MARX AU 21ème SIECLE ?

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    Communisme et bolchévisme

    En cours de réorganisation

     

    (on peut trouver en fin de rubrique une discussion sur " Echanges de points de vue sur les conseils ouvriers" en 2010 )

     

     

    Pouvait-il y avoir une transition ou une évolution pacifique du communisme à la démocratie ? Comme l'a cru Gorbatchev ?

    La mort du romancier tchèque KUNDERA à la mi juillet 2023 relance la question puisqu'il a dit dans des interviews qu'il avait cru à cette possibilité sans donner les raisons de son échec.

    La démocratie même la plus édulcorée institue la séparation des pouvoirs comme principe, l'ouverture des archives de police s'il s'agit de liquider une dictature, la mise en place d'un système parlementaire, la libération des prisonniers politiques et leur réhabilitation, l'ouverture d'enquêtes judiciaires, mais préalablement la mise à l'écart des juges, policiers et parlementaires corrompus et impliqués dans la corruption et le crime.... la liberté de constituer des partis politiques, des syndicats, la liberté de la presse et des associations, la suppression de la peine de mort, la réécriture de la constitution , la mise en place d'un Etat de droit, la modification totale de l'enseignement, la liberté religieuse, ... etc

    Tout ceci n'est pas une mince affaire. Qui peut mettre à l'écart ou épurer ? Qui peut se porter garant ? En qui faire confiance ? Comment impliquer les citoyens en écartant les règlements de compte ? Comment pratiquer ce qu'on ne connait pas ? Accepter un contrôle international par la voie de "comités des sages", élus comment ?? Oui, un chantier immense pour des années, rarement affectué !

    73 ans de dictature communiste en URSS, 40 ans de dictature fasciste en Espagne, presque autant au Portugal, presque 40 ans de dictature communiste dans les pays de l'Europe de l'est..... La transition se fait péniblement et parfois difficilement. Les anciens juges sont toujours là en Russie, en Espagne.... Que dire de l'indépendance de la justice vis à vis de pouvoirs qui restent souvent les mêmes, que dire de l'ouverture des archives ?

    (Juillet 2023)

    REVENIR AU COMMUNISME VRAI ??

    Sérieux ou pas ?

    A l'heure où une forme de barbarie saisit le monde (multiplication des guerres, guerre en Ukraine, armes de destruction massive plus importantes que jamais, drones, climat déréglé, marchandisation à outrance de tout ce qui est humain, extraordinaire montée de l'extrême droite...), une partie de l'extrême gauche trouve intéressant de nous proposer de ré-ouvrir la perspective du communisme.
    Une chose est de revenir aux écrits de Marx en examinant ce qui, parmi eux, peut nous aider à comprendre la réalité capitaliste et son fonctionnement, une autre est de nous re-proposer le communisme, comme organisation de la société, sans même analyser sérieusement les raisons de l'affreuse réalisation concrète du commnisme que nous a offert l'URSS, et qu'elle nous offre encore, en Chine, en Corée du nord par exemple, à Cuba.... Il nous est impossible d'accepter cette proposition sous le prétexte que le " vrai " communisme est à venir. Analysons d'abord le " faux ", si tant est qu'il l'était.

    Nous observons que beaucoup considèrent que le problème a été traité et que l'affaire est close. Pas du tout. D'ailleurs toutes les archives du PCUS et du KGB n'ont pas été ouvertes à Moscou. Si les monstruosités quant à la réalité de l'URSS ont été établies... très partiellement, la discussion théorique n'a pas eu lieu. Pourquoi il en fut ainsi ?

    Curieusement la Chine ne semble pas faire partie des interrogations les plus fondamentales sur le communisme. La Chine ne serait-elle pas communiste ? En quoi ne le serait-elle pas ? Parce qu'il s'agit d'une dictature d'un parti unique de notables privilégiés qui sont prêts à s'entretuer ? Parce qu'il s'agit d'un capitalisme d'Etat féroce ? Parce que le proléariat n'a aucun pouvoir ? Parce qu'il n'y a pas l'ombre d'une justice pour le petit peuple ? .... Quelle analyse les marxistes font-ils ??

    octobre 2012 et 2022

     

    Le tournant fatal : Rapallo 1922

    Le traité de Rapallo fut signé le 16 avril 1922 par l'Allemagne de Weimar et l'URSS en marge des accords de Gênes.

    Par ce traité, l'Allemagne et l'URSS renoncent aux réparations de guerre qu'elles se doivent l'une à l'autre et rétablissent des relations diplomatiques et commerciales.

    Ce traité met aussi en place une collaboration militaire secrète qui durera jusqu'en 1933 avec des camps d'entraînement allemands secrets en URSS dont une école des gaz de combat à Chikhany, une école d'aviation près de Lipetsk et un centre d'études et d'entrainement des chars de combat à Kazan.

    L'Allemagne reconstitue ainsi son armée, ce qui était interdit par le traité de Versailles

    Par ce traité (précisément la collaboration militaire secrète), l'Allemagne va donc se réarmer, entorse grave au traité de Versailles .

    La contrepartie est la collaboration économique et industrielle de l'Allemagne avec l'URSS

    Lénine est l'instigateur de ce traité et de son contenu, dans le but de reconstruire l'industrie de l'URSS avec l'aide des nationalistes allemands, ceci en vue d'affirmer la force de l'URSS face aux impérialismes de France et de GB. C'est lui qui fonde "le socialisme dans un seul pays" (!) et non pas Staline.

    Dans le même temps Lénine clame que son seul but est la révolution en Allemagne afin qu'elle s'étende dans toute l'Europe et le monde.

    Le Komintern va couvrir ces mensonges et cette collaboration qui vont durer 11 ans..

    Officiellement cela cesse en 1933 à l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Dans l'histoire de l'URSS et du KOMINTERN il n'est pas fait état d'un départ massif de fonctionnaires ou d'entrepreneurs allemands à cette date.

    Cette collaboration reprend en 1939, soit 6 ans après, dans le traité germano-soviétique.

    A partir de là tout est dit sur l'avenir de l'URSS et du communisme.

    2016

     

    Pourquoi le bolchévisme a sombré dans la dictature et, à sa suite, presque tous les pouvoirs révolutionnaires ?

    (mars et octobre 22)

    Le bolchévisme a sombré comme tous les mouvements communistes ! Pire, tous les hommes de gauche ayant pris le pouvoir, après de dures batailles, pour se libérer du colonialisme, ou de dictatures, tous ont sombré dans l'opportunisme, ou dans de nouvelles dictatures, par amour du pouvoir.... Les seuls qui n'ont pas sombré ont été assassinés: Lumumba, Sankara..et quelques autres. On les compte sur les doigts d'une main.

    C'est donc un problème qui a donné sa pire image dans le bolchévisme mais qui dépasse la question du bolchévisme.

    Nous avons des idées sur la question mais pas forcément celles qui pourraient être attendues.

    1)La prise révolutionnaire du pouvoir, quelles que soient les circonstances et l'idéologie, fut toujours une affaire d'hommes, même si des femmes ont servi de petites mains.

    (Cette rubrique a été écrite il y a quelques années, mais nous la réécrivons à la lumière de l'apparition du combat des femmes en 2017 (metoo...) pour ne plus accepter le sexisme, les insultes masculines, les violences masculines, la prééminence masculine pour attribuer des rôles, des contrats de travail aux femmes voulant danser, chanter, faire du théâtre, écrire....

    5 ans après, malgré les résistances, les dénonciations continuent, mais les crimes contre les femmes également... Les incestes sont dévoilés, la réalité montre que les enfants et les jeunes ont été les plus grandes victimes... Une nouvelle idée de l'égalité homme/femme fait son chemin... et ce qui ne pouvait se dire jusqu'ici, en matière de corruption dans les mouvements révolutionnaires trouve enfin sa place grâce à cette libération de la parole!)

    La prise du pouvoir est une affaire masculine, de conception masculine qu'on peut analyser comme suit:

    *La question du contrôle du pouvoir n'a jamais été posée de façon sérieuse et efficace. Aucune instance n'a été chargée, après la prise du pouvoir, de contrôler ce pouvoir. "Contrôlez moi, contrôlez nous, pour nous signaler tout glissement, toute erreur, tout acte abusif... etc"

    Des hommes de pouvoir non contrôlés peuvent ainsi chuter dans l'arbitraire. Il en fut ainsi de tous les chefs bolchéviques en URSS, et de tous les chefs des mouvements révolutionnaires.

    Citons pêle mêle : Sékou Touré, révolutionnaire pour l'indépendance en Guinée, est devenu un dictateur sanglant;

    Ortega, chef sandiniste adulé au départ, est devenu un abominable dictateur;

    le cubain Fidel Castro est devenu communiste sous les instances du PCUS de Russie, puis un dictateur;

    Arafat adulé, a évité de se montrer sous le visage du tyran mais a "piqué" dans la caisse, ce que les israéliens ont vu et ont encouragé. L'argent allait dans la poche de Mme Arafat qui s'amusait en Tunisie dans la famille du tyran tunisien, écarté du pouvoir en 2011....

    On peut dire la même chose pour partie de Mandela, qui a laissé sa femme corrompre le parti de la libération des noirs sud africain.. parti qui aujourd'hui n'enfante que des corrompus... et ainsi de suite.

    ......

    L'option de la chute possible dans l'arbitraire a été écartée comme ne pouvant pas se produire... Or le pouvoir produit l'arbitraire par définition.

    Et par suite:

    *Les idées révolutionnaires, bien posées, clairement établies et justifiées, ne peuventt être perverties, car elles constituent des Vérités intouchables. D'où le "culte du chef" et la naissance des privilèges. Or les idées révolutionnaires doivent être corrigées, amendées, améliorées... Pour cela il faut établir le principe de la discusssion critique et de la responsabilité collégiale. Et il faut cultiver l'idée du "doute" comme principe de progrès.

    *L'idée que l'homme qui a combattu et souffert ne peut être gagné par l'appât de l'argent et du pouvoir personnel; l'homme ou les hommes qui conquièrent le pouvoir seraient lucides, la folie du pouvoir ne pourrait les gagner. Le prétendre renvoie à l'idée que "l'ennemi de classe" se cacherait sous ces suppositions, ce qui est inacceptable. (tous les révolutionnaires algériens ont donné l'image du despotisme et de la corruption)

    *La question de l'existence du patriarcat n'a jamais été posée par aucun pouvoir. Le principe d'égalité des hommes et des femmes a été établie par principe mais sans plus, comme si la révolution chassait d'elle-même le patriarcat. Or le pouvoir incontrôlé a fait ressurgir la culture du machisme de façon très forte, et a rapatrié le patriarcat dans "la révolution"... En fait il ne s'était jamais évanoui.

    L'alliance avec le féminisme de.A Kollontaï par le pouvoir bolchévique a été purement stratégique pour Lénine. Il avait besoin des voix des femmes. Il n'est pas exclu de plus qu'il en ait été partisan tant que Kollontaï n'avait pas fait valoir sa vision critique du pouvoir.

    *Dans l'optique ci-dessus, l'adversaire politique n'est pas respecté, il doit être convaincu, ou être condamné et écarté. Il n'a pas droit à l'existence, à l'organisation, à l'écriture. L'adversaire est un ennemi de la révolution. L'irrespect pour une parole autre que celle de la ligne définie par l'instance dirigeante, fait partie d'un pouvoir absolu qui se construit. "La ligne" votée ne peut tolérer que les chefs se trompent, donc ils ne se trompent pas

    *De fait l'opposition est généralement condamnée dans tous les cas de figure. Les menchéviks, les SR, les anarchistes ont été pourchassés en URSS et éliminés physiquement et intellectuellement. Kolontaï a été pratiquement exilée; Le Che a dû aller porter la révolution "ailleurs" qu'à Cuba et il en est mort.

    *Donc la tolérance est coupable par définition, elle est un concept bourgeois.

    *Comme la démocratie peut mettre en question la "ligne", elle est à rejeter. Les bolcheviques y ont substitué "le centalisme démocratique" . (La question de la démocratie doit être revue dans une autre rubrique)

    *la protestation fait partie de l'indiscipline, c'est une opposition en germe à éliminer

    En quoi tout cela est fondamentalement une affaire d'hommes ?

    Dans le monde capitaliste, les femmes tout autant que les hommes ont pu parfois exercer un terrible pouvoir, à condition qu'elles ressemblent à des hommes: Elizabeth 1ère en GB, Mme Thatcher...et bien d'autres (Elisabeth Borne)

    Dans le combat contre les pouvoirs despotiques établis, contre le colonialisme, et contre le capitalisme, ce sont des hommes qui sont montés au créneau (sauf Jeanne d'Arc ??? Mais déguisée en homme..et elle a été brûlée vive.). C'est une conséquence du patriarcat. Seuls des hommes, soutenus certes par des femmes, avaient les moyens de construire une opposition et de combattre. Et seuls des hommes ont construit historiquement des oppositions théoriques. Les femmes n'ont pu être que féministes en affirmant que la parole des femmes valait celle des hommes et engageant des combats de femmes pour leur liberté.

    Si la pensée révolutionnaire a été historiquement une pensée masculine, peut-elle continuer à l'être après 2022, après la révolte mondiale des femmes en 2017, et celle très spécifique des femmes iraniennes de septembre 2022 ? (il nous faudra écrire sur l'Iran)

     

    Faisons une grosse parenthèse et une place particulière à ceux qui ont prétendu défendre les palestiniens au nom d'une ideologie particulière: l'islamisme. Et voyons brièvement où ils en sont aujourd'hui:

    L'opposition dite "révolutionnaire" islamiste contre ISRAËL aujourd'hui, apparait comme étant la plus corrompue qui soit, c'est une opposition masculine qui rejette les femmes:

    Les Frères musulmans se présentaient comme les défenseurs des droits, sous couvert de l'Islam. Ils ont combattu par exemple en Syrie l'oppreseur Assad et ont pris fait et cause en 1976 pour les revendications populaires. Ils se sont retrouvés en prison.

    Ils sont combattu pour les mêmes raisons Nasser devenu lui même un oppresseur.

    Sans contradicteurs populaires, et violemment anti-féministes, ils ont alimenté l'idéologie islamiste despotique. Celle qui a construit Khomeiny. Celui-ci, pour convaincre les masses, s'est présenté, nourri par l'exemple de l'URSS, comme "anti-impérialiste", contre les USA et l'Occident, et comme "antisioniste" contre Israël, deux mots clefs pour avoir le label de "révolutionnaire".

    Et ils ont porté le drapeau palestinien, en corrompant la gauche palestinienne, Arafat leur ayant peu résisté.

    Le HAMAS et le Djihad islamique de la bande de Gaza se sont à la fois nourri du "marxisme" des communistes égyptiens et de l'islamisme de Khomeiny. Ils ont mené des combats légitimes, ils ont eu la confiance des habitants de Gaza, puis ils sont devenus des despotes. Les palestiniens qui combattent Israël pour des raisons très concrètes de logements, de routes, de territoires volés, de droits non reconnus, n'ont plus confiance dans ce qui subsiste de l'OLP en Palestine (qui travaille avec Israël), et perdent toute confiance dans le Hamas à Gaza. En fait aucune organisation officielle ne les représente réellement.

    Il est très intéressant de voir comment le Hamas réfléchit. Il constate aujourd'hui son isolement. Il ne se demande pas quelles erreurs il a commises, il raisonne en termes d'alliances. Et le voilà qu'il se réconcilie avec Damas ! (le Monde du 20-10-22). En 2011, il avait refusé de soutenir la répression de Assad contre son peuple. Aujourd'hui il revient vers cet assassin et tente d'avoir un soutien au cas où il serait de nouveau attaqué par Israël ! Le Hamas penche d'autant plus vers cette solution que son allié de jadis, le Hezbollah, a toujours soutenu Assad et était financé par l'Iran. Le Hamas s'était déjà "perdu" en devenant pro-iranien, c'est à dire islamiste, après la révolution de 1979.

    Aujourd'hui voilà le Hamas, dit défenseur des palestiniens, entre les griffes de la Syrie et de l'Iran ! Ce dernier pays fournissant des drones à la Russie contre l'Ukraine !

    Voilà par qui sont défendus les peuples quand leurs rerpésentants, au nom du pouvoir qu'ils veulent garder, deviennent des tyrans et s'allient avec des dictateurs. Comment les palestiniens peuvent-ils choisir leurs représentants et leurs chefs ?. Ils ne reconnaissent plus rien et tombent dans la guerre civile. Aucune organisation palestinienne ne défend le principe des "drotis égaux" face à Israêl, qu'ils soient en Palestine ou citoyens israéliens.

    Le Hamas islamiste n'a plus qu'à devenir "poutinien" et tout sera dit.

     

    Cette parenthèse fermée, revenons au bolchévisme, qui historiquement a été une affaire d'hommes, a été une idéologie masculine, quitte à faire hurler ses défenseurs, qui sont tous des hommes. Nous pensons que le bolchévisme a été un exemple pour tous les mouvements révolutionnaires au sujet des questions:

    -comment prendre le pouvoir (par les armes et contre les soviets de février 1917)

    -comment garder le pouvoir (par le parti unique et la police politique)

    -comment utiliser l'idéologie pour soumettre les masses et les corrompre (en la transformant en litanie religieuse)

    Mais il serait erroné de ne pas dire comment le bolchévisme a crée l'arme, la plus ravageuse qui soit, dans le mouvement ouvrier: la division. Comme conséquence probable du pouvoir et de la "vérité".

    2) Le bolchévisme s'appuie sur la division qu'il a contribué à créer dans le mouvement ouvrier.

    Cette question est également taboue dans le monde de l'extrême gauche

    Division impulsée d'abord par Marx contre Bakounine, essentiellement pour une question de "pouvoir", de "leaderschip". Le "marxisme" pouvait parfaitement s'enrichir des idées de Bakounine, et former une théorie plus élaborée, plus créative, qui aurait incorporée l'idée du contrôle par les masses, la démocratie à la base.. Et cela pour le bien des masses populaires.

    Il manque au marxisme une analyse de la "démocratie à la base", comme expression du peuple. Lorsque les soviets sont apparus en Russie comme créations spontanées des masses, ils n'ont pas été incorporés à la théorie. La "dictature du prolétariat" était en contradiction avec la potentialité des soviets à venir. Trotsky a compris et aimé les soviets en 1905, mais il a dû y renoncer pour travailler avec Lénine. Celui-ci se méfiait... et détestait les soviets. Il les a incorporés dans l'administration et a gardé habilement le mot, mais il les a vidés de tout contenu révolutionnaire.

    La division a ensuite été théorisée par Lénine: division entre menchéviks et bolchéviks, création d'une internationale communiste et non pas d'une internationale de tous les travailleurs du monde.

    Le congrès de Tours en 1921, analysé comme une avancée triomphale vers le communisme, a scindé pour des dizaines et dizaines d'années les organisations ouvrières et syndicales, repoussant vers la droite tout ce qui n'était pas communiste.

    En URSS la théorie du parti unique et la dictature du parti (dénoncée par Bakounine au 19ème siècle) ont scellé le rejet des soviets et la division au sein du monde du travail, puis dans toute la société

    La croyance dans la Vérité, dans la Science toute puissante, interprétée par les bolchéviks comme participant à la Vérité, fait partie de la division.

    Le "sens unique" de l'histoire, une pensée erronée et sectaire sur le progrès, la définition des peuples inférieurs et des peuples supérieurs bâtie autour du productivisme... tout cela participe de la division.

    L'URSS s'est volontairement isolée. Il y a un fil conducteur de l'alliance avec le nationalisme allemand dès 1922 ( traité de Gênes et de Rappalo) au pacte germano-soviétique de 1939, et au rejet de l'internationalisme.

    .......

    La culture de la division a ainsi irrigué toute la gauche et ses responsables jusqu'à nos jours, en grande partie en raison de cette histoire.

     

    24-10-22 AMC

     

    Tous les textes qui suivent précisent ce qui précède.

     

    On peut résumer les questions à approfondir ci-dessous

    Nous proposons ici de tenter de faire la clarté sur un certain nombre de faits, et de concepts, qui ont été totalement obscurcis, en premier lieu par les bolchéviks. Cela a largement contribué à diminuer la conscience politique..

    De très importantes questions, dont les marxistes ne débattent toujours pas, ou peu, se traitent le plus souvent par le non-dit. Ces questions sont souvent les mêmes que celles qui sont posées aux défenseurs du capitalisme. Exemples:

    -La disparition des soviets en URSS dans l'année qui a suivi la prise du pouvoir par les bolchéviks est une question largement ignorée. Pourtant elle justifie la distinction entre la "révolution de février 17" et la dite "révolution d'octobre 17", en fait la prise du pouvoir par les armes.

    -l'inexistence en Chine des soviets dès 1949. Pourquoi ?

    -Les grandes famines comme mode de contrôle politique (en 1919 et 1920, puis en 1930-32 en URSS; de 1958 à 1962 en Chine; celle menée par Pol Pot au Cambodge, celles de la Corée du Nord)

    -La dite "progressivité de l'histoire", postulat fou de Marx, et sa conséquence, à savoir l'Occident comme civilisation la plus avancée de l'histoire, qui doit être suivie du Communisme (cf Le Manifeste communiste"). Les libéraux ont la même idée de la progressivité de l'histoire.

    -L'arrogante idée de la domination technique totale et sans risque de la nature et du droit à l'irrespect le plus profond vis à vis d'elle.

    -L'industrialisation de l'agriculture comme terrible conséquence de cet irrespect !

    -Le mépris vis à vis des classes sociales fondatrices des sociétés traditionnelles: les paysans et les artisans.

    -La grande industrie comme produit soi-disant le plus élevé de la science et des techniques, ou comme produit aussi le plus barbare ??

    -Le rôle du prolétariat dans l'histoire, par voie de conséquence.

    -La question du travail exploité et aliéné: les salariés doivent-ils accepter, sur le plan théorique, même pour quelques heures par jour, le travail à la chaîne débilitant , et la continuation de la séparation du travail intellectuel et du travail manuel ?

    -Le mépris vis à vis de la démocratie à la base: le bolchévisme n'est pas caractérisé comme ayant liquidé les soviets démocratiques de février 1917, pourtant il a accompli ce rôle. Ce fait est considéré comme secondaire.

    -La présentation du stalinisme comme étant distinct du bolchévisme. Selon nous c'est le bolchévisme qui a été fondateur du stalinisme.

    - Le léninisme formulé par Lénine comme principe de soumission de l'individu au parti, le parti d'avant garde se substituant aux masses, est à la base du parti unique et de la dictature.. Ce point de vue est abandonné par certains mais pas du tout par de nombreux marxistes qui sont prêts à de nouvelles dictatures.

    -L'absurdité de l'idée de l'unité entre théorie et pratique dans le marxisme, tel qu'énoncé par Marx

    -l'idée tout aussi absurde que rien ne peut être modifié et acquis sous le capitalisme (alors que des choses considérables ont été modifiées) et qu'il faille attendre la "révolution" pour transformer le monde. Ce qui est une façon de ne rien vouloir changer du tout.

    etc

     

    Revenons d'abord à un certain nombre de définitions et de description de faits:


    -Qu'est-ce qu'une révolution sociale ? Quelles sont ses exigences générales ? Obéit-elle à des lois historiques ? Contient-elle en germe ce à quoi elle aboutira ?
    -la confiscation des révolutions sociales. Confiscation théorique de la Commune de Paris par les marxistes; confiscation réelle des soviets russes
    -Rejet commun du pouvoir à la base par la bourgeoisie et les marxistes en général. Théorisation du " parti-avant-garde " par Lénine, théorisation du pouvoir des experts par la bourgeoisie.
    -Qu'est-ce que le communisme par Marx et Lénine. Problème de l'idéologie.
    -Controverses sur la révolution d'octobre 17 : une insurrection organisée par qui ?
    -Conclusion : formatage capitaliste, formatage communiste. La grande aliénation du 20ème siècle. Retour nécessaire aux soviets

     


    Qu'est-ce qu'une révolution sociale ?


    Totalement imprévisible, aucune révolution sociale n'a jamais été organisée à l'avance ni prévue. Parce que grâce à l'irrationalité des humains, cela est impossible. Il n'y a aucune confusion à faire entre une révolution sociale et une " insurrection " organisée par un parti et un petit groupe minoritaire. Les révolutions sociales sont de grands mouvements sociaux, qui mettent en branle les foules, qui se produisent inopinément, sans un parti " d'avant- garde " et sans théoricien, qui en organiserait le déclenchement et le déroulement.

    On peut relever à travers le temps quelle furent les exigences fondamentales des révolutions, sans pour autant que toutes les révolutions mettent en avant ce qui suit (la révolution de 1789, la Commune de Paris, la révolution mexicaine de 1910, la révolution russe de 1905, la révolution russe de février 1917....)
    -La démocratie, la parole et l'écrit libres, la République, l'égalité des citoyens, assez rarement l'égalité des hommes et des femmes, les libertés individuelles, la fin de l'absolutisme ou de la dictature, la fin de l'occupation par des forces étrangères, l'ouverture des prisons, l'ouverture des archives de la police politique, la destitution de la police politique, une constitution, la séparation des pouvoirs, une justice au service du peuple, l'élection d'une constituante démocratique, la mise en jugement des prédateurs,

    -Le droit à la terre, la restitution des terres confisquées par les grands propriétaires fonciers ou des féodaux, la restitution des territoires confisqués, la terre à celui qui la travaille, la liberté pour la production individuelle, suppression des impôts féodaux

    -la fin de l'accaparement des biens de première nécessité, le contrôle des prix,

     

    -pour une révolution future, on peut imaginer : l'abrogation du libre échange, le contrôle des capitaux et des banques, la fin des bourses, l'abrogation de tous les brevets sur les semences, sur les médicaments, sur les découvertes concernant les besoins prioritaires, la mise hors la loi de tous les lobbys accapareurs , la dissolution des grands monopoles, la gestion collective (collective et non pas étatique) des services publics, le contrôle collectif des impôts (mise sous tutelle du service des impôts), une justice totalement indépendante des pouvoirs politiques, sans robe et sans apparat, L'EGALITE ABSOLUE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES, l'ouverture de tous les dossiers " secrets " de la police et de l'Etat….. etc

    (La question essentielle qui se posera sera le choix entre la gestion collective, et la gestion étatique)

    Les révolutions sociales mettent donc généralement en mouvement plusieurs classes sociales, ayant un intérêt commun pour un temps, qui transcende des intérêts opposés. Les classes sociales qui partent à l'assaut d'un système sont toujours les classes populaires, et elles prennent évidemment les premiers coups ou tous les coups. Aucune loi historique ne dit comment ces révolutions doivent se dérouler. Elles sont donc contradictoires et présentent des aspects doubles ou triples. La révolution n'a pas de caractère de classe unique, même si elle met en jeu en premier lieu les intérêts du peuple. Elle met en lumière des conflits de classes vifs. C'est pourquoi les termes de " révolution prolétarienne " n'a pas de sens, ou alors il s'agit d'une " révolution " dans la révolution, par construction intellectuelle. Mais les " révolutionnaires " rêvent de les contrôler et font croire à leur contrôle possible. Ce contrôle a lieu le plus souvent après coup.
    Ce n'est que rarement le prolétariat tout seul qui se soulève, sauf dans les pays communistes : les ouvriers des usines ont donné le signal de la révolte sociale contre le pouvoir des communistes, à Berlin est en 53, en Hongrie en 56, en Tchékoslovaquie en 68, en Pologne à Gdansk en 81..

    Les révolutions sociales provoquent donc souvent des guerres civiles ouvertes.

    Les grandes confusions qu'elles présentent, résident apparemment dans le fait que ceux qui les déclenchent et sont le plus agissants de façon spontanée, dans un coup de colère sociale, ne sont pas ceux qui,à terme, exploitent le peuple et en bénéficient. En France en 1789, les paysans ont occupé les terres, contesté la propriété des féodaux, les impôts. Pour tenter d'endiguer la colère populaire, les féodaux ont renoncé d'eux-mêmes à leurs privilèges (la nuit du 4 août). En ville, le petit peuple a mis en question le chômage, la pénurie des biens alimentaires, les prix, la séquestration du blé par les spéculateurs, l'arbitraire féodal; il s'est souvent saisi des denrées alimentaires, et a ouvert les prisons. Mais c'est la bourgeoisie au total qui en a récupéré les fruits, même si une partie de la paysannerie a pu bénéficier des terres.
    La révolution de 1789 fut autant paysanne et anticapitaliste (les communes paysannes), ouvrière et anticapitaliste, que bourgeoise créatrice du capitalisme avec la loi Le Chapelier. Le conflit de classes qui s'y déroula évolua violemment en faveur de la bourgeoisie qui voulait s'approprier le parlement pour y faire voter le budget et contrôler les impôts.
    La proclamation de la Commune de Paris en 1871 est une réminiscence des créations des Communes dans plusieurs régions de France en 1789 : affirmation du pouvoir communal qui entérinait l'appropriation des terres par les paysans et l'abolition des impôts royaux et féodaux. La Commune de Paris a réuni toutes les couches sociales de Paris, sauf la grande bourgeoisie, et n'a jamais touché à la banque de France, mais lui a demandé de l'argent. Ce ne fut nullement une révolution prolétarienne, mais une révolution profondément populaire.

    En Russie, les paysans se sont appropriés les terres, ont mis le feu aux châteaux, les ouvriers ont occupé les usines des villes, les ont proclamées comme étant les leurs; le peuple s'est alors organisé pour son autodéfense, son ravitaillement dans les soviets. Les partis existants ont accompagné l'activité des masses mais n'ont pas joué un rôle déclencheur. Les propriétaires terriens et le tsarisme (ce dernier portant à bout de bras les débuts du capitalisme) ont été défaits. Une bourgeoisie peu importante tenta de se rassembler autour de Kerenski pour garder ses biens, continuer la guerre contre l'Allemagne au profit de la triple alliance.
    Les soviets n'ont pas eu le temps de se saisir correctement de cette question tant elle était compliquée. On ne connait même pas l'état de la discussion en leur sein. La désertion massive des soldats du front indiquait bien que la guerre n'était que celle des grands de ce monde. Mais l'Allemagne voulait une paix séparée, pour s'approprier une partie de la Russie et attendait d'envahir l'Ukraine. Il était donc impossible de conclure une paix séparée (ce que les bolchéviks feront cependant dans la paix de Brest Litovsk qui livra l'Ukraine aux allemands et déclencha le début de la guerre civile). Il eût fallu que l'Allemagne se couvrît elle-même de soviets. …. Kerenski travaillait bien pour la bourgeoisie, mais pouvait-il résoudre cette question ??

    La révolution cubaine pourrait sembler faire exception, puisqu'un petit groupe de guérilleros organisés à l'extérieur donne à penser qu'il aurait joué un rôle déclencheur dans la révolution en 1959 . En réalité, il y avait à Cuba une situation révolutionnaire que les masses ont mis à profit lors de l'arrivée de Fidel Castro et Che Guevarra. Cela est si vrai que Guevarra, faisant une erreur d'analyse, ne parviendra pas à soulever les masses au Congo, puis en Bolivie, en appliquant la même méthode que pour Cuba. Il en mourra.


    Tout ceci veut bien dire que la révolution sociale d'une part ne commence pas comme les révolutionnaires l'imaginent, et d'autre part qu'elle n'a jamais eu un caractère de classe unique et homogène. On retrouve ceci récemment dans les révolutions sociales qui se sont produites au Maghreb depuis 2011, contre des dictatures insupportables , un pouvoir corrompu et sanguinaire. Elles ont bien été des révolutions sociales à n'en pas douter, mais des révolutions du peuple tout entier, souvent toutes classes sociales comprises, dont une partie de la bourgeoisie qui a financé la guerre civile. Ce sont les petites gens qui l'ont déclenchée, ainsi que les ouvriers de quelques secteurs en pointe, les jeunes chômeurs, les femmes. Ces révolutions sont actuellement confisquées par une bourgeoisie, dite islamiste, qui est restée à l'écart pendant les émeutes, et est en réalité liée au capitalisme international. Elle est déjà très à l'aise avec le gouvernement US, peut-être en vue d'une autre forme de dictature, ou d'un parlementarisme bourgeois de type occidental. La forme religieuse a l'aval du peuple comme garantie d'une pseudo honnêteté. La bourgeoisie devra compter sur le peuple pour la soutenir ou non…
    Ceux qui distinguent les révolutions sociales bourgeoises (parce qu'ayant ouvert la voie au pouvoir de la bourgeoisie) et les révolutions dites " prolétariennes ", réécrivent l'histoire.



    La fiction selon laquelle les révolutions auraient donc été dans l'histoire d'abord bourgeoises, puis prolétariennes, n'a jamais existé, sauf dans l'esprit des bolchéviks qui ont appliqué aux révolutions sociales le schéma idéologique de Marx sur la succession obligée des modes de production dans l'histoire, où le communisme devait apparaître en fin de parcours comme étant inéluctable et très proche. Cette fiction s'appuie aussi sur l'idée de Marx selon laquelle la paysannerie ne peut être révolutionnaire. Par conséquent, elle disparait de son schéma, comme classe agissante. La bourgeoisie par contre aurait été, selon Marx, une classe agissante et révolutionnaire. Moins agissante que la paysannerie pourtant ! Puis, toujours selon Marx, le prolétariat devait inéluctablement éjecter la bourgeoisie pour accomplir enfin toutes les tâches démocratiques dont l'humanité a besoin. Le " Manifeste communiste " fait l'apologie du caractère révolutionnaire de la bourgeoisie pendant une certaine période ; et les " thèses d'avril ", ou " lettres de loin ", de Lénine, en 1917 déclarent que seul le prolétariat peut maintenant accomplir ces tâches, d'où le terme de " révolution prolétarienne " pour justifier en fait la prise du pouvoir par les bolchéviks. En réalité Lénine confond sciemment le déclenchement de la révolution avec sa confiscation, non par le prolétariat mais par un parti, dans le cas de la Russie.

     


    Confiscation de toutes les révolutions sociales

     

    La question de la confiscation est déjà ébauchée dans ce qui précède. Dans le déroulement même de la révolution sociale, il y a bataille de classes pour le nouveau pouvoir. La question du pouvoir a toujours été réglée jusqu'ici en faveur d'une classe qui se pose comme dominante au détriment d'une autre, ou d'une fraction d'entre elle, ou de l'armée si celle-ci n'a pas été défaite, ou d'un parti organisé qui se pare du qualificatif de " révolutionnaire ", ou d'un parti religieux.
    Dans la Russie d'octobre 1917, c'est le parti de Lénine, le parti bolchévik qui s'empare du pouvoir en octobre en se parant de la qualité d'être le représentant du prolétariat, ce que Bakounine avait prédit au 19ème siècle. Il y a bp à écrire sur cela, car Lénine a utilisé le mot d'ordre " tout le pouvoir aux soviets ", pour les masses, en expliquant en même temps dans son parti, qu'il fallait préparer l'insurrection pour réaliser " la dictature du prolétariat ". En outre les critiques contre les soviets et leur gestion dite déplorable étaient de mise au sein du parti. Souvarine, encore largement léniniste, lorsqu'il écrit son " Staline ", donne des détails importants sur la façon dont les bolcheviks jugent les soviets, et ne supportent pas les contradictions, les difficultés de la confrontation des points de vue, la lenteur à résoudre des problèmes, et surtout l'absence de centralisation. Ils décident " l'insurrection " comme par hasard avant le congrès des soviets….et s'approprient immédiatement la direction des soviets !


    Au Mexique en 1910, les paysans se laissent confisquer le pouvoir par la bourgeoisie. L'intervention des USA n'y est pas pour rien. L'assassinat de Zapata a lieu en 1919 et met fin à un éventuel pouvoir populaire.


    En 1936 la révolution espagnole du peuple des villes et de la paysannerie fut balayée par le PC armé par l'URSS.

    La révolution paysanne chinoise de 1949 a été confisquée par le PC.

    La révolution cubaine nationale et paysanne de 1959 fut confisquée dès 1960 par le PC, et condamnée à la monoculture de sucre au profit de l'URSS, ce qui entraîna des pénuries endémiques de nourriture. Et combien d'autres furent confisquées par des PC alliés à des partis nationalistes ou des Etats : Corée, Vietnam, Mozambique, Mali, Somalie, Algérie…où les révolutions nationales pour l'indépendance se sont combinées avec des révolutions sociales, rapidement mises au pas.


    La révolution sociale iranienne de 1979 a, elle, été rapidement confisquée par le parti religieux de Khomeiny pour devenir une dictature. Cet exemple est particulièrement intéressant. Les commentaires sur les évènements d'Iran mettent en lumière les confusions idéologiques entretenues par certains marxistes. Les trotskystes de l'OCI ont annoncé à l'époque, avant tout le monde : " La révolution prolétarienne a commencé en Iran ". Pourquoi ? Parce que le pays s'était couvert de sortes de comités populaires qui se sont proclamés souverains et qui ressemblaient étrangement à des soviets, lesquels regroupaient le petit peuple et les jeunes comme en février 17 en Russie. Or rien ne dit que les soviets, s'ils avaient perduré en Russie, auraient donné naissance au pouvoir du seul prolétariat. Khomeiny en Iran a orienté ses fidèles (les pasdarans) à entrer dans les comités populaires. Ceux-ci les ont laissés entrer en groupe et non de façon individuelle, ce qui fut une terrible erreur. Les pasdarans ont rapidement mis au pas tout le monde et ce fut une terrible répression contre le peuple et la petite bourgeoisie qui dura plus de trois ans. Ce fut bien une révolution sociale du peuple et en aucune façon prolétarienne. L'OCI n'a jamais reconnu son erreur théorique.


    Dans le même temps, comme la réflexion sur la démocratie, et sur la question du peuple, n'a jamais été à l'ordre du jour nulle part lors de l'expérience de l'URSS, l'usurpation s'est trouvée validée. Et le " parti unique ", comme parti du prolétariat ou parti des révolutionnaires ( !), s'est généralisé dans tous les pays communistes, et bien au-delà, dans tous les pays de dictature.

     

    La question du pouvoir à la base : gage de la réussite à venir d'une révolution sociale.

    Le parti d'avant-garde lui est antinomique.

     

    Le peuple n'a, en règle générale, jamais pu, sauf de façon temporaire, se donner de façon viable ses propres organes de pouvoir,. Il y eut ainsi une première brève tentative, la Commune de Paris, qui fonctionna comme un grand soviet populaire, mais trois mois seulement. Cette exception inspira peut-être le soviet de Pétrograd en 1905, et les soviets de février 1917 jusqu'en octobre. Ce pouvoir, à peine organisé, fut confisqué.
    De nouvelles tentatives eurent lieu : le soviet de Budapest en 1956, des ébauches en Pologne, puis les Assemblées populaires en Argentine en 2001, ainsi que tous les comités populaires de village en Palestine, mais rapidement contrôlés par le Fatah.
    Ceci signifie que le peuple cherche la voie du contrôle d'une révolution sociale où il est toujours très fortement partie prenante, par la forme des " conseils ", mais n'a pas encore trouvé le moyen de préserver ceux-ci. L'une des raisons est l'obligation pour le peuple d'aller travailler dur. Or travailler, diriger un conseil ou le contrôler, est extrêmement difficile.
    La question d'un pouvoir populaire (paysans, ouvriers, petits salariés des services de l'Etat , artisans, petits commerçants, colporteurs, artistes de rue…) et de son organisation démocratique et durable, dont dépendent toutes les révolutions sociales, constitue en effet le problème le plus difficile à résoudre.

    La question du pouvoir populaire a toujours suscité la détestation de la classe dominante, la bourgeoisie entre autres, et une égale détestation des partis communistes ou dits d'avant-garde. Egalement de la part des intellectuels qui opposent souvent le pouvoir du savoir des techniciens et savants (débats mémorables au sein du PSU à ce sujet) à l'ignorance du peuple. Les intellectuels devraient seulement être appelés à faire part de leurs connaissances, dans une égalité absolue avec les autres couches sociales. Ces connaissances, complétées des savoirs ouvriers et paysans, pourraient donner lieu à une richesse créatrice considérable. Il serait alors possible de régler toutes les questions difficiles, si le temps était donné pour ce faire.


    Or précisément, ceux qui produisent ce qui est nécessaire pour la vie de la société, sont ceux qui ont le moins de temps, sont le moins disponibles, sont le plus harassés. Et si on leur donnait un statut spécial, ils deviendraient vite des bureaucrates.
    Il faut donc que cette question se double de celle de la démocratie à la base, de celle de l'instruction, du temps disponible pour tous, du turn-over obligatoire dans l'exercice des responsabilités. Toutes choses qui ont déjà été discutées largement, mais non résolues.
    Historiquement, pour Marx, le peuple, c'est-à-dire les classes anticapitalistes par essence, définis par lui comme étant les paysans, artisans, petits commerçants (on se demande bien pourquoi pas les ouvriers ?), fait " tourner la roue de l'histoire à l'envers " (cf notre site), en raison du schéma précité ci-dessus. Marx protestera avec véhémence contre l'idée de donner le pouvoir au peuple dans le programme de Gotha, écrit par Lassale écrit en 1875, en expliquant que l'expression ne voulait rien dire. Evidemment, le peuple n'a pas sa place dans la succession des modes de production telle qu'il la voyait ; il ne serait pas susceptible d'être révolutionnaire " jusqu'au bout " comme les ouvriers, selon lui. Et surtout, peut-être, il n'était pas susceptible obligatoirement d'aimer la grande industrie et le machinisme. Cette appréciation de Marx sur le peuple relève de l'idéologie.
    De ce fait, Marx est contre la démocratie à la base avancée par Bakounine dans l'AIT (l'association internationale des travailleurs ). Cependant c'est Marx qui a écrit que " ce sont les masses qui feront l'histoire ". Ceci est tout à fait capital par rapport ce que vont en faire les bolchéviks. Entre autres Lénine.


    C'est ici que l'idéologie achève de se substituer totalement à l'analyse de la réalité. L'idéologie est une théorie a priori collée sur la réalité, qui sert à tordre celle-ci pour l'adapter à une philosophie progressive de l'histoire (d'origine purement occidentale), à des désirs imaginaires, à un pouvoir déjà constitué, ou à un désir fou de pouvoir, ou tout cela en même temps.
    Marx, comme Lénine plus tard, auraient tous deux été horrifiés qu'il puisse être dit qu'ils faisaient de l'idéologie. L'un comme l'autre avaient la certitude que leurs théories s'appuyaient sur l'analyse scientifique des faits, et que le marxisme était précisément une théorie scientifique dans son entier. Les marxistes ont dit et répété qu'il y avait unité de toute la théorie de Marx, ce qui est non seulement inexact, mais impossible. Il n'y a pas un seul écrivain ou théoricien, qui ne se laisse pas aller, à côté de ses travaux scientifiques ou même à l'intérieur de ceux-ci, à des hypothèses aventureuses, imaginaires, produit de ses fantasmes et illusions. Les marxistes ont fait des écrits de Marx une théorie scientifique homogène, exactement comme l'église a déclaré la bible sainte, produit de la parole de Dieu, donc Vérité.


    Revenons à Lénine qui, s'appuyant sur les difficultés de militer en Russie sous le tsarisme, a construit une théorie du révolutionnaire professionnel obligatoire en tous lieux et en toutes circonstances, et de fil en aiguille, a construit l'idée du " parti en avant des masses " dans son " Que Faire " de 1902, qui ne s'appuie que sur une expérience particulière et limitée, mais qui est surtout le produit d'un désir de pouvoir excessif.
    C'est là que l'on trouve l'impossible pouvoir à la base, théorisé par lui, et la nécessité pour le prolétariat de s'appuyer sur les intellectuels de la bourgeoisie devenus révolutionnaires. Les masses, écrit-il contrairement à Marx, sont spontanément trade-unionistes, elles ne sont pas révolutionnaires. Seul le parti d'avant-garde, " exprimant consciemment le processus inconscient vers la révolution ", fera la révolution jusqu'au bout en appliquant la théorie scientifique de Marx. Il n'y a que le parti qui puisse empêcher la confiscation de la révolution par la bourgeoisie, définir les mots d'ordre pour l'avenir. C'est le parti qui peut et doit décider de l'insurrection finale et mener celle-ci. Cela ne s'est jamais produit, sauf en octobre 1917 dans un coup d'Etat du parti bolchévik, mais Lénine reconstruit la réalité et balaye ainsi toute possibilité de pouvoir à la base, les soviets.
    Lénine s'est trouvé à son retour en Russie face à des milliers de soviets. Il conçoit donc le projet de les bolchéviser donc de les scléroser, tout en se réclamant d'eux.
    Il faut quand même indiquer ici ce que Souvarine relate de la position des bolchéviks face aux grandes grèves d'octobre de 1905 à Pétrograd : tandis que les social-démocrates fondent des " municipalités révolutionnaires " parce que c'est ce que veulent les grévistes, les bolchéviks à l'intérieur du parti social-démocrate, y opposent le mot d'ordre de " gouvernement révolutionnaire " contre celui énoncé ci-dessus, mot d'ordre abstrait qui oriente déjà la question du pouvoir vers la centralisation.

    Puis dans le mouvement, les grévistes fondent le soviet des députés ouvriers qui comprendra des sans parti…. Les bolchéviks exigent du soviet une adhésion explicite du soviet au parti social-démocrate, ce qui évidemment n'a pas lieu, car ce serait la négation du soviet (p 76-77 dans " Staline " de Boris Souvarine. 1935). Cette attitude est celle de tous les communistes ou trotskystes depuis lors..
    Lénine en 1917 préconisera la centralisation des décisions qui ne peuvent venir que du parti, sans contestation possible. Il faudrait revenir longuement sur les débats entre Lénine et Plékhanov, avec lequel il fut presque toujours d'accord jusqu'à la prise du pouvoir en octobre 1917, et avec Martov avec lequel il était ami. Sa vision mécaniste et autoritaire des écrits de Marx a été fortement dénoncée par eux. Mais le charisme de Lénine l'emporta, et surtout, probablement le ralliement de Trotsky à ses vues, qui avait été Président du soviet de Pétrograd ! Les ouvriers furent délogés des usines au nom du pouvoir central du prolétariat dans le parti !
    Toute la tradition marxiste reprendra ce thème qui justifie que tous les pouvoirs soient donnés au parti dit d'avant-garde, lequel instaure donc le parti unique et la dictature " du prolétariat " par le parti.


    Cette théorie sur le parti d'avant-garde s'appuie en plus sur une vision du communisme qui n'est ni la justice, ni la démocratie, ni la satisfaction des besoins humains, ni l'égalité, mais tout à fait autre chose de bien plus abstrait. La vision humaniste du communisme fut un habillage destiné précisément …. au peuple.

     

    Qu'est-ce que le communisme ?

    2013-2022

    Quand on cherche une définition du communisme, il faut revenir à Marx et aux ajouts de Lénine. Il est important de revenir à la définition théorique dont personne ne parle et pour cause. Certains "humanistes" marxistes définissent le communisme comme étant, dans les textes et pour l'avenir, l'appropriation collective des moyens de production par les masses, en vue de définir ensemble une société juste, égalitaire, où les besoins humains seraient satisfaits prioritairement. Nous disons: c'est faux; il n'a jamais été défini ainsi, sauf à reconstruire, avec des petits bouts de phrases piochées un peu partout, ce qui n'a pas vraiment été pensé de façon synthétique, en premier lieu par Marx.

    Le communisme selon lui comporte plusieurs volets :


    C'est essentiellement un mode de production "supérieur" au capitalisme, qui reprendra "les aquis positifs du capitalisme" (lettre de Marx à Vera Zassoulitch), c'est à dire la grande industrie, l'automatisation, la rationalisation du travail, la productivité; le tout mesuré par le niveau des forces productives (dont on ne sait ce que c'est de façon claire), sous la direction du prolétariat en vue d'une appropriation sociale des moyens de production (par l'Etat); une domination totale de la nature par la science, et une absence de réflexion sur la grave question des besoins. Marx a bien expliqué qu'il n'étudiait pas "l'économie politique des valeurs d'usage" mais le capitalisme, et il ne revient pas fondamentalement sur cette question en évoquant le communisme. Ses écrits sont émaillés de propos intéressants sur les besoins humains, mais il n'a jamais défini le communisme comme ouvrant la voie à "L'economie politique des valeurs d'usage, définie et gérée par le peuple, au moyen de la science contrôlée par le peuple".


    a)-Un mode de production supérieur.

    Marx rêvait, sur la base des "acquis positifs" du capitalisme (son niveau technique, scientifique, son industrie gigantesque..) construire une société supérieure, le communisme, en transférant les moyens de production de la sphère privée, à la sphère sociale où le prolétariat aurait le pouvoir (relire "le Manifeste communiste" très intéressant à cet égard).

    Marx indiquait que le capitalisme était, de son point de vue, la civilisation la plus avancée dans l'histoire, mais devait être dépassé par le communisme, sous peine de sombrer dans la barbarie. Il avait classé les sociétés en sociétés inférieures ou archaïques, et en sociétés supérieures, selon le niveau atteint de leurs forces productives. Son schéma était purement occidental et fondé incontestablement sur un déterminisme historique (les passages obligés). Néanmoins, l'utilisation du concept du "mode de production asiatique", dans ses textes sur l'Inde, lui avait permis d'imaginer des entorses à la description de sa succession historique des modes de production. Il n'en a été fait aucun usage par ses successeurs, sauf très tardivement par un historien anthropologue du PCF dans les années soixante.

    Le communisme consistait en effet à dépasser le capitalisme, à promouvoir l'industrie à la vitesse V, à l'aide de la science et des techniques capitalistes mal utilisées, ou barbares. Le mot d'ordre de base était l'accroissement de la productivité du travail à un niveau inégalé ( Cf les écrits de Lénine, puis deTrotsky, dans " la révolution trahie " par ex).

    La démocratie et la justice furent le cadet des soucis des bolchéviks, car de leur point de vue, une industrie de très haut niveau allait tout résoudre, c'est à dire l'ensemble des problèmes humains. " Le communisme se fondera sur l'électricité et les soviets" (soviets bolchévisés naturellement) écrivait Lénine.


    En conséquence, nécessairement les bolchéviks devaient confisquer la révolution de février avec ses soviets, qu'ils regardaient de travers, surtout Lénine, car ces soviets se posaient de mauvaises questions, conformes à la pensée du petit peuple, et allaient à pas de tortue. Tandis qu'eux, les bolchéviks savaient quelles directions prendre. C'est bien pourquoi les paysans et les artisans, anticapitalistes par essence, ne les intéressaient pas. Le but des bolchéviks n'était pas d'abord de satisfaire les besoins humains en demandant l'avis des humains, mais de s'appuyer sur les conquêtes industrielles du capitalisme pour, grâce à la " science", promouvoir une industrie qui fonctionnerait toute seule et irait vers la maîtrise totale de la nature (la terre, l'environnement, les animaux, les hommes).

     

    b) L'appropriation n'a jamais été définie comme devant être collective.

    Marx voyait dans les nationalisations le pont vers le communisme. Les bolcheviks ont été obligés de surfer sur le mot "collectif" pour se faire entendre des masses : "Propriété collective" , "collectivisation". En réalité ils n'avaient en tête que l'étatisation, par un Etat dirigé par eux.

    Marx a employé une fois, dans le cadre de l'AIT, l'expression "travailleur collectif" en raison de la présence de Bakounine. Il se méfiait en réalité de la propriété réellement collective, qui était très souvent la propriété paysanne. Pour la simple raison que la paysannerie lui semblait devoir être dépassée en tant que classe sociale, par un prolétariat agricole agissant sur de très grendes surfaces avec les techniques les plus modernes.

    De fait, les seules propriétés agricoles furent en URSS la propriété directement étatique, le sovkhose, et la propriété gérée par le parti et son bureau politique, le kolkhoze. La propriété des moyens de production industrielle était étatique, aux mains d'une nomenclatura dont les membres s'assassinaient entre eux.


    En fin de compte les rapports de production dits collectifs par l'intermédiaire de l'Etat ouvrier et paysan et du parti, ne furent que des rapports de production étatiques.

    Lénine ne mettra pas longtemps cependant à écrire, dès 1921, qu'en réalité l'URSS était à la tête d'un capitalisme d'Etat dirigé par un gouvernement "ouvrier et paysan", et que le communisme était encore lointain .

     

    c)-Le caractère supérieur du communisme devait se concrétiser dans le très haut niveau des forces productives , dans des rapports de production nouveaux .


    Les forces productives relèvent d'une inconnue chez Marx, bien qu'elles furent un enjeu idéologique considérable par la suite (cf la rubrique sur les forces productives dans notre site) entre autres pour Trotsky.


    Tout d'abord, on cherche vainement une définition des forces productives dans les œuvres de Marx. On peut comprendre, d'après les textes, qu'il reprend la définition qu'en donne l'allemand List en 1848. Le capital (les moyens de production capitalistes) y tient la place essentielle, à côté des ressources naturelles utilisées et les forces productives humaines, non pas en général mais salariées.
    Marx explique lui-même que les sociétés traditionnelles ont vécu des millénaires sans capital (différent du patrimoine). C'est à partir de là qu'il parle de l'immobilisme des sociétés paysannes dans l'histoire, particulièrement dans les sociétés asiatiques, en raison de l'absence de croissance des forces productives.

    Pourtant Marx voit l'histoire comme celle du développement des forces productives. C' est une vue purement occidentale, qui ne concernait absolument pas l'Asie par exemple, ni l'Amérique latine, ni l'Afrique ; c'est aussi une vue purement capitaliste. Cela laissait supposer que le communisme ferait encore croître les forces productives ! C'est à notre avis réduiret le communisme à n'être qu'une simple continuation du capitalisme. Rien ne dit dans ce schéma que cette progression doive s'arrêter. Marx n'a pratiquement rien écrit sur le fonctionnement du communisme, sauf qu'à moment donné ce dernier n'aurait plus besoin d'Etat.
    Selon ce schéma, encore une fois, la classe paysanne ne pouvait avoir un rôle révolutionnaire, puisque sa fonction traditionnelle et historique n'est pas de faire croître le capital, mais de fournir une production utile aux besoins.


    d)-La progression des forces productives ne peut se faire, selon Marx, que sous l'égide d'une classe dominante révolutionnaire, le prolétariat, qui prend la place de celle qui ne peut plus la réaliser dans des rapports de production devenus trop étroits.


    En réalité le prolétariat sera représenté par le parti d'avant-garde (Lénine), c'est-à-dire son bureau politique, c'est-à-dire son chef. Dans le cadre évidemment d'un parti unique impossible à contrôler puisqu'il constituait la négation de la démocratie.
    Cette vision globale des choses ne pouvait qu'aiguiser au centuple les appétits de pouvoir d'une petite caste, qui passerait par-dessus bord la morale la plus élémentaire. Elle ne pouvait donc que produire, dans la bataille pour le pouvoir, une société de terreur. Et ceci à l'insu probable des bolchéviks au départ.


    Mais la machine, une fois lancée (parti unique, guépéou, soviets maîtrisés, étatisation massive…), a broyé les hommes, produit des monstres, dont le NKVD, produit des famines gigantesques, jusqu'à l'effondrement. Tout ceci n'étant qu'un produit de l'idéologie, et pas obligatoirement au départ un produit d'une malhonnêteté constatée . L'affirmation de Trotsky sur la trahison de la révolution est probablement une vue de l'esprit, une continuation d'un raisonnement idéologique. Un parti unique lancé sur une idée folle agit bien au-delà de la trahison. Il agit pour le pouvoir.


    e) L'homme "nouveau".

    Les bolcheviks disaient vouloir faire émerger l'homme nouveau de la révolution. Un homme débarrassé de ses aliénations, un homme qui ne serait plus exploité, un homme qui pourrait se livrer à ses facultés créatrices. C'est ce qu'ils annonçaient. C'est sur ces bases que des milliers de citoyens russes, les ouvriers, les intellectuels, les savants, les artistes, les poètes, ont embrassé la cause du communisme; puis finirent par millions dans les prisons, les goulags, ou moururent d'une balle dans la tête.

    L'un des premiers à avoir formulé cette idée de l'homme nouveau fut Babeuf au tout début du 19ème siècle. Son idée fondamentale était qu'il fallait forcer le changement, en obligeant l'homme à de nouvelles attitudes, quitte à instaurer pour un certain temps un régime non démocratique.

    A quoi pouvait-on obliger le citoyen dans l'esprit des bolchéviks ? A en finir avec la propriété individuelle et son idée même, à en finir avec la tradition, avec la religion, avec la culture paysanne, avec la pérénité des classes paysannes, artisanales et commerçantes...Il lui fallait rompre avec le passé. Il convenait d'obtenir de lui qu'il sache que la voie communiste était celle de la science, de la productivité, que la collectivité devait se fondre dans la "propriété sociale", que le prolétariat était la seule classe d'avant garde, et que la voie de l'avenir passait par l'obéissance au parti bolchévique.

    Dans ce cadre, l'instruction était vue comme un apprentissage à ces nouvelles idées, et non comme un apprentissage à la critique. Le doute était exclu. Celui qui doutait était une ennemi potentiel et faisait perdre du temps. Or il fallait aller vite puisque l'objectif était de dépasser le capitalisme en un temps record.

    Le poète Essenine qui se suicide en 1925 est vu comme le poète du passé, qui, comme l'indique un autre poète, Maïakovski, préfère mourir plutôt que reconstruire l'avenir. L'ironie voudra que Maïakovski se suicide lui-même en 1930. Ce rappel nous semble significatif.

    En réalité que signifie "l'homme nouveau" ? Dans une société de parti unique, où la voix de l'opposition est étouffée très rapidement, où les humains sont soumis à des normes de comportement et d'acceptation, l'homme nouveau doit être discipliné et assujetti à une nouvelle aliénation. Il doit rompre avec ses racines, avec sa culture propre et ses convictions religieuses, avec l'art traditionnel; il doit "s'homogénéiser" sinon il est dangereux.

    Ceux qui ont cru, comme le poète juif Peretz Markish, que la nouvelle société serait plurielle, ouverte et tolérante, riche de ses différentes cultures, dans le but d'une créativité nouvelle qui ferait le lien avec le meilleur du passé, périrent. Après bien d'autres comme Mandelstam mort dans un goulag en 1938, Markish fut condamné à mort pour nationalisme alors qu'il était pour la renaissance du yiddish. Il fut assassiné d'une balle dans la tête en 1952.

    Cette évocation de la situation des poètes, qui ne purent entre autres tolérer les famines organisées contre la paysannerie, en dit long sur l'homme "nouveau".

    Dans une telle société où la délation devint vite une exigence du système, l'homme nouveau émergea de la promotion des minables, des corrompus, des incultes et sans morale, des bourreaux, dont le prototype fut le salarié de la guépéou, de la tchéka, du NKVD, ou les juges.... Celui qui voulait penser librement, devait se taire, ou vivre dans la misère. Il suffit de lire "J'ai choisi la liberté" de Kravchenko sorti en 1947, puis le récit de son procès, "J'ai choisi la justice" en 1949.

     

    f) la suppression du travail humain.

    Dans le cadre du communisme théorique, où la machine doit remplacer l'homme, il va de soi que le travail humain devient inutile et que la société doit aller vers les loisirs..... Selon Marx, si le capitalisme ne peut intégralement automatiser la production, c'est parce que la plus-value disparaîtrait, faute de prolétaires. Il faut donc conserver des prolétaires dans le capitalisme. Mais dans ce mouvement, la valeur des marchandises (produits et services) tend normalement vers 0. Etant entendu que la valeur de la monnaie peut à l'inverse faire croître les prix. La suppression de la monnaie restituera un prix à la valeur même du produit, selon Marx.

    Description purement théorique. Dans la réalité, le communisme réintégra l'esclavage humain par le travail gratuit dans les goulags. La demande de main d'oeuvre gratuite réglementait le nombre de condamnés au goulag (cf Kravchenko). De même le communsime institua la pire des exploitations, rarement atteinte dans le capitalisme, mais à laquelle aspirent aujourd'hui les néolibéraux dans la "stratégie du choc".

    Mais lzes écrits de Marx sur la journée de travail de quelques heures par jour en fit rêver plus d'un. En effet, Marx voyait très clairement se volatiliser le travail pour produire ce qui est nécessaire à la vie. La diminution continue de la durée hebdomadaire du travail, produit type de la lutte des classes ( ne parlons pas des 35h trivialisées ou édulcorées par Martine Aubry en 1998 et 2000, par la flexibilité des horaires), a été prise comme exemple de cette tendance, et a été à notre avis sciemment confondue avec le temps de travail nécessaire pour produire.

    Dans cette discussion, le travail salarié propre au capitalisme est volontairement confondu avec le travail humain tout court.

    Selon nous, et dans la perspective de retravailler ce point de façon très sérieuse, la suppresssion du travail humain est la chose la plus folle, la plus barbare qui ait jamais été pensé, mais dont nous n'avons pas conscience, car nous confondons également le travail humain dans son éthymologie (la recherche, la création, le travail critique, le développement conjoint du travail intellectuel et du travail manuel dans la recherche du mieux être collectif, l'art, l'utilisation maximum de notre cerveau pour plus d'humanité et de développement de soi-même...) avec le travail esclavagiste, avec le travail salarié capitaliste, avec le travail aliéné de production de marchandises dangereuses et débilitantes....

    Sans compter que pour restaurer tout ce qui a été détruit par les sociétés capitaliste et communiste, pour réparer ce qui a été désertifier, pour remettre en état les cerveaux et le psychisme des jeunes générations, il faudra déployer des quantités de travail dont nous n'avons pas idée.

     

    En conclusion :

    Nous devons constater que ce n'est pas le capitalisme qui s'est effondré, mais le communisme.

    Nous constatons également que la question de ce que la science, au service des besoins humains, pourrait produire, n'est jamais abordée ou très rarement par les marxistes, comme si la science ne pouvait se distinguer de la grande industrie et du productivisme.

    2013 repris en 2022

     

     

     

     

    Les restes criminels du bolchévisme

    Aujourd'hui qui a envahi l'UKRAINE et qui y déverse ses bombes ? Le plus grand oligarque de l'ex URSS: Poutine.

    Poutine, comme tous les siens qui sévissent dans le monde occidental, devenu déjà richissime dans le monde communiste stalinien en profitant des ses activités de bureaucrate dans la police, se réclame aujourd'hui de la Grande Russie impériale. Nationaliste revanchard, lié à toute l'extrême droite européenne, il prétend que le gouvernement ukrainien est néo-nazi par projection de ce qu'il est lui-même.

    Beau reste de l'URSS, son extrême richesse a été détaillée par Navalny qui le paye cher dans sa prison.

    Lui et ses oligarques, dont on apprend les détail des biens à propos de la guerre, se sont nourris de la sueur, du sang, des maladies, de la mort, de l'extrême exploitation du prolétariat russe ! Il faut le savoir. Les yachts de luxe des oligarques qui se promènent dans le monde sont issus des larmes et du sang des ouvriers russes.

    Le 6 mars 2022

     

     

     

     

    LENINE et la question paysanne : synthèse sur la question qui suit

    (7-1-2022)


    A partir d'un épisode peu connu de 1921 en URSS, l'existence éphémère d'un comité de soutien des affamés de juillet 21 à août 22, qui aboutit à l'expulsion de 160 intellectuels de l'URSS, ressurgit la question paysanne et celle de la définition du socialisme, sous la plume de Lénine.
    1)L'année 1921, année de tous les dangers.
    En février 21 le soviet de Kronstadt vote le refus des réquisitions et la volonté populaire de décider du devenir du surplus agricole en dehors des injonctions du parti bolchévique. Ce n'est pas la seule révolte, il y en a des dizaines d'autres, parfois armées, soigneusement cachées, et toutes réprimées avec une extrême violence. Le Parti ne discute pas. Trotsky envoyé par Lénine avant la fonte des neiges à Kronstadt ne fait pas de quartier.
    L'URSS est encore en guerre civile et connait la famine. Le comité de soutien aux affamés est autorisé avec méfiance en juillet de la même année. Et c'est cette même année, tout à fait cruciale, où Lénine réalise que le gouvernement peut, suite aux diverses insurrections, perdre le pouvoir à partir de la question paysanne.
    N'oublions pas qu'il fait poursuivre en 1921 et 1922 les troupes " makhnovistes ", anarchistes d'origine ukrainiennes, par l'armée rouge, jusqu'à leur disparition. Makhno qui avait joué un rôle central dans l'élimination des russes " blancs " de Dénikine, prônait en effet " des soviets libres " comme les menchéviks et les SR (socialistes révolutionnaires).
    Lénine en bon stratège politique, analyse la situation et propose un recul calculé sur la question paysanne, en lui donnant une grande audience : reconnaissance de la nocivité des réquisitions, transformation des réquisitions en impôts en nature négociés, possibilité faite à la paysannerie de vendre son surplus agricole sur les marchés. C'est ce qu'on appellera la NEP (nouvelle économie politique).
    Il fait donc des concessions mesurées tout en restant impitoyable sur le fond : il n'y aura pas de soviets libres. Mais d'une part la paysannerie doit retrouver le désir et la force de produire et de vivre mieux, et d'autre part l'URSS doit pouvoir nourrir sa population.
    Le comité de soutien n'est qu'une concession provisoire. Les intellectuels qui l'animent doivent disparaître à terme, d'où leur expulsion, comme les bandes de Makhno.
    2)Le socialisme en URSS à partir de la paysannerie ?Non.
    La famine ne peut se traiter en tant que famine, d'un point de vue humaniste, dans l'esprit de Lénine. Elle n'est qu'un épisode éventuellement dangereux socialement et qu'il faut traiter en tant que tel.
    Ou la famine peut servir d'explosif à " l'ennemi de classe " pour chasser le gouvernement bolchévique, ou la famine peut servir à restructurer la paysannerie en chassant sa partie surnuméraire vers le prolétariat industriel. Dans ce dernier cas, détruire " l'économie paysanne " grâce à la famine est un processus progressif qui va dans le sens du socialisme à long terme.
    Lénine en a l'idée sous le tsarisme au moment de la famine de 1891, et il ne soutient donc pas un comité d'aide, et à nouveau en 1921, sauf que la famine due aux réquisitions et à la guerre civile peut faire perdre le pouvoir aux bolcheviks.. Lénine en conclut que la tâche des bolchéviks est de construire un capitalisme d'Etat sous contrôle du prolétariat, c'est-à-dire du Parti.
    Lénine ne croit donc pas, et tout le parti bolchevik avec lui, qu'il sera possible de construire le socialisme avec la paysannerie telle qu'elle est.
    Pour faire alliance avec le prolétariat, celle-ci doit se prolétariser dans de grandes fermes collectives avec les moyens industriels les plus avancés, et perdre ses soviets relativement libres. Mais c'est une longue marche. Il faudra convaincre les paysans d'entrer dans les fermes collectives. Staline les obligera en 1929, une fois Lénine mort en 1924, il balayera les soviets paysans et réutilisera la famine pour détruire l'économie paysanne.
    Pour construire le capitalisme d'Etat, l'alliance avec l'Allemagne, pays industriel ( mais interdit de reconstituer son armée du fait de l'interdiction du traité de Versailles à cette reconstruction), est indispensable, c'est le traité de Rapallo de 1922.

    3)Quel socialisme ?
    On a compris depuis longtemps que le socialisme, dans l'esprit des bolcheviks, ne peut se construire que sur la base du capitalisme le plus avancé : le capitalisme d'Etat. A savoir les grandes usines industrielles de type capitaliste avec une forte productivité (Dans " La Révolution trahie " Trotsky n'aura de cesse d'accuser de trahison Staline qui ne met pas la " productivité " au sommet des tâches de l'URSS), et des fermes collectives. Dans ce cadre le prolétariat prendra le pouvoir et réalisera le socialisme.
    Ce qu'on ne savait pas ou mal, c'est l'analyse détaillée que Lénine fait du processus réel et intellectuel vers l'abolition de toutes les petites productions, agricoles, artisanales, industrielles, comme étant contraires au mouvement inéluctable vers la grande production, donc vers le socialisme (image de la roue qui tourne à l'envers). De ce point de vue l'étude détaillée de son article sur le " populisme " en 1898, qu'il reprend dans de nombreux textes et interventions de 1921 est très éclairante. Ce texte disponible et mal étudié, explicite la pensée de Marx de la meilleure des façons. Mais nous fait poser la question de la nature de la société sans classes de Marx : Aucun soviet libre, coercition maximum, avec un prolétariat dominant qui a absorbé toutes les classes intermédiaires…. Mais un prolétariat …..soumis…. ? Une vision de l'esprit dont ni le prolétariat ni la paysannerie n'ont jamais voulu. C'est une certitude.
    AMC 7-1-22

     

     

     

    LENINE : SA POSITION SUR LA FAMINE DE 1921 ET SUR L' AVENIR DE LA PAYSANNERIE EN URSS (essai)
    (26-12-21 AMC)


    Dans son discours de réception du Nobel de la paix (colauréat avec Maria Ressa), Dmitri Mouratov évoque l'expulsion de 160 intellectuels par les bolchéviks le 29-9-1922.
    Ce fait largement passé sous silence mérite qu'on s'y arrête. Comme le disent Michel Heller et Dominique Négrel dans un article des " Cahiers du Monde russe soviétique " (avril -juin 1979), intitulé " Premier avertissement, un coup de fouet. L'histoire de l' expulsion des personnalités culturelles hors de l'URSS en 1922 ", ce fait n'a pas été étudié et constitue une tache blanche, disent-ils, de la part des historiens soviétiques. .
    Cet épisode ne relève pas de la simple anecdote. En effet des intellectuels qui ne sont pas membres du parti, mais sympathisants, s'adressent au parti bolchévique et proposent leur aide en juillet 1921 pour subvenir aux besoins des victimes de la famine, famine qui s'est abattue sur l'URSS cet été là dans une situation déjà gravissime. Ils offrent leur aide car ils ont des amis à l'étranger susceptibles de réunir des fonds et des produits utiles.
    Fait exceptionnel, le parti accepte, après beaucoup d'hésitations, la création d'un " Comité d'aide aux affamés " dont le président sera Kamenev. Les membres du comité qui sont des intellectuels connus reçoivent le droit de faire appel à leurs amis étrangers pour recevoir des secours. Ceux-ci ne savent pas que cet appel à l'étranger sera utilisé contre eux plus tard comme argument de leur trahison vis-à-vis de l'URSS, et servira en vue de leur expulsion.
    Passons tous les détails abondants donnés par les auteurs de l'article ci-dessus, comportant une bibliographie russe, qui puise dans les oeuvres russes de Lénine et des écrits des témoins de l'époque.
    Possédant les œuvres de Lénine aux éditions sociales, nous avons cherché les écrits cités. Ceux-ci ne sont pas au complet comme ils peuvent l'être dans les éditions de Moscou. Entre autres l'existence du " Comité d'aide aux affamés " n'est pas citée.
    Celui-ci ne vivra que du 21 juillet 1921 au 27 août de cette même année. Soit un bon mois. Et sera dissous par Lénine.
    Que s'est-il passé ? Il faut plonger dans l'idéologie bolchévique à travers les déclarations de Lénine pour comprendre

    I)LENINE ET LE PARTI BOLCHEVIQUE, SUR LA QUESTION DE LA FAMINE


    C'est Lénine dans la Pravda du 21-7-21 qui annonce que cette famine est aussi terrible que celle de 1891 (plus de 30 millions d'affamés à l'époque et 2 millions de morts). Cet article dans la Pravda n'apparaît pas dans les œuvres complètes aux tomes 32 et 33 (écrits de 1921-22), aussi étonnant que cela puisse paraître.
    Dans l'article de la Pravda Lénine fait allusion à la famine de 1891.


    1)La famine de 1891.


    Le rappel de la famine de 1891 n'est pas fortuit. Lénine qui était étudiant dans la région de Samara à l'époque, vit se constituer un " comité d'aide aux affamés ", dans cette année là. Il n'y participa pas, et se prononça contre une telle aide (p 133 des cahiers). Avec quels arguments ?
    La famine de 1891 dont le gouvernement de l'époque est le seul responsable, dit Lénine, contribua à jeter une partie de la paysannerie vers l'industrie, aida à la croissance de cette dernière, qui ne pouvait que rapprocher la Russie du socialisme, (le capitalisme en construction étant une phase nécessaire)… La famine en décimant l'économie paysanne détruisait la foi dans le Tsar et Dieu, et poussait le paysan vers la voie de la révolution, en devenant un prolétaire… (rapporté par un ami de Lénine p 134 des Cahiers)
    Léon Werth et Stéphane Courtois rapportent eux-mêmes ce qui suit, ayant puisé aux mêmes sources : " ….d'après son ami Béliakov , Lénine " avait le courage de déclarer ouvertement que la famine avait de nombreuses conséquences positives, à savoir l'apparition d'un prolétariat industriel, ce fossoyeur de l'ordre bourgeois. […] En détruisant l'économie paysanne attardée, la famine, expliquait-il, nous rapproche objectivement de notre but final, le socialisme, étape immédiatement postérieure au capitalisme. La famine détruit aussi la foi non seulement dans le tsar, mais même en Dieu ? ".
    Ces propos sont révélateurs de la pensée de Lénine qui restera inchangée jusqu'à sa mort. Certains y ont vu les traits d'un individu inhumain et barbare. Gardons nous d'un jugement moral qui masquerait la compréhension de ce qui sera le projet bolchévique léniniste du socialisme en URSS.
    Ainsi, à vingt ans, Lénine a déjà une vision téléologique et doctrinale de la société et de l'histoire, vision abstraite, mais pas plus que celle de Marx, qui repose sur une philosophie de la nécessité historique (déterminisme) et implique une absence totale de compassion. A propos de cette famine de 1891, Lénine nous révèle qu'il a une idée précise de ce que doit être le développement économique de la Russie, l'évolution des classes sociales, la nécessaire disparition de la paysannerie en tant que classe, une idée sur pouvoir du " seul prolétariat ", et peut-être l'objectif du parti unique pour entériner ce qui précède…On peut comprendre alors, face à la violence de ce qui sera imposé, la proposition de la NEP par Lénine en 1921 comme nécessaire recul, provisoire, mais simplement recul, pour éviter l'explosion sociale.
    Il est du plus grand intérêt d'en savoir plus, et de comprendre ce que Lénine a écrit sur sa vision du développement historique en URSS, dont on a juste une petite idée après cette déclaration sur la famine de 1891.


    Quelles furent les causes de celle-ci ?


    Soulignons que la fin du servage en 1861 avait eu comme objectif de rapprocher l'agriculture paysanne russe de l'agriculture occidentale de l'ouest en obligeant à une réforme agraire qui imposa aux paysans de racheter les terres de leur ancien propriétaire, ce qui devait provoquer la naissance d'un grand nombre d'ouvriers agricoles sans terre, prêts à s'embaucher dans des fermes de type capitalistes avec salariés, ou dans l'industrie des villes.
    Malgré cela la Russie était demeuré un pays dominé par la petite production agricole, largement communautaire autour du " mir ", particularité russe, Ce qui ne l'empêchait pas d'être avant la première guerre mondiale un des plus grands exportateurs de céréales dans le monde (culture du trèfle sur les anciennes terres de jachère pour enrichir celle-ci dès 1850. Ce sont les grands propriétaires qui vendent une partie du surplus à l'exportation)(il faudrait ici une note sur la révolution agricole de type agronomique qui a touché toute l'Europe au 19ème siècle). La Russie reste un pays dit en " retard " d'un strict point de vue capitaliste par rapport à l'agriculture européenne, qui à la fin du 19ème avait accédé aux engrais chimiques (augmentation considérable des rendements), avec un mouvement relatif de concentration des terres.
    En 1891 en Russie les paysans n'ont pas de réserves, c'est une mauvaise année de sécheresse, la paysannerie est demeurée surnuméraire et elle est accablée par la fiscalité tsariste.
    Lénine, jeune marxiste, comprenant à la lettre ses lectures de Marx, se refuse à secourir la famine


    2)Un aperçu de la pensée de Marx :


    " De toutes les classes subsistant aujourd'hui en face de la bourgeoisie, le prolétariat, seul, forme une classe réellement révolutionnaire. Les autres dépérissent et s'éteignent devant la grande industrie, dont le prolétariat est le produit le plus propre. La classe moyenne, le petit industriel, le petit commerçant, l'artisan, le cultivateur ( que Marx désignera sous le nom du peuple ), tous combattent la bourgeoisie pour sauver leur existence comme classes moyennes. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs ; bien plus, ils sont réactionnaires, car ils cherchent à faire tourner en arrière la roue de l'histoire (souligné par nous). S'il leur arrive d'être révolutionnaires, c'est qu'ils se voient exposés à tomber bientôt dans la condition des prolétaires, c'est qu'ils défendent non pas leurs intérêts présents, mais leurs intérêts futurs…. " en tant que prolétaires. (Le Manifeste Communiste , 1848, Tome I, La Pléiade, p 171-172).
    Ce texte signifie que les classes sociales constituant le peuple, qui défendent leurs intérêts immédiats, par exemple le droit d'exister et de ne pas disparaître, sont réactionnaires.
    De ce point de vue, en cas de famine, ces classes n'auraient pas le droit d'être défendues et secourues. Entre autres les paysans…
    C'est pourquoi Lénine peut dire qu'" en détruisant l'économie paysanne attardée, la famine, nous rapproche objectivement de notre but final, le socialisme, " (parce que la grande entreprise capitaliste agricole pourrait seule devenir facilement une entreprise communiste ???)
    Il s'agit probablement de cela mais nous avons encore besoin d'éléments d'explications supplémentaires que Marx ne donne pas. C'est Lénine qui va les donner.


    3)La famine de 1921 et le traité de Rapallo.


    Selon Heller et Négrel , Lénine impute la famine de 1921 à la sécheresse, à la mauvaise récolte de 1921, aux conséquences de la guerre civile, au retard de l'agriculture, au faible niveau des connaissances en agronomie, aux formes périmées de la rotation des cultures, à la lutte des propriétaires et des capitalistes contre l'URSS dans le blocus contre elle…..(p 134 des Cahiers, déclaration du CC du parti le 21-7-21, introuvables dans les œuvres des Edit Sociales ). Nous ne trouvons rien dans les " œuvres " sur le " faible niveau des connaissances en agronomie, sur les formes périmées de la rotation des cultures ". Il nous paraît indispensable pourtant de comprendre ce jugement d'autant que, depuis la fin du 19ème, la Russie a eu accès à la révolution agricole qui a permis de supprimer la jachère (cf Analyse?diagnostic de l'agriculture de la partie ouest du district d'Ouvarovo, Russie, Mémoire de Nathalie Coupin et Ivan Logvenoff sous la direction de: Hubert Cochet (AgroParisTech) 2018 )
    Egalement nous ne trouvons pas dans les œuvres la décision de la dissolution du comité d'aide fin août 1921, ni la décision d'expulsion des 160 intellectuels de l'URSS en 1922.
    Mais on trouve dans divers textes, à plusieurs reprises une analyse de la situation catastrophique de la paysannerie en 1921. Afin de compléter l'analyse de Heller et Négrel, nous avons cherché et trouvé des écrits sur cette situation dans les œuvres de Lénine en 1921 et 1922.
    Sécheresse, réquisitions forcés, communisme de guerre, guerre civile évoqués par Trotsky (au 9ème congrès du parti en 1920).La guerre civile pour lutter contre les blancs a ruiné le pays, explique-t-il.
    Dans " Rapport sur l'impôt en nature " (du 9 avril 1921 p 302 et suivantes Tome 32),
    Lénine fait ce rapport 2 mois après avoir subi les assauts de la population de Kronstadt (28-2-1921) qui a pris les armes contre les bolcheviks et refuse les réquisitions dans un vote de leur soviet qui s'oppose aux ordres des bolchéviques. Kronstadt sera écrasé par l'armée rouge de Trotsky sur la demande de Lénine.
    Dans son rapport ce dernier, inquiet, veut convaincre la paysannerie de sa bonne foi. Il explique très longuement que l'impôt en nature doit remplacer les réquisitions forcées, en attendant que l'industrie socialiste, à construire, puisse directement échanger ses produits avec ceux de l'agriculture socialiste, à construire, dans le cadre de leurs besoins réciproques. Lénine indique que l'économie paysanne a été dévastée par la guerre (p 303), puis ruinée par une mauvaise récolte (celle de 1920), et vouée à la ruine dans certaines régions. Mais la petite économie paysanne individuelle, arriérée, va, dit-il, en se groupant progressivement s'organiser en " grosse exploitation agricole collective " (p 303) (1)
    Lénine reconnait que les réquisitions, allant au-delà des excédents et touchant aux produits indispensables à la vie paysanne, a provoqué la misère (p 306), mais dit-il, nous étions dans une forteresse assiégée, et tout le monde a souffert de la sous-alimentation, pendant la guerre civile. Nos réquisitions ont été décriés par les mencheviks, les attribuant à la nature du régime soviétique. C'est inexact dit-il (p 311)…Néanmoins il reconnait que les paysans ne voulaient plus du pouvoir des bolchéviks. Ce faisant Lénine annonce le retour à la liberté du commerce (la NEP), comme étape provisoire, parce que l'économie paysanne a besoin de concessions, " d'être reposée, revigorée " après une extrême misère (p 316). Ce langage se comprend après Kronstadt.
    Dans un autre texte : " L'impôt en nature " (21-4-1921) (tome 32) Lénine est très explicite sur ce qu'il entend par socialisme : " Le socialisme est impossible sans la technique du grand capitalisme, conçu d'après le dernier mot de la science moderne, sans une organisation d'Etat méthodique qui subordonne des dizaines de millions d'hommes à l'observation la plus rigoureuse d'une norme unique dans la production et la répartition des produits. Nous, les marxistes, nous l'avons toujours affirmé…Quant aux gens qui ont été incapables de comprendre au moins cela (les anarchistes, et une bonne moitié des socialistes révolutionnaires de gauche) , il est inutile de perdre deux secondes à discuter avec eux (p 354)..(souligné par nous)
    ….. " L'Allemagne et la Russie incarnent en 1918 avec une évidence particulière la réalisation matérielle des conditions du socialisme ". Conditions économiques d'un côté, conditions politiques de l'autre ;
    " Une révolution prolétarienne victorieuse en Allemagne briserait d'emblée, avec une extrême facilité, toutes les coquilles de l'impérialisme….. ".(p 355)
    Et la voie serait ouverte vers le socialisme mondial "
    " Tant que la révolution tarde à " éclore " en Allemagne, notre devoir est de nous mettre à l'école du capitalisme d'Etat des allemands, de nous appliquer de toutes nos forces à l'assimiler, de ne pas ménager les " procédés dictatoriaux " pour hâter cette implantation des mœurs occidentales dans la vieille Russie barbare, sans reculer dans l'emploi des méthodes barbares contre la barbarie… " (souligné par nous)
    Il faut se " mettre à l'école de l'impérialisme allemand ". (p 355)
    Toute la stratégie des bolchéviks est dans le texte ci-dessus:
    -le socialisme fondé sur le grand capitalisme d'Etat
    -le capitalisme d'Etat lui-même fondé sur la " science "
    -l'obligation d'y contraindre des millions d'humains
    -avec des contraintes éventuellement barbares

    Lénine n'a jamais dérogé à cette vision des choses, depuis sa jeunesse, vision qu'il faut garder présente à l'esprit. Ce qui est étonnant , c'est la référence à la science. Les bolcheviques, quand ils savent qu'ils sont minoritaires, justifient leur politique par la science. Ils se disent dépositaires de la science, comme d'autres le sont de la vérité divine. Il est très possible que Lénine se soit pensé comme étant le garant de la vérité historique. Il nous reste à trouver des textes sur cette science particulière.
    Il n'empêche qu'il est plus que sûr que le prolétariat, comme la paysannerie, n'ont jamais participé à la révolution pour réaliser l'objectif de transformer le grand capitalisme industriel en socialisme !. Nous y reviendrons

    Au " 3ème Congrès de l'Internationale communiste en juin 1921 ", Lénine revient sur cette situation où le parti doit reculer sans perdre le pouvoir dans un pays ravagé par 7 ans de guerre en continu, des privations des paysans qui sont devenues intenables… Avec une crise économique qui a pris un tour gigantesque au printemps 1921 (p 518-19 tome 32). Il revient sur la nécessaire (mais provisoire) liberté du commerce où le paysan doit pouvoir vendre librement ses excédents. C'est un retour au capitalisme (1bis), dit-il, mais sous contrôle du prolétariat. C'est du capitalisme d'Etat dans un Etat prolétarien. La même chose doit se faire au profit de la classe ouvrière, ce qui veut dire accorder des concessions au capital étranger, sans la moindre dénationalisation, pour " relever notre industrie ". " Nous faisons ceci pour gagne du temps… en attendant que nos camarades étrangers préparent activement leur révolution…. ".(p 522-523).
    C'est là que Lénine explique que la tactique des bolchéviques est d'accorder " la liberté et la démocratie " pure " à la bourgeoisie ", si le pouvoir des bolchéviks n'est pas compromis…en tant que concessions utiles parce que " la situation économique est fragile "…. " Ensuite nous construirons le socialisme "… et il n'y aura pas de quartier.. (p 527).(2)

    " Tout le reste n'est que duperie " termine -t-il dans cette page.
    Nous avons un doute sur le contenu de la duperie.
    En effet les bolchéviks qui ne cessent de dire qu'ils attendent l'extension de la révolution mondiale, notamment par l'intermédiaire du prolétariat allemand, recherchent en même temps avec passion une alliance forte avec le gouvernement allemand pour une aide industrielle. Les deux sont-ils compatibles ? Oui répond Lénine qui est prêt à se mettre à l'école scientifique du capitalisme d'Etat Allemand.
    Un an après le discours ci-dessus sur les nécessaires concessions à faire pour garder le pouvoir, la Conférence de Gênes se tient du 10 avril au 19 mai 1922 entre les pays occidentaux dont l'URSS. Et le traité secret de Rapallo du 16-4-1922 est signé entre l'URSS et l'Allemagne, laquelle bien qu'écrasée au traité de Versailles, est une puissance impérialiste au même titre que la France et la GB….. (3)
    Ce traité peut-il se comprendre comme un adieu à la révolution allemande et à la révolution mondiale, sauf si une guerre permettait à l'URSS de conquérir des pays au socialisme par les armes ??


    4)Conclusion sur l'avenir du Comité. Questions sur le rôle de la famine

    Le Comité d'aide aux affamés ne peut vivre que par l'aide de l'étranger, il n'y a aucune réserve en URSS. Il fonctionne immédiatement sous l'égide de la Croix Rouge. Il était sous le contrôle " l'Inspection ouvrière et paysanne ", mais les membres du comité signent avec des associations étrangères des demandes de secours, avec la surveillance de Kamenev.
    Radek, un fidèle de Lénine, insinue que la bourgeoisie cherchera à s'introduire en URSS par cette voie ; Le 21-7-21 le comité est dissous sur ordre de Lénine, et une majorité de ses membres se retrouvent en prison, ou en résidence surveillée (texte de Michel Heller p 145-146). Pourtant de l'aide américaine arrive, mais elle ne permettra de sauver que 35% des affamés au lieu de 70% prévus (p148)….On parle de 5 millions de morts…
    Passons sur les diverses péripéties qui eurent lieu alors. Les intellectuels furent tous expulsés dans l'année qui suivit, avec la promesse d'être fusillés s'ils tentaient de revenir. Gorki qui soutenait le comité et tentait d'intercéder en sa faveur, fit partie du lot ; sauf qu'il eut l'autorisation de revenir, ce qu'il fera en 1928.
    Les bolcheviques ont donc refusé de secourir les affamés avec l'aide de l'étranger, à un moment où les prémices de pourparlers étaient posés avec l'Allemagne en vue d'une collaboration industrielle. Cette attitude est conforme avec celle de Lénine en 1891 à Samara. Lénine n'a pas changé d'un pouce son jugement.


    La famine fait partie de l'histoire du communisme dans tous les pays où celui-ci fut proclamé. La famine semble faire partie d'une politique toujours dirigée d'abord contre la paysannerie. Ce n'est pas un hasard. La paysannerie révolutionnaire n'a jamais été pour sa prolétarisation et sa disparition ! La paysannerie est une classe rebelle par nature qui tient à son indépendance absolue. Le meilleur exemple est la révolution paysanne mexicaine de 1910, passionnante histoire et point aveugle pour les marxistes.


    Exemples de famines dirigées principalement contre la paysannerie :


    URSS 1918, 1921, 1932-1933 en Ukraine (pays grand producteur de blé !) plus de 5 millions de morts,
    Chine : famine du grand bond 1958-1962, plus de 30 millions de morts
    Cambodge sous les Khmers rouges : 1975 1,7 million de morts
    Corée du nord communiste entre 1994-98 : famine organisée, nombre de morts inconnus
    Mozambique sous le FRELIMO entre 1977 et 1981, mise en place de politiques agricoles coercitives vis-à-vis des paysans : disettes en continu
    Ethiopie de Mengistu socialiste : famines 1984-85 suite à des transferts de populations autoritaires + la sécheresse, nombre de morts inconnus
    ….
    Il nous importe pour finir de comprendre dans le détail le cheminement " scientifique " de la pensée de Lénine concernant le développement historique des sociétés , l'inéluctabilité du capitalisme comme du socialisme. Ce qui justifie au passage des méthodes particulières pour forcer leur réalisation.
    Lénine s'explique à ce sujet très bien dans un texte de 1895 qui va guider toute son action.


    II)" Le contenu économique du populisme " de 1895


    L'un des textes le plus explicite est un texte de jeunesse de Lénine qui a 200 pages et date de 1895. C'est un texte de critique du populiste russe STROUVE (les Amis du peuple) qui se réclame d'un marxisme qui lui est propre.
    Le populisme est selon Lénine une pensée stérile car elle est contraire à l'évolution historique en prétendant qu'il peut être fait échec aux effets les plus pernicieux du capitalisme.
    Lénine utilise contre Strouvé la même méthode que Marx a employée contre Proudhon qui avait écrit " la philosophie de la misère " et que Marx avait transformé en " Misère de la philosophie " dans une diatribe destructrice.
    Lénine y est fort bavard comme il le sera toujours, triplant ses discours de redondances, parfois utiles, parfois ennuyeuses. Peut-être a-t-il inauguré le système des discours fleuves qui interdisent en fait toute réplique.
    On peut résumer.
    Dans une introduction sur les " amis du peuple " de 1894 (p 350 tome 1), Lénine explique que les populistes réclament des réformes économiques qui protègeraient le peuple contre le développement du capitalisme pour garantir les intérêts de celui-là. C'est illusoire, dit-il, c'est une fausse piste
    Les populistes veulent " se porter au secours du peuple ". Or on ne doit pas retarder le développement capitaliste mais l'accélérer (en devenant tous prolétaires ???)
    Aller en sens contraire de cela est un comportement " petit bourgeois " " réactionnaire ". Les populistes demandent des crédits, des achats de terre (pour compenser celles qui ont été confisquées), des améliorations techniques, des artels (associations volontaires de travailleurs), des labours en commun… contre les calamités de l'industrie (379 à 382), c'est illusoire.
    Les petits producteurs sont hors d'état de comprendre qu'ils sont une classe de transition… que le capitalisme n'est pas accidentel mais un produit direct issu de la lutte des forces sociales opposées, et qu'il est inutile de vouloir revenir en arrière. Lénine reprend l'image de " faire tourner la roue d' l'histoire à l'envers " du Manifeste Communiste (p 384).
    Lénine s'oppose au point de vue du petit producteur, et des paysans communautaires, car il est pour un collectivisme industriel (p 392 à 401). L'idéologie du petit producteur n'a rien à voir avec le marxisme.
    L'assujettissement au capital est nécessaire à l'organisation capitaliste.
    Il se moque de la défense de la " communauté rurale " et de l'expropriation paysanne de la terre du fait de la mainmise du capital sur la production. Oui les moyens de production qui sont expropriés en vue d'exploiter les paysans constitue un développement capitaliste normal…( Il vaudrait mieux demander des droits en tant que prolétaires plutôt que la restitution des terres ou la demande de terre ????..). Les populistes disent que les marxistes veulent enlever la terre aux paysans .
    Lénine est contre la défense des industries artisanales, contre la demande d'améliorations du sort des artisans, contre des coopératives comme si le développement capitaliste ne devait pas poursuivre son évolution
    Pour en finir avec l'usure et la servitude, il faut, dit-il accélérer le développement capitaliste, et non pas punir celui qui se livre à l'usare….
    Ce ne sont pas des individus malfaisants qui asservissent la paysannerie, c'est le capitalisme qui poursuit sa nécessaire ascension.
    L'exploitation capitaliste est impersonnelle ; elle détruit toutes les illusions
    La production marchande est celle des producteurs isolés qui sont liés entre eux par le marché, et qui doivent trouver en face d'eux des possesseurs d'argent pour leur acheter leurs marchandises. C'est un système arriéré (donc non capitaliste ?). La coopérative n'est qu'un palliatif pour lutter contre la concentration du capital et non une solution.
    L'histoire est celle de la lutte de classes, des rapports sociaux et non des individus
    Lénine explique ce qui est progressif dans le système capitaliste, comme dans le Manifeste communiste : la destruction de tous les anciens rapports sociaux et familiaux : le clan, la communauté territoriale, la famille… Auj les producteurs peuvent prendre en main leur propre sort dit-il…( en faisant quoi ? en devenant des prolétaires ???)
    " La liberté est la nécessité devenue consciente " (Engels) (savoir que l'on doit devenir un prolétaire exploité et s'organiser pour réaliser le socialisme ??)
    Lénine écrit cette phrase :" loin d'impliquer le fatalisme, le déterminisme offre au contraire un terrain propice à une action raisonnée " (souligné par nous)( p 454)….( Quelle est cette action raisonnée ?? S'organiser en tant que prolétaire pour transformer le capitalisme en socialisme ?
    Conclusion et commentaires
    Aucun libéral de l'époque n'a contesté la description ci-dessus qui est fidèlement la transcription de la pensée de Marx, sauf que ce dernier ne l'a pas fait aussi précisément, car il se serait fait huer dans l'AIT (association internationale des travailleurs) où l'anarchiste Bakounine l'aurait accusé d'être à la solde des capitalistes.


    1)La pensée de Marx concernant le développement historique, comme celle du jeune Lénine sur le même sujet, est une pensée libérale dont le seul caractère subversif est qu'elle contient une théorie de la prise du pouvoir, ce qu'avait parfaitement vu l'économiste Italien Pareto. Le prolétariat (le Parti, rectifiera Bakounine) a vocation à prendre le pouvoir par une action organisée. Pareto pense que c'est possible. Et il met en garde ses amis libéraux.


    2)Outre cela, c'est une pensée déterministe, comme l'écrit Lénine, même si les marxistes s'en sont défendus. Il est intéressant qu'il l'écrive. La description qu'il fait de l'évolution historique est en effet déterministe. Le développement capitaliste y est inéluctable selon lui, il n'y a pas d'autre voie.


    Or c'est une pure construction intellectuelle qui ne se vérifie pas dans l'histoire des peuples, si celle-ci n'est pas violentée par le capitalisme. On ne va pas ici entrer plus avant dans la critique, Castoriadis l'a amplement fait, les anthropologues l'ont fait déjà au 19ème siècle. C'est toute la querelle sur la nature de l'évolution (unilinéaire ou multilinéaire) et de la notion de " progrès ". Cela a été démontré maintes fois : il n'y a aucune raison de croire qu'une seule évolution historique est possible. C'est une pensée européenne " égocentrique " devenue force objective par la guerre et la dévastation. Rien de tel nulle part ailleurs au niveau de la pensée (en particulier asiatique et chinoise avant l'arrivée du communisme), même si les communistes se sont acharnés à l'imposer avec les libéraux, et même si le capitalisme a contraint les peuples par la violence à fixer ses normes comme étant universelles.
    Les droits de l'homme oui, mais le libéralisme et le communisme non.
    L'objectif de se saisir du grand capital industriel est une idée abstraite, dictatoriale, mais confondue aujourd'hui dans l'inconscient des peuples avec " l'abondance ". Cependant concrètement l'abondance ne fait partie d'aucune revendication populaire, d'autant que concernant le communisme, ce sont les termes " disette et famine " qui apparaissent pour le désigner.


    3) La pensée bolchévique est une pensée ultra minoritaire. Elle n'a pas pu irriguer en tant que telle une révolution. La révolution de février 1917 s'est nourrie de la pensée des socialistes révolutionnaires, des anarchistes, des menchéviks, et de la tradition populaire des conseils ou soviets. La vocation des bolchéviques a été d'usurper une révolution qui s'est imposée sans eux. S'en étant emparée, ils lui ont imposé leur idéologie par les armes, en appelant cela " la révolution d'octobre ". C'est une pensée minoritaire qui s'est dite " scientifique ".
    Aucune des révolutions qui ont échappé dans un premier temps au marxisme, celle de 1905 en Russie, de 1910 au Mexique, de février 1917, de 1949 en Chine, de 1959 à Cuba…. et toutes celles qui ont brièvement fait leur apparition (par exemple en 2011), avant de devenir communistes ou d'être écrasées, n'ont mis en avant la " collectivisation agricole et industrielle ". Elles ont la plupart du temps restitué, consolidé ou réclamé la production communautaire contrôlée par le peuple, mot détesté par les marxistes car ce dernier fait allusion à des classes sociales populaires qui entendent se conserver en tant que telles et non pas disparaître, ou qui entendent échapper à l'exploitation.(4)
    L'idée même de l'obligation d'aller vers une évolution historique déterminée, inéluctable relève non pas d'une utopie mais d'une passion cachée pour la dictature.
    Une fois la révolution russe de février 1917, et ses soviets, confisqués par des bolchéviks minoritaires, l'adhésion du peuple pour le collectivisme n'a jamais existé (5).
    Le peuple russe est resté longtemps fidèle à une idée de la révolution telle qu'il l'avait vécue en 1905 et en février 1917 autour des soviets, et à laquelle il a associé par illusion le nom de Lénine, puis parfois le nom de Staline.
    Allons plus loin, le collectivisme a été détesté par les grandes masses ouvrières et paysannes, car il signifie la perte de tout pouvoir de contrôle par les ouvriers et paysans, malgré un mot qui exprime l'usurpation du sens. Lénine en a été bien conscient. Par rapport à tout ce qu'il avait imaginé, il a vite compris que l'URRS risquait de voler en éclats si le gouvernement ne rétropédalait pas à toute vitesse en 1921 concernant d'abord l'organisation de la production agricole. D'où la NEP et le retour au marché… Mais malgré cela, et parce qu'on ne contraint pas à terme un peuple à produire ce qu'il n'a pas décidé de produire, l'URSS est demeuré l'exemple de la disette en continu de tous les produits utiles, de la famine pendant de longues années, puis des soupes populaires sous Staline lesquelles ont permis au régime de subsister plus de 70 ans.

    Conclusion sur le bolchévisme


    Pour finir, Lénine nous donne un aperçu de ce fut le bolchévisme.
    C'est une idéologie qui est une construction intellectuelle, comme toute idéologie, à partir des idées de Marx, qui ne repose sur aucune réalité sociale revendicative. Aucune force sociale ouvrière ou non, ne revendique, au 19ème siècle et 20ème siècle, la nécessité de construire le socialisme sur le grand capitalisme industriel. Aucune revendication ne s'y attache. Le socialisme peut s'attacher précisément à tout autre chose que le capitalisme.

    Le bolchévisme va donc faire ses armes, c'est-à-dire prendre le pouvoir, à partir d'intellectuels fous de pouvoir, sur la base d'une confiscation de révolutions authentiques (Russie, Chine, Cuba..) qu'ils veulent transformer en capitalisme d'Etat.
    Il est nécessaire de constater que contrairement à ce que pensait Marx, l'idéologie peut devenir, dans certains cas, une force matérielle qui peut provisoirement forcer le cours de l'histoire, en trompant les grands masses, et finalement contre leur désir.
    Ce peut-être une force dévastatrice, sur tous les problèmes de la vie, sur le cours de la vie et sur l'esprit humain. En faire le bilan est une nécessité absolue

    Notes
    (1) " La grosse exploitation agricole dite " collective " " est le " collectivisme agricole " imposé à la paysannerie russe. Malgré le terme " collectif " utilisé de façon tronquée, ce collectivisme n'a rien à voir avec la tradition du " mir ", communauté rurale traditionnelle, partie de la culture paysanne russe, qui redistribue les terres paysannes, contrôle l' assolement et les rotations des cultures, pour éviter la misère, entretient les greniers, crée l'école du village, s'occupe des impôts pour le pouvoir central….(proche de la forme tribale d'organisation de tant de peuples, forme décriée stupidement comme archaïque !)
    Les bolchéviks ont fait semblant de croire que les paysans étaient naturellement prédisposés au collectivisme (illusion crée par Marx dans ses écrits sur le mode de production asiatique), qui n'a rien à voir avec le mir. Par contre l'existence traditionnelle du mir a naturellement conduit les grandes masses populaires russes à s'organiser en " soviets ", transformés immédiatement dans les villes en organes administratifs par les bolcheviks.
    L'appellation " soviétique " par les bolcheviks est un subterfuge mensonger.

    (1bis) Dans ce texte, comme dans bien d'autres, Lénine appelle du nom de " capitalisme " le rétablissement du marché pour les paysans. C'est une appellation frauduleuse, et Lénine le sait. Ce qu'il appelle " la petite production marchande " à juste titre n'est pas le capitalisme.
    Pour le coup c'est Marx qui parle le plus intelligemment de la petite production marchande, en disant que son objet n'est pas la " fructification " du capital, typique du capitalisme, même y aurait-il un ou deux " domestiques ". Tout au plus, dans les sociétés de petite production marchande, il y a l'accroissement possible du patrimoine familial. De ce point de vue le " marché " n'est nullement l'expression du capitalisme, mais l'expression de toute société marchande, petite, grande ou capitaliste…
    Dans le texte sur la critique du populisme, Lénine introduit l'idée que la production marchande est " arriérée ", cf notre texte.

    (2) Lénine met dans le vocable " bourgeoisie " tout ce qui n'est pas le prolétariat… ici il s'agit des paysans qui obtiennent provisoirement la liberté du commerce. Il parle de " démocratie pure " à propos du mot d'ordre des SR et des mencheviks qui ont clamé " des soviets mais sans les bolcheviks " (p 491 tome 32). Il les traite de capitalistes. En effet en " démocratie pure " les bolcheviks se feraient jeter des soviets. ! Les " réactionnaires " ne peuvent que se regrouper autour de la démocratie, indique Lénine. Celle-ci ne fait que masquer, selon lui, la dictature de la bourgeoisie.
    Lénine rejette donc la démocratie parce que celle-ci ne serait pas favorable aux bolchéviks au sein de soviets libres, comme elle ne leur a pas été favorable dans la Constituante de 1918. Il montre dans ce texte qu'il en a une conscience aiguë. Lénine oppose la " vérité " des bolchéviks, " sa vérité " minoritaire, à une potentielle volonté majoritaire dans les soviets….

    (3) Le gouvernement soviétique a fait la proposition de la conférence de Gênes le 28-10-1921 à Lloyd Georges, qui en reprend l'idée. En effet la Grande Bretagne voulait pacifier les relations de l'URSS avec la France (très rétive) et la GB, car il craignait plus que tout un rapprochement de l'URSS avec l'Allemagne. L'URSS le sait mais compte sur Lloyd Georges. Les craintes de ce dernier se révèlent justifiées.
    Sous le contrôle de Lénine, déjà malade, le traité secret de Rapallo est signé pendant cette conférence le 16 avril 1922 entre l'URSS et l'Allemagne.(On lira l'intégralité du traité et ses clauses militaires secrètes dans " wikipedia ")
    Lénine donne à l'avance (un an avant) le 13 juin 1921 dans le discours au 3ème congrès de l'IC, (p 489 tom 32) le pourquoi de cette signature: " La base matérielle du socialisme ne peut être que la grande industrie mécanique, capable de réorganiser l'agriculture elle aussi….. C'est (par exemple°) l'électrification dans tout le pays …. "
    Lénine écrit maintes fois sur ce sujet entre autres dans " Mieux vaut moins mais mieux " (2 mars 1923)(tome 33) " Nous ne sommes pas assez civilisés pour passer au socialisme ". L'URSS a besoin des éléments techniques les plus avancés de l'industrie. Pour les acquérir l'alliance avec l'Allemagne était nécessaire.
    Puis dans le discours lors du 4ème congrès de l'IC (tome 33, Lénine dit que le passage au socialisme n'est possible que sur la base de la grande industrie existante en Europe et aux USA.
    Dans " Lloyd Gorges et le traité de Rapallo " de Francis Conte (revue d'histoire moderne et contemporaine tome 23 n° 1 Janvier 1976 p 44 à 67) il est expliqué que l'URSS milite fortement en 1922 pour un rapprochement avec l'Allemagne, indirectement favorisé par Lloyd Georges. L'URSS a besoin d'une armée puissante avec des moyens modernes. L'auteur rapporte le souci très juste de Trotsky et de Rakovski de renforcer l'Armée rouge et de la tenir toujours prête à intervenir.
    Après octobre 1917, la révolution, dans la tête des bolchéviques, semble devoir s'effectuer désormais essentiellement par les armes, tant la défense du pouvoir bolchévique a aguerri l'armée rouge. C'est tout à fait compréhensible après les attaques violentes des armées blanches de 1918 à 1921, soutenues par la GB, les USA, la France. L'armée rouge est prête à tout…
    Francis Conte ne semble pas connaître le contenu du traité de Rapallo qui pourtant est clairement établi : renonciation réciproque aux réparations de guerre. Collaboration industrielle et militaire. Ouverture en URSS d'écoles, de centres d'entrainements et de fabrication d'armes, de chars avec l'Allemagne… Ceci contrevient au traité de Versailles
    Le traité de Rapallo en avril 22 se situe dans le cadre des concessions annoncées par Lénine avec le capital étranger, entre autres l'Allemagne nationaliste. Lénine ne construit-il pas " la Nation bolchevique dans un seul pays " avec l'aide conjointe de l'industrie allemande et de l'appareil du Komintern ??!


    (4) )Le peuple : paysans, artisans, petites entreprises, commerçants, boutiquiers, ouvriers, artistes en tous genres… Toutes ces classes qui ont fait la Commune de Paris, et dont se réclament encore aujourd'hui bien des peuples combattant la dictature. La Commune de Paris n'a jamais été le fait du seul prolétariat, loin de là.

    5) Le collectivisme agricole et industriel est un mot d'ordre étranger aux peuples

    Les revendications les plus immédiates des peuples qui se soulèvent sont :
    -la terre aux paysans. Organisation, communautaire ou pas, libre. Travaux collectifs libres.
    -les usines aux ouvriers, gérées par les ouvriers
    -éviction des grands propriétaires dans l'agriculture et l'industrie
    -liberté de produire et de vendre
    -protection de la production par l'Etat
    -Prix agricoles garantis pas l'Etat (Inde : le mouvement paysan a obtenu gain de cause après un an de blocage de New Delhi à partir d'octobre 2020….Un mouvement d'ampleur historique que les marxistes ont totalement négligé)°
    -contrôle des prix, blocage des loyers
    -protection des pauvres
    -santé publique pour tous
    -école publique pour garçons et filles

    -indépendance totale des juges professionnels dans des tribunaux publics


    Jamais un seul mot sur le collectivisme !

     

    Repères historiques sur l'effondrement du communisme. 2019

    Le 2 mai 1989, le premier minsitre de la Hongrie : Miklos Németh, réformateur, fait démanteler le grillage barbelé et le système d'alarme électrique qui fermaient la frontière avec l'Autriche depuis 1966. Tout au long de l'été les allemands de l'est quittent leur pays par cet endroit.

    Cela va précipiter la chute du mur de Berlin.

    Le gouvernment hongrois donne ainsi un signal fort à Gorbatchev secrétaire général du PCUS en mars 85..

    En août 89 des allemands de l'est se réfugient à l'ambassade de RFA en Tchékoslovaquie. Pas besoin de visa.

    En RDA on se préparait à célébrer le 40ème anniversaire du pays en ignorant ce qui se passait. Le 30-9-89, la RFA annonce que les réfugiés de RDA ont le droit de venir en RFA. La RDA décide de fermer sa frontière vers la Tchékoslovaquie. La situation devient explosive, l'état d'urgence est pronocé, La ville de Dresde s'enflamme. Voitures de police en feu. Grandes manifs, par ex à Leipzig.

    Honneker, Hanx Modrow, Egon Krenz de la RDA tentent des consultations et la discussion, c'est trop tard. La RFA accepte tout citoyen venu de la RDA.

    ON va vers les premières élections libres en RDA en mars 90. C'est la fin du communisme...

    En URSS: Gorbatchev tente des réformes démocratiques mais garde le rôle dirigeant du PCUS (libération de prisonniers, pluralisme politique, liberté d'expression, nouvelle Assemblée législative qui élit Gorbatchev Président en mars 90..). Il met fin à la guerre avec l'Afghanistan en mai 88.

    Mais les élections de 91 portent à la tête de l'URSS Elsine qui dissout le parti, et dont l'objectif est le capitalisme et la société de consommation qui fait rêver les soviétiques. Coup d'Etat.

    Le culte de la consommation va changer le pays.

    La bureaucratie se transforme immédiatement en bourgeoisie. Et rachète les usines. La liberté ne profite qu'à elle parce qu'elle a de l'argent (prédation du système depuis des années)

    De 90 à 98 : crise sociale aigüe, cartes de rationnement. Crise morale et politique: l'URSS perd son statut de grande puissance.

    Le PCUS disait :" Nous mènerons d'une main de fer l'humanité vers le bonheur" rapporté par Aliekévitch dans "la fin de l'homme rouge".

    Pouvait-on réformer l'URSS ? Grande question.

    2019

     

     

     

    Notre analyse du communisme en 2018

     

    Nous n'avons pas renoncé à l'idée du changement révolutionnaire de la société et des humains. Si cette idée s'est incarnée dans la réalité du communisme, ce fut hélas une tromperie, plus même une escroquerie. Ce ne fut qu'une chappe de plomb terrifiante sur la vie même, sur le changement, sur la pensée, sur l'imaginaire, sur la création et l'art. Ce fut la torture et le goulag, l'élimination des paysans, des poètes, des intellectuels et une exploitation terrible des ouvriers. Un retard social qui engendra le nationalisme nazi...Ce fut "minuit dans le 20ème siècle" et cela continue....

    Nous n'avons de ce fait plus aucune relation sérieuse avec de dits révolutionnaires "marxistes".

    Nous pensons que le communisme ne fut que ce qu'il devait être, et que de ce point de vue Bakounine avait vu juste en disant au 19ème siècle "La dictature du prolétariat ne sera que celle du parti des marxistes". Il fut une dictature partout où il fut proclamé.

    Une précisioin. La réalité du communisme s'est appuyée, à partir de Marx, sur a)la dictature du prolétariat (c'est à dire du Parti), b)le mépris de la paysannerie par Marx, c)La prééminence de l'idéologie sectaire sur les capacités révolutionnaires des masses (telles qu'elles se manifestèrent en Russie), d) le rejet de la démocratie à la base, e) la croyance dans le processus tout puissant de l'industrialisation...

    En raison de cela, le communisme ne fut qu'une dictature. Et ce n'est pas la conséquence d'une "Illusion utopique" comme dit François Furet. Ce n'est que la conséquence de la façon dont hélas Marx voyait la société future. Il en avait une vision dictatoriale... appelée communisme.

    Historiquement la base de la réflexion communiste dans le mouvement ouvier, c'est, même si cela déplait, la recherche de la pureté idéologique excluante, c'est à dire la DIVISION entre les forces qui devraient combattre l'ennemi : la bourgeoisie.. C'est terrible de le dire, mais il faut le dire. Et cela remonte bien à Marx. Celui-ci, de son vivant considérait que seule son analyse théorique et ses objectifs devaient triompher, parce que parés du qualificatif "scientifiques". Il affirmait en quelque sorte le primat de l'idéologie sur le combat concret et unitaire contre l'ennemi. Cette idée a parcouru tout le 20ème siècle et court encore.

    Marx a ainsi considéré qu'il devait détruire Proudhon, en tant que philosophe et en tant qu'économiste. Après avoir profité de lui, et lui avoir pris tous ses contacts, il s'est acharné à détruire son aura après s'être introduit dans les milieux intellectuels et ouvriers anglais grâce à lui. Il écrira ainsi en 1847 le terrible "Misère le la philosophie" en réponse à "la Philosophie de la misère" écrit par Proudhon. C'est un pamphlet effrayant de brutalité qui va déstabiliser Proudhon. Tous les marxistes vont s'en inspirer quant au fond et quant à la méthode : pas de quartier pour celui qui n'est pas dans la ligne du chef, pas d'échange, pas de tolérance, pas d'amitié.... On retrouve cette façon de polémiquer dans toutes les organisations se réclamant du marxisme. C'est la proclamation de la VERITE affirmée contre "l'erreur" et le rejet de celui qui "se trompe" dans les rangs de l'ennemi.. Marx par exemple dit ainsi pour résumer ".... Proudhon n'est pas allé au-delà de l'idéal du petit bourgeois..... Il n'imagine rien de mieux que de nous ramener au compagnon, ou tout au plus au maître artisan du Moyen âge....."

    C'est par la suite que Marx propose en 1864 la création de l'Association Internationale des travailleurs (AIT). Celle-ci après sa fondation va spontanément vers des orientations proudhonniennes ou Bakouniniennes. Les marxistes y sont minoritaires. La stratégie de Marx est d'évincer les orientations qui ne sont pas les siennes, entre autres par un moyen bureaucratique très simple: le lieu des congrès. Les anarchistes sont interdits dans certains pays. C'est le Conseil Général où Marx a la majorité (on passe ici sur cette question) qui décide des lieux des Congrès. C'est principalement de cette façon que les anarchistes se font exclure. Or c'est une orientation essentielle dans le mouvement ouvrier dans certaines régions et certains pays. L'AIT va se détruire d'elle-même, surtout après l'échec de la Commune de Paris qui sera mal capitalisé...

    La 2ème internationale se constituera ensuite sans les anarchistes. Plus d'organisations où le débat serait possible. L'absence de discussion avec les organisations social-démocrates transformera bien souvent les anarchistes en sectaires, et tendra à les exclure des organisations ouvrières, sauf en Russie où ils sont traditionnellement au coeur de la population. C'est pourquoi les bolcheviks viseront à leur élimination physique totale.

    L'histoire du communisme et des communistes se continuera sans fin sur la pratique de la division. Les socialdémocrates sous l'impulsion de Lénine se diviseront, non pas pour être plus forts, mais, sous couvert de la "ligne" pure et dure, pour assurer à un petit groupe le pouvoir, les bolchéviks... Les hommes se diviseront entre eux, s'assassineront, et leur tâche consistera à diviser toutes les organisations et syndicats dans lesquels ils se retrouveront, idem des trotskystes. Division entre eux mais division face au pouvoir de la bourgeoisie avec constance depuis plus de 100 ans.

    L'enjeu ? Prendre le pouvoir avec l'arme de l'idéologie. A qui le pouvoir doit-il appartenir ? Au peuple dans les organsiations que celui-ci se sera données ? Dans des perpectives d'auto-organisation ? Ou est-ce le parti dit d'avant garde qui s'appropriera le pouvoir ?. Ou tel petit groupe qui aura la vérité sur l'autre ?

    Cet enjeu n'a jamais changé. Et a évolué parfois jusqu'au grotesque.

    Nous voulons dire ici un mot des trotskystes qui à moment donné, après l'assassinat de Trotsky surtout, vont représenter l'espoir d'un renouveau de la pensée communiste. Outre les écrits de ce dernier on consultera, le livre "le parti bolchevique", qui représente le mieux ce courant dans les années 60-70 en France par ex. Ce livre tente de justifier la disparition des soviets après octobre 17 en raison des difficultés politiques et économiques, de même pour le parti unique....Il couvre d'insultes les anarchistes. Mais il ouvre, pour l'époque, une perspective de possibles corrections du monde communiste.

    Cet espoir sera immense. Feu de paille. Hélas, les trotskystes sont des bolcheviks. La critique de Staline leur sera facile. Ce sera leur fond de commerce. Ils bâtiront leur audience sur ce thème, et appliqueront à la lettre la ligne de Lénine. Organiser la division face au pouvoir de la bourgeoisie pour garder leurs petits pouvoirs; et être incapables de gérer une bataille unitaire, quand la chance est de leur côté. C'est par exemple le 10 mai 1968, dont nous parlons par ailleurs (dans la rubrique "Extrême gauche"). Tout cela parce qu'ils ont peur que les masses emportent leur "ligne" aux oubliettes pour faire autre chose que le but de cette "ligne": théoriquement la révolution à la sauce bolchévique. Ce dont ils ne veulent finalement pas, car ce sont in fine des conservateurs..

    Sept 2018

     

     

     

    Différents types de sociétés communistes. 2018

    -Révolution chinoise en 1949

    Le grand bond de 59 à 63 fait 30 millions de morts par la famine d'après les historiens chinois.

    Révolution culturelle de 66 à 76

    -Régime communiste avec Ho Chi Minh au Vietnam en 1954

    Défaite des USA à Dien Bien Phu en 1954

    -Révolution sociale à Cuba en 59

    Authentique révolution confisquée par l'URSS qui met au pas Fidel Castro.

    -Révolution sociale en Ethiopie en 74:

    confisquée par l'armée et un régime policier jusqu'en 91: ten tative d'extermination de la paysannerie, famine.

    -Régime communiste au Cambodge en 75:

    Déportation de la population dans les campagnes; famine et régime de terreur. Pol Pot jusqu'en 79

    -Régime communiste au Mozambique en 76 jusqu'en 92

    Après une guerre civile. 900 000 morts

     

     

    Proposition d'une farce au service de ceux qui voudraient bien une révolution sociale sans le concours des masses (trop dangereux): un effondrement du marché boursier pourrait permettre, à un dit parti révolutionnaire, de réaliser le communisme ...?

    Il s'agit de trouver un bon trader qui peut en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, en une nano seconde, grâce à un algorithme, prendre des positions qui font s'effondrer les marchés: soit à Chicago, soit à NY.
    En effet la justice US venait le 21 mai 2015 d'accréditer l'idée que Mr Sarao, de chez lui (en GB), avait provoqué tout seul le chute de la bourse US le 6 mai 2010, le Dow Jones ayant perdu en 20 mn 5%... cela ayant suffi pour que Mr Sarao s'en mette plein les poches, avant d'avoir rétabli la situation...

    La théorie révolutionnaire ne devrait plus chercher à "construire le parti" ( le parti hypothétique...), mais à recruter des traders pour faire chuter les bourses sans redresser la situation pour le compte d'une poignée de dits révolutionnaires qui savent tout......
    Chute des bourses, chute des entreprises, chômage massif sur toute la planète au même moment (application du chaos engendré par le libre échange généralisé, selon Marx). C'est l'effondrement. Les révolutionnaires "qui savent" se saisiraient de la situation, prendraient le pouvoir... ça éviterait que les masses aient le temps de se poser des questions, et le tour serait joué. Il suffirait ensuite d'apprendre aux masses à construire "l'homme nouveau", l'humain homogène qui ne permettrait aucune hétérogénéité... dans une bonne société despotique à outrance....Génial non ? Mais justement, il se trouve qu'une grande partie de la jeunesse ne veut plus ni idéologie, ni partis.... par instinct de survie !

    2018

     

    BOLCHEVISME ET EXTENSION DE LA REVOLUTION

     

    (quelques remarques importantes)
    L'interprétation du bolchévisme par les tenants de la révolution mondiale n'auraient-ils pas fait un contresens historique ? Et ne serions-nous pas en train de faire les frais de ce contresens ?

    N'auraient-ils pas inventé, sous l'effet de la force d'un discours, une théorie dite émancipatrice, dont le contenu se révèlerait aujourd'hui conservateur, porteur de soutien aux pouvoirs dominants depuis le début, créateur de pouvoirs despotiques à tous les niveaux… ?
    A l'inverse, dans la tradition communiste des premières années, puis dans la tradition trostkyste, il a toujours été dit que le bolchévisme portait par définition en lui-même l'extension de la révolution. Le bolchévisme ne se donnait-il pas pour but immédiat d'aider la révolution allemande à éclore, et à se développer ? Ne trouve-t-on pas chez Lénine des quantités d'affirmations en ce sens ? La révolution russe bolchévique n'ouvrait-elle pas la perspective de la révolution mondiale en passant par l'Allemagne ?
    De là est née la puissance du discours visant à maintenir les masses sous la férule du despotisme naissant, et à maintenir les militants organisés, dans un carcan de soumission intellectuelle en vue de cette perspective mirifique capable de balayer le désespoir sur terre.
    Escroquerie intellectuelle ?
    De ce point de vue, à y regarder de près aujourd'hui, il n'y a pas eu, sauf dans l'esprit échauffé des protagonistes, d'un côté les partisans de la révolution mondiale (Lénine et Trotsky) et de l'autre les partisans du socialisme dans un seul pays (Staline). C'est une pure construction intellectuelle idéologique visant à étoffer un combat (ou à donner des arguments) entre des chefs qui voulaient le pouvoir dans la seule union soviétique.
    D'une part Lénine n'a cessé de penser, avant même la prise du pouvoir par les armes, à la façon dont le futur Etat serait façonné et défendu. Ses liens avec les nationalistes allemands précèdent la prise du pouvoir (voir ses relations avec Radek racontées entre autres par Souvarine dans " Staline "). Son alliance avec Ataturk contre le PC turc est prémonitoire de ce qui va se passer avec l'Allemagne. Il faut relire avec attention " le congrès des peuples d'Orient ". Seule compte la défense et la consolidation de l'Etat russe. On fait valoir la guerre civile qui aurait modifié les espoirs de départ. Mais cette guerre civile serait à ré-examiner à la lumière de l'extinction presque immédiate des soviets , et à l'empêchement de les étendre hors des frontières. Il fallait construire des partis communistes intransigeants et sectaires et non pas des soviets. La paix de BrestLitovsk de 1918 ne se faisait-elle pas sur le dos des soviets d'Ukraine, en vue de leur écrasement ?
    D'autre part, le bolchevisme est contradictoire, dans sa conception même, avec l'extension de la révolution ; il s'agit au contraire d'un rétrécissement de l'action révolutionnaire et non d'une ouverture. Que contient-il ?


    *Une lutte à mort pour le Parti unique
    *Une centralisation des décisions vers le seul BP du PCUS contre le pouvoir dans les usines aux travailleurs
    *Une limitation des libertés considérable et la destruction des comités d'usine de février 17
    *Le monopole absolu de l'Etat sur les moyens de l'information : papiers et imprimerie.
    *L'Imposition d'un seul modèle de production ("industriel prolétarien ", étatique, centralisé) nécessitant une police politique féroce.
    *Le refoulement de la créativité des masses au profit de la décision autoritaire venue d'en haut
    *La bolchévisation des soviets et leur transformation en organes administratifs


    Des excuses ont été données à cette orientation : on a parlé de l'encerclement de l'URSS ! Cet encerclement a été d'autant plus important que l'initiative des masses a été stoppée et frappée à mort ;
    On a parlé de la pénurie ; mais celle-ci a été d'autant plus importante que les soviets ont disparu, le communisme de guerre faisant des ravages, reconnu par Lénine lui-même.
    On a parlé ensuite des responsabilités de Zinoviev et Kamenev dans l'échec de la révolution allemande. Mais le flirt avec les nationalistes allemands (décrit dans le livre de Margarette Buber-Neumann) est une décision de Lénine, la conception de la révolution comme " coups de main " et insurrection d'une minorité armée est le fait du parti bolchévique, et ont fait échouer les velléités de la révolution, ont permis d'écraser le prolétariat allemand, et ont attisé le rejet du communisme par la social-démocratie allemande.
    En outre le choix de la grande industrie contre les choix du salariat ouvrier et des producteurs russes, a induit une exploitation éhontée, un coulage sans précédent, un modèle de production qui n'a jamais été le choix des masses.
    Enfin, un point largement oublié des controverses : le bolchévisme a induit également un fonctionnement de parti totalement contraire au fonctionnement des soviets. Les membres du parti bolchévique intégrés dans un soviet ne s'en remettaient aux décisions d'un soviet que si celui-ci votait ce que le parti avait décidé. Jamais un bolkchévik ne s'est plié à la règle du vote démocratique d'un soviet. Il n'obéissait qu'à sa position de parti ; donc aucun soviet ne pouvait fonctionner dans ce cadre- là. C'est bien pourquoi le PCUS en a fini avec les soviets.
    Le fonctionnement du parti bolchévique contredit donc la dynamique du combat autonome des masses.
    Marx avait dit fort justement que les masses feraient la révolution mais pas le parti. Cette affirmation a été totalement contredite en URSS.


    2013 AMC

     

    LE GRAND VIDE POLITIQUE A L' EXTREME GAUCHE SUR NOS QUESTIONS.

    Quels que soient les efforts faits pour faire un bilan, concernant les questions ci-dessus, les différents groupes politiques existants tendent toujours, soit vers l'illusoire gestion du capitalisme, soit vers l'idée que le salut reste dans le communisme. Entre ces deux tendances, un travail de réflexion pourtant intense se développe mais ne donne pas encore lieu à des mouvements importants susceptibles de mettre en cause la "démocratie parlementaire" telle qu'elle fonctionne et d'impulser des "réformes" dès maintenant.

    L'effondrement du communisme en URSS en 1989, et par suite de la partie du marxisme ayant donné lieu à cette perspective, aboutit à un vide durable dans ce qu'on peut appeler l'extrême gauche. Mais bien avant cet effondrement, l'attitude cynique d'alliance des bolchéviks avec les nationalistes allemands dans les années 20, avait donné du crédit à l'idée des socialistes allemands vers un infléchissement possible du capitalisme dans un sens favorable aux salariés. En effet, pour résister à la violence bolchévique, ces derniers ont construit un réformisme qui excluait toute action révolutionnaire.

    Cette idée du réformisme a été acquise dès avant même l'expérience des dites "trente glorieuses" d'après la seconde guerre mondiale. Et les communistes eux-mêmes ont accrédité, dans cette dernière période, la possibilité de gérer le capital, au travers des nationalisations et d'un Etat tout puissant dont la nature de classe devait s'estomper .....

    L'extrême gauche a voulu se construire contre cete dérive, mais sans mettre en cause la politique bolchévique. Cet empêchement à douter de ceux qui étaient censés avoir fait la révolution, alors qu'ils n'avaient fait que l'étouffer, a abouti à un corpus de dogmes propres à conserver le monde en l'état, sans en toucher les fondements. En effet il a fallu cacher le fait que le pouvoir bolchévik a eu une politique de "défense de l'Etat", de son propre Etat, mais jamais une politique d'extension du pouvoir des soviets ouverts à tous, en vue d'une économie de satisfaction des besoins. Jamais.

    L'effondrement lui-même a provoqué:

    -le rejet de la perspective de la révolution sociale comme solution à la barbarie capitaliste, et il est vrai que cette perspective, répétée comme un leitmotiv par certains, est largement sans contenu.

    -la faiblesse de l'analyse de l'évolution du capitalisme: refus de voir la mondialisation comme étant "la stratégie du choc". Ce qui se passe en Europe actuellement est vu comme "une crise" du capitalisme, et non comme une politique délibérée de la direction européenne, pour briser et émietter le salariat ( la situation en Grèce et en Espagne est cependant parlante)

    -le rejet implicite de la perspective des "conseils" (soviets en russe), et de la démocratie à la base. Ignorance des soviets en février 1917, en Ukraine, et dans le monde paysan jusqu'en 1929. Méfiance vis à vis de toute démocratie à la base.

    -le rejet ou l'inattention portée aux questions d'une internationale: incapacité à imaginer une internationale des travailleurs et des peuples opprimés, toutes tendances confondues. On en reste à l'idée que l'internationale ne peut être que communiste.

    -A l'inverse, le "pouvoir des experts" résulte pour partie de l'expérience bolchévique, puisque le pouvoir des bolchéviks a bien été celui des intellectuels marxistes "qui savaient" contre le pouvoir des masses. L'idée de l'incapacité de celles-ci à gérer leurs propres affaires est fortement encrée dans l'esprit de chacun, d'autant que les masses elles-mêmes ont intériorisé l'idée de leur incapacité: confiance absolue dans les responsables, qu'ils soient mandatés ou non.

    Ces conséquences seront durables, bien que des pans entiers de la population et de la jeunesse s'orientent vers des solutions inédites de résistance, de démocratie.... dans des combats régionaux et locaux.

     

    Controverses sur la " révolution " d'octobre

    Du point de vue de ce qui précède, les mots " la révolution d'octobre " relèvent d' une falsification ou un travestissement de langage ( propre au langage du novlangue à la façon d'Orwell). La révolution sociale s'est produite en février 17 et a donné les soviets plus une situation de double pouvoir : soviets et pouvoir parlementaire pro-bourgeois de Kérenski. Double pouvoir dont le processus a été stoppé par la prise militaire du Palais d'hiver par les bolchéviks, la bolchévisation des soviets, sauf ceux des paysans, tâche qui sera dévolue à Staline à partir de 1929. Le traité de Brest Litovsk entre dans le cadre de la bolchévisation par la remise de l'Ukraine à l'Allemagne qui constitue un crime et le début de la guerre civile.


    La consolidation du pouvoir des soviets en Ukraine, l'appel aux soldats allemands pour constituer leurs propres soviets (ce qu'ils ont fait dès le début de 1918), c'est-à-dire la recherche de la désorganisation de l'armée allemande, à l'aide des spartakistes, aurait sans doute été le meilleur moyen de stopper la guerre. C'est un côté inexploré de la recherche historique...


    La dite révolution d'octobre signifie, selon nous, une confiscation de la révolution sociale de février par un coup d'Etat des bolchéviks.
    Mais l'ensemble des problèmes relatifs à la révolution de février 1917 ayant été posés dans le cadre des dogmes des bolchéviks, et ceux-ci s'étant donné l'auréole de la réalisation de la révolution, il n'a jamais été permis d'en discuter sérieusement.

    Une question essentielle est celle du traité de Brest Litovsk voté à une très courte majorité. Les éléments relatifs à ce problème pourront être donnés dans une autre rubrique.

     

    Conclusion : formatage capitaliste, formatage communiste. La grande aliénation du 20ème siècle : la science du discours


    L'engouement des masses pour le communisme a été extraordinaire. Il convient de comprendre pourquoi. Les bolchéviks s'en sont pris aux religions, opium du peuple, en oubliant que Marx disait également d'elles qu'elles exprimaient la grande souffrance du peuple.

    Le formatage des esprits, sur un imaginaire de la révolution russe, a surtout bien marché en Occident, loin de la réalité de la délation, de la terreur, de la famine et du goulag. Il a été peu contesté par la droite, celle-ci y trouvant son compte.
    Les illusions, orchestrées par les PC, ont constitué une force immense capable pendant des années de gommer les effets par exemple du procès Kravchenko en 1949 en France. Bien qu'ayant produit une grande émotion sur le moment, la main- mise du PC sur la conscience ouvrière et populaire, le fera vite oublier, avec le soutien d'ailleurs d'intellectuels renommés.
    Soumission, abandon de tout esprit critique et de la recherche libre, c'est la grande aliénation produite par les communistes pendant plus de 70 ans.

    A cette aliénation, s'ajoute celle propre au capitalisme qui a su mettre à la portée des gens d'autres moyens extraordinaires de soumission, et de liquidation de la pensée critique : l'achat de la paix sociale par les " grands acquis sociaux ", le crédit, la consommation de masse, la télévision, les grandes surfaces , le téléphone portable et de tous les gadgets qui traînent autour, dans une réalité où pourtant l'exploitation est prégnante, terriblement efficace….où les emplois disparaissent, où des guerres dévastatrices ont lieu. Une idée du bonheur marchand sur terre.

    Le discours indiquant qu'il y a eu erreur dans l'application du communisme et que l'on pourrait restituer enfin le vrai visage du communisme, est un discours de paresse intellectuelle. C'est un discours de confort pour qu'en définitive rien ne change.
    C'est le même discours que ceux qui disent " Tentons de réformer le capitalisme puisque le communisme fut une illusion….".

    Dans les deux cas, c'est une façon de différer la discussion libre sur les fondements du communisme, et d'éloigner la question de la résolution des vrais problèmes entre autres de la démocratie à la base, et la définition des besoins humains aujourd'hui.


    Mais le pire est de sous-entendre que si le " vrai " communisme n'était plus possible, alors plus rien ne serait possible. C'est une vraie science du discours et une autre forme d'idéologie, celle du verrouillage obligé des perspectives.

     

    De façon urgente, il faut restituer une " association internationale des travailleurs et des peuples " contre les méfaits de la société marchande, pour une société dont le but sera de satisfaire les besoins humains à l'aide d'assemblées ou conseils populaires, dont les membres seront révocables à tous moments, dans la plus grande diversité. Seules ces assemblées ou conseils décideront que produire, comment produire, pour qui produire. Les partis politiques existeront sauf un parti d'avant-garde qu'il faudra pourchasser !

    On peut créer des comités pour la renaissance d'une telle association internationale. Il faut en finir avec l'idée d'une internationale qui ne serait que communiste et qui d'ailleurs a été anéantie par les communistes.

     

    mai 2013


     

    UNE EXPLOSION SOCIALE PREVISIBLE EN CHINE ?

    (Le Monde du 20-11-13, ainsi que le film "A Touch of Sin)

    Les réformes économiques se font toujours plus en faveur d'une classe et d'une caste de privilégiés, étroitement imbriquées. Une répression politique toujours plus grande y est associée tant la peur est grande dans les plus hautes sphères.

    La corruption est si importante que les plus hautes instances du pouvoir ressemblent à s'y méprendre à la classe aristocratique d'avant la révolution de 1949, qui abusait du peuple, des paysans, des femmes, comme bon lui semblait (cf le film "A Touch of Sin").

    Les pires défauts de la société hautement industrialisée se cumulent, sans aucun contre-pouvoir: exploitation à outrance, productivité du travail destructrice, répression violente, pollution dévastatrice, refus de tout contrôle et de toute critique, prostitution organisée des femmes au profit du parti, fortune insolente des dirigeants face à la misère des petites gens même si une classe moyenne a émergé pour maintenir la paix sociale....Tous les éléments sociaux sont réunis pour qu'il soit envisageable d'imaginer une explosion sociale proche....

    2013

     

    L'URSS et la révolution allemande.

    (le point de vue de la défense de l'Etat n'a rien à voir avec celui de la lutte des classes).

    Le livre de Margarette Buber-Neumann, pourtant sorti en 1971, sur l'histoire du Komintern, a subi le même sort que celui de Kravchenko sur l'URSS "J'ai choisi la liberté" , sorti en 1947. Ces deux livres comme le Staline de Souvarine (où Souvarine est hésitant quant à ce qu'il pense de Lénine) ont été savamment oubliés, pas seulement par les "marxistes officiels" des PC, mais par les trotskystes et tous les marxistes dissidents. En vue de protéger le léninisme. Evidemment, ce ne sont pas les historiens pro-capitalistes qui allaient faire de la publicité pour ces livres. Mieux valait laisser les salariés à leurs illusions.

    Le livre cité met en lumière les réalités suivantes:

    -Le PCUS a protégé l'URSS en tant qu'Etat, et non en tant que République de soviets libres et démocratiques, c'est à dire en tant qu'appareil du pouvoir au service d'une poignée d'intellectuels, se disant représenter le prolétariat et porter ses souhaits (certains avaient vu clairement ce que signifiait cette perspective, comme par ex l'anarchiste B qui s'est opposé à Marx dans l'AIT au 19ème siècle).

    -De ce fait l'URSS en tant qu'Etat a entendu de suite protéger ses arrières, à la fois contre le prolétariat international en inféodant autoritairement tous les PC au PCUS, au travers de l'Internatioanle communiste IC (dont les 4 premiers congrès sont vénérés par les trotskystes), et contre des agressions possibles des Etats capitalistes.

    -Pour ce faire, selon Buber-Neumann, la révolution allemande a été objectivement sabordée par la direction du PCUS et de l'IC (Le Komintern), qui voulait faire des communistes allemands des sujets soumis au PCUS, et de l'Allemagne une région industrielle annexée à l'URSS. L'opposition communiste allemande a fait échouer cette vision des choses à ses dépens, et, les USA, conscients de ce qui était en train de se passer, à l'aide de Keynes (son analyse du traité de Versailles), ont proposé le plan DAWES pour permettre à l'Allemagne de se redresser avec l'aide du SPD dans la République de Weimar. Le PCUS a fait jouer à la socialdémocratie ce rôle historique, apparemment contre-révolutionnaire, puisque opposé à l'URSS, puis franchement contre-révolutionnaire, puisque le SPD a dû s'opposer frontalement aux ouvriers, et a donc finalement choisi son camp....même si les nazis en ont poursuivi les membres.

    -Devant l'échec de cette stratégie, le PCUS, craignant l'encerclement de l'ENTENTE, a toujours cherché secrètement l'alliance avec les nationalistes allemands, c'est à dire les nationaux-socialistes antisémites, jusqu'à les soutenir dans leur vélleité de redressement national contre la France et la GB (cf quelques traités oubliés dont le traité de Rapalo...). les nationalistes ont joué le jeu, craignant par dessus tout l'impérialisme français et de la GB. L'occupation de la Ruhr a été vécue comme la pire des humiliations.

    -Cette stratégie a été inspirée de Lénine (recherche du soutien de l'Allemagne pour la traversée de l'Europe en 1917, pour quelques dizaines de bolchéviks, par l'intermédiaire de l'affeux émissaire Radek. Episode du train blindé). Lénine préférait à l'avance s'allier à l'Allemagne contre l'Entente, soit en cas de victoire de ce pays, soit en cas de défaite...Cela éclaire d'un jour nouveau la paix de Brest Litovsk de 1918.

    -Dans une perspective violemment anti-soviets, et nationaliste, l'URSS aurait favorisé la montée du national socialisme. La phase finale est le traité germano-soviétique, dont les raisons ne font plus mystère. Mais là, Hitler s'est montré plus fin politique que Staline.

    (Livre à lire et à discuter)

    novembre 2012

     

    REVOLUTION ALLEMANDE de 1918 dans le cadre de l'existence de l'URSS: points de repères

    (§ à travailler)

    -Le 4-8-1914 : création du mouvement spartakiste en Allemagne
    Fin 1916 : mouvements de plus en plus importants contre la guerre en Allemagne


    - le 2-12-1917 , les bolchéviks au pouvoir s'empressent de signer l'armistice avec l'Allemagne. Selon Souvarine, dans son livre "Staline " et Buber-Neumann, il s'agirait vraisemblablement de soulager le front Est de l'Allemagne, afin que cette dernière porte des efforts accrus contre la France. Le discours officiel s'appuie sur la haine légitime de la guerre pour clamer " A bas la guerre ".
    Lénine a déjà de forts liens avec les nationalistes allemands : ébauche d'alliance en vue de défendre le futur Etat russe, et de protéger l'Allemagne contre l'impérialisme français.
    A l'évidence les bolchéviks ignorent largement les spartakistes. Ou veulent en faire un groupe inféodé.


    6-1-1918 : réunion et dissolution de la Constituante en URSS, ce qui en dit long sur ce que veulent faire les bolchéviks.


    -Le 3 mars 1918, la paix de Brest Litovsk est signée à l'arrachée. Une attitude internationaliste eût voulu que les bolchéviks s'adressent à la population allemande, dont une grande majorité aurait été réceptive à la fin de la guerre. Les bolchéviks se débarrassent de l'Ukraine anarchiste et la livre à la police allemande, au risque de famine en Russie.
    Boukharine voit dans la signature de cette paix la préface à une coexistence pacifique qui aboutira à la dégénérescence de la révolution… C'est l'affirmation inverse de Lénine sur la certitude de la révolution en Europe qui vaincra ses extrêmes réserves (p 118 le Parti Bolchévique de Broué)

    -le 27-8-18, l'accord sur les clauses de la fin de la guerre, entre l'URSS et l'Allemagne, saigne l'URSS, et se présente objectivement comme un gage de bonne volonté ou de non-agression vis-à-vis de l'Allemagne, contre la population russe.. dans le même temps aussi où l'URSS a besoin de son armée pour lutter aux frontières sud contre ses ennemis… situation compliquée où le parti bolchévique s'est isolé dans cette lutte, en perdant l'appui des menchéviks et des SR par la dissolution de la Constituante. Les ennemis sont internes et externes. Voie vers la suppression de toutes les libertés.


    -Le 1-10-18 : Première conférence nationale des spartakistes (voir avec plus de précision ce qu'il s'y dit)
    Toute cette année 1918, les bolchéviks font comme si rien ne se passait en Allemagne, alors qu'ils annoncent l'inéluctabilité de la révolution en Europe


    -Le 28-10-1918, le Reich est renversé en Allemagne pour faire place à la démocratie parlementaire. Insurrection des soldats et marins contre la guerre, qui s'étend aux bassins industriels. Création de conseils ouvriers et de soldats sur le mode russe.
    Décalage total entre ces derniers évènements et ce qui se passe en URSS où les soviets sont quasiment sous contrôle bolchévique, et où le premier souci du parti bolchévique est la défense de l'URSS.


    -Le 9-11-1918, la République est proclamée en Allemagne. Un gouvernement appelé Conseil des commissaires du peuple composé de socialistes de droite et de gauche où se trouvent des spartakistes, approuvé par un conseil ouvrier de Berlin, est récusé par les spartakistes, qui signent ainsi leur arrêt de mort et l'effilochement de la révolution par leur faute.
    Explication possible : les spartakistes sont persuadés que l'URSS va les aider, qu'ils peuvent se permettre d'être sans compromis, n'ont pas compris la différence entre un Conseil ouvrier et un parti, n'ont visiblement pas conscience que la population allemande, blessée par la défaite en cours, est très nationaliste y compris une grande partie des ouvriers, et n'est pas majoritairement communiste, exactement comme en Russie de 1917. Ils ont l'illusion qu'ils peuvent gagner la majorité dans un conseil des commissaires, ce qui est faux. En fait ils sont ignorants sur la façon dont les bolchéviks, minoritaires, ont pris le pouvoir. Leur récusation de ce gouvernement fait peur ..

    -11-11-1918 : armistice et fin de la guerre

    -les 16 au 20-12 1918, au congrès des conseils d'ouvriers et de soldats en Allemagne, la droite socialiste obtient la majorité, et va vers une assemblée nationale. Les spartakistes se privent de contribuer à renforcer les conseils parce qu'ils ont en vue le combat pour devenir majoritaires, et ils produisent finalement la méfiance contre les conseils.
    Il y a en plus malentendu entre les bolchéviks et les spartakistes, et ignorance de ces derniers sur ce qui s'est réellement passé en URSS.
    Les spartakistes se séparent du SPD et fondent le KPD, parti communiste qui va se marginaliser et verra l'assassinat le 15-1-1919 de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht par les Freikops (paramilitaires)

    -Dans l'Assemblée constituante élue le 19-1-1919, 45% des voix vont au SPD. C'est la République de Weimar. Une République des conseils se constitue à Munich en Bavière mais sera écrasée par l'armée régulière et les Freikops, sortes milices d'extrême droite nationalistes).

    Le KPD s'étiole. C'est sur la base de ce qui précède que les bolchéviks vont s'accaparer ce parti et le mener à la défaite de 1919 à 1933.

    janvier 2013

     

     

    REVOLUTION SOCIALE OU INSURRECTION ARMEE ? 2012

    Nous avons déjà dit quelques mots sur la différence entre ces deux phrases dans les pages qui suivent. Nous reportons le lecteur à la définition d'une révolution sociale ci-après.


    Notre objet ici est de montrer que les bolchéviks ont transformé la notion de révolution sociale en une insurrection armée, en raison de leur décision de prendre le pouvoir par les armes en octobre 1917 dans une Russie irriguée de soviets issus de la révolution sociale de février, dont ils ne voulaient pas. Celle-là a été appelée la " révolution d'octobre ".

    Leur grand souci a été d'éliminer les soviets au plus vite en les transformant en rouages administratifs soumis au Parti. Il leur a fallu quelques années pour ce faire, mais ils y sont arrivés


    Cette distinction, entre révolution sociale et une insurrection armée, a été faite depuis de nombreuses années par un certain nombre d'historiens. Mais ce qui n'a pas été analysé, c'est la conception de la révolution qui s'en est suivie. A partir d'octobre 1917, les bolchéviks, comme les marxistes en général, ont toujours pensé la révolution en termes d'insurrection armée, fondée plus ou moins sur un mouvement populaire, avec à sa tête le fameux parti dit révolutionnaire, minoritaire mais porteur de la vérité scientifique, donc " l'avant-garde ", pour établir un régime de type soviétique. Mais les termes employés pour désigner cette insurrection sont demeurés les mêmes : la révolution sociale. Ainsi les marxistes ont toujours joué sur les deux tableaux en nous abusant sur les mots.
    Cette supercherie politique et idéologique a eu des conséquences importantes.

    En effet il se peut qu'une République authentique des soviets ne se soit jamais prononcé pour un socialisme de parti unique ! Le parti unique par définition devait en finir avec les soviets, puisque les soviets éaient l'expression de l'ensemble du peuple russe, dans toutes ses composantes; et que les votes se faisaient à la majorité, sans contrôle d'un parti.

    Les soviets auraient pu coexister pendant longtemps avec plusieurs partis, un parlement, un gouvernement qui aurait été mandaté par les soviets et le parlement.... Situation difficile peut-être selon notre conception de la centralisation, mais éminemment intéressante pour l'expression des besoins réels de la population. Double pouvoir peut-être, mais pourquoi pas ?


    Quand Lénine expliquait, après octobre 1917, que l'URSS périrait si l'Allemagne ne faisait pas sa révolution sociale de type bolchévique, il entendait en fait que le parti communiste allemand, ou l'internationale communiste (IC) aux ordres du PCUS, devait organiser l'insurrection armée avec des ouvriers et des soldats déterminés en Allemagne, aidés de l'appareil de l'IC, en vue de changer le régime social de l'Allemagne..... dans la perspective de protéger l'URSS. Il n'entendait nullement un soulèvement populaire qui généraliserait l'équivalent des soviets en Allemagne, et un pouvoir de type authentiquement soviétique qui........aurait pu isoler les bolchéviks.

    Derrière le discours, il faut voir les intentions et la réalité.


    Cet objectif se doublait d'un autre. Depuis longtemps, déjà pendant la guerre (voir " Staline " de Souvarine) Lénine pensait que le nationalisme allemand constituait le meilleur barrage contre l'impérialisme anglais et français. Si ce nationalisme était contenu, dirigé, modelé, par un parti communiste allemand prosoviétique visant à construire une Allemagne industrielle forte, le bénéfice serait total pour l'URSS : une Allemagne industrielle qui serait la locomotive du communisme soviétique, et qui ferait face aux dangers de l'ouest de l'Europe. Radek s'emploiera, au nom de l'IC, à convaincre les nationalistes allemands dans cette optique, en participant à leurs meetings. Sauf que ces nationalistes n'étaient pas précisément de gauche !!


    Cette vision n'était pas celle de Rosa Luxembourg, qui, dès 1918, sans comprendre les visées de Lénine, sentait que le Parti que Lénine voulait construire en Allemagne était contraire à la démocratie ouvrière. La " révolution ", tiraillée et manipulée par des objectifs contradictoires, échoue fin 1918 et Rosa Luxembourg est assassinée le 15-1-1919 avec Karl Liebknecht. Assassinés par l'extrême droite officiellement. Mais qui y avait-il derrière ? Qui oserait encore aujourd'hui poser cette question à part nous ??


    Le PCUS et l'IC, dominée par ce dernier, poursuivront l'objectif de Lénine, et construiront un appareil public de l'IC à l'usage des PC occidentaux, et un appareil secret à usage strictement allemand, visant cette fameuse insurrection armée avec le consentement et l'appui des nationalistes allemands qui voulaient leur revanche. La protection de l'URSS est à ce prix (voir Margarete buber-Neumann. La révolution mondiale ou l'histoire du Komintern de 1919 à 1943). On est loin de l'idée de l'extension de la révolution sociale en Europe et ailleurs. On peut même considérer que l'IC n'a pas cet objectif. Le meilleur défenseur de cette ligne après Lénine sera Staline.


    La compréhension totale de cette stratégie tragique et la découverte du mensonge des mots (voir le " dévoiement du sens des mots " dans la rubrique " le Monde d'Orwell ") conduit à penser que le seul objectif des apparatchiks bolchéviques était le pouvoir sans partage en URSS d'une petite oligarchie qui a cru très certainement que l'URSS pourrait devenir une grande nation industrielle supérieure aux nations capitalistes existantes, à l'aide de la " science marxiste " revisitée par un " Frankenstein " bolchévique.


    Il s'agit évidemment d'une tromperie majeure qui a empoisonné le monde ouvrier du 20ème siècle et l'avenir des sociétés occidentales et du Tiers monde. Une tromperie qui a tué L'IDEE, ce à quoi le gouvernement de Thiers n'était pas parvenu en écrasant la Commune de Paris en 1871.


    Tout cela pour aboutir à quoi ? Protéger, in fine, le monde industriel capitaliste.


    Mai 2012 AMC

     

     

     

    Ce que fut le communisme dans le monde

    Pas un pays n'échappe à la réalité de ce que fut le communisme réellement, ou le socialismùe, qu'il s'agisse de l'URSS, de la Chine, de Cuba, de la Corée du nord, du Vietnam, du Cambodge de Pol Pot, du Mozambique, de l'Ethiopien, du Mali, de l'Algérie.....Destruction de tout ce qui ressemble à des soviets, Parti unique, terrorisme d'Etat contre les citoyens, camps de travail et de famine, système judiciaire à la botte d'un Etat despotique, prisons secrètes, délation massive, gaspillage, irrespect des croyances religieuses, irrespect des cultures régionales, mépris des peuples dits archaïques, mépris et haine vis à vis des paysans, industrialisation délirante, intrusion dans la vie personnelle, interdiction de la liberté de la presse et de la création artistique, pollution de tous les cours d'eau et de la mer, destruction de l'artisanat et des cultures vivrières.... Toutes les tares du capitalisme avec en prime le fait d'oser l'affrontement avec toute liberté individuelle et de création....Aucun pays dit communiste n'a résité à ce système

    Tous les pays despotiques se réclamant de l'Islam imitent gaiement ce modèle: l'Iran, la Syrie, la Lybie....., modèle qui a prouvé son efficacité pour esclavagiser et casser les peuples.

    Nous n'avons rien vu d'autre. Si les textes, si la pensée marxiste, avaient ouvert sur autre chose, alors pourquoi donc n'en avons nous jamais connu les prémisses ? A cela personne ne répond. Nombreux sont ceux qui disent "ce que nous avons vu du "communisme" était une tromperie ! On voudrait bien les croire, mais quelles preuves nous donnent-ils de leurs affirmations ?? Sur quoi s'appuient-ils pour nous dire que le communisme est autre chose ? Au fait ce serait quoi le communisme ?

    Kravchenko dans "J'ai choisi la liberté" de 1947, nous a donné un premier témoignage terrifiant du communisme, confirmé par la suite par de multiples écrits.

    Le dissident chinois, Ai Wai Wai, en 2011, après 81 jours de détention, nous donne la même image du communisme, inchangée après plus de 60 ans. Il confirme que les dictateurs peuvent faire de vous ce qu'ils veulent, car ils sont corrompus, avides de pouvoir, la théorie n'étant là que vous tenter d'accréditer leur bon droit à disposer de vous...

    1-9-11

     

     

    Conseils ouvriers, Echanges de points de vues en 2010

    (correspondre à l'aide de infos@marx21siecle.com, )

    Brienne et moi, Michel Peyret, avons pensé utile d'ouvrir un débat le plus large possible à ce sujet à partir de la note ci-dessous, débat dans lequel nous prendrons notre place.
    Merci de faire parvenir vos interventions, opinions, contributions, autres textes à l'adresse ci-dessous :
    Les Conseils ouvriers?
    Pour demain aussi ?

    Pourquoi?

    Donnez votre opinion.

    Note ci-dessous largement inspirée de Wikipédia,

    Les conseils ouvriers, ou conseils de travailleurs,[1] sont des assemblées d'ouvriers fonctionnant selon les principes de la démocratie directe, et s'organisant en pouvoir insurrectionnel.

    Histoire
    Les premiers conseils ouvriers (ou soviets) apparaissent en Russie au cours de la révolution de 1905, mais leur origine remonte au vétché[2], un terme qui est synonyme de soviet dans l'ancien russe, et qui « correspondait à une sorte de diète, organe principal de la puissance politique de la cité »[3].

    En février 1917, la reformation des soviets aboutit au renversement du régime tsariste. Mais les soviets n’exerceront jamais réellement le pouvoir : de février à octobre 1917, le pouvoir est détenu par un « gouvernement provisoire » dirigé par Kerensky. Le mot d'ordre défendu par les bolcheviks est alors : « Tout le pouvoir aux soviets ! ». À partir d'octobre 1917, le pouvoir est détenu par des « commissaires du peuple » dirigés par Lénine.

    Les conseils ouvriers apparaissent aussi en Allemagne en novembre 1918. Ils obligent l'armée à signer un armistice avec la France. Les conseils ouvriers d'Allemagne sont battus en janvier puis en mars 1919 (voir aussi : révolution allemande). Ils apparaissent au même moment en Alsace, Hongrie (lors de l'épisode de la République des conseils de Hongrie) et en Italie en 1920. A chaque fois, ces insurrections prolétariennes ne durent que quelques semaines ou quelques mois et sont rapidement anéantis. En 1921, les marins de Kronstadt se révoltent contre le pouvoir bolchevik pour défendre celui des soviets : ils seront écrasés par la répression.

    On voit plus tard réapparaître des conseils ouvriers en Hongrie en 1956 (contre le pouvoir stalinien de la République populaire de Hongrie, lors de l'insurrection de Budapest), en France en mai 1968, ainsi qu'à nouveau en Italie en 1969.

    À partir de 1968, le terme de conseils ouvriers commence à être remplacé par celui d' assemblées ouvrières, puis d' Assemblées Générales. A partir de 1973, on parle en Italie d' assemblées autonomes, dans le sens où ces assemblées ne sont pas contrôlées par les syndicats. Les assemblées autonomes subsistent en Italie jusqu'en 1979 : elles regroupent toutes sortes de travailleurs, mais aussi des chômeurs et des étudiants.

    En France, c'est le terme de coordinations qui est utilisée en 1986 pour désigner les assemblées de cheminots et d'infirmières en grève. Mais contrairement aux conseils ouvriers du début du siècle, ces assemblées de travailleurs ne prennent pas une forme insurrectionnelle. L'Assemblée Générale est seulement considérée comme une forme d'organisation. Il en est de même pour les assemblées de grévistes qui se sont constituées en 1995. Parfois contrôlées par les syndicats, ces assemblées se sont limitées à un cadre purement revendicatif.

    Fonctionnement
    Les conseils ouvriers fonctionnent selon les principes de la démocratie directe. Ils rassemblent l'ensemble des travailleurs dans des assemblées de base. Les élus de ces assemblées sont mandatés, doivent rendre compte de leurs activités devant l'assemblée, et sont révocables à tout moment par l'assemblée.

    Le conseillisme
    Article détaillé : Communisme de conseils.

    Les conseillistes sont ceux qui prônent le pouvoir des conseils ouvriers. Il s’agit en premier lieu des communistes de conseils, parfois désignés aussi comme « conseillistes » : courant d'extrême gauche, ses théoriciens les plus connus sont Anton Pannekoek et Paul Mattick (ce courant se revendique aussi parfois de Rosa Luxemburg). On peut également citer le luxembourgisme, qui défend la démocratie des conseils. Dans cette lignée, les situationnistes ont également milité pour le pouvoir des conseils de travailleurs.

    Des anarchistes comme Gustav Landauer et Erich Mühsam, qui ont l'un et l'autre participé à la République des conseils de Munich en 1919, se sont aussi déclarés partisans des conseils ouvriers.

    Hannah Arendt a aussi défendu le conseillisme, notamment dans son Essai sur la révolution, avec une nuance toutefois : elle prône toute forme de conseils constitués spontanément, et non spécifiquement des conseils ouvriers. Elle a parlé de « ces conseils révolutionnaires - conseils d’ouvriers et de soldats - qui depuis plus d’un siècle apparaissent avec une parfaite régularité dans le champ d’action de l’histoire, dès que le peuple dispose pour quelques jours, pour quelques semaines ou quelques mois, de la chance de suivre son propre entendement politique sans être mis en laisse par un parti ou sans être mené par un gouvernement. »

    Discussion:

     

    De Jean-François Autier et Michel Peyret

    8 avril 2010

    NOUS SOMMES LE PEUPLE !

    COMITÉS DE L’ESPOIR ET DU CHANGEMENT

    Parce qu'ils ne tiennent aucun compte de nos votes, que nous ayons refusé de nous inscrire sur les listes électorales ou que nous nous soyons abstenus, nous sommes la majorité absolue du peuple de France.

    « La souveraineté nationale appartient au peuple », proclame la Constitution de la République française. En osant faire un coup d'État contre le vote de la majorité absolue des Françaises et des Français du 29 mai 2005, les « élites » qui nous gouvernent se sont disqualifiées. Comme sont disqualifiés les managers de tous poils, responsables de cette crise du capitalisme qui leur permet de rendre les riches encore plus riches, en plongeant toujours plus les peuples dans les guerres et la misère.

    Mais notre refus de participer à leur simulacre de démocratie, notre rejet de tout le système ne suffisent pas : ils osent prétendre que nous nous désintéressons de l'avenir du pays. Mais le pays, c’est nous !

    A l'instar de ceux qui nous ont précédés, que ce soit en 1789 avec les cahiers de doléances, les états généraux et la Révolution française, ou en 1871 avec la Commune de Paris, premier état prolétarien au monde, ou encore à la Libération avec le Conseil national de la Résistance et ses avancées sociales aujourd'hui en voie de disparition, il est maintenant indispensable que nous nous organisions.

    « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. », proclame l'article 35 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1793.

    Dans les entreprises, les cités, les quartiers, les villages, avec toutes celles et ceux qui voudront y participer, recensons ce qui ne peut plus durer, ce dont nous ne voulons plus ; ébauchons la société française dans laquelle nous voulons vivre ; et pour la nommer et la réaliser ensemble, créons nos comités, désignons des représentants révocables :
    assez de pillages et de misères, assez de jeunesses sacrifiées, les richesses produites par le peuple doivent revenir au peuple !

    Ce texte est à chacun de celles et ceux qui s’y reconnaîtront, le signeront, le feront signer, le feront circuler ; il n’appartient à personne (individu ou organisation) en particulier. Il en est de même des comités qui pourront se créer.

    jean-francois.autier@wanadoo.fr & michel.peyret@gmail.com

     

     

    INTERPELLE PAR CE CRI, UN CAMARADE NOUS A ECRIT:


    Naturellement, mon but n'est pas de contester la validité des démarches militantes d'où qu'elles viennent, et surtout je ne veux froisser personne. Bien au contraire. Simplement, je voulais vous faire de la part de désespérance qui me touche à voir de toutes origines des initiatives sans doute légitimes et judicieuses mais qui ne sont pas coordonnées et donc perdent en efficacité.

    Depuis une dizaine d'années se décompose le parti auquel j'ai appartenu pendant plus de 30 ans. Cette décomposition coïncide avec les reculs sociaux qui nous touchent de plein fouet.
    La démonstration est donc faite que l'absence d'un véritable parti des travailleurs laisse la voie grande ouverte au capital, et il ne se prive pas de casser le social!

    Naturellement, je ne prône pas l'avènement d'un grand timonier qui pourrait rassembler tous les communistes en rupture de PCF (où qui y adhèrent encore). Simplement, j'entretenais, jusque là, un espoir de voir se regrouper les militants organisés dans divers groupes et coordinations en une association nationale dûment identifiée avec un président des secrétaires un trésorier (selon le principe répandue de l'association loi de 1901). Association déclinée dans les départements et les localités ayant, de fait, des moyens financiers plus importants jusqu'à présenter, dans des secteurs ciblés dans un premier temps, des candidats à certaines élections.

    A un moment, j'avais cru comprendre que l'on travaillait à l'organisation d'assises du communisme sans doute tombées aux oubliettes...J'avais cru comprendre qu'il était possible de dépasser certains désaccords qu'entretiennent parfois entre eux des camarades, à l'égo surdimensionné et voulant ne surtout perdre leurs zones d'influence...
    Je constate que malheureusement rien ne se passe comme j'aurai pu l'espérer.
    Je me dis, la plupart des animateurs des différents groupes s'approchent de la retraite (ou y sont déjà) ce qui n'est pas en soi un handicap si par ailleurs le jeunesse est prête pour la relève, mais est-ce vraiment le cas !
    Je me dis...Je me dis...

    Bien sûr, je ne devrais pas faire part de mon "désespoir" tant celui-ci peut être contagieux comme disait Paul Eluard à Madeleine Riffaud sous l'Occupation.
    Mais il faut bien que je m'explique.
    Pour autant, je continue de trimbaler mes idées et mes coups de gueule, dans ma boite, au syndicat CGT auquel j'adhère, dans mon entourage familial, professionnel ou autre.
    Je participe (quand je peux, ce qui est rare) aux réunions "Rouges vifs" ou du PRCF; j'anime un blog... enfin voilà...
    Mes sincères amitiés,

    La lutte continue !

     

    REPONSE DE JEAN-FRANCOIS AUTIER

    Bonjour,

    Pour l'avoir vécue, pour la rencontrer très souvent chez nos camarades, je crois que je comprends ta désespérance. Et, si j'en crois mon expérience vécue, il me semble que nous ne sommes pas à égalité face à cette désespérance : chacun de nous, parce qu'il est singulier, y fait face comme il peu ; en témoignent tous celles et ceux qui ont complètement disparu depuis qu'ils ont quitté le PCF dans lequel ils ne se reconnaissaient plus.

    Au risque de paraître pédant, ce constat, pour être compréhensible, me semble devoir être inséré dans la crise globale du capitalisme que nous vivons : le moment où les contradictions permettant l'existence d'une réalité contradictoire (la société capitaliste, donc pas seulement le système d'exploitation, mais aussi les institutions et les institutionnels [y compris partis, syndicats, etc.] structurant son existence, et les individus qui la composent) se sont développées de manière telle qu'elles ne peuvent plus rester ce qu'elles sont, qu'elles ne peuvent plus redevenir ce qu'elles étaient, qu'elles exigent un nouvel équilibre, donc une nouvelle réalité contradictoire.
    Autrement dit, ce que tu nommes désespérance me semble être l'expression que les contradictions avec lesquelles tu t'es battu jusque-là se sont développées de telle manière, qu'elles appellent un changement qualitatif de l'individu combattant.

    Sortir de la désespérance me semble passer par une démarche personnelle s'articulant sur au moins 2 piliers fondamentaux :
    - d'une part, une réflexion critique sur toutes les tentatives connues pour en finir avec le capitalisme, que ce soit nos pratiques françaises (nous qui étions en stand-by depuis Yalta), que sur celles d'autres peuples, en n'occultant pas l'échec de l'URSS et ce qui a permis le stalinisme ;
    - d'autre part un retour aux sources, notamment un retour à Marx ne le trahissant plus, ce qui implique d'en finir avec un certain nombre de conceptions antimarxistes, par exemple notre concept étroit de classe ouvrière, ou encore le virage pris par Lénine et Trotsky à Kronstadt et qui a ouvert la voie au stalinisme.

    Sommes-nous prêts à ce travail ? Les organisations ouvrières qui ont accompagné le développement du capitalisme y sont-elles prêtes ?
    Ne sommes-nous pas plutôt disposés à un raidissement, tentés par un illusoire retour en arrière ?
    Sommes-nous prêts à critiquer (pour nous et les générations montantes) nos errements, la façon dont nous nous sommes fourvoyés dans cet accompagnement du capitalisme en expansion, par exemple, fin des années 60, la CGT abandonnant l'abolition du salariat et du patronat ?
    Bien évidemment, cet abandon syndical a ses équivalents politiques...

    Comme le capitalisme, les organisations de lutte du mouvement ouvrier sont elles aussi en crise : ce qu'elles sont devenues ne permet pas de trouver une réponse à la crise du capitalisme. Pour cela, le peuple de France a besoin de nouveaux outils.
    Or, globalement, les recherches pour créer ce nouvel outil copient l'essentiel de l'outil d'hier en fin de vie : au plan politique, la prise du pouvoir et son exercice à la place du peuple auquel la nouvelle organisation révolutionnaire va apporter la conscience, et au plan économique, les nationalisations.
    Pouvoir du peuple ? Appropriation sociale ? Connais pas. Si l'on voit bien la continuité, on cherche désespérément la rupture.
    Autrement dit, ces recherches se concentrent dans la poursuite de ce qui a fait faillite ! Marxiste cette démarche ?

    Comment expliquer, alors que la défaillance des organisations ouvrières est patente, alors qu'en face, le capitalisme maîtrise les moyens d'intoxication idéologiques comme jamais auparavant, comment expliquer que 72 % des Françaises et des Français jugent négativement le capitalisme (octobre 2009, ils n'étaient que 65 % en 2005) ? Comment expliquer que la majorité absolue du peuple de France rejette le simulacre de démocratie électorale alors même que les organisations ouvrières appellent à y participer ? Comment expliquer qu'aucun parti politique, à ma connaissance, n'ait appelé "coup d'État" le viol de la souveraineté du peuple de France démocratiquement exprimée le 29 mai 2005 ? Comment expliquer que toutes les formations politiques se réclamant du mouvement ouvrier et qui en avaient les moyens, aient participé à l'élection européenne qui entérinait le coup d'État ?

    Le divorce, entre le peuple de France et les organisations du mouvement ouvrier qui ont accompagné le capitalisme dans son développement, est patent. Ce n'est pas de ces organisations que vient la lumière, mais c'est du peuple lui-même qu'elle émane ! Tout simplement parce que c'est du mouvement de la réalité que naissent les idées...

    Sommes-nous prêts à ce constat, prêts à ce qu'il implique de démarche nouvelle, de confiance dans le peuple exerçant lui-même le pouvoir ?
    Au moment même où les forces productives matérielles et humaines ont atteint un niveau de productivité tel qu'elles sont capables de produire pour que chacun ait selon ses besoins, permettant enfin de passer au communisme, sommes-nous prêts au communisme ?
    Sommes-nous prêts à passer de l'administration des hommes à l'administration des choses ?

    Dans la France d'aujourd'hui, où 92 % de la population active est salariée, une conception marxiste n'oblige-t-elle pas à considérer que 90 % au moins s'activent à la réalisation de la plus-value d'une manière ou d'une autre, et à le prendre en compte ? La réalisation de la plus-value, on oublie trop souvent que c'est la seule chose qui compte pour le capitalisme : pour lui, la production de la plus-value n'est qu'accessoire.

    La classe de celles et ceux qui permettent que se réalise la plus-value existe en soi, représentant plus de 90 % de la population active française.
    Pour faire la révolution, il faut qu'elle devienne classe pour soi.
    A-t-elle besoin d'organisation(s) "révolutionnaire(s)" figées sur le concept étroit de "classe ouvrière", ou encore sur le concept de "dictature du prolétariat" ?

    "On voit toujours la perfection (réunie) dans la personne d’un vainqueur. Celui-ci passe pour parfait, soit sous l’influence du respect qu’on lui porte, soit parce que ses inférieurs pensent, à tort, que leur défaite est due à la perfection du vainqueur. Cette erreur de jugement devient un article de foi. Le vaincu adopte alors les usages du vainqueur et s’assimile à lui : c’est de l’imitation pure et simple. […] on observe toujours que le vaincu s’assimile au vainqueur, dont il copie les vêtements, la monte et les armes. (1)"
    Ce constat, familier des marxistes, que l'on reconnaît facilement chez nombre d'exploités, ne se retrouve-t-il pas aussi dans le comportement de la plupart des dirigeants du mouvement ouvrier ? Non seulement ils singent les dirigeants capitalistes, mais ils appellent le peuple à participer au simulacre électoral consacrant l'existence d'un état de droit capitaliste, un état qui est l'expression de la domination de l'exploiteur sur l'exploité...
    Mais la majorité du peuple fait sécession...
    Est-il si difficile de voir où est l'avenir ?

    C'est à partir de ce constat que Michel Peyret et moi avons crié : nous sommes le peuple ! et invité ce peuple à s'organiser, comme d'autres l'ont fait avant eux avec succès, pour s'affranchir de ses chaînes...
    N'est-ce pas les peuples qui font l'Histoire ?


    En souhaitant que ce discours soit perçu fraternellement et qu'il permette la poursuite de la confrontation des points de vue, je t'adresse, cher camarade, mes cordiales salutations.

    Jean-François Autier,
    ajusteur mécanicien retraité,
    qui a fait son temps actif et entend tout faire pour que la relève trouve sa place.

    (1) Ibn Khaldoun (1332-1406), "Muqaddima", cité par Youssef Girard.


     

    REPONSE DE MICHEL PEYRET le 11-4-10

    Cher camarade,

    "A un moment, j'avais cru comprendre que l'on travaillait à l'organisation d'assises du communisme sans doute tombées aux oubliettes...", écris-tu.

    Il n'est jamais trop tard pour apporter son appui aux Assises du communisme qui ont été initiées en juin 2007 dans le prolongement des présidentielles.

    Pour ma part, j'ai rappelé récemment, mais qui a publié ces textes, et à plusieurs reprises, qu'elles demeuraient pour moi d'une puissante actualité, je me suis considéré un peu seul à le faire!

    Je rappelle qu'elles se fixaient plusieurs objectifs qui demeurent dans l'actualité en évolution forte et rapide.

    L'un d'entre-eux était et demeure la réunification de la famille communiste, celle qui veut rester communiste, aujourd'hui bien dispersée.

    Un autre objectif consistait, et consiste toujours, en l'élaboration d'un communisme du 21eme siècle, et non d'une resucée de ce qui n'a d'ailleurs pas été un communisme, tant les concepts de Marx ont pu être maltraités et défigurés par les régimes qui s'en réclamaient.

    Enfin, et parallèlement, il y avait bien sûr également la construction d'une organisation communiste de ce temps, celui d'aujourd'hui.

    Ces trois principales préoccupations ne pouvaient aboutir sans, c'est évident pour moi, s'élaborer en liaison étroite avec les évolutions de la société et dans celle de la conscience du peuple.

    Je rappelle souvent un des enseignements essentiels de Marx, dont on a pas toujours pensé toutes les conséquences concrètes, à savoir que ce sont les masses qui font l'histoire... et en conséquence pas les partis, ni les dieux, ni les César, ni les tribuns, comme le rappelle excellemment l'Internationale.

    Je rappelle aussi que j'ai retenu en positif de Lénine son souci permanent, sinon son obsession, de la nécessité de se livrer en permanence à l'étude concrète des situations concrètes et de leurs évolutions.

    Le moins que l'on puisse dire, c'est que la société française n'a cessé d'évoluer depuis les élections présidentielles, sans considérer ici les évolutions de plus long terme, par exemple celles qui font que la France d'aujourd'hui est profondément différente de celle d'il y a 65 ans!

    Pour aller vite, je rappelle l'approfondissement conséquent de la crise du mode de production capitaliste qui se perpétue et, par delà, l'approfondissement de la crise de toute la société française, pour ne considérer qu'elle, dans absolument tous ses aspects.

    Il est clair pour moi que le capitalisme essaie d'enrayer cette crise en augmentant considérablement les prélèvements sur le peuple français et son travail, sans se contenter des ressources nouvelles provenant de l'énorme développement de la productivité et des spéculations financières de toutes sortes..

    Dans le même temps cependant, les luttes et les résistances du peuple français à ces prélèvements accrus se sont développées jusqu'au rejet pur et simple manifesté dans le boycottage en croissance forte des élections, mais aussi dans les luttes, et dans les études d'opinions qui reflètent ces montées en puissance.

    La concordance de la montée des luttes, des abstentions et des études d'opinion, ne permet pas de douter du niveau de conscience atteint.

    Quand ces études révèlent, ou confirment, que 72% des Français considèrent le capitalisme comme négatif, il s'agit d'un précédent dans l'histoire de France et de l'humanité!

    Je rappelle que, dans le même temps, la croissance des abstentions s'est observée dans la quasi-totalité des scrutins.

    Ainsi ont-elles été de 60% aux élections européennes de juin dernier et de plus de 53% aux dernières régionales ( +15% sur les précédentes ).

    Il n'est pas possible, quand on connait l'attachement des Français aux élections, qui sont un élément marquant de leur culture et de leur identité, de minorer quelque peu que ce soit cette croissance des abstentions et le rejet fort de tout le système qu'elles expriment, tant de sa base économique que de ses superstructures.

    Il est peu de dire que cet évènement politique vient bousculer avec impétuosité les jeux de théâtre des forces politiques françaises attachées à la gestion du système, la concurrence entre elles concernant plutôt la façon de bien servir les capitalistes que les intérêts des salariés.

    Il convient de prendre acte aujourd'hui de cet évènement historique qui vient bousculer ce train-train et agir en conséquence, c'est-à-dire sans attendre, ne dit-on pas que l'histoire ne repasse jamais les plats!

    Il m'apparaît, alors que l'essentiel des forces politiques affiche sa faillite, et que celle-ci est reconnue, qu'il convient d'offrir au peuple une alternative immédiate lui permettant de poursuivre et de porter à un autre niveau son intervention et son offensive, en considérant qu'il serait là indécent de parler seulement de résistance.

    Les comités de base, avec les assemblées générales, les coordinations, sous les différentes formes que ceux qui y adhéreront sauront leur donner, sont en effet l'une des différentes formes des luttes révolutionnaires en France et dans d'autres pays.

    D'où cette initiative qui a le mérite d'exister, et notamment en donnant au peuple les moyens de son action dans le meilleur entendement des thèse de Marx sur le rôle des masses dans l'histoire.

    Et c'est pourquoi aussi cette initiative, qui se place tout à fait en dehors de quelque concurrence que ce soit, devrait bénéficier du soutien de toutes les forces véritablement attentives aux intérêts du mouvement populaire.

    Michel Peyret,

    Ancien député communiste de Gironde

     

    De BRIENNE le 15-4-10

    Sur les textes qui figurent ci-dessus, et très sommairement, je suis contre le principe du "retour au communismpe" ou du "retour à Marx", selon les expressions consacrées. Si nous avons lancé un débat sur les Conseils (ou les soviets), c'est précisément pour ne pas recommencer la vieille gadoue. Je suis pour un bilan du communisme, et un bilan de la pensée de Marx (ce qui est intéressant, et ce qui ne l'est pas). Mais les retours nostalgiques à l'ancien pour recommencer la même chose: NON. Discutons des conseils, c'est ce que Peyret fait pour partie dans sa réponse.
    Je suis contre le "grand parti de la révolution": voir ce que Mattick en disait: Le parti a semblé être l'instrument adapté de la représentation des masses; en réalité en s'adaptant au système bureaucratique (ou au système parlementaire en Occident), il n'a été qu'un instrument de liquidation des soviets et d'écrasement des masses. Il est devenu un appareil d'Etat réactionnaire (en Occident un appareil intégré au capitalisme). On peut en discuter

    Je dis : A bas les partis qui divisent et soutiennent le capitalisme, tous sans exception...!
    L'un des interlocuteurs dit que les français sont attachés aux élections ! Quels français ? Dans les quartiers de banlieue, il y a parfois eu 10% de votants sur les inscrits aux dernières régionales.. sans compter les non inscrits. Le sous prolétariat, la jeunesse abandonnée, ne votent pas. Ce sont les quartiers riches ou les milieux infestés par le "syndicalisme intégré à l'Etat" qui votent.
    Le pourquoi d'une impossibilité actuelle d'union de toutes les forces vives ? "Les partis et syndicats de gauche intégrés à l'Etat" sont les piliers de la division, du crétinisme politique parlementaire, du soutien au Capital...
    Vous dites quelque part : la Commune de Paris fut le premier Etat prolétarien de l'histoire. La Commune de Paris, c'est le peuple, ce n'est pas le prolétariat ! Il y avait assez peu de prolétaires dans les insurgés qui ont fait la Commune mais bp de ce que Marx a appelé "la petite bourgeoisie" avec mépris. Il faut appeler un chat un chat.
    Vous avez raison, Michel Peyret, de préconiser des comités de quartiers et tout ce qui y ressemble.
    Je répondrai au monsieur désespéré qu'il faut préparer les conditions d'assemblées populaires d'où l'on chassera les partis et syndicats, et où les gens auront le droit d'être pour l'orientation politique de leur choix sans nous bassiner avec à l'intérieur des assemblées. Regardons ce qui s'est fait en Argentine en 2001. Intervenons partout où c'est possible pour gagner sur des points précis et montrer que le peuple peut rester uni si les partis et syndicats ne s'en mêlent pas.

     

    Michel Peyret

    15 avril 2010

    « CE SONT LES MASSES QUI FONT L'HISTOIRE »

    Tu nous interroges à juste titre sur « la forme organisationnelle ».


    Bien évidemment, il ne peut d'agir pour nous de lire dans la boule de cristal des diseurs d'avenir, mais de retrouver en Marx les fondements de ses réflexions à ce sujet , en étant conscient de ce que, à l'égal d'autres concepts, ceux-là ont pu aussi être « torturés », voire « falsifiés » ultérieurement.


    Il m'apparait cependant, après avoir pas mal fait s'entrechoquer diverses théories, que l'on en vient à une question originelle: qui ou quoi, dans les sociétés humaines, crée les idées, les pensées, les systèmes de pensées, les idéologies, les institutions sous leurs différentes formes...


    Si l'on admet, comme l'exprime excellemment l'Internationale, que ce ne peut être un Dieu, ni un César, ni un Tribun, il convient de bien admettre également que ce ne peut être un Parti.


    L'IDEOLOGIE ALLEMANDE


    Marx est clair, et ce dès « L'Idéologie allemande » : « La production des idées, des représentations et de la conscience, est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes: elle est le langage de la vie réelle. »


    Il y revient à la première occasion tant l'enjeu lui semble de première importance: « Les idées ne sont rien d'autre que les choses matérielles transposées et traduites dans la tête des hommes. »


    Et, s'agissant de l'histoire, il précise: « L'histoire ne fait rien, c'est l'homme, réel et vivant, qui fait tout. » ( voir mon article à ce sujet dans « La Tribune de Michel Peyret » mise à ma disposition dans « Rouges Midi ».)


    CONTRIBUTION A LA CRITIQUE DE L'ECONOMIE POLITIQUE


    Dans la Contribution à la Critique de l'Economie Politique, Marx développe davantage:


    « Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté; ces rapports de production correspondent à un degré de développement donné de leurs forces productives matérielles.


    « L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle, sur qui s'élève la superstructure juridique et à laquelle correspondent des formes de conscience déterminées..


    « Le mode de production de la vie matérielle conditionne le procès de vie social, politique et intellectuel en général.


    « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine la réalité, c'est au contraire la réalité sociale qui détermine leur conscience.


    « A un certain stade de leur développement, les forces productives de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui en est l'expression juridique, avec les rapports de propriété à l'intérieur desquels elles s'étaient mues jusqu'alors.


    « De formes évolutives des forces productives qu'ils étaient, ces rapports deviennent des entraves de ces forces.


    « Alors s'ouvre une ère de révolution sociale.


    « Le changement qui s'est produit dans la base économique bouleverse plus ou moins lentement ou rapidement toute la colossale superstructure.


    « Lorsque l'on considère de tels bouleversements, il importe de distinguer toujours entre le bouleversement matériel des conditions de production économiques – qu'on doit constater fidèlement à l'aide des sciences physiques et naturelles – et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes deviennent conscients de ce conflit et le mènent à bout.


    « De même que l'on ne juge pas un individu sur l'idée qu'il se fait de lui, de même on ne peut juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production.


    « Une société ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir, et jamais de nouveaux et supérieurs rapports de production ne se substituent à elle avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapports aient été couvées dans le sein même de la vielle société.


    « C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que les problèmes qu'elles peut résoudre, car, à regarder de plus près, il se trouve toujours que le problème lui-même ne se présente que lorsque les conditions matérielles pour le résoudre existent ou du moins sont en devenir. »


    FAIRE RESSORTIR LE NOUVEAU


    On comprend dès lors pourquoi ni les élévations de la conscience des peuples, ni les conditions de la révolution ou du changement de société, ne peuvent être enfermés dans les élaborations d'un parti ou d'une organisation qui apporterait de l'extérieur de la société la conscience de la nécessité de sa transformation?


    Par contre, on peut au contraire concevoir le rôle que peut avoir une organisation qui aiderait à montrer le nouveau qui est en train d'apparaître ou de commencer à se construire dans la société elle-même, plus particulièrement dans son mode de production.


    Qui aiderait également à montrer que le mode de production capitaliste fondé sur l'existence de la propriété privée et la recherche du profit est aujourd'hui l'obstacle principal au développement de toutes les potentialités de la révolution en cours avec l'automation et l'informatisation de leurs processus de production.


    DES POUVOIRS DE DECISION REELS


    Qui aiderait à mettre en évidence que la libération de ces potentialités exige l'appropriation sociale et le dépérissement de l'Etat pour donner enfin les pouvoirs de décision réels, non pas à telle ou telle structure qui perpétuerait ou remplacerait par d'autres ces instruments de domination sur les peuples, mais à ceux-là même en mesure de libérer toutes les potentialités des transformations en cours, et les seuls à pouvoir le faire, parce que seuls ils en ont la maîtrise réelle et totale, matérielle et intellectuelle, dans le mode de production.


    Qui aiderait à montrer que les nouveaux progrès de productivité, sans commune mesure avec les anciens, qui résulteraient de la libération de toutes les potentialités de l'automation et de l'informatisation, permettraient enfin de donner les moyens matériels et intellectuels de répondre à tous les besoins existentiels des êtres humains de notre planète, d'en finir à la fois avec le salariat et le capital, avec la misère, les injustices, la sous-alimentation et sous-instruction.


    LE DROIT AU TEMPS LIBRE RENUMERE


    Qui montrerait qu'enfin il devient possible d'augmenter le temps libre de façon considérable, de développer parallèlement de libres activités selon les besoins et les goûts de chacun, et d'assurer à chacun un revenu d'existence, associé à l'extension des gratuités en tous domaines.


    Qui ainsi ferait dès aujourd'hui la preuve que tous les Sarko présents, passés ou à venir, avec leur « travailler plus pour gagner plus » font partie des berceuses éternelles du malheur humain, car qui ne voit que dans les conditions nouvelles, il deviendrait possible de faire travailler plus les machines si cela s'avérait effectivement nécessaire pour satisfaire tous les besoins humains, tout en continuant à développer le temps libre et ainsi les possibilités du libre développement de toutes les potentialités humaines dans chaque individu.


    L'ORGANISATION DU PEUPLE


    Qui ne voit qu'aussi, en gagnant pour la première fois effectivement que le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple, devienne une réalité pour l'ensemble de la société, cette organisation pourrait elle-même se concevoir dans ce nouveau de toute autre façon que tout ce qui a pu être connu jusqu'alors, et que c'est cette organisation qu'il devient nécessaire de construire dès aujourd'hui, sauf à considérer que le changement de société ne serait plus à l'ordre du jour alors que l'ancien est déjà très fortement rejeté.


    MONTRER CE QUI EST DEJA LA


    Alors que, également, en de nombreux domaines, des formes de la nouvelle société existent déjà, qu'il s'agisse des formes collectives de propriété, comme des formes de gestion de maintes activités de différents secteurs de la société, le changement de société consistant alors davantage dans l'extension de ces formes encore minoritaires que de leur création ex nihilo.


    Alors que nous voyons commencer à se reproduire des effondrements d'Etat tels qu'ils ont pu se manifester déjà en d'autres périodes historiques, tout concourt à faire penser que ces changements sont à appréhender dans ce contexte nouveau qui exclut toute comparaison avec des expériences d'autres temps.


    RIEN N'EST ETERNEL


    En ce monde, et toute son histoire le vérifie, rien n'est éternel, tout naît, grandit, se transforme, passe par plusieurs états avant de finalement mourir...en donnant naissance à un nouveau cycle de cette histoire que ceux qui le vivront inventeront...


    Et c'est pourquoi le « Ce sont les masses qui font l'histoire » est sans doute le concept global qui rend le mieux compte de tout l'apport de Marx à la compréhension de l'histoire des hommes.


    Spartacus, comme les serfs du Moyen-Age ou les bourgeois du 18ème siècle, n'avaient pas les mêmes formes d'organisation que celles qui sont apparues ensuite dans l'affirmation des Etats et des gouvernements capitalistes.


    Ils n'en ont pas moins réussi à impulser aux différentes étapes les évolutions qui ont permis des changements de société...


    Et aussi pourquoi il est très difficile de prévoir aujourd'hui ce que seront ces organisations nouvelles répondant aux besoins des sociétés de demain.


    A propos du communisme

    (discussion entre le 1° mai et le 13 mai: éléments..)

    Le 1 mai 2010 Michel Peyret :

    en réponse à votre mail du 22 avril dernier.

    D'une façon générale, Marx a évité de donner une vue, une anticipation de ce qui pourrait être une société communiste. Il convient d'en revenir au fameux: "Ce sont les masses qui font l'histoire", qui me semble essentiel, peut-être le concept le plus central, le plus général, celui exprimant le plus, le mieux, la quintessence de l'oeuvre de Marx.

    La seule chose essentielle pour Marx de ce point de vue, c'est que ces masses soient en mesure de décider elles-mêmes de tout ce qui les concerne, qu'elles aient effectivement tous les pouvoirs de décisions à tous les niveaux de la société.

    "L'émancipation des travailleurs doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes": nous sommes encore là dans ce qui est le plus fondamental.

    Ce sont les travailleurs qui déterminent leurs besoins et, en même temps, qui déterminent les moyens de les satisfaire. Tout cela est à la fois très concret et très intellectuel.

    C'est pour cela qu'il convient que les travailleurs aient la maîtrise concrète et effective des moyens de production et de tout le processus de production, de A jusqu'à Z . Et la maîtrise du fonctionnement de la société doit aussi leur être subordonné.

    C'est pourquoi, deux autres concepts apparaissent au premier plan et conditionnent la libre détermination, leur émancipation: l'appropriation sociale des moyens de production, des services, des échanges, les établissements financiers... et le dépérissement de l'Etat pour aller vers l'auto-administration.

    Je souligne au passage que ces deux concepts n'ont jamais été mis en oeuvre nulle part, et que c'est en ce sens que l'on peut considérer que la société communiste n'a jamais existé. Je suis d'accord avec ce que Sève a pu dire en ce sens et que j'ai repris à mon compte depuis longtemps déjà. A différentes reprises, j'ai d'ailleurs diffusé assez massivement ses textes à ce sujet en considérant qu'ils étaient de première importance.

    Je referme pour l'instant cette parenthèse essentielle.

    Cela me permet toutefois de réaffirmer que personne ne peut décider aujourd'hui de ce que pourra être la société communiste, et notamment avant même que les deux conditions que j'ai dites soient effectivement réunies, et avant même que les salariés en aient décidé eux-mêmes.

    Penser autrement me semblerait faire du stalinisme sans le vouloir, ou sans le savoir.

    Tout au plus peut-on considérer les processus en cours dans le mode de production. Je ne sais pas, mais il me semble que les travailleurs n'abandonneront pas la conception assistée par ordinnateur, ni l'informatisation, et qu'ils préféreront continuer à se "débarrasser" des tâches encore indispensables à la production de ce qui sera nécessaire à la satisfaction de leurs besoins matériels, pour consacrer le temps libre qui en résultera à des activités beaucoup plus valorisantes, c'est certainement là que l'on verra le retour de mêtiers anciens permettant de redonner naissance à des savoirs-faire de création.

    Il me semble qu'il y a chez vous une certaine sous-estimation de qui peut être produit par la machine, notamment le moyen de se "débarrasser" de tout ce qui ne peut être valorisant. Pourquoi faudrait-il renoncer à la machine "intelligente", y compris capable de se substituer à l'homme dans certaines de ses fonctions.

    Je conçois mal tout ce qui pourrait être assimilé à un retour à la vie et aux activités de l'hommes des cavernes, cela m'apparaît d'ailleurs tout-à-fait impossible!

    Pour moi donc, le recours à la machine est le moyen de débarrasser l'homme de tout le travail contraint pour lui substituer des activités choisies, répondant davantage à des besoins de création, qu'elle soit des domaines variés de la culture, de la science, de la vie artistique, de la recherche en tous domaines...

    Les illusions de l'automation? Et pourquoi les hommes, maîtres de leur travail et de leurs activités ne serainent pas capables de concevoir cette automation sans les illusions, ce que vous me dites à ce sujet m'apparaît bie restrictif.

    Le communisme? Je pense avoir dit déjà l'essentiel.

    Vous semblez considérer qu'il a déjà existé. Je m'insurge à cette idée! Où et quand cela pourrait-il avoir eu lieu?

    Marx, à ma connaissance, n'a jamais eu un commencement de mise en oeuvre de ses concepts. Ce qui a été mis en oeuvre dans les pays qui se disaient communistes, ce n'étaient pas ses concepts à lui, mais ceux retravaillés et déformés à souhait par Lénine, Staline, Mao...

    Déterministe Marx! Certes, il y a cette place du mode de production, mais ce mode de production ce sont les hommes qui le conçoivent en permanence, et sur cette base en mouvement, en mouvement incessant, il y a le monvement des idées...et les masses qui créent l'histoire...

    Moi, en Marx, je vois d'abord le mouvement...et nous n'avons pas encore parlé de la dialectique, des contraires et de leurs luttes, des sauts et des bonds quantitatifs ou qualitatifs, des processus, de la rupture/continuité, de la négation de la négation...

    La retraite? Mais je vois plutôt la disparition de la retraite! Si je souhaite avec Marx l'abolition du salariat, comment être pour le maintien de la retraite?

    Il est vrai que nous n'avons pas encore parlé du revenu de vie en rapport avec le développement du temps libre. Il est vrai aussi que ce sont des choses qui existent déjà, il suffit donc seulement de penser leur extention.

    Même chose d'ailleurs relatives aux gratuités et à leurs extentions possibles et nécessaires...

    Nous reviendrons, je pense, sur tout cela.

     

    Réponse le 13-5-10: Brienne

    Je pense que vous prenez le meilleur de Marx et pourquoi pas. Mais si tout était si clair que vous le dites, je ne comprends pas pourquoi il n'aurait pas été d'accord avec Bakounine. Ce que vous dites au début au départ sur les masses qui font l'histoire, c'est Bakounine, y compris sur le dépérissement de l'Etat. Les "masses, les masses....Mais il y a tous les textes de Marx sur son mépris des paysans et du peuple qui font tourner la roue de l'histoire à l'envers, et qui n'ont d'avenir que dans le prolétariat; et là vous n'en parlez pas. C'est à ce sujet qu'il y avait heurt frontal avec Bakounine.
    Un ami me disait que marx avait écrit pour un congrès de l'AIT "association libre des travailleurs", oui il l'a écrit une fois parce que tactiquement cela lui est apparu nécessaire. Mais il n'était pas pour cette solution trop anar.
    Sur le dépérissement de l'Etat, on en a déjà discuté. Marx le prévoyait après la phase de dictature du prolétariat; question que vosu éludez toujours.
    Sur l'appropriation sociale, si elle est collective, ok; si elle est publique, on va droit au stalinisme : tout est possible.
    OK pour les techniques qu'il faut garder ! Je ne suis pas contre les machines qui peuvent soulager la peine de l'homme, je suis contre le machinisme et le salariat. Je m'en explique dans mon site largement.

    Je me réfère au "communisme" effectif et non à celui dont vous rêvez en vous appropriant le meilleur de Marx. De toutes façons, le meilleur a bien existé dans son esprit, mais sa lutte acharnée contre Bakounine a donné le ton dans tout le mouvement ouvrier. La haine des communistes contre les anarchistes a été impulsée par Marx en premier lieu. Il avait bien recommandé à Engels de ne reconstruire une 2ème internationale qu'en excluant les anars.

    OK avec vous sur la disparition des retraites avec celle du salariat, mais pas avant. C'est très bien que vous le disiez.

    Vous avez fait un autre papier sur les retraites que j'ai survolé par manque de temps. Vous avez tendance à privilégier la déclaration et non l'analyse.
    Je crois qu'il faut aujourd'hui expliquer ce qui se passe en Europe: les prêts massifs aux gouvernements servent à rembourser les banques européennes, et avec le jeu des taux d'intérêts les Etat qui prêtent vont encore y gagner; mais pendant ce temps on va pressurer le peuple grec et maintenant le peuple roumain, et demain ce sera les espagnols, les portugais, les français..
    Tout cela pour sauver les banques à nouveau sous couvert de sauver l'euro...