparent avec succès. Malgré la terrible guerre que les USA et Israël susciteront entre l'Irak et l'Iran, armant l'un et l'autre pays, il n'en demeurera pas moins que, face à l'échec des révoltes palestiniennes, l'Iran représentera la réussite d'une révolution passée sous l'étendard religieux contre l'étendard socialiste et laïc qui avait abouti à l'impasse.


    Un livre récent, sur l'histoire du " jihad islamique palestinien " (à Gaza), d'obédience sunnite, souligne comment la révolution iranienne chiite a réorienté tout le mouvement palestinien antisioniste et lui a fait abandonner la plupart de ses références marxistes, sauf la notion de " parti d'avant-garde " (!!), pour unir la résistance politique et l'islam dans le combat à venir (De la théologie à la libération ? Avec la préface d'Olivier Roy. La Découverte 2014), et l'espoir que cela a suscité.
    Les djihadistes du Moyen Orient ne cesseront dès lors de tenter de constituer des organisations diverses, en référence avec l'islam, avec des stratégies concurrentes, pour résister à la fois à Israël et aux puissances occidentales occupantes. Mais depuis le début des années 80, les tueurs commencent à se faire sauter avec des ceintures d'explosifs, dans des attentats suicides, au Liban puis en Palestine et dans tout le Moyen Orient. Ces attentats sont le reflet d'une impasse politique.


    Il y a un paradoxe entre l'espoir religieux d'une part, et l'attentat suicide d'autre part.
    L'attentat suicide ne peut qu'évoquer un désespoir certain, non assuré qu'il est d'aboutir à un résultat positif par cette méthode. Désespoir qui peut également se faire l'écho, dans le cas des palestiniens, d'un désaccord sur le principe même de l'existence d'Israël. Il est à souligner en effet le peu d'indépendance des djihadistes vis-à-vis des Etats qui les financent, lesquels ont flirté ou flirtent avec les Etat occidentaux, et n'ont que des intérêts d'Etat et non des intérêts en vue de la libération des peuples. L'écueil majeur de ces mouvements, c'est finalement cela. Déjà, avant l'effondrement de l'URSS, celle-ci prétendait à tort que la lutte des classes passait entre les Etats du Moyen Orient. Les mouvements de résistance subissaient en conséquence les inconstances et les trahisons des politiques d'Etat. Cela a contribué à rendre peu lisibles l'attitude les chefs de résistance et à les séparer souvent gravement des intérêts des peuples. A terme cela a donné une importance primordiale aux désirs de pouvoir des chefs contre ce qui était nécessaire aux peuples. De ce fait toutes les tactiques de division entre les sunnites et les chiites, savamment orchestrées par les USA, et son promoteur, la GB, ont fort bien marché. Des divergences quant à la succession du prophète ont été transformées en motifs de se tuer, sous l'effet originel de la collaboration ou non avec les USA….


    Les stratégies politiques des djihadistes se sont peu à peu totalement séparées de ce que voulaient les peuples, ne donnant à ces derniers aucun organe d'expression démocratique. Elles ont récusé et récusent la démocratie occidentale au motif que l'Occident a détruit le Moyen Orient, entre autre l'Irak en 2003, au nom de cette démocratie. Mais que proposent ces djihadistes dans leur majorité, si ce n'est finalement le modèle dictatoriale de l'Iran ou le modèle de gouvernement de l'Arabie Saoudite ? Ce dernier constituant un Etat policier de type fasciste, ravagé par la corruption, la finance, la marchandisation capitaliste, et caractérisé par ses méthodes barbares de " justice ".
    Evoquons quelques attentats avant d'en venir à la caractérisation possible de Daech.
    L'un des premiers attentats en France date de 1982 contre des juifs (2). Puis pèle- mêle en France et ailleurs: L'attentat aux USA de 2001 avec ses plus de 2000 morts ; Casablanca en 2003, 45 morts ; Madrid 2004 , 191 morts; Londres juillet 2005, 90 morts…. Il y a deux ans à Toulouse en France, 7 morts dans un attentat du fait de Merah. Cette année 2015, attentat à Paris contre les journalistes de Charlie et un magasin juif , une vingtaine de morts. En Tunisie, plus d'une vingtaine de morts sur des plages et au Musée Bardo le 25-11. Attentat contre un avion russe le 31-10, 200 morts. En Turquie, avant une marche de l'opposition contre Erdogan en octobre, 100 morts (services de sécurité turc ou Daech ??). Et enfin novembre 2013 à Paris, 130 morts..
    Ces attentats font tous le jeu d'un durcissement des mesures sécuritaires en faveur d'un Etat policier, et contre les libertés individuelles. Ces attentats visent tous la démocratie " occidentale ". Est-ce bien cela qui est voulu ? Il semble que oui. Au profit de Marine Le Pen ? Dès lors les objectifs premiers de la résistance des peuples au Moyen Orient ont été caviardés, dénaturés. Pour se libérer, ces peuples ne peuvent pas vouloir tuer toute démocratie en Occident. Par contre leurs Etats, les directions qui les représentent, oui, elles peuvent le vouloir.

    Qui sont les chefs de Daech, que veulent-ils ? Sont-ils des fascistes ?


    Spontanément beaucoup de journalistes, écrivains, organes politiques ont caractérisé Daech de fasciste. Cependant ce qualificatif mérite d'être analysé, justifié ou contredit. En tous cas explicité.
    Il est intéressant de recourir à l'entretien que le psychanalyste Roland Gori a accordé au Monde le 2 janvier 2016 sur le fascisme, en se référant à Hanna Arendt..
    L'essence d'un gouvernement fasciste, c'est la terreur, dit-il. C'est l'effacement de la pitié, de la compassion, et l'éloge de la cruauté. Avec des méthodes d'embrigadement des populations et des exécutants, empruntées à la mafia. Ceci n'est rendu possible, dit-il, que parce que d'une part le déracinement, la précarité sociale, le chômage poussent des individus à se précipiter dans les bras d'un appareil politique qui va se charger de leur capacité de penser, de décider, de vivre. Mais d'autre part, cela est rendu possible parce que l'ordre néolibéral a atomisé, désorienté les individus, en les jetant dans la souffrance et la solitude, et a ainsi supprimé pour l'avenir toute alternative humaniste, progressiste. De ce fait ces derniers peuvent devenir la proie d'une conception " théofasciste " du monde. Il précise que " le déclin des mouvements socialistes et communistes offrent au salafisme politique des opportunités révolutionnaires conservatrices ". Alain Badiou dit à sa façon " Notre mal vient de l'échec historique du communisme.. " (conférence du 23-11-15 " Penser les meurtres de masse du 13 novembre ") et caractérise ces attentats de " nihilisme meurtrier ".
    Roland Gari va ajouter que le système technicien et marchand pense et gouverne à notre place. Ce serait la version moderne d'un système qui pense à la place des individus. On peut se demander avec lui si la robotisation générale (au nom de la libération de l'homme !) à " l'ère du numérique " participe à cela ?
    On objectera à ce raisonnement que le fascisme dans la deuxième guerre mondiale n'était pas d'essence religieuse. Et on peut vouloir distinguer le fascisme du fanatisme religieux. La discussion reste ouverte. L'Allemagne nazie était athée, mais l'Espagne franquiste était catholique, comme le Portugal de Salazar, et avait réalisé l'unité entre l'Etat fasciste et l'église.


    Qu'en est-il de Daech ?


    DAECH ou Etat dit islamique a été constitué d'une part par des éléments venus d'Al Qaïda, puis en rupture stratégique avec cette dernière, d'autre part par des officiers irakiens du Baas dont le corps d'armée a été détruit par les USA, enfin par des frères musulmans et des salafistes des prisons de Assad, mis en liberté et armés par ce dernier afin de pénétrer dans l'opposition syrienne non violente et de la perdre.
    Cet ensemble, apparemment hétéroclite, s'est rattaché à la pensée salafiste violente et au penseur syrien Abou Moussad Al-Souri. Celui-ci, en tant que Frère musulman, a écrit " Appel à la résistance islamique globale " (1600 p), en 2004 semble-t-il. Cela n'a pas été traduit. Et c'est bien dommage car on n'en saurait un peu plus sur ce type de pensée. Entre autres on connaîtrait le degré de religiosité d'Al Souri. Ce dernier était un ingénieur en mécanique qui a fui la Syrie au moment de la révolte de Hama d'avril 1982, où les Frères étaient fortement impliqués. Le gouvernement syrien avait alors massacré la population. Al Siri voyagea ensuite beaucoup et fut finalement arrêté par les services pakistanais, remis aux USA puis à la Syrie fin 2005. Il préconisait dans son écrit, un travail de sape en petites cellules disséminées, ce qui va effectivement se produire ; et l'indépendance financière vis-à-vis de l'extérieur.
    Abou Bakr al-Baghdadi, s'est proclamé Calife, contre la tradition qui préconise une investiture après délibération collective. Mais il applique la théorie d'Al Siri de la prise du pouvoir dans des régions à " libérer ", sans dépendre de l'extérieur pour se financer, et y ajoute le retour au califat. Le principe est de se saisir du pétrole pour se financer.
    Al- Siri était également admirateur des talibans et de leur modèle de société. La terreur se justifiait selon lui pour contraindre et soumettre la population.
    Ces penseurs djihadistes combattent ce qu'ils estiment être le principe fondateur de l'Occident, à savoir la démocratie, c'est-à-dire, selon eux, le parlementarisme, la séparation des pouvoirs, l'égalité des hommes et des femmes, la laïcité, les droits de l'homme, et toute la culture qui semble aller avec, la musique, la peinture, la danse, le sport…. Ce n'est pas sans rappeler l'idéologie la plus dure de certains maoïstes qui préconisaient la destruction de la culture " bourgeoise ".
    Le rejet de la démocratie, du parlementarisme, est le discours d'extrême droite de la France, par exemple de Maurras, surtout si l'on y ajoute l'antisémitisme qu'on retrouve chez les talibans, affirmé avec virulence. Cependant Maurras était contre Hitler.
    Mais il y a en plus l'objectif, selon Daech, de reconstruire le Califat détruit par les occidentaux, et Ataturk conjointement, dans l'Empire Ottoman après la première guerre mondiale. Cet objectif est à l'usage des musulmans. Car ce califat de l'empire ottoman n'était déjà plus que l'ombre de lui-même, dans un pays bien désagrégé par l'Occident… En fait Daech fait référence à un Califat imaginaire, cher au cœur de certains musulmans. C'est la position que défend l'historien Nabile Mouline. Cette forme de gouvernement ancien, dit-il, " est souvent associée à l'idée d'un âge d'or de l'islam, le paradis perdu de l'unité et de la puissance de la communauté des croyants dont l'organisation annoncerait ainsi le retour. Un messianisme emblématique de la crise qui traverse le monde arabo-musulman " (Entretien avec Cédric BAYLOCQ 30 septembre 2014)


    Ce serait en quelque sorte faire référence à une idée " nationaliste musulmane" dans la mesure où, selon les penseurs djihadistes de Daech, qui veulent rallier les musulmans à eux, c'est à dire la seule forme de gouvernement pour les populations du Moyen Orient, et les musulmans en général. Ce ne pourrait être que ce Califat mythique, par opposition à la démocratie occidentale.
    On notera que les penseurs djihadistes ne font pas la moindre critique du capitalisme occidental, ils parlent de " l'Occident ", et lui attribuent la démocratie telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, en ignorant que sa conquête fut le fruit d'un combat populaire. Et ils feignent de croire que les pays occidentaux, conquérants du Moyen Orient, voulaient appliquer la démocratie à ce dernier. C'est inexact. Autant la France que la GB, ces derniers se sont efforcés de n'appliquer que le communautarisme aux pays conquis et n'ont construit aucun Etat démocratique, aucun service public centralisé, capables de transcender les oppositions religieuses. Ils vont d'ailleurs transformer ces dernières en oppositions ethniques.
    Ce retour à un messianisme nationaliste (l'âge d'or de l'islam) qui justifie ainsi l'élimination de tout ce qui n'est pas sunnite, en vue de constituer, par la pire des violences, un Etat dépourvu de culture, fait penser à l'image renversé d'un fascisme occidental chrétien, tous deux plus proches d'une culture de mort que d'une conquête raisonnée d'un territoire pour y exercer un pouvoir durable et stable. C'est du moins le discours entendu qui suggère cela.
    La violence employée contre les populations chrétiennes et chiites semble être le miroir de la décomposition des sociétés occidentales. En effet l'assassinat ciblé par les drones, avec ses dégâts collatéraux, n'a rien de très différent de la violence de la mise à mort par le sabre. Mise à mort d'ailleurs pratiquée par l'Arabie Saoudite, que la France et les USA aiment tant, le 2 janvier 2016 : 47 condamnés exécutés par le sabre dont un éminent chiite.
    Ces penseurs et guerriers djihadistes sont-ils des fascistes ? Ont-ils franchi le seuil entre l'extrême droite et le fascisme, en se rappelant tout de même que Maurras était pour combattre Hitler.


    Le pseudo Etat Islamique est-il un Etat fasciste ?


    " L'Etat islamique " ou Daech, ne naît pas de rien. Il a été précédé par le régime des talibans en Afghanistan de 1996 à 2001 qui se voulait être un Emirat musulman sunnite. Les talibans ont été vaincus mais non détruits, ils ont été refoulés dans les montagnes et remplacés par un Président fantoche et corrompu mis en place par les USA. Les talibans sont en passe aujourd'hui de reconquérir l'Afghanistan à la grande terreur des populations des villes surtout.
    Un article de Joseph Dauce dans Mundeo février 2015 dit qu'au maximum il s'agit d'un " Etat " mafieux ". Mafieux ne caractérise pas la situation, à notre avis.
    Certains sont tentés de voir dans le Califat, (puisque que Baghdadi s'est auto proclamé Calife) le désir de résurgence d'une nation musulmane spoliée par les pays occidentaux et la SDN en 1923. C'est à partir de là que s'est préparé la naissance de l'Etat d'Israël, comme gendarme occidental, au sein du Moyen Orient. Contre lequel échouera l'indépendance de la Palestine.
    Mais que signifie plus précisément le Califat de l'époque de Médine au VIIIème siècle après JC ? Cette référence "romantique" à un passé musulman pourtant traversé de luttes tribales pour la succession du Prophète, est mise en avant aussi bien par Daech que par les talibans.
    Le Calife est théoriquement le représentant investi par une délibération collective. En fait, il était coopté et fut dans l'histoire l'objet de discriminations entre tribus. Mais une théorie politique du Califat se constitua au fil du temps, accréditant l'idée que de l'union entre la politique et la religion, devait naître le meilleur gouvernement possible.
    Cet idéal, projeté dans le monde d'aujourd'hui, dans un Etat théocratique, peut côtoyer l'épuration religieuse, et préconiser la marginalisation des minorités religieuses.
    Daech justifie aujourd'hui les massacres des chiites, des chrétiens yézidis et autres, au nom du Califat.

    Cette référence à un passé d'âge d'or ne concerne évidemment, en plus, que les hommes. Tout modèle de société qui se réfère à des sociétés antérieures, dans n'importe quel type d'idéologie, ne peut concerner que les hommes, jamais les femmes. Par définition un passé d'âge d'or est infiniment réactionnaire.
    C'est, sans le dire, l'exaltation des valeurs masculines vues par les hommes et le rejet de l'homosexualité. C'était le cas chez les talibans qui écrasaient sous des murs les homosexuels. C'est le cas de tous les régimes politiques actuels des Etats du Moyen Orient, donc c'est l'exaltation du statu quo.
    Cela permet de justifier que la féminité des femmes doit les confiner dans les cuisines et vers la seule maternité. C'est refuser l'égalité hommes/femmes.
    Le retour au Califat aujourd'hui, c'est la justification de l'institution du seul pouvoir des hommes.
    Il s'ensuit un militarisme violent, la célébration de la guerre, de la tradition, le culte des chefs, des uniformes, l'exaltation de l'ordre, la négation des droits et les libertés fondamentales des individus, la réclusion des femmes… tout cela a un goût de déjà vu, et s'apparente à l'Etat fasciste.
    La religion est utilisée comme un outil de manipulation politique. L'État fasciste était déjà politiquement plus habile à cet égard que le communisme. Il a tissé ensemble la religion et l'étatisme dans une seule toile.


    Il est important de revenir à la relégation des femmes. Sous les talibans, les femmes étaient exclues du marché de l'emploi. Elles devaient être entièrement couvertes par le vêtement traditionnel, le tchadri, et ne pouvaient quitter leur maison qu'accompagnées de leur mari ou d'un parent proche. (Le tchadri est une sorte de tente plissée et opaque, sur laquelle est découpée une grille brodée à la hauteur des yeux). Elles étaient donc quasiment séquestrées. Mariées de force, battues, sans aucun droit. L'adultère était puni par la lapidation qui ne figure pas dans le Coran mais dans les Hadiths. A ce niveau, les hommes comme les femmes subissaient la lapidation en cas d'adultère.
    La seule loi, selon les talibans, venait de la charia, mais interprétée selon les Hadiths, avec des punitions corporelles issues d'une période antérieure à la bible (6ème siècle avant JC)
    Cette société est contre toute culture, toute création, toute réflexion, l'individu y est statufié. Selon Wikipedia : " Les cours de sports et d'art furent éliminés des programmes scolaires. Les talibans brûlaient les instruments de musique et les cassettes, frappaient et emprisonnaient les musiciens, interdisaient la danse. La boxe, comme beaucoup d'autres sports, était prohibée. Certains jeux basiques, comme les échecs ou le billard était également prohibés. Chaque jour, la radio des talibans énumérait de nouveaux interdits : peindre en blanc les vitres des maisons pour ne pas voir les femmes à l'intérieur, expéditions punitives pour casser les téléviseurs, magnétoscopes, déchirer les photographies de famille. Les autorités faisaient également vérifier que l'on n'écoutait pas de musique dans les maisons ou au cours des mariages. Les systèmes médicaux et scolaires furent dédoublés en fonction du genre, tout en donnant la priorité aux hommes. Toute représentation humaine était illégale, même pour les poupées des petites filles. Au nom de l'iconoclasme, les talibans dynamitèrent les statues de bouddhas géants de Bamiyan, vieilles de quinze siècles. Ils détruisirent, dans les collections archéologiques du musée national afghan de Kaboul, tout ce qui portait des représentations humaines ou animales et firent des autodafés des 55 000 livres rares de la plus vieille fondation Afghane et détruisirent plusieurs autres bibliothèques publiques et privées ".

    C'est une société où la terreur est instituée comme mode de fonctionnement. En outre elle est nécessairement corporatiste, puisque c'est la religion, interprétée par les chefs, qui dirige l'ensemble des relations sociales. Et elle est antisémite.
    Mais si elle est anti-occidentale, elle n'est pas anti-capitaliste. Les talibans n'ont pas suggéré de revenir à des productions non productivistes. Les combattants moujahidines afghans ont vaincu les soviétiques grâces aux missiles Stingers des USA. Les djihadistes actuels aiment les armes sophistiquées de l'ennemi et s'y adaptent. Idem pour le matériel informatique et la téléphonie.
    Les chefs djihadistes se rêvent comme des capitalistes puissants et riches. De ce point de vue, leur discours religieux n'est finalement qu'un déguisement, comme le recours à des modèles anciens. Il est concrètement à la seule destination des masses populaires soumises à leurs objectifs, et aux exécutants de leurs basses œuvres. Ces chefs ont de qui tenir. Les chefs " révolutionnaires " des pays communistes se sont servis de la théorie marxiste pour conquérir et garder le pouvoir, en instituant partout des régimes despotiques où les chefs hommrs avaient tous les privilèges.

    La question des attentats suicides pose actuellement problème. L'Instinct de mort y est bien à l'œuvre chez les individus fascinés par ce type de meurtre. Et cela ne concerne pas que de jeunes arabes musulmans entre 20 et 30 ans comme certains le disent. En France, ont appelé à l'aide l'UCLAT (Unité de coordination de la lutte anti -terroriste) 847 familles non musulmanes en 2015 (Le Monde du 30-12-15). Cela touche une génération de jeunes sensibles à aux actes mortifères, dans une société qui a perdu tout sens éthique.
    En définitive, oui, le comportement comme la philosophie de Daech sont bien d'essence fasciste. Mais il serait urgent de comprendre, qu'à l'instar des talibans, l'Arabie Saoudite est son premier modèle.
    Les références socialistes ont totalement disparu des discours, des stratégies, des perspectives de ceux qui disent vouloir la libération des peuples du Moyen Orient. De toute façon les peuples n'ont plus droit à la parole.
    Vaincre Daech, c'est redonner un espace à cette parole. Comment ? Qui le fera ? Certainement pas ceux qui ont supprimé cette parole.
    Vaincre Daech c'est exiger, au titre d'un minimum de salubrité morale et politique, la fin des relations de la France et des USA avec l'Arabie Saoudite, en premier lieu, mais de bien d'autres. (fin bien improbable en raison du juteux marché des armes). Le reste relève d'un vain bavardage et du mensonge.

     

    (1)Les afghans très au courant des menées colonialistes de la GB en Inde riposteront à l'agressivité de la GB avec une rare cruauté dès que celle-ci voudra pénétrer en Afghanistan. De là naîtra la théorie raciste anglaise sur la sauvagerie des musulmans (William Johnson : Tom Graham VC, histoire de la guerre afghane. 1900). L'auteur invente que les afghans ont simplement pour but de tuer les hérétiques (et non pas de défendre leur pays) et de les découper en morceaux, pour trouver leur bonheur au paradis.
    (2)Rue des Rosiers. Toujours en procédure, avec des demandes d'extradition de palestiniens d'Abou Nidal

     

     

    L'état des forces et des alliances politiques au Moyen Orient autour de Daech : Un tournant ??.


    (cette situation dépasse la question religieuse, ce qu'on sait depuis longtemps, mais également l'analyse simple en termes de classes. On trouve des bourgeoisies féodales dominantes qui n'ont pas les mêmes intérêts, des chefs de guerre nationalistes de la pire espèce qui s'opposent entre eux pour des questions de territoires et de richesses, et des peuples spoliés.)

    Il manque à cette analyse une présentation des accords Sykes-Picot de 1916 lesquels ont engendré le démembrement de l'Empire Ottoman, ce sera bientôt chose faite

    (texte qui est sans arrêt corrigé) AMC le 24-6-15. revisitée le 24-7-15.

    Il ne faut plus se voiler la face. DAECH, sur la base des territoires conquis, pourrait être sur le point de devenir un Etat à part entière, qui peut absorber toute la Syrie (qui ne contrôle plus que le tiers du territoire), campe déjà sur une grande partie de l'Irak, regarde du côté de l'Afghanistan, de la libye. Si c'est cela qui se profile, ce sera un Etat ni plus ni moins pire que l'Irak de Saddam Hussein, que la Syrie, ou l'Arabie Saoudite, ou l'Erythrée, ou même Israël, du point de vue des exactions imposées soit à toutes les populations soit à certaines populations.

    Le 20-6-15, deux villes clefs ont été reprises par les kurdes contre les forces de Daech avec l'aide de la coalition internationale. Nous n'avons pas les moyens d'apprécier si cela peut changer le cours des choses, les kurdes constituant une donnée particulière, et les forces de la coalition constituant des capacités de dévastation considérables pour peu de résultats… Le 25-6, Daech semblait reprendre le contrôle de Kobané grâce à la Turquie… ce qui n'a pas été.

    Même s'il a existé, et s'il existe encore, une réelle volonté de résistance de gauche ou simplement démocratique, aussi bien contre Assad en Syrie, que contre Daech, cette résistance est laminée, ou trop faible à l'heure qu'il est, la preuve en est, son alliance avec des mouvements islamistes divers comme " Al Nostra " pour combattre l'armée d'Assad ; et les populations ont été trop martyrisées, pour qu'on puisse s'attendre à un retournement de situation miraculeux, pour un renouveau démocratique, dans les mois qui viennent. Sauf… sauf si les kurdes d'Irak et de Turquie pouvaient faire face aux mouvements les plus importants dans la région qui sont " Al Nostra ", les milices chiites armées par Téhéran et Daech, les deux derniers ayant une aussi sinistre réputation. Mais c'est la Turquie qui fait opposition à cette possibilité. Car tout renouveau démocratique dû aux kurdes est jugé comme un amoindrissement du pouvoir de Erdogan en Turquie. N'importe quel prétexte sera bon pour recommencer la guerre contre les kurdes au mépris de l'avancée de Daech, mieux prisé par la Turquie.

    Certes fin mai 2015, une région libérée de la Syrie, et non prise par Daech, à Idlib au nord- ouest de la Syrie, est gérée par une alliance de 7 brigades islamistes anti-ASSAD, dont Al Nostra, qui se réclament pour l'instant d'une certaine démocratie et d'un certain pluralisme (voire par la suite…). Cette gestion veut être présentée comme un modèle de renouveau. Mais les chrétiens en auraient été exclus.. Tout ceci est à voir de plus près (Le Monde du 19 mai 2015). Cette région semble avoir été mitraillée par Assad en août.

    A l'évidence, et contre le sectarisme occidental, il y a toutes sortes d'islamismes sous une qualification unique.


    De plus, le moins qu'on puisse dire est que les forces démocratiques à l'échelle internationale ont été presque totalement absentes, grâce à leurs pseudo organisations de gauche entre autres, et cela depuis au moins 20 ans, dans le soutien à apporter aux peuples muselés et maltraités du Moyen Orient, sauf quelques groupes d'extrême gauche et de gauche syrien. Faut-il penser que c'est en raison de la religion musulmane que ce soutien n'a pas été apporté ? Si cela était, bravo Bush ! Opération réussie !

    Cette quasi absence d'une riposte démocratique a permis la politique dévastatrice de Assad en Syrie avec l'aide de Poutine, et des USA en Irak en 2003, appuyés par des pays occidentaux (sauf la France, grâce à Chirac il faut le dire). Mais déjà en 1991 la GB et d'autres pays occidentaux, appuyaient une première intervention des USA. Le reste s'en est suivi.


    Le soutien inconditionnel des USA à Maliki (milices chiites très détestées) en Irak , avant qu'ils n'imposent bien tardivement Abadi plus souple vis-à-vis des sunnites, mais frileux, leur refus de soutenir politiquement les insurgés syriens majoritairement sunnites mais également chiites en 2011, leur refus de répondre à leur demande d'armement contre les exactions d'un pouvoir criminel alaouite, leur aide très faible apportée aux kurdes anti-Assad, enfin leur refus d'exiger le départ de Poutine de la Syrie……Tout cela a abouti à une situation catastrophique, avec la complicité des Etats européens. Une grande partie des sunnites s'est jetée dans les bras de Daech à cause de l'attitude des chiites d'Irak.


    Il est évident que derrière ces oppositions chiites/sunnites, il y a des politiques d'Etat qui favorisent les divisions : la Syrie comme l'Iran ont armé le Hezbollah chiite. La Syrie s'en est pris longtemps aux sunnites du Liban en vue de dominer ce pays. Aujourd'hui c'est le chaos au Liban. Il n'y a plus de Président depuis un an, et la société semble brisée.

    Saddam Hussein gouvernait en Irak avec des sunnites minoritaires dans le pays contre la majorité de la population chiite etc.. Tout a été fait en amont pour attiser les conflits dits interconfessionnels, en réalité entre clans politiques, entre morceaux d'Etat proches de tel ou tel clan politique, exactement comme cela a été fait par les belges dans l'ex Congo belge, pour opposer tutsis et hutus entre eux. Ou comme cela a été fait par les anglais qui ont attisé en Inde les querelles entre musulmans et hindous, et ont cultivé en Palestine les oppositions entre palestiniens et juifs, exactement comme l'URSS avant la seconde guerre mondiale. La Grande Bretagne, la Belgique et la France ont fait de ces divisions la base de leur domination coloniale.


    Les chrétiens ont été perçus alternativement comme des soutiens du pouvoir en place, comme en Syrie, donc pro- Assad, ou bien comme des alliés objectifs des israéliens pour une partie d'entre eux au Liban, ou bien des alliés des occidentaux en Irak ou ailleurs. Ils furent persécutés partout, de ce fait, dès que l'équilibre social était mis en question.
    Aujourd'hui la Syrie peut donc être en voie de disparaître au profit de Daech (Assad ne contrôle plus qu'un quart du territoire en juillet 2015), ainsi que l'Irak à terme. C'est une situation inédite qui met en cause l'ordre politique établi après la seconde guerre mondiale par les pays capitalistes dominants. Daech occupe donc une grande partie du territoire syrien jusqu'aux portes de Damas, et la moitié de l'Irak, de Mossoul aux portes de Bagdad… Ceci malgré les bombardements US qui ont fait plus de 4000 morts, et la victoire à Kobané en Syrie, grâce surtout aux kurdes.
    Avec la prise dramatique de Ramadi le 17 mai en Irak par Daech malgré l'alliance des sunnites irakiens et des milices chiites, et pire encore de Palmyre le 20 mai 2015 en Syrie, il est apparu clairement que la coalition internationale (1) contre Daech était en situation d'échec, malgré les mensonges déversés sur la situation par les USA, et malgré leurs 3900 raids aériens et bombardements. Cela a été reconnu le 2 juin…. Mais depuis, les USA semblent avoir aidé les kurdes à repouser Daech de façon assez décisive.

    La situation était si grave que le 7 juin, la coalition intervient dans le nord d'Alep en Syrie pour soutenir des insurgés, dont Al Nostra, contre Daech. La coalition perd la tête et se déconsidère à jamais…

    Daech a, de plus, établi son contrôle sur des puits pétroliers et de gaz, des barrages, des rivières (c'est-à-dire l'eau) et sur des banques.
    Il a astucieusement détruit l'horrible prison de Assad à Palmyre, libéré les prisonniers, mais tué des pro-Assad de façon cruelle. Cependant il n'a pas encore touché, à ce jour, au site archéologique de Palmyre. Mais il vient de le miner pour tenter d'éviter des bombardements. Il ne se prépare donc pas à détruire ce site lui-même. Par contre il a détruit des églises chrétiennes et a déplace des populations chrétiennes en juillet.


    L'Arabie Saoudite qui ne veut pas laisser le monopole de la lutte contre les chiites à Daech, s'est entre temps décidé à attaquer les Houttistes, dits pro chiites, au Yémen, aidée en cela par les USA et des pays arabes. Les bombardements faits au hasard et de façon non réfléchie, ont gravement endommagé des sites historiques : un barrage du VIème siècle, le Musée de Dhamar, une forteresse médiévale d'Al Qahira, le palais Wadi Dhar…. ( Le Monde du 12-6-15). Ces destructions, dont les responsables sont l'Arabie et la coalition internationale derrière les USA (Le monde du 22-7-15), sont précisées fin juillet 2015, sans que personne ne crie au scandale comme ce fut le cas en Afghanistan, contre les talibans, ou à Tombouctou, contre Al Qaïda.... Reprocherait-on à Daech de faire en Syrie ce que l'Arabie et les USA font au Yémen ?

    Qui sont les barbares ? Les talibans ? Les islamistes ? Assad ? Daech ? L'arabie ? les USA ? Ne doivent-ils pas être tous ravalés au même rang ?
    Les USA se sont fait justice en tuant le 16 juin, au Yémen avec un drone, un chef d'Al Qaïda, Al Wahishi, selon leurs bonnes habitudes, avec le soutien français à Djibouti, puisque l'aviation US y stationne. Ne faut-il pas juger des chefs de guerre si nécessaire ? Ou faut-il les assassiner ? Se faire justice soi-même est-il conforme au message démocratique que l'Occident prétend apporter ?


    Les criminels sont dans tous les camps. Les tueries abominables de Daech contre les chiites et les chrétiens, les exactions des chiites (les forces de la Mobilisation Populaire) contre les sunnites, n'ont rien à envier à celles de la Syrie contre les opposants (tortures à mort dans les prisons), et des USA à Faliouja contre les sunnites pendant la guerre de 2003 (assassinats à l'arme blanche après largage de bombes au phosphore, entre autres)…..


    Il conviendrait sans doute de prendre la mesure de ce qui se passe et de cesser de ne voir au Moyen Orient qu'un problème religieux alors qu'il s'agit à l'évidence d'un problème de pouvoir et d'influence politique d'une part entre Etats majoritairement constitués par les occidentaux au lendemain de la seconde guerre mondiale, et d'autre part avec des morceaux d'Etats animés par des chefs de guerre nationalistes, après la destruction totale de l'Etat irakien en 2003 par les USA. Ceci dans une situation où les forces occidentales ne veulent rien perdre de leurs prérogatives sur les questions énergétiques.
    Ces combats autour du pouvoir sont à caractère essentiellement nationaliste, et ils sont rendues possibles par l'absence d'institutions étatiques pouvant répondre de façon égalitaire aux besoins les plus élémentaires des populations, quelles qu'elles soient, dans le domaine de l'accès à la nourriture, à la santé, à l'éducation, à l'eau, à l'emploi dans la production de ce qui est utile…. Les clans s'affrontent alors pour le contrôle de la production encore existante, ou simplement pour leur propre compte dans des pays dévastés. " Capital " a diffusé un documentaire le 14-6-15 montrant que l'Etat islamique n'est pas composé de barbares fous mais d'administrateurs despotiques, et fonctionne comme un Etat avec une administration, des fonctionnaires, une organisation économique, fiscale, judiciaire exactement comme un Etat constitué. L'enquête faite par le journal allemand " der Spiegel " en avril confirme bien, si besoin était, les capacités organisationnelles des dirigeants de Daech qui n'ont du fanatisme religieux que la façade, comme moyen de soumission.


    La question de l'affrontement en termes de classes est largement effacée, ou mise à l'arrière-plan, derrière celui des clans pour leur survie, ou d'Etats manipulant des clans, en pratiquant massivement la terreur contre les clans dits ennemis.
    Les kurdes n'entrent pas de la même façon dans ce type d'analyse, bien que leur objectif soit la reconnaissance d'un Etat comme promis après la première guerre mondiale. Mais ils sont très différents selon qu'ils soient en Turquie, en Syrie ou en Irak. Ils interviennent dans ce conflit pour des motifs qui leur sont propres. Ceux de Turquie et d'Irak mettent en valeur la démocratie, l'alliance des communautés entre elles et non leur exclusion, et la réalise pour l'instant. Ils mettent en avant les femmes et leur égalité aux hommes. Et luttent contre Assad et contre Daech. Mais leur pire ennemi est devenu clairement la Turquie en juillet et août quand Erdogan a attribué sa défaite relative au parlement aux kurdes démocrates du PKK de Turquie. Erdogan n'a pas hésité à bombarder les kurdes combattant Daech sous les yeux de ce dernier... Les kurdes se sont vengés...hélas. Mais, surprise, Daech a attaqué également la Turquie pour des raisons mal définies.

    Le résultat est que les avions turcs tirent sur les kurdes qui comabttent Daech. (Le Monde du 11-8-15)


    Assad pourrait donc tomber malgré le soutien opiniâtre de l'Iran et du Hezbollah libanais. Se prémunir contre des attaques possibles d'Israël constitue la raison essentielle du soutien de l'Iran à la Syrie.
    En cas de chute d'Assad, il faudra alors compter avec des groupes d'islamistes, des insurgés laïcs, les kurdes à ce moment-là. Que feront les occidentaux ?

    Daech a également tenté une percée vers l'Afghanistan, un groupe d'islamistes ayant fait alliance avec lui. Mais le mollah Mansour, à la tête des talibans, a prié Daech de se retirer, devant leurs actes terroristes jugés "horribles". .. (Le monde du 21-8-15)
    Revenons à la nature profonde de Daech. Rappelons que sous couvert de donner du pouvoir aux chiites, minoritaires, les USA ont chassé en 2003 les sunnites de l'Etat irakien, en faisant disparaître toute institution d'Etat, et en ouvrant grand la porte au chaos, aux attentats... comme pour justifier plus tard la chasse aux terroristes.


    L'ancienne armée irakienne sunnite, recomposée pour partie, constitue aujourd'hui l'ossature de Daech. C'est ce qu'a révélé l'enquête de Der Spiegel d'avril 2015. Ce ne sont pas des islamistes radicaux qui sont à l'origine de l'EI (Etat islamique), mais un petit groupe d'officiers irakiens, l'élite de la police d'État constituée par Saddam Hussein quand il était encore au pouvoir. Le penseur de Daech aurait été de son nom de guerre, Haji Bakr, tué en janvier 2014 par des rebelles syriens, qui auraient cherché en vain un Coran dans sa maison.
    Si ce dernier recrute massivement des djihadistes fanatiques par opportunisme, pour les lancer dans des opérations suicidaires, ses origines se trouvent dans le parti baas , ……dit "socialiste " à l'origine pour asseoir un pouvoir despotique en Irak. Daech serait avant tout la revanche des nationalistes irakiens contre les USA. Mais il s'appuie sur le désespoir des populations spoliées. Et là git un grand danger.

    Un discours du juillet 2015 du dirigeant conservateur Cameron de GB donne la mesure des dangers, en indiquant très justement que l'EI (DAECH) prétend répondre à des guerres injustes et à la pauvreté, et recrute des combattants sur cette base en Europe. Cameron reconnait qu'il est dur d'être musulman ou noir en GB (!)....mais que tout le monde a néanmoins sa place au Royaume Uni...(le Monde du 22-7-15)

    Oui Daech recrute sur la base de nos turpitudes d'occidentaux, il serait temps d'en prendre la mesure


    L'échec total des diverses stratégies de l'OLP palestinienne, ou bien pour un seul Etat, ou pour détruire la " Nakba ", ou pour créer deux Etats…… pourrait en outre servir de toile de fond au désespoir qui anéantit pour partie les populations palestiniennes du Moyen Orient. Il n'existe en effet aucun espoir réel vers une issue politique démocratique suite aux spoliations faites aux palestiniens, et à d'autres….Daech pourrait également s'y intéresser. Dores et déjà les insurgés de Tchétchénie passent du côté de Daech (Le Monde du 1° juin). Actuellement toutes les spoliations peuvent servir de ferment, jusque dans les pays européens, comme base de recrutement pour se battre au Moyen Orient contre " l'impérialisme ", dont la représentation est les USA.


    La révolution sociale iranienne confisquée par Khomeini en 1979, puis " portée " par lui (puisqu'il s'en est prévalu intelligemment) a jeté des milliers d'opposants " révolutionnaires " dans les bras de l'islam politique, puis de l'islamisme dans toutes ses composantes dont le djihadisme. Celui-ci, aujourd'hui, pour la première fois, se distingue de plusieurs sortes de mouvements politiques islamistes, dont il faudrait tenir compte. Les mouvements islamistes en Tunisie, en Turquie, en Egypte, en Syrie, au Liban, au Yémen…. sont tous différents et ne se réclament pas des mêmes valeurs.


    C'est dans ces circonstances que le ministre irakien Abadi voudrait aujourd'hui, mais trop tard, intégrer les sunnites d'Irak et les kurdes dans une garde nationale pour partir à l'assaut de Daech au Nord, à la demande des USA. 5000 sunnites y seraient prêts mais dans une situation de méfiance légitime, car on les arme au compte- goutte et le parlement irakien bloque des réformes qui balayeraient ce qui a été fait en 2003…. Cette initiative d'Abadi pourra-t-elle aboutir, alors que l'Iran arme les milices chiites, largement indépendantes, prêtes à en découdre contre tous les sunnites qu'ils soient pour ou contre Daech… Une situation chaotique !

     

    Au total:


    -Un premier axe dit " chiite ", à cause de l'Iran, est donc un axe d'abord politique, dit " anti-impérialiste et " anti-sioniste " par des analystes dits marxistes d'extrême gauche. De ce point de vue, Daech, par sa haine de tout ce qui est américain et occidental, pourrait apparaître à moment donné bien plus " anti-impérialiste ", sauf qu'il est avant tout un conquérant revanchard du baas irakien et du clan Saddam Hussein. Il pourrait apparaître aussi anti-sioniste si, par hasard, il se saisissait de la cause palestinienne. Et cela rendrait les combats bien plus violents qu'ils ne le sont.
    En réalité cet axe dit " chiite " (mais pas seulement), fragilisé par le départ du Hamas, encore porteur de la " révolution sociale" aux yeux de nombre de militants, s'oppose intelligemment à l'Occident (sans rompre avec lui), et à Israël, dans le domaine nucléaire, et constitue une éventuelle grande puissance dans le Moyen Orient, malgré les dégâts économiques imposés par l'embargo des USA contre l'Iran. Le départ éventuel de Poutine l'isolera. Mais le récent accord de juillet 2015 sur la question nucléaire va renforcer l'Iran qui va ainsi se débarraser du fardeau de l'embargo..


    -La coalition internationale (1), l'Arabie Saoudite, l'Egypte…contre Daech, constituerait un 2ème axe. Elle est plus confuse dans ses déterminations, mais plus importante. Sous l'impulsion du nouveau roi d'Arabie, Salman, une alliance militaire s'est créé entre les djihadistes salafistes, Al Nostra (Al Qaïda), les frères musulmans, très opposés au gouvernement de la Syrie. Cette alliance qui a reçu des missiles Tow, peut être amenée à collaborer avec les opposants anti-Assad de l'ASL (l'armée d'opposition), que la coalition armerait au compte-goutte... Cela signifie que lors de la chute prévue de Assad, se feraient face, Daech, des islamistes en tous genres, des kurdes, l'Iran, une gauche démocratique plus que faible, une extrême gauche minuscule….. et une population exsangue.
    Le roi Salman qui est prêt à tout pour faire tomber Assad, l'un des piliers de l'axe " Chiite " jugé très dangereux pour l'Arabie, peut modifier ses alliances d'un moment à l'autre, selon les évènements. Que fera son partenaire Al Sissi, président d'Egypte, avec une population sunnite et marginalement chrétienne, qui lutte contre les frères musulmans et tout ce qui ressemble à un islamiste pour garder le pouvoir ? Que choisira-t-il ?
    Cette alliance miliaire s'est également mobilisée contre les houthistes du Yémen (proches des chiites) avec l'appui de la ligue arabe, et des USA, traditionnellement alliés avec l'Arabie. Elle y a semé le chaos et jette des milliers de yéménites dans la misère et dans les rangs des réfugiés.
    Dans ce deuxième axe, il apparaît que les occidentaux ont cessé de faire prévaloir des principes, et ne se cachent pas de n'avoir plus que des intérêts économiques: vendre des armes.

    Absolument rien ne dit que le roi Salman ne pourrait pas, malgré la présence des USA à ses côtés, faire une alliance transitoire avec Daech, le moment venu, pour faire face à l'Iran. L'importance des emprunts idéologiques de Daech au salafisme, pour les besoins de sa domination, pourrait faciliter les choses…..

     

    -La Turquie au printemps aidait discrètement Daech.

    Fin juillet 2015, la Turquie, attaquée par DAECH, riposte et bombarde ses territoires. Les alliances vont se modifier.. Elle accepte que les USA transitent par la Turquie. Mais celle-ci se moque des méfaits de Daech au Moyen Orient, elle ferait volontiers alliance avec les sunnites de Daech briseurs de peuples. Deux choses intéressent le gouvernement turc. La pérénité du pouvoir de Erdogan, l'avenir du PKK kurde qui ne doit pas profiter de la situation pour conquérir son indépendance.

    Le PKK gêne visiblement la Turquie en combattant victorieusement Daech. La connivence de la Turquie avec ce dernier a indigné les turcs qui se sont mis à voter pour le parti pro-kurde HDP aux législatives, ce qui a empêché le rêve de superprésidence de Erdogan de se réaliser. L'AKP a perdu sa majorité au parlement. De ce fait le choix de Erdogan est clair: frapper le PKK, et rompre les discussions de paix.

    L'attaque suicide du 20 juillet vers Kobané, qui a fait 32 morts chez les kurdes, est très probablement une provocation policière partie de haut. Daech ne l'a pas revendiquée. Elle avait pour objet de favoriser la riposte des kurdes, pour procéder à des arrestations et bombarder les positions des kurdes plutôt que celles de Daech. Et l'Occident apporte son soutien à la Turquie ! Honte... (Le Monde du 31-7-15)

    Ceci en dit long sur les stratégies pour le pouvoir. Le seul contenu politique est le pouvoir. Aucun autre objet !

     

    - Israël ?
    Israël dans tout cela ? Cet Etat peut-il préférer à terme s'entendre avec Daech pour éviter que les palestiniens excédés ne se livrent massivement à des attentats du genre de ceux qui ont présidé à la prise de Ramadi en Irak ? Tandis qu'il n'a aucune chance de s'entendre avec le Hezbollah. Ses alliances dépendent des choix des palestiniens. Ou alors peut-il espérer que les USA, avec ses alliés occidentaux et arabes, se livrent à un carnage généralisé au Moyen Orient, maintenant que la France vend ses Rafale (vive les emplois créés en France dans l'armement… !), au risque de la guerre nucléaire ??

     

    Conclusion provisoire:


    Les alliances et les intérêts d'Etats n'ont, décidément, rien à faire des différends religieux, sauf pour diviser leurs opposants, mâter leurs populations, jeter la confusion, amuser les bavards, nourrir les propos racistes de certains journalistes à la solde des puissants occidentaux….
    Face à cette situation abominable, peut-on espérer un sursaut des peuples pour imposer que les armes se taisent, non pas pour une bonne paix, mais pour une paix qui garantisse que chacun puisse rentrer chez soi, et au minimum puisse accéder à la nourriture et l'eau… ? Des populations désespérées peuvent encore choisir le pire. Il n'est pas vrai que la guerre civile et la guerre tout court, puissent se transformer en guerre révolutionnaire, comme on le chantait jadis. L'aboutissement ne serait qu'une tyrannie impitoyable de plus. Que certains cessent de se payer de mots.
    Si les forces démocratiques occidentales ne tentent pas d'imposer cette paix, même précaire, même mauvaise, entre les belligérants tels qu'ils sont, en saisissant leurs propres gouvernements, alors, vive la pire des barbaries : 60 millions de réfugiés dans le monde aujourd'hui, des camps de réfugiés un peu partout qui seront des camps de la mort, une nouvelle guerre contre de dits passeurs qui sont eux-mêmes des réfugiés ou des chefs de guerre libyens…, des murs de clôture autour de l'Europe, une méditerranée où seuls les riches iront bientôt cyniquement mettre en place de monstrueux élevages industriels de poissons…. !
    Qui sont les principaux responsables de cette vague de réfugiés sans précédent dont personne ne veut bien sûr ? Une résurgence du nazisme pourrait y mettre fin… On ne sait ce qui peut naître de cette vague de réfugiés qui n'ont plus rien, et qui s'aperçoivent qu'ils sont autant détestés par l'Occident que par leur tyrans.. Colère inédite ! Mise en question de notre relatif bien être !

    En attendant l'Europe se couvre de honte en refusant d'accueillir des réfugiés dont elle est la première responsable.

     

    (1)La coalition internationale, en forces d'intervention et en armes à des degrés divers : Les USA, la France, le RU, le Canada, l'Australie, l'Allemagne, l'Italie. En aide humanitaire : l'Arabie Saoudite, la Turquie, le Koweit, la Norvège, la Pologne….

     

    Stratégie de l'EI et de Poutine

    A n'en pas douter, Poutine était persuadé, il y a peu, que l'enracinement de l'Etat EI était inéluctable et que les occidentaux seraient incapables d'en venir à bout. Il s'est alors présenté comme celui qui pouvait régler la question du Moyen Orient par un système d'alliances politiques et économiques qui lui permettrait d'être le champion de la paix, d'accéder au pétrole de Mossoul, au gaz de la Syrie, et au pétrole iranien, en tenant en respect l'EI.
    Pour cela et vis à vis de l'Iran, il lui fallait continuer de soutenir Assad, même dans un petit territoire, et donc de donner des gages, à la fois à Assad et à l'EI, en bombardant les opposants à Assad.
    Mais l'EI, fort de ses succès, de ses rapports avec des banques du Moyen Orient, du pétrole de Mossoul, de sa dite mission vis à vis du peuple sunnite arabe, a tenu à manifester son indépendance totale. L'EI a déjà refusé l'alliance avec la Turquie malgré les appels du pied de cette dernière, et refuse toute allégeance avec la Russie (cf le crash de l'Airbus 321 et les injures vis à vis de Poutine). L'EI se place ainsi dans une position de force et fragilise la stratégie de Poutine.
    De la même façon que Al Qaïda a été rapidement incontrôlable par les USA, l'EI est incontrôlable et se réfugie dans la grande tradition du terrorisme arabe, mais dans sa version la plus terrifiante, le terrorisme islamiste. En effet ce terrorisme s'est présenté, depuis la seconde guerre mondiale, et surtout à partir de 1979 (révolution iranienne), comme la seule carte jouable vis à vis d'Israël puis de " l'Occident ", en l'absence de toute perspective venue de l'URSS, ou simplement en l'absence de toute perspective démocratique venue de " l'Occident ".
    Seule carte jouable mais carte de défaite politique pour le monde arabe. En effet, l'EI joue avec l'isolement de ce dernier et son rejet par les populations occidentales. Par exemple, loin d'avoir raffermi le soutien aux Palestiniens, ce terrorisme aboutit à déconsidérer leur cause. Mais ce faisant, il fait des palestiniens des proies pour l'EI.
    Ce terrorisme est en train de changer de nature.
    En effet, bien plus inquiétante est l'alliance parfaitement plausible entre Al Qaïda sunnite et l'EI sunnite, par exemple au Yemen, en Libye, en Syrie, dans le cadre d'un terrorisme pour le seul compte du pouvoir fascisant de chefs de guerre intégristes. Au nom de la haine de la démocratie occidentale, c'est la conquête de territoires entiers contre la liberté des peuples.
    Aujourd'hui, l'EI vise à s'implanter au sein des arabes sunnites révoltés, de l'Egypte, de la Libye, de la Palestine, de l'Arabie, du Yémen, du Bangladesh, au nom de la lutte anti américaine et " anti-impérialiste " et contre l'Occident, mais pour le compte du pire des obscurantismes. Ceci afin de se placer en position de force face à l'IRAN chiite. De plus, astucieusement, l'EI vient de lancer des menaces de massacre contre Israël (le Monde du 5-11-15), et critique l'attentisme du Hamas et du Fatah. L'EI s'apprête à jouer sur tous les tableaux.
    C'est ainsi que le rêve de la " Grande Syrie " arabe refait surface sous le forme hideuse des despotismes des temps modernes, qu'il s'agisse des pays communistes ou ex, des pays fascistes ou islamistes… Ces derniers, redisons le, intègrent complètement le refus de toute démocratie, et prêchent la servilité des femmes au dernier degré.
    Face à cela Poutine aura intérêt à une alliance forte avec l'IRAN, et paradoxalement avec l'ARABIE pour contrer l'avance de l'EI. Ceci est sans compter avec de multiples autres problèmes : la partie des masses arabes qui veulent s'émanciper de l'islamisme, le devenir des Kurdes, le rejet du despotisme en Turquie, le ras le bol des politiques d'austérité en Europe….à travers une lutte des classes confuse et sans guère de perspective pour l'instant. Mais rien n'est joué nulle part.


    Le 8-11-15 AMC