Née principalement après la première guerre mondaile et généralisée après la deuxième guerre mondiale, elle se compose de plusieurs éléments:
-Les pesticides et insecticides, nés du gaz moutarde (guerre de 14-18)
-Les engrais chimiques: à partir principalement de l'amoniac et du gaz naturel (tous les engrais azotés)
-Les OGM
- Les tracteurs: venus des chars et tanks
- l'énergie: venu du pétrole
-Les semences hybrides devenues infertiles aux mains des grands semenciers, semences qui appartiennent traditionnellement aux paysans
-une utilisation intensive de l'eau, alors que les "nouvelles techniques" devraient se porter sur des semences peu gourmandes en eau ! Mais qu'importe que les paysans et la population locale crèvent, la police interviendra ! comme au Maroc ci-dessous.
L'agriculture industrielle est une agriculture de guerre qui sépare les éléments qui étaient autrefois liés inséparablement: la terre, la forêt, l'élevage.
Les lobbys de l'agriculture n'ont de cesse de déposséder les paysans des semences, par ex Monsanto, et de tuer la terre de sa fertilité naturelle.
Souhaitons que cette agriculture finisse par détruire la société de consommation et qu'il n'y ait plus d'acheteurs......
octobre 2022
L'agriculture argentine intensive est directement issue de l'agriculture espagnole
des grandes latifundias du 18ème et 18ème siècles prises
sur les terres indiennes, les grands espaces, les forêts, avant et après
l'indépendance de 1816.
Le populisme argentin trouve l'une de ses sources idéologique dans la
grande propriété terrienne des espagnols argentins.
Par comparaison avec l'Europe, il manque à ce pays, mais pas seulement
à ce pays, et à toute l'Amérique latine, une révolution
agraire qui donnerait massivement la terre au peuple, pas du tout sous la forme
despotique soviétique, mais sous une forme collective démocratique,
proche da la tradition indienne. La difficulté réside dans le
fait que la paysannerie indienne a été totalement évincée
et n'existe quasiment plus si ce n'est au nord ouest dans les montagnes.
Donc l'agriculture argentine s'est construite immédiatement sur le mode
industriel intensif dès que cela a été possible (machinisme
agricole, intrants massivement chimiques) et comme agriculture d'exportation
, contre une agriculture d'autosuffisance alimentaire, sous l'autorité
d'un lobby d'origine espagnol. Celui-ci, de plus en plus puissant, possède
des milliers d'hectares, par une politique agressive de concentration des terres
contre les rares agriculteurs de taille moyenne. Qui plus est, ce lobby ne paye
historiquement pas d'impôts, héritage de la colonisation, ou très
peu. Il est armé comme les latifundiaires brésiliens, et constitue
l'ossature politique du pays.
Parler du populisme de gauche spécifique de l'Argentine en oubliant la propriété terrienne et sa force politique, c'est oublier le caractère largement féodal mais industrialiste des propriétaires terriens, caractère qui lui vient de la colonisation anglaise qui s'est superposée à celle espagnole.
L' une des conséquences majeure de cet état de choses : 4 argentins sur 10 vivent actuellement sous le seuil de la pauvreté.
Le gouvernement argentin populiste dirigé par Fernandez depuis 2020
a réouvert des perspectives progressistes au pays, mais il a aujourd'hui
2 puissants ennemis :
1)Le FMI qui veut, au nom, des puissants occidentaux de ce monde, tordre le
cou à l'Argentine par l'endettement permanent gigantesque. Jamais le
FMI n'a prêté autant d'argent à l'Argentine au moment où
elle se débarrassait de Macri. Il ne s'agissait pas de lui permettre
d'envisager un nouveau mode de production plus démocratique, mais de
l'écraser à terme.
Cette dette est illégitime. Seul un immense mouvement populaire pourrait
décider de l'annuler. Sauf que la culture politique de la gauche de l'Amérique
latine n'a pas fait sienne d'en appeler au peuple contre les grandes institutions
mondiales d'exploitation de ce peuple. Cuba en tête qui a choisi depuis
des dizaines d'années d'écraser son peuple. Par contre en 2001
le peuple d'Argentine était massivement prêt à rejeter le
FMI
.. mais il s'est retrouvé seul.
Par ailleurs l'Argentine a besoin d'argent et les marchés financiers
n'ont prêteront plus pas à bon marché, malgré les
taux bas actuels. C'est là que la France et l'Europe apparaissent pour
ce qu'elles sont dans les négociations avec l'Argentine, c'est à
dire comme des vautours étrangleurs de l'Argentine (cf les négociations
avec la Grèce qui furent un modèle du genre)
2)Les latifundiaires agricoles sont le deuxième ennemi. Ceux-ci font
en apparence la grande richesse du pays en vendant soja, maïs et blé
à l'exportation et en faisant entrer des devises dont le pays a besoin,
c'est pourquoi Fernandez comptait taxer les exportations plus que de coutume
(actuellement 33 % sur le soja, 12 % sur le blé et le maïs). Mais
voilà que ceux- là hurlent que le gouvernement veut créer
des pauvres en les taxant à outrance, tandis qu'eux nourrissent le pays.
Un mensonge éhonté évidemment.
De plus cette agriculture est bourrée de pesticides alors qu'en Europe
l'heure est à la lutte contre les pesticides. Cette lutte devrait être
mondiale à l'heure qu'il est.
Enfin l'Argentine est un grand laboratoire pour l'extension des OGM. On peut
faire sur les OGM la même réflexion que précédemment.
Les consommateurs français entre autres rejettent majoritairement les
OGM.
En outre les grands propriétaires ne payent pas d'impôts ou très
peu
cela sera-t-il compensé par l'impôt sur la fortune instauré
par Fernandez ?. Quels sont les rapports de forces pour que ça soit effectif
?
En réalité, Fernandez ne se donne pas les moyens de créer
des rapports de forces qui lui soient favorables pour faire plier les latifundiaires,
voulant ménager la chèvre et le chou et croyant à une négociation
possible.
Mais il n'y a pas à ménager les grands propriétaires qui
ne seront reconnaissants de rien ; seuls leurs intérêts comptent.
Ils seront gagnants si Fernandez ne fait pas appel au peuple.
Ces propriétaires enfin ont un allié de taille : la Chine (communiste .c'est plus qu'humoristique !) qui se propose d'industrialiser à outrance l'élevage : des méga-fermes de plusieurs milliers de cochons ! Alors qu'en Europe un mouvement inverse se dessine tant l'hostilité est grandissante vis à vis de ce type d'élevage. Il faudrait précisément renoncer à ce type d'élevage ! La Chine veut-elle exporter vers l'Argentine la peste porcine qui est endémique chez elle, en raison entre autres de l'industrialisation des élevages (peut-être l'une des causes du covid ??)
L'élevage argentin a ceci de particulier jusqu'à présent
: C'est un élevage extensif ; les bufs vivent massivement dans
les champs, tant les espaces sont grands. Mais ils mangent aussi des tourteaux
de soja remplis de pesticides. La viande est pourtant bonne, du fait du type
d'élevage bovin non industriel en majorité, mais elle est remplie
de pesticides. Elle fait aussi l'objet des exportations, refoulées en
France par exemple. Cela fait partie des contradictions.
L'Argentine vend son soja principalement à l'Inde, l'Iran, le Bangladesh
et l'Égypte , puis la Chine, l'Europe également mais peu....
Les consommateurs français n'en veulent donc pas à cause des pesticides
et des OGM. C'est un mouvement qui est appelé à se développer
tout comme la diminution de la consommation de viande.
Il serait question récemment de développer une filière
bio en Argentine, preuve que certains idées ont traversé l'océan,
mais qu'en est-il exactement ? Cela met au centre des débats la question
de la propriété de la terre mais on semble loin du compte
.
Pour l'instant le gouvernement voit l'agriculture comme une source de fiscalité,
mais pas comme une source de nourriture conforme aux besoins humains et sanitaires
L'Argentine en 2000 faisait figure d'avant garde concernant le mouvement des
masses populaires pour la démocratie, la gestion collective, avec le
grand mouvement des assemblées populaires et des coopératives
ouvrières dans les villes. Ce mouvement n'est pas mort dans le coeur
et la tête des citoyens. Mais les syndicats et partis de gauche ne tentent
pas d'y revenir, trop soucieux de garder leurs pouvoirs contre les masses.
La question agraire et agricole n'est donc pas posée véritablement
quant au fond. La poser c'est ouvrir des voies inconnues et difficiles, mais
qui seraient providentielles. Il est à noter bien sûr que ni Cuba,
ni la Chine, ne constituent des perspectives en matière de démocratie
économique, mais plutôt des freins. Il revient aux argentins de
tout inventer.
Ils doivent rejeter la grande propriété, le machinisme à
outrance, les OGM, les pesticides
.exiger que tout le monde paye l'impôt,
et changer de mode de production agricole et d'élevage.
Le " comment faire " est la question à résoudre pour
les argentins.
La condamnation de Mr Lazari Baez à12 ans de prison pour corruption,
ami de Cristina Kirchner, laquelle est vice-présidente et poursuivie
elle-même pour corruption, peut constituer un handicap majeur pour Fernandez
pour créer le rapport de forces dont il a besoin. Il serait plus que
dommage que l'élan populaire crée en sa faveur se transforme en
son contraire, en raison de sa grande proximité avec C Kirchner. Celle-ci
ne pourra pas éternellement nier ce sur quoi ses ennemis se fondent pour
la faire tomber. Fernandez devra choisir vite, ou l'honnêteté la
plus grande, ou les faux semblants
. Et Macri, ou un autre reviendront
au pouvoir au grand désespoir du peuple.
27-2-21 AMC