MARX AU 21ème SIECLE ?

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    Paysannerie traditionnelle

    A mettre en opposition avec "l'agriculture industrielle"

    Article éventuel:

    Le retour à une agriculture paysanne serait la voie vers une vraie transition écologique»

    (à corriger, à remplir...)

    1) Fondements de l'agriculture paysanne traditionnelle

    (à développer..)

    -Nourrir la population proche, l'auto suffisance alimentaire

    -échanges avec les régions extérieures pour les produits que l'on n'a pas

    -utilisation intégrale de tout ce dont on dispose: la forêt, la variété des terres, les rivières, les chutes d'eau, les zones humides, les arbres fruitiers, le fumier, les matères premières présentes qui affleurent (le charbon, le grès, la craie, l'ardoise...)

    -réutilisation de ce qui est jeté dans le compostage

    -entretien des pistes, chemins, routes, des zones humides, drainage de certaines zones pour en développer d'autres, curage des fossés et des rivières, consolidation des collines, des falaises, exploitation du bois dans la perspective de l'entretien des forêts et du chauffage, polyculture d'arbres

    Ces activités supposent et nécessitent l'entente, la décision et l'action collective sur ce qui convient de faire pour la collectivité. Solidarité et partage pour la survie de la collectivité.

    -la pêche et l'élevage; la chasse non pas comme sport ou jeu mais comme nourriture d'appoint, et moyen de réguler les espèces

    -polyculture des céréales et des légumes: dans un but du meilleur rendement, et de l'aide que les cultures peuvent s'apporter entre elles pour subsister, se développer.

    -assolements multiples

    -gardiennage des semences et enrichissement des semences, création de nouvelles semences par mélanges... Le but étant l'économie d'eauet les meilleurs rendements.

    Les livres d'agronomie paysanne avant la révolution industrielle sont très documentés et intéressants

    -entretien de l'outillage et invention de nouveaux outils avec l'acceptation de la communauté. La concurrence n'existe pas, elle entrainerait la disparition de la collectivité

    Les monastères ont collaboré à l'outillage; ont proposé les moulins à farine.

    L'artisanat est étroitement lié à la recherche du meilleur outillage: meilleur rendement, soulagement de la fatigue

    -connaissance des plantes pour la santé publique. Pharmacopée collective pour les individus et les animaux

    -Instruction: les savoirs dans tous les domaines qui précèdent, l'expérience paysanne et artisanale, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture, de la geographie, de l'histoire. Connaissance de soi, connaissance des religions

     

    2) La démocratie directe comme outil du bon fonctionnement de la collectivité.

    De ce qui précède, il est évident que la démocratie directe est une nécessité. Elle s'apprend immédiatement comme moyen de préservation de la communauté. Elle fonctionne en symbiose avec la justice.

    Spontanément les individus rejettent la concurrence, à savoir le fonctionnemen d'un savoir, d'un outil qui en se ferait que pour l'usage de certains contre d'autres, ou pour le pouvoir de certains contre d'autres.

    Idem pour le prêt à intérêt.

    Tous les peuples paysans ont pratiqué sous des formes diverses la démocratie directe: le "mir" en Russie et les pays limitrophes, voire les équivalents en Europe et en Asie,

    La communauté paysanne inca

    La communauté amérindienne

    Les formes particulières de communauté en Afrique

    .....

    3) La question de la propriété;

    La propriété individuelle n'existe pas

    Les paysans ont la possession individuelle de la terre "La terre à qui la travaille". La possession collective est présente rt nécessaire

    La terre est propriété nationale. Elle ne peut être vendue aux étrangers.

    ......................

    4)Le servage.

     

    5) La tradition

    Ce qu'elle a de bon (ses savoirs, le travail dans le respect de la nature, et des règles de bon fonctionnement...la démocratie)

    Ce qu'elle a de mauvais: l'infériorité sociale et individuelle de la femme bien que celle-ci soit la gardienne des semences, le droit de cuissage pour l'homme vis à vis des femmes et des enfants, le droit de propriété sur la femme..)

    Le conservatisme paysan est à bousculer dans le domaine des moeurs:le patriarcat. Les femmes et les enfants ont le droit de choisir leur vie

    Mais l'anticapitalisme paysan n'est pas un conservatisme, c'est une question de vie ou de mort.

     

     

     

     

     

     

     

    ESSAI

    Avenir de la Paysannerie ??

    (Si cet essai a pour objet de rappeler très succinctement ce que fut la paysannerie, son rôle dans l’histoire de l’humanité, il veut surtout montrer comment à l’ère industrielle, elle fut décimée conjointement par le capitalisme et plus tard par le communisme. Reste à montrer quel rôle elle jouait dans la protection de l’humanité et de l’environnement, et comment sa destruction participe à celle de l’humanité toute entière et de ce qu’on nomme la « nature ». )

    Peut-on imaginer réaliser une transition écologique et énergétique sans restaurer la paysannerie dans tous ses attributs ??


    Avant le capitalisme, et encore aujourd’hui, hors de l’Occident, la paysannerie demeure la plus vieille classe sociale du monde. Elle n’est généralement pas propriétaire de la terre, mais elle en a la « possession », droit quasi inaliénable, car elle la travaille, elle en vit, elle apporte une partie de sa production sur les marchés locaux et une autre partie aux propriétaires qui contestent ce droit de « possession ».
    Sont traditionnellement propriétaires de la terre, les féodaux qui exigent une partie de la production pour eux et pour le pouvoir en place. On n’expliquera pas ici la multiplicité des droits, devoirs entre les féodaux et les paysans.
    Les paysans veulent de tous temps chasser les propriétaires terriens de la terre, s’approprier cette terre qu’ils travaillent, et dont une partie est constituée par des terrains de chasse et de loisirs. Ils veulent abolir les liens de domination de ces derniers sur eux .
    Les révoltes paysannes sont constantes dans l’histoire, on les nomme des « jacqueries ». Certaines aboutissent à des révolutions quand les paysans parviennent à détruire les châteaux , à saisir les terres (France de 1789, Russie de février 1917) et à chasser les propriétaires.

    L’ objet de la paysannerie est de produire des valeurs d'usage pour se nourrir, et nourrir les populations par l’intermédiaire des marchés dont elle veut la maîtrise.
    Très souvent, des traditions de travail collectif, et d’entraide collective, existent et sont actives dans de nombreux pays. C’était le cas dans la Russie d’avant le communisme. La paysannerie y est attachée aux formes d’organisation collective depuis très longtemps (le « mir » villageois). Les paysans peuvent opposer un bras d’honneur aux bolcheviks qui viendront leur parler de travail collectif.
    Ce sens du collectif a donné la création spontanée des « soviets ».
    (Les bolcheviques ont falsifié les usages, se sont appropriés les mots et les traditions pour en faire dans leur novlangue et leurs pratiques : la collectivisation et la soviétisation de la société)

    -Le rôle premier des la paysannerie est l’élevage et l’entretien des animaux domestiques ( travail et nourriture), le gardiennage des graines et semences, leur conservation et leur amélioration, et l'enrichissement de la terre sous leur contrôle..

    -La paysannerie traditionnelle est indispensable à la vie, sans elle l'humanité ne peut plus se nourrir.
    L’industrie naissante du 18ème siècle en Europe n’a eu de cesse de tenter de s’approprier l’activité paysanne, elle y parviendra au 20ème siècle, soit sous sa forme capitaliste, soit sous sa forme de capitalisme d’État, dit communisme (la formule est de Lénine), idem pour la Chine.

    -La paysannerie traditionnelle cherche à augmenter son patrimoine pour ses enfants mais ne cherche pas à faire fructifier du capital. ça n'est pas son objet. Elle s'est toujours fait rouler par les marchands qui lui ont acheté au plus juste ses produits pour les revendre bien plus cher.

    -La paysannerie n'est prête à modifier son genre de vie que si elle y voir un intérêt pour produire mieux, et plus éventuellement, avec moins de fatigue et plus d’efficacité, elle a accepté les progrès techniques utiles à la production dans l’esprit ci-dessus.Tout ce qui venait de l'artisanat (ou des monastères ) a été accepté: machines à moudre le grain, les moulins, machines pour réparer les outils, amélioration des outils, des charrues, amélioration des savoirs -faire ancestraux des assolements, rôle de la luzerne..élévateurs pour rentrer le foin.... etc
    Mais elle a refusé tout ce qui pouvait la faire disparaître. Sauf qu'elle pouvait être vaincue. Elle a toujours été anticapitaliste par définition, et antiproductiviste, mais elle est peu et mal politisée.
    Elle n’est pas, comme disait Marx, attachée de façon indéfectible à l’immobilisme. Elle n’est pas dans « l’immutabilité » (terme de ce dernier), concernant les moyens de produire, car elle s’approprie tout ce qui lui paraît utile.


    Après l'épisode de sa prolétarisation en URSS après 1917 et surtout 1929 (collectivisation forcée), elle craint le communisme comme la peste. C'est pourquoi en Europe, elle ne demandera pas le secours des partis communistes après la deuxième guerre mondiale, pour la défendre en tant que classe autonome, contre les politiques capitalistes visant à la faire disparaître.

    C'est pourquoi, isolée, elle a pratiquement disparu, sauf dans les pays du Tiers monde, mais elle est réduite à la misère par son endettement, et par la concurrence des produits agricoles capitalistes à bas prix des fermes capitalistes.

    Sa disparition est un des plus grand drames de notre époque, de la seconde moitié du 20ème siècle à nos jours. C'est un drame pour la production agricole, pour l'environnement, pour l'avenir de l'eau et des forêts..... pour le genre humain.

    C'est un drame qui n'est pas signalé comme tel, tant l'industrie capitaliste et le communisme ont été des bulldozers dévastateurs pour la production paysanne.

    Historiquement, comment a t-elle quasiment disparu, et qui l'a fait disparaître ? En introduisant, principalement après la seconde guerre mondiale, l'industrie agricole en son sein (produire à bas prix en grandes quantités, grâce au machinisme et la chimie, afin de faire avant tout fructifier du capital, en s’accaparant progressivement toutes les terres...)
    Ce que la paysannerie avait conquis contre les grands propriétaires, elle le perdit à nouveau..

     

    Quelques étapes dans l’histoire de cette perte en Occident :

     

    -le remembrement des terres, pour faire d'immenses parcelles, rapidement sans arbres et sans haies. La dispersion des terres, si elle avait des inconvénients, avait son sens. Il s'agissait de terres d'inégales fertilités qui avaient leurs vertus. Le remembrement a divisé les paysans et a recréé la grande propriété.

    -la transformation des paysans en agriculteurs capitalistes dont l'objet est avant tout de faire fructifier du capital, de faire du capital avec les produits de la vie. Comment ? En introduisant dans le cycle de la production des éléments étrangers à la terre: le tracteur (issue des chars) et la chimie.

    Fallait-il vraiment remplacer le cheval par le tracteur ? Fallait-il introduire les labours profonds qui ont détruit la terre, destruction compensée par des engrais tout aussi destructeurs ....?

    -l'achat du tracteur à crédit a endetté les paysans. L'Etat a compensé en payant l'eau sur l'évier.. Les paysans ont été incorporés à l'ère de la production de masse, de la surproduction, du gaspillage: le propre de la société de consommation de masse. Leurs enfants sont devenus des prolétaires à l'usine.

    -l’endettement paysan est devenu l’endettement des petits et gros agriculteurs capitalistes auprès des holdings, vendant tracteurs, engrais, OGM, pesticides et herbicides en tous genres, puis semences...

    -L’introduction des engrais chimiques pour accroître artificiellement les rendements. Cela avait déjà commencé à la fin du 19ème siècle, encore à petite échelle. Cela a donné des résultats mais en modifiant considérablement la nature des produits, et en détruisant à terme la terre. Et surtout en détruisant l'équilibre interne de la ferme traditionnelle où tout sert et rien de ne se perd, et où sont parfaitement intégrés l'élevage, la production agricole, la production des fruits et légumes, la production des engrais (fumier et compost), la forêt (bois, produits de la forêt, gibier, réserve d'humidité et d'eau, produits utiles pour faire la soudure entre les récoltes), les rivières et leur entretien..

    -l’accaparement des semences par l’agro-alimentaire, est dernière étape : par l’endettement les paysans, puis les agriculteurs capitalistes, ont perdu tout pouvoir sur ce qui est cultivé et produit. C’est le pouvoir industriel qui en décide.
    C’est l’épisode historique des « révolutions vertes » par les agro-industriels américains en vue d’expulser les paysans de leurs terres, dans divers pays d’ Afrique, d’Asie, en Inde, en Amérique latine.
    De façon paradoxale, en Inde, le mouvement marxiste maoïste, les naxalistes, soutient les petits paysans contre les gros semenciers capitalistes.

    -La marchandisation à outrance de la production agricole par des acteurs de l'industrie, a coupé la production de ses bases traditionnelles, a donc fait disparaître peu à peu la paysannerie, pour une production industrielle des aliments.

    La paysannerie avec plus ou moins de succès a tenté de résister à sa disparition, mais elle a succombé dans les pays occidentaux.

    Une autre façon de la faire disparaître: la solution bolchévique en 1918-19, en prétendant la prolétariser dans le cadre des Kolkozes et des Sovkozes. La guerre civile dite guerre contre "l'impérialisme" vient essentiellement de là. Ce fut avant tout une guerre contre la paysannerie qui venait de conquérir la terre contre les grand propriétaires terriens

    A la guerre civile succèdent les famines communistes. La famine qui était déjà la conséquence de la guerre mondiale se perpétue avec les prélèvements obligatoires en URSS en 1918, et l'enrôlement obligatoire dans l'Armée rouge de nombreux soldats revenus travailler dans leurs fermes, et arrachés de nouveau à la terre. Mais il faut bien une nouvelle armée !.

    Elle va se généraliser dans les années 30 en Ukraine (plus de 5 millions de morts, rien qu'à ce moment là). Elle reprendra en 1959 jusqu'en 1964, en Chine: "le Grand bond ", 10 ans après la révolution. D'après les historiens chinois: 30 millions de morts.

    Dans un article sur « l’organisation du chaos au Moyen Orient à partir du traité de Sèvres » (site de 2016, nous écrivons ceci dans les notes, sur la paysannerie:

    "Le refus fondamental de reconnaître le droit de la paysannerie à garder la terre qui lui était due, est fixé dans le 2ème congrès de l’IC (Internationale communiste) en juillet 1920 et le congrès de Bakou en septembre 1920
    Le refus de reconnaître que la paysannerie russe n’avait pas attendu après les bolchéviks pour saisir les terres et mettre les grands propriétaires dehors, revient à lui refuser la capacité à l’action et à la révolte autonome. Dans la théorie, il n’y aurait eu que la classe ouvrière à avoir cette capacité. C’est évidemment faux.
    Ceci explique la disparition des « socialistes révolutionnaires » en URSS, en tant que parti, en tant que source de pensée et d’analyse, en tant qu’individus. Les seuls qui aient défendu la paysannerie avec une partie des anarchistes
    Les bolchéviks se sont empressés de faire passer dans l’IC (Internationale communiste) des propositions politiques anéantissant le droit à la terre (« la terre à qui la travaille »), et de soumettre la paysannerie aux décisions de l’Etat, dit prolétarien. Quelle en est la raison ? La première raison en revient à Marx qui sanctifiait le prolétariat et rejetait la paysannerie et le peuple à l’arrière de l’histoire. La deuxième est que pour soumettre le prolétariat à la dépendance, il faut casser la paysannerie qui peut être largement indépendante quand elle peut échapper aux grands propriétaires fonciers. Marx ne l’a pas écrit.

    On peut casser la paysannerie de deux façons : la laisser explicitement sous la férule des grands propriétaires (qui peuvent être une partie des nationalistes, mais pas forcément), ou des grandes familles dans le cas qui nous occupe, ou la prolétariser. Pourquoi la casser ? Parce que c’est une classe sociale fondamentalement indépendante et historiquement rebelle à l’industrie.
    Le prolétariat, lui, est soumis par définition à la discipline de l’usine, qui s’apparente à celle de l’armée explique Marx dans le Capital. La paysannerie, elle, travaille comme elle l’entend, en pleine nature, soumise certes aux caprices de cette dernière. Mais elle demeure son propre maître. Le prolétariat jamais. Marx l’a soumis à un rôle messianique dont on sait ce qu’il en est advenu."

     

    Il est utile d’indiquer les principales thèses de l’IC de juillet 192O

     

    Thèses de l’IC juillet 1920 ( Thèse sur la question agraire. Résolutions des 4 premiers congrès mondiaux de l’Internationale communiste 1919-1923. Bibliothèque communiste. Libraire du travail , juin 1934. Réimpression par Maspero en 1969)


    -les parties les plus opprimées de la paysannerie ne peuvent par elles-mêmes expulser les gros propriétaires fonciers (c’est faux, toute l’histoire contredit cela)

    -Avant toute chose, le prolétariat doit d’abord conquérir le pouvoir, exproprier les gros propriétaires «par un coup d’Etat » p 62 (ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées ; l’expropriation a eu lieu avant le pouvoir bolchévique. De plus ici la notion de « coup d’Etat » est reconnue par les bolchéviks eux-mêmes)

    -Les paysans se rallieront alors au prolétariat après la prise du pouvoir (p 62) (ils ne se sont jamais ralliés).

    -Alors les paysans seront organisés dans des soviets paysans où nul exploiteur ne sera admis (faux, les soviets paysans préexistent au « coup d’Etat » bolchevik, et refusent les bolchéviks)

    -Les terres seront alors expropriés et partagées entre les paysans, mais les grands domaines seront préservés et serviront mieux les intérêts des éléments les plus révolutionnaires des paysans qui ne possèdent point de terres et des petits propriétaires qui travailleront dans des domaines nationalisés.(p 63)

    Conclusion : La production deviendra collectiviste pour sortir les campagnes de leur arriération (p64)

    Ces thèses expriment très clairement la réécriture de l’histoire par les bolcheviks.

    Quand le congrès des Peuples d’Orient s’ouvre à Bakou, à l’initiative de l’IC, deux mois après le 2ème congrès de l’IC, les bolchéviks savent ce qu’ils doivent y dire à propos de la question de la terre.. Mais s’ils vont décrire correctement la situation de la paysannerie en Orient, ils n’offriront que des propositions tronquées ou contradictoires, difficiles à saisir à la première lecture.
    Ils choisiront de caresser dans le sens du poil les nationalistes arabes, grands propriétaires fonciers le plus souvent, et laisseront les délégués paysans désarmés.
    Il n’y eut aucun autre congrès de ce type par la suite.
    (Le premier Congrès des peuples d’Orient Bakou 1920 . Réédition en fac-similé. François Maspero 1971)

    Ce congrès s’ouvre juste après le traité de Sèvres d’août 1920.


    Les grands défenseurs de la réforme agraire en Russie furent les SR (socialistes révolutionnaires). Dans un premier temps, Les bolchéviks intègreront telle quelle cette réforme et ne s’attaqueront pas aux soviets paysans sauf en 1921 à Kronstadt, puis à Tambov …puis en 1929 lors de la collectivisation forcée...
    Et ils rejetteront les SR de gauche de la direction des grands soviets. Un attentat eut lieu contre Lénine de la part des SR. Il s’ensuivit un procès retentissant en 1923 où quelques socialistes français parvinrent à être présents.
    Les condamnations au travail forcé furent suivies par la confiscation des biens des SR, la suppression du parti SR, par la nationalisation du papier et de l’encre pour en interdire l’achat à tout opposant.
    Les SR disparurent comme les mencheviks, et plus tard les anarchistes. Si les écrits des anarchistes sont connus, ceux des SR sont encore dans les archives de la Russie. Nous ne connaissons aucun écrit, ni ce qu’ils sont devenus. Ce fut le règne du parti unique.

    Pour prolétariser les paysans, il fallait le goulag. Seul Lénine semblait savoir cela et reculait le moment de les contraindre car il savait que la chute de la production en serait la conséquence. Il recula en 1921 par la promulgation de la NEP. Mais en 1929 la collectivisation fut imposée partout. Une part considérable de la paysannerie disparut dans les goulags ou du fait des famines.

    Ajoutons que les marxistes n'ont jamais reconnu la possibilité des révolutions paysannes autonomes fondées sur le droit à la terre, "la terre à qui la travaille", donc la réforme agraire. Par exemple la Révolution mexicaine de 1910 n'a fait l'objet d'aucune analyse de la part des marxistes, révolution abandonnée mais qui a ouvert le Mexique à une révolution démocratique.

    On aurait pu croire à l'origine de la révolution chinoise de 1949 que Mao Tsé Tung lui reconnaîtrait la caractéristique de révolution paysanne. Point. Il a mis cette dernière à la remorque de quelques soviets ouvriers surgis dans les villes à la faveur de ce gigantesque mouvement social paysan, et l'a confisquée pour le compte du "prolétariat", c'est à dire du Parti.

    Peut-on imaginer réaliser une transition écologique et énergétique sans restaurer la paysannerie dans tous ses attributs, enrichis par l'histoire ??

    Essai de 2016 repris en 2023
    AMC


    2020: Paysans de l’Inde.

    Actuellement les paysans en Inde sont en lutte, encore et encore, pour garder leurs terres, leur activité traditionnelle.

    De longue date, les paysans avaient obtenu que les marchés soient régulés par l'Etat pour leur assurer la vente de leurs produits avec un revenu attendu du fait des prix fixés et négociés. Le gouvernement constituait ainsi es stocks stratégiques, en riz et blé, pour une revente à bas prix aux pauvres (problème récurrent en Inde). Et en même temps un revenu décent était permis aux paysans. C'était le cas au Pendjab, en Haryana, en Uttarakhand, en Uttar Pradesh...

    Or le gouvernement Modi a fait libéraliser en septembre 2020 la vente des produits agricoles et les prix, par le parlement: les acheteurs ne sont plus désormais l'Etat mais les grandes sociétés de distribution qui négocient en force à bas prix, et plus que cela, qui passent contrat avec les paysans sur les engrais, les tracteurs, le type de production, les semences... etc etc endettent la paysannerie et leur prend leurs terres (cf stratégie Monsanto).

    Les paysans ont le souvenir de la révolution dite verte en 1970 qui les a ruinés, et a modifié complètement la configuration de la production agricole (cf les livres de Vandana Shiva sur la question).
    Les paysans sont partis en tracteurs vers New Delhi, avec de quoi se nourrir et font le siège pour que le gouvernement revienne sur ces dispositions. Les femmes restent à la ferme, font le travail nécessaire et font apporter de la nourriture à ceux qui vont occuper les routes pendant un an.
    C'est une bataille d'une grande ampleur et très difficile si elle n'est pas soutenue par les villes.
    Elle fut soutenue par les villes et bien au-delà. Elle fut gagnée. Le gouvernement a reculé. Mais ce n’est que partie remise.