(articles de 2007, puis de 2021, et 2024)
Ce pays est riche de révolutions populaires, d'auto-organisation. Mais il a le malheur d'avoir un sous-sol qui intéresse l'Occident, qui, on le sait, n'a aucune pitié pour les peuples dès lors que le sous sol permet d'amasser des richesses marchandes et de l'argent. Terrible constat..
Quelques points de repères:
-Soudan ottoman (1820-1885), avec Méhémet Ali comme gouverneur d'Egypte et du Soudan
Après 1821 lÉgypte impose au Soudan un régime administratif sévère dominé par les « Turcs » (lempire Ottoman?), al-Turkiyya (la Turquerie), en réalité des gens de langue turque..sur ordre de " la Porte" par Méhemet Ali, qui pratique l'esclavage pour fournir à son armée
Le 29 juin 1881, Mohamed Ahmed ibn Abd Allah, originaire de Dongola au Soudan, se proclame le Mahdi (le sauveur) et prêche contre les « Turcs . Révolte contre l'Empire ottoman et son gouvernorat mais également contre la GB qui avance des pions. En 1882 la GB occupe l'Egypte. Les mahdistes occupent Khartoum en prévision d'une occupation de la GB en 1885. Expansion de la révolte mahdiste. Guerre des mahdistes contre la GB (1881-1899)
-En 1896, un corps expéditionnaire anglo-égyptien du général Kitchener est envoyé pour écraser la révolte soudanaise autour du Mahdi (mouvement religieux). Il échoue mais l'intérêt de plusieurs puissances coloniales pour la vallée du Nil est évident vu l'importance du contrôle des eaux dans cette région.
En GB montée du mouvement libéral et 'influence des milieux de la finance en Angleterre
-le 2 septembre 1898 les mahdistes à Omdurman, près de Khartoum, sont défaits où 10 000 soudanais sont fauchés par les mitrailleuses britanniques par le général Kitchener
« Les milliers de mahdistes mourants ou blessés sur le champ de bataille ne reçurent aucun soin des Britanniques, qui leur tournèrent le dos et s'en allèrent ». « Ils demandaient de l'eau et appelaient à l'aide, mais nos officiers les repoussèrent avec mépris », relata un soldat britannique (Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, 2015, p. 434.)
-Période britannique (1896-1955), le Soudan devient anglo-égyptien. En 1899, un condominium anglo-égyptien sur le Soudan est établi.
-Le mouvement mahdiste reste une force religieuse et politique vivace et mène des soulèvements, notamment en 1900, 1902, 1903, 1904 et 1908. En 1906, une émeute arabe éclate à Talodi, dans les monts Nouba, suivie d'une répression brutale. Dans le Sud du Soudan, une résistance est conduite par le peuple "Nuer", vivant dans les territoires arrosés par le Sobat et le Nil Blanc (Afrique de l'Est: vivent de l'élevage et ont des croyances et des coutumes particulières sur la façon de vivre avec la nature. Celles-ci sont transmises des parents aux enfants par le biais d'histoires racontées).
-En 1951, le roi Farouk prend le titre de roi dÉgypte et du Soudan. En 1953, un traité anglo-égyptien reconnait le droit du Soudan à lautodétermination
-Le 1er janvier 1956, le Soudan accède à l'indépendance. Les premiers mouvements rebelles apparaissent dans les provinces du sud du pays. C'est le début de la Première guerre civile soudanaise de 1955 à 1972 . En novembre 1958, le général Ibrahim Abboud effectue un coup d'État militaire et s'empare du pouvoir. Régime Abboud (1958-1964) .
-Révolution d'octobre 1964 (1964-1969). En octobre 1964 éclate une insurrection populaire qui aboutit à la chute du régime militaire et dictatorial d'Abboud et à l'instauration dun régime parlementaire jusqu'en 1969
-Régime Nimeiry (1969-1985)
Le 25 mai 1969, un nouveau coup dÉtat militaire des « officiers
libres » permet au colonel Gaafar Nimeiry (1930-2009) de s'emparer du
pouvoir. Il va s'y maintenir jusquen 1985. (grâce aux USA)
-Le 19 juillet 1971, une tentative de coup d'État
montée contre Nimeiry et attribuée aux communistes échoue.
Nimeiry décide alors d'écraser définitivement le parti
communiste soudanais.
1983 , il prône l'extension du droit musulman au droit pénal, jusque-là
cantonné au droit personnel depuis la colonisation.
Après 1985 Le Soudan devient ainsi le deuxième bénéficiaire de laide américaine en Afrique (après lÉgypte)
-Révolution et coup d'Etat (1985-1989) (en partie d'après Eliott Brachet dans le Monde du 12 juillet 24).....
Omar Al Bachir, auteur du coup d'État de 1989, il reste au pouvoir durant trente ans et prône l'islamisme, , il est mis en accusation par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes contre lhumanité et crimes de guerre dans le cadre de la guerre du Darfour.
-2019 un soulèvement populaire à Khartoum a lieu et dure 4 mois, l'armée renverse le dictateur le 11 avril 2019. Chute du régime militaire et islamiste d'Omar Al-Bachir. L'armée fait face aux manifestants qui s'organisent en Comités de résistance où les femmes jouent un rôle très important. Interventions de la population dans l'Education, la Santé, la sécurité, l'emploi...C'est une vraie révolution. Période de transition démocratique négociée par les parties, un gouvernement civil est mis en place mais le pouvoir effectif reste entre les mains de l'armée. La rue réclame un gouvernement civil indépendant et des élections ainsi que le désarmement de ces milices.
Les militaires peuvent difficilement tolérer l'extension de cette révolution, et le rôle qu'y joue les femmes.
L'armée est dirigée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane et son adjoint Mohammed Hamdan Daglo dit "Hemetti" qui dirige les "forces de soutien rapide", issues des milices janjawids (génocide au Darfour). Comme en Egypte l'armée a la main sur toute l'économie, donc le pétrole.
-Mais le 25-10-2021, l'armée tente un coup d'Etat en accord avec les paramilitaires ou les milices, et fait arrêter le gouvernement civil.
Des centaines de milliers de manifestants dans la rue. Barricades, grève générale dans les usines, appels à la désobéissance civile dans les mosquées: les soudanais veulent faire construire une Nouveau Soudan: identité multiple intégrant les minorités ethniques et religieuses, gouvernance décentralisée, autre répartition des richesses. L'armée tire sur les manifestants
Les jeunes s'organisent en "ghadiboon" d'abord contre l'armée, puis avec l'armée contre les milices de Hemetti...
Discussions parrainées par les Nations Unies, mais le 15 avril 2023 les généraux choisissent la guerre.
Les deux généraux se divisent car veulent chacun tout le pouvoir face à une rue organisée. Les civils sont contraints de s'engager, Les généraux lancent les gens les uns contre les autres et bombardent la ville. La population est obligée de choisir un camp. La population qui n'a pas fui prend partie pour l'un ou pour l'autre.
Les soudanais fuient massivement;
Le général Al -Bourhane (FAS) fait face à Hemetti (FSR): guerre sans fin entre les deux, utilisent la population pour se battre, détruisent le pays, tuent massivement les civils. Leur seul point d'accord: en finir avec toute opposition. Veulent tous deux s'approprier le bétail, les terres, l'or, le pétrole, les banques, les usines,
Les Comités de résistance jouent un rôle humanitaire. Font soigner les blessés, distribuent l'aide alimentaire, mais sont décimés.
Les FAS reçoivent des armes des russes, des chinois et des iraniens par l'Egypte et l'Arabie Séoudite.
Les FSR , successeurs des janjawids qui ont martyrisé le Darfour, issus des tribus arabes nomades. Aujourd'hui paramilitaires qui se livrent à des exactions, ont combattu au Yémen, font des razzias. Auraient vendu de l'or au Groupe Wagner, qui le faisait transiter ver les Emirats. Sont soutenus par les Emirats et le Tchad
Mangent à tous les rateliers . Les deux camps pratiquent le viol comme arme de guerre. Les FRS pratiqueraient le plus d'exactions sur les femmes. Des femmes sont enlevées et vendues (cf le Nigéria). Les FSR prennent des otages et torturent. Ces violences datent de la guerre au Darfour en 2000.
Les violences sur les femmes brisent un pays. Le Congo, la RDC, le sait particulièrement bien.
Le pays en novembre 24 est la proie de la famine, des épidémies (paludisme, dengue dyssentrie, choléra..). Les ONG ne peuvent entrer. Les militaires les chassent. Des zones entières ne sont pus accessibles. Les gens meurent chez eux. Le travail agricole est impossible sur 70% du territoire. Pas de corridors humanitaires
Les pays occidentaux sont incapables d'imposer la paix à ces généraux. A qui profite cette situation abominable qui détruit complètement le pays ? A ceux qui vendent des armes, qui endettent à mort le pays, qui profitent du pétrole et de l'or. Toujours le même processus..
La question peut être posée également pour l'Ethiopie et le Tigré. Et évidemment pour Gaza et la cisjourdanie.
A qui profitent ces crimes ? A qui profitent ces destructions ? Aux puissants de ce monde qui finiront pas détruire ce dernier
27 Novembre 2024
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(d'après une interprétation des articles du Monde de Jean-Philippe Rémy). Juillet 2007, AMC.
Deux thèses sont généralement avancées sur le Darfour,
d'une part celle de BHL (Bernard Henri Levy, l'inénarrable et éternel
" bien pensant " pro-américain), avec son ami Kouchner (Urgence
Darfour), qui avance la rhétorique du choc des civilisations (arabes
musulmans contre chrétiens) en brandissant les droits de l'homme et la
démocratie contre un dit génocide, et d'autre part celle des ONG,
MSF, MDM, qui agissent sur place et s'opposent à la thèse ci-dessus
et à toute intervention militaire, laquelle, au nom de l'interventionnisme
" humanitaire ", permettrait une fois de plus aux dominants, les USA
en tête, de s'emparer du pétrole soudanais, de détruire
le travail entrepris et de semer une guerre civile pire que celle actuelle.
Face à cela, le journaliste ci-dessus, qui a fait un excellent travail,
nous dit, à sa façon, qu'il s'agit depuis plus de 20 ans au
Soudan d'un conflit social et environnemental d'envergure, et non point d'un
conflit religieux.
En extrapolant, il donne deux raisons aux conflits du Sud du Soudan (conflit
achevé), et du Darfour : d'une part le refus du gouvernement central
de répartir avec justice les richesses de l'Etat (entre autres le pétrole)
en pratiquant une corruption éhontée et un enrichissement incroyable
pour une petite élite bourgeoise ; d'autre part une désertification
accélérée qui ne cesse de produire ses effets désastreux,
depuis 1985-86, qui détruit les équilibres traditionnels, et ne
reçoit aucune réponse positive de la part du gouvernement central.
La seule réponse, empruntée à l'histoire coloniale britannique
: diviser pour régner.
-L'est et le nord du Soudan sont majoritairement arabes. Le sud est constitué
majoritairement d'ethnies noires. L'ouest (le Darfour) est majoritairement constitué
d'ethnies noires (Fours, Zaghawas, Massalits), plutôt des agriculteurs,
puis de tribus arabes (les Mahariyas), plutôt des nomades. Mais ces diverses
tribus se sont mélangées et ont toutes des ancêtres arabes
ou noires. C'est plutôt le nom de la tribu qui fait le partage entre les
populations. Egalement le sud du Darfour comporterait beaucoup d'arabes.
-L'est et le nord sont majoritairement musulmans. Le sud est chrétien,
et le Darfour est musulman très pieux !. On trouve donc des arabes musulmans,
des noirs musulmans et chrétiens. Se trouve ici immédiatement
démolie la thèse du choc des civilisations. Le gouvernement central
musulman envoie des troupes au Darfour contre des musulmans. Que BHL et Kouchner
revoient leurs copies.
Ce conflit a duré 20 ans (1983 à 2005) et a fait deux millions
de morts ; le gouvernement y avait embauché des paysans du Darfour dans
l'armée contre le sud. Celui-ci avait à sa tête l'armée
populaire de libération du Soudan et John Garag, il s'est achevé
en 2005 par un compromis :
-la moitié des revenus du Soudan ira au sud
-l'armée du sud demeure et n'est donc pas désarmée.
C'est donc un recul du pouvoir central considérable.
Le fondement du conflit était bien l'inégale répartition
des richesses. Reste à savoir comment John Garag va répartir cet
argent dans un sud, qui est sans aucune infrastructure comme le Darfour.
Le schéma qu'on va décrire vaut pour toute la zone sahélienne
de l'Afrique.
La fonction du nomadisme est l'élevage et le commerce. Le nomadisme empêche
le surpâturage, c'est-à-dire l'élevage sédentaire
dans des zones fragiles et faiblement arrosées. Les nomades partent avec
tous les troupeaux dans les zones les plus humides, selon les périodes,
et émigrent dès que ces zones deviennent sèches. En même
temps ils échangent les produits des diverses régions entre elles,
pour leur propre compte et pour le compte des agriculteurs, en échange
des produits agricoles vendus par les agriculteurs sédentaires. Ils ont
des droits de parcours négociés et un accès aux puits et
aux rivières par entente avec les populations sédentaires.
Au Darfour, les nomades partent donc vers le sud à la saison des pluies,
et remontent vers le nord auprès du fleuve Wadi Howa à la saison
sèche (c'est le seul fleuve). Cet équilibre assure en principe
une collaboration sociale et va de pair avec une pénurie de terres.
Lors d'une absence d'eau plusieurs années de suite à la saison
des pluies, qui installe une désertification durable, cet équilibre
est rompu. Les troupeaux sont dévastés. Les nomades sont réduits
à la misère. Ils iront s'installer dans le sud du Darfour à
la fin des années 80, chercheront des terres, et ne pourront de toutes
façons produire assez de nourriture. C'est la naissance de conflits entre
populations puisque le pouvoir central n'intervient pas, ne fournit pas d'aide.
La seule chose à laquelle le pouvoir pense est l'instrumentalisation
des apparences : comment transformer des conflits sociaux et nvironnementaux
en oppositions religieuses, précisément pour n'avoir pas à
intervenir autrement que militairement.
Des troupeaux se reconstitueront mais la tendance ira à la sédentarisation,
dans des zones qui ne la supportent pas, car les parcours longs sont de moins
en moins possibles aux nomades du fait de la sécheresse.
Il débute en 2003. Les habitants du Darfour veulent des infrastructures,
des écoles, des routes, des hôpitaux ; ils veulent pourvoir accéder
aux postes de responsabilité à tous les niveaux ; ils n'obtiennent
rien
Le front de libération qui devient l'armée de libération
du Soudan attaque la ville Al-Fasher. Le pouvoir central stupéfait décide
d'écraser la rébellion. Il n'est pas encore sorti de la guerre
avec le sud que l'ouest s'embrase. Cette rébellion, armée entre
autres par Tripoli, fait rapidement la jonction avec John Garang du
Sud Soudan. Les populations du Darfour et du Sud Soudan constatent l'identité
de leurs problèmes. Garang fournit des armes et des conseillers au Darfour.
Le pouvoir central fait appel, comme pour le sud depuis 1990, à des milices
" arabes " musulmanes contre les noirs musulmans. Ces milices sont
constituées par des miséreux sans terre, des repris de justice,
des tchadiens. Ils doivent se présenter avec leurs montures. Ils recevront
un salaire, la liberté de pillage, de tuer et de violer, à condition
de pratiquer la politique de la terre brûlée. On leur explique
qu'il faut arabiser le Darfour pour qu'ils obtiennent des terres.
Mais rapidement les milices travaillent pour leur propre compte car les salaires
promis n'arrivent pas. Elles deviennent incontrôlables. Le gouvernement
laisse faire les razzias.
Le pétrole exploité depuis 1999 est acheté pour 65% par
la Chine et est convoité par les USA. Le gouvernement n'envisage pas
d'effectuer un partage des richesses avec le Darfour ou le Sud Soudan.
Il semble que les tribus diverses, arabes et noires, constatent de plus en plus
l'identité de leurs problèmes : Dilapidation de la richesse par
une bourgeoisie corrompue, misère pour les paysans et les nomades, un
manque d'eau récurrent.
Les USA et les occidentaux en général ont donc tout intérêt
à faire de ce conflit un nouveau conflit entre de présumés
islamistes arabes et des chrétiens. Ils ont intérêt
à intervenir avant une union politique du peuple contre un gouvernement
qui manifeste une bonne volonté affirmée de collaborer sur la
question dite du " terrorisme ". Le gouvernement soudanais "
informe " en effet l'administration des USA de tout ce qui se passe au
Moyen Orient, dans les formes qui intéressent celle-ci. On comprendra
facilement en quoi la politique de Kouchner puisse être approuvée
par les USA. La seule chose que l'on serait en droit d'attendre, de l'ONU par
exemple, est une pression politique d'envergure pour que les richesses venues
du pétrole soient partagées équitablement en faveur du
peuple, par l'intermédiaire des tribus. Mais pour le compte de qui agit
l'ONU ??
juillet 2007
(Jean-Philippe Rémy reprend la plume le 10 juillet 2021).
La situation a empiré avec la création du Sud-Soudan. Ce qui s'est passé à partir de 2005, un compromis de paix, aurait pu être écrit à l'avance par rapport à ce que l'on sait de l'utilisation des désirs de paix des populations en Afrique. Il faudra encore 6 ans entre ce compromis et l'indépendance, en 2011, le temps que les protagonistes d''un nouveau cauchemar se mettent en place.
Les combattants révolutionnaires "patriotes" deviennent des gangsters.
L' ancienne puissance colonisatrice bien connue, la GB, veut le pétrole, et va s'employer à diviser les populations entre elles.
De nouvelles puissances comme la Chine apparaissent; les institutions internationales se mettent en place pour "secourir", c'est à dire réduire les populations à la mendicité...et non pas aider à organiser une paix réelle.
Le Soudan du Sud est devenu indépendant du Soudan, le 9 juillet 2011. Après un référendum d'autodétermination prévu par la paix de 2005. Mais ce nouveau pays partait avec l'essentiel des réserves de pétrole, sans la moindre capacité à en contrôler l'exploittion par manque des infrastructures nécessaires et du savoir faire. Les ressources devaient être partagées à égalité après la paix et l'indépendance.. John Garang s'y était engagé.
Malheureusement pour lui, son hélicoptère s'est écrasé peu après le compromis de 2005 comme par hasard (!) avant qu'il puisse être nommé vice Président dans une période de transition. Personne ne parle d'assassinat... ouvertement. John Garang semblait avoir un charisme important et des idées claires sur la justice. Il disparait et ceux qui le remplacent vont se comporter comme des gangsters, une fois l'indépendance obtenue..
Immédiatement les chefs des ethnies du Sud-Soudan, comme remontés par une mécanique, s'affrontent sur des problèmes récurents, non pas de religions, mais de vieux conflits non réglés autour des coutumes pastorales, de bétail, d'organisation de la vie coutumière. Des guerriers fous de pouvoirs vont utiliser, dès 2013, deux ans après l'indépendance, ces conflits qui se réglaient jadis devant les tribunaux coutumiers, pour tenter de prendre le pouvoir: Salva Kiir, Président lors de l'indépendance, au nom de l'ethnie Dinka chrétienne, et Ruek Machar, vice président, au nom de l'ethnie Nuer, plus animiste que chrétienne, s'affrontent et se déclarent la guerre dans un pays où les gens n'attendent que la paix.. Comment est-ce possible ?
Le Soudan s'est employé, dès avant l'indépendance, à opposer les populations entre elles, leur interdisant ainsi la voie à la constitution d'une nation. Il provoque la mise en place d'un gouvernement au Sud-Soudan qui doit faire face à des milices tribales payées par Kartoum, qui vont les diviser.. Ainsi des ethnies que tout rapproche, au niveau des intérêts, de la langue, des croyances, comme celles ci-dessus, unies dans la lutte pour l'indépendance, vont se confronter sur des conflits de second ordre: le pouvoir et les prébendes ! Une guerre civile dévastatrice s'enclenche alors de 2013 à 2018 et fait 400 000 morts, et un million de réfugiés qui vont dans les camps de l'ONU, ou s'expatrient au Soudan !! Les inondations s'en mêlent, les criquets.. puis la famine.
La GB au moment de la colonisation avait utilisé les ethnies en question pour organiser la corvée, construire des pistes, collecter les impôts ( " Sud-Soudan : l'État et les sociétés nilotiques traditionnelles" par Christian Delmet en 2013) mais ne fit rien pour contruire un Etat. Les Nuer en particulier étaient rebelles à toute autorité. Cette caractéristique fut conservée dans le but d'une pacification de soumission, qui préserva des rancoeurs.
Le journaliste Rémy indique de plus que les milieux démocrates et républicains américains vont profiter de la situation pour faire intervenir, chez des populations supposées chrétiennes, des curés trafiquant d'armes, des "humanitaires" distribuant la nourriture aux chefs de guerre....
(Ce que les USA reprochent aux islamistes, est pratiqué par eux par l'entremise de pseudos-chrétiens nouveaux colonisateurs)
L'objectif des USA est de faire prospérer une économie de corruption, avec des populations qui demeurent assujetties, et non pas autonomes, dans un pays ayant d'importantes ressources: pétrole, minéraux, gomme arabique, forêts, terres fertiles... où il faut tout construire car le Soudan central n'a jamais rien construit au sud.
Il semble que l'objectif non dit soit de dépouiller les sud-soudanais de leurs terres pour les donner à des militaires et à des étrangers comme les chinois....?
Les sud-soudanais n'ont ni eau, ni électricité, ni routes. Mais un seul fleuve le NIL Des entreprises Erythréennes vendent l'eau du Nil purifiée et ... font fortune. Les entreprises chinoises construisent des routes, des hôpitaux. Une centrale électrique est éthiopienne (Le Monde des 14 et 15 juillet 21 Florence Miettaux). Les capitaux chinois promettent centres médicaux et hôpitaux...Mais les populations sont dépouvues de chefs ayant des objectifs politiques correspondants aux besoins. Elles sont démunies et affamées.
Actuellement les femmes et les enfants payent le plus lourd tribu. Des centaines et des centaines de femmes pauvres meurent en couche avec leurs bébés, sans accès aux soins, dans un pays potentiellement riche, dont les populations sont délaissées, misérables et désespérées.
20-7-2021 AMC