(voir Grèce dans la rubrique "crise bancaire" et "Libre échange et libre concurrence": ces deux rubriques vont ensemble)
(l'ensemble de ces articles peuvent être diffusés sous le nom de AMC)
Et les dernières nouvelles sur l'Euro...2011-2012..concernant la violence de la Troïka, c'est à dire de la grande bourgeoisie financière européenne et mondiale en fin de rubrique.
La crise actuelle sur l'Euro peut s'analyser non seulement à travers
la crise économique et financière actuelle qui n'en finit pas,
mais peut-être d'abord par rapport à ses prémisses intenables
qui étaient les critères de Maastricht. La crise serait le révélateur
de ce caractère intenable.
Pour comprendre cela revenons un peu à l'origine des choses et faisons
un détour théorique et historique.
Les critères de Maastricht, en 92, impliquaient la préparation d'une Europe qui aurait sa monnaie, commune à toutes ses régions, monnaie que l'on envisageait pour les alentours des années 2000. La présentation qui en a été faite aux citoyens s'est appuyée sur le dit " bon sens " d'une monnaie d'échange commune sur un large espace. En réalité, dans une économie capitaliste, la monnaie n'est pas d'abord un moyen d'échange permettant aux citoyens d'échanger biens et services facilement ; c'est avant tout, même si cela n'en a pas l'air, un moyen de véhicule du capital productif lequel est appelé à croître sans cesse dans des activités productives, et qui peut naturellement faire l'objet de spéculations, dès lors que des marchés existent pour spéculer. Ce n'est pas pour rien que l'on dit que la Bourse est " le temple du capitalisme ". On pourrait dire que la monnaie est comme la respiration propre à chaque pays capitaliste.
Cette monnaie unique, pour être stable, devait s'appuyer
sur des pays qui, même non homogènes, avaient le devoir de respecter
les critères de Maastricht définis ci-dessous, condition de la stabilité.
(voir article ultérieur sur la question de la crise de l'Euro). Citation:"..le
choix maastrichien ne visait que la stabilité monétaire" (Gérard
Lafay et Philippe Villin, le Monde du 25-8-11)
Il y a donc eu de multiples
monnaies, en Europe (et dans le monde), avant l'Euro, des monnaies qui avaient
des valeurs or très diversifiées, avant l'effondrement du système
monétaire internationale " d'échange or "en 1976.
Certaines
de ces monnaies étaient relativement stables par rapport à d'autres
très instables, et chaque pays avait connu des dévaluations et des
réévaluations, très différentes les unes des autres.
Les gouvernements avaient à leur portée la possibilité de
faire des politiques monétaires (taux d'intérêt, valeur de
la monnaie, planche à billets en compensation d'une fiscalité déficiente
etc) pour tenter de gouverner un tant soit peu cette " respiration "
très émotive !.
Question : qu'est-ce qui faisait que chaque pays avait telle ou telle valeur or, et avait une valeur supérieure ou inférieure à une autre (la référence à l'or va disparaître en 76 mais les marchés de l'or vont continuer à donner cette référence en bourse) ? On ne connait aucun historien de l'économie ou des monnaies qui explique ce fait de manière convaincante, ou alors pour dire que c'était la volonté du souverain ou les circonstances historiques et économiques. C'est insuffisant. On peut faire l'hypothèse, qui paraît très plausible, et conforme aux enseignements d'Adam Smith, que parmi les raisons qui font qu'une monnaie a une valeur forte, il en est une qui tient à l'importance de son capital productif, donc à une plus ou moins longue histoire d'économie marchande (1) (à la différence d'une économie de valeurs d'usage). C'est la GB qui suggère cela : grand pays colonialiste, premier pays industriel, possesseur de toutes les principales mines d'or et de diamants au 19ème siècle. La Hollande arrive derrière elle, puis les USA, la France, et enfin l'Allemagne unifiée de la fin du 19ème (qui dépassera la France après 45), l'Italie et le Japon.. Les autres pays du monde, fin du 19ème et début 20ème ont des monnaies très secondaires en valeur or. Les pays riches (en capital productif, à différencier du patrimoine) connaissent des inflations moyennes, les pays du Tiers monde des inflations monumentales. (on n'abordera pas ici le pb de l'inflation dans ces pays, qui est un pb très intéressant)
Où veut-on en venir ? A ceci : on ne peut impunément, arbitrairement, imposer une monnaie forte dans un pays qui a un faible capital productif. Et lui enlever en même temps la possibilité de tenter d'ajuster les déséquilibres avec une politique monétaire adéquate indépendante, ceci d'un point de vue capitaliste. C'est le condamner à n'être qu'un satellite, et à terme c'est écraser son peuple, en lui laissant la seule politique permise : une politique de rigueur pour tenter de se rétablir des ravages causés par une monnaie qui n'est pas en adéquation avec le niveau productif du pays (s'il s'agit par ex d'un pays de petites exploitations, les prix y sont bas parce que la monnaie a une faible valeur. L'imposition, de l'extérieur, d'une monnaie forte va déséquilibrer tous les prix, faire disparaître la petite production ; le seul recours sera l'appel à des capitaux étrangers intéressés par des bas salaires, dans une situation de chômage ). Pire, c'est faire naître en compensation, un nationalisme exacerbé dans la population.
En conséquence,
on aurait dû voir avec inquiétude comment une monnaie forte, l'euro,
sur le modèle du Deutsch Mark, en termes de valeur, pourrait s'imposer
sans dommage, dans des pays européens très divers.
Les organisateurs
du futur euro dans l'Europe, avaient bien ce genre de soucis en faisant d'abord
l'Europe économique qu'ils souhaitaient, puis l'euro ensuite. C'est pourquoi
des politiques de reconversion, de rationalisation, " " d'aides ",
(très dévastatrices de la petite production) ont été
financées, avec en plus des systèmes auto-routiers pour encourager
le tourisme en compensation, et des prêts à l'immobilier. Sans compter
la nécessaire modernisation des banques et des marchés boursiers
qui doit les mettre en conformité avec ceux des pays les plus riches (riches
en capital productif).
Qu'ajoutaient les critères de Maastricht
à cela ? Ils étaient définis de la façon suivante
:
-interdiction d'avoir un déficit public de l'Etat (dont sécurité
sociale) supérieur à 3% du PIB
-Interdiction pour un Etat d'avoir
une dette publique (emprunts contractés à l'extérieur) supérieur
à 60% du PIB
-Interdiction de dévaluer sa monnaie, donc exigence
d'une monnaie stable, et refoulement de l'inflation.
-Un taux d'intérêt
à LT qui ne doit pas être supérieur à 2% de plus que
celui des 3 pays de l'Europe qui ont les meilleurs résultats
Comment cela avait été calculé ? En se basant sur l'exemple de l'équilibre idéal des pays européens les plus performants. Les experts européens et du FMI disaient qu'un pays, ayant une dette publique de 60% du PIB, un déficit public de 3% du PIB, et un taux de croissance du PIB de 5%, ne devait pas voir croître sa dette, et devait maintenir sa monnaie stable. Ceci était possible pour les pays riches, impossible pour tous les pays en temps de crise, ravageur pour les pays satellites.
On voit bien ici le traquenard que supposaient ces conditions, pour un pays peu compétitif !
A l'époque où cela a été défini, les pays capitalistes pratiquaient déjà ce qu'on appelait les politiques de " désinflation compétitive ", c'est-à-dire des politiques de rigueur et de risque d'affrontement social, mais dans un contexte international nouveau : la chute de l'URSS en 1989. Et pourquoi pratiquaient-ils ces politiques ? Parce que c'est le seul moyen, éprouvé tout au long du 19ème siècle, de maintenir les monnaies stables. L'explication de ce phénomène, dont on n'expliquera pas ici le pourquoi du comment, est totalement absente (au moins jusqu'en 2000, après je ne sais pas ) du corpus de la dite " science économique ". On sait que cela fonctionne ainsi. Mais les libéraux qui en sont persuadés car ils ont assimilé Adam Smith, laissent sur cette question le bénéfice du doute aux keynésiens. Pourquoi ? Parce que s'ils théorisaient sur ce sujet, ils feraient apparaître que la monnaie, dans une économie marchande capitaliste, ne peut fonctionner qu'au seul bénéfice des capitalistes, et jamais au bénéfice du peuple. Ils laissent donc le bavardage " humaniste " concernant la monnaie aux keynésiens, sorte de caution au bien fondé d'une monnaie qui ne soit pas strictement qu'un moyen d'échange.
La livre, le franc
et le dollar ont été stables durant toute la période du libéralisme
économique du 19ème, ont chuté à la guerre de 1914,
et n'ont cessé de voir leur valeur baisser tout au long du 20ème
siècle, surtout le franc (l'histoire monétaire de cette période
est très intéressante).
Le retour au libéralisme
économique permettait dès avant 1989 de ré-envisager des
politiques de rigueur sociale qui étaient celles du 19ème pour stabiliser
les monnaies, permettre une circulation du capital fluide et des spéculations
à tout va ! (caractérisées comme " stratégies
du Choc " par Naomi Klein en 2008)
De plus, l'euphorie suscitée
-
par la chute de l'URSS (on ne le souligne jamais assez),
- par la mondialisation,
avalée comme une lettre à la poste par la social-démocratie
mondiale,
- par les produits nouveaux nés de la déréglementation
financière générale, agréé par la social démocratie
-
par la confiance folle dans le renouveau du libéralisme économique,
a fait oublier qu'une crise financière était toujours possible,
surtout du fait de la non coordination des politique économiques et financières
des pays capitalistes (2), et cette fois-ci de l'impossibilité pour les
petites gens de payer leurs traites pour leurs appartements ou maisons
..
C'était imprévu.
Les pays dominants ex colonisateurs, la
GB, en premier lieu, connaissaient très bien ce traquenard, sous forme
d'un système monétaire qu'ils avaient imposé à leurs
colonies sous la dénomination du Currency Board Arrangement ou CBA (traduction
en langage FMI). C'est ce système qui provoqua la révolte des
colonies américaines en 1776 contre la GB, car il aboutit ni plus ni moins
à ce que le pays soumis ne puisse construire le même développement
économique que la métropole.
La GB récidiva néanmoins
plus souplement en Inde. Idem pour la France en Afrique avec la zone franc, ou
plus récemment les USA avec l'Argentine, via le FMI, provoquant la débacle
de 2001. Dans ce pays le peso devait équivaloir au dollar, ceci afin que
son marché financier soit compatible avec celui des USA et ne puisse jamais
concurrencer le nord .
En quoi consistait ce CBA (avec des aménagements
ou différences selon les périodes) (voir rubrique "inflation":
-La
métropole impose sa monnaie ou un équivalent, à taux fixe,
au pays en question. Mais la monnaie du pays dominant peut chuter ou être
réévaluée. Le pays soumis en fera les frais.
-La métropole
dirige le système monétaire et bancaire (la Banque centrale est
généralement en métropole, la BC du pays soumis n'est qu'une
chambre d'enregistrement)
-Interdiction d'une quelconque création monétaire.
Or la planche à billets, c'est le recours ultime d'un pays en cas de faillite
d'une entreprise, d'une banque, ou d'un affrontement social. Donc le pays soumis
ne peut qu'emprunter à l'extérieur au taux défini à
l'extérieur.
-La métropole impose le libre échange (à
sens unique à l'époque coloniale comme aujourd'hui).(En Europe le
libre échange est total, avec des difficultés évidentes,
soit de se faire envahir par les marchandises du voisin plus compétitif,
soit d'avoir le plus grand mal pour exporter à l'extérieur pour
un pays peu productif., ce qui signifie qu'aujourd'hui le tourisme et l'immobilier
sont les activités choisies par les pays les plus pauvres de l'Europe).
-Si
dans le même temps, le système fiscal épargne les classes
riches (ce qui était le cas dans toutes les colonies : grands propriétaires
fonciers et colons), le pays était privé de ressources, donc devait
emprunter au taux du pays dominant
.
-Avantages donnés aux riches
du pays soumis (exonération d'impôts, système d'échange
des monnaies avantageux pour la classe riche) pour qu'ils soutiennent un tel système.
D'où le CBA propulse encore davantage la corruption.
L'euro est
fondé sur ce système. C'est un dérivé du CBA.
Les règles européennes imposées aux pays membres s'apparentent
au CBA.
Il n'est donc pas du tout anormal que des pays comme l'Irlande (3),
la Grèce, le Portugal
puis l'Espagne ?? ou d'autres pays plongent
les uns après les autres, d'autant que la spéculation s'attaque
le plus normalement du monde aux emprunts d'Etat faits à l'extérieur
de ces pays, c'est à dire leurs obligations émises auprès
des banques étrangères à des taux très élevés
naturellement, et achetables par n'importe quel investisseur.
Il est sottement
indiqué dans la presse et par les hommes politiques, que c'est la spéculation
sur ces obligations qui peut entraîner la chute de l'euro ! Or ce sont d'une
part les critères de Maastricht et d'autre part les taux d'intérêt
appliqués par le système bancaire des pays les plus riches à
ces pays marginaux demandeurs de crédits, qui provoquent la spéculation
des investisseurs, lesquels sont bien connus : fonds de gestion en tous genres,
fonds de pension, assurances, banques, entreprises, particuliers
.
Dès
lors qu'un pays est en difficulté de ressources, et ne parvient pas à
rembourser ses dettes, il tente d'emprunter, et a de plus en plus de mal à
trouver un prêteur. Ainsi, alors que l'Allemagne peut offrir des taux d'intérêt
à LT aux alentours de 2% pour ses obligations, l'Irlande est obligée
d'accepter et d'offrir 9%, le Portugal 7%, l'Espagne 5% (fin novembre 2010). Ceci
provoque un endettement encore plus féroce des pays en difficulté,
et rapportent des mannes aux investisseurs qui achètent des obligations
à ces taux. Rappelons qu'une obligation dont le taux d'intérêt
monte, voit sa valeur baisser et inversement. C'est un mécanisme classique
et automatique. Une fois que les investisseurs se sont remplis les poches avec
ces taux, ils larguent les obligations sur le marché à bas pris,
que d'autres rachètent avec des taux encore plus élevés
Il
y a bien sûr des risques d'effondrement à ce jeu là. On pourrait
imaginer réglementer les taux d'intérêt, mais alors plus aucune
banque ne voudrait prêter aux pays marginaux. C'est pourquoi, l'actuel fond
de stabilité financière (FESF) se propose en Europe de racheter
toutes les obligations des pays en difficulté à un taux raisonnable
mais élevé.
Ce qui signifie, faire marcher la planche à
billets de la BCE, pour créer non pas du capital productif mais du revenu
pour couvrir des dettes. Ceci est inflationniste par définition, donc l'euro
chute en valeur
.
C'est peut-être la révolte sociale contre la nécessité imposée, dans tous les cas, de faire payer la dette des banques et des Etats par le peuple, et de préserver à tous prix les privilèges de la classe possédante, qui mettra fin au système. Mais on ne peut lire dans le mare de café.
La
Commission européenne pouvait-elle, d'un point de vue capitaliste, faire
mieux que ce qu'elle a fait ? Il faut tenir compte du fait qu'elle doit prendre
en compte les desideratas des pays les plus riches, pour précisément
croire éviter l'éclatement, ces derniers ne voulant pas réglementer
la déréglementation financière, et voulant non seulement
le beurre mais l'argent du beurre (4)
La Commission transige pour éviter
que la rupture ne vienne d'elle. En fait, elle s'abstient de dire la vérité,
ou de parler vrai. Le peut-elle ? Quel est celui qui pourrait parler au nom d'un
intérêt général (de qui ?) qui sans doute n'est même
pas perçu comme tel ?
Citons pour finir l'opinion de quelques
hommes politiques (le Monde du 2-12-10).
Moscovici du PS pense qu'on peut
vaincre les spéculateurs, mais il ne dit pas comment, car il ne sait pas,
et il ajoute qu'il peut y avoir un "euro protecteur à long terme".
Qu'est-ce qu'un "euro protecteur" ? Si ce n'est un euro qui évite
l'inflation. Mais pour ce faire, il faut pratiquer des politiques sociales terribles
telles que le suggère un autre intervenant, : Copé, qui n'y va pas
par 4 chemins et qui dit "point de salut en dehors de la baisse du coût
du travail partout", et qui propose d'éliminer toutes les petites
entreprises, ce qui a été massivement fait en Grèce, en Irlande,
au Portugal....ce qui détruit tout le tissus social, accule les petites
gens à la misère, à la xénophobie, sans compter la
disparition des savoirs professionnels accumulés dans les petites unités
économiques...
On lit par contre une intervention intéressante
celle de Dupont-Aignan, un RPR gaulliste qui, lui, préconise de sortir
de la zone euro calmement, de façon organisée, sans défaire
l'Europe, en laissant l'euro comme instrument de réserve. Le choix, dit-il,
c'est quand et comment. Et il argumente :"Il ne peut y avoir de monnaie unique
sur des économies de structures différentes" .... Il faut laisser
"les monnaies nationales fluctuer les unes par rapport aux autres au regard
des compétitivités des pays". On retrouve ici le raisonnement
ci-dessus. En fait il n'a jamais cru à l'Euro, comme certains gaullistes
avisés.
Cela ne règlerait pas tout, loin de là, mais
éviterait peut-être des explosions sociales massives dans un premier
temps, et des destructions économiques encore plus grandes... car après
le Portugal, il y aura l'Espagne, la Hongrie et ?....
Egalement l'opinion de
G Longuet (6-12-10 Le Monde) est intéressante : " l'euro est à
un niveau acceptable pour les (pays) les plus forts, et insupportable pour les
plus faibles
les écarts en terme de productivité, de
compétitivité et de finances publiques, sont trop grands ".
Tout cela était parfaitement su depuis longtemps par les promoteurs de
l'euro, sauf qu'ils comptaient utiliser ces écarts en faveur des pays compétitifs,
et n'imaginaient pas un jour devoir les financer
. C'est pourquoi Longuet
nous dit encore qu'on ne peut avoir en même temps l'euro (qui demande une
politique de rigueur) et les 35 heures (qui font partie de ce qui pouvait à
la rigueur être octroyé dans la période précédente
des Glorieuses
.).
D'où une partie de ceux qui ont promu l'euro
est prête à la brader
Mais en finir avec l'euro ne règle
rien pour l'avenir. On retrouvera toujours les mêmes difficultés.
Ce avec quoi il faudrait en finir, c'est par exemple :
-la libre circulation
des capitaux
-les paradis fiscaux
-le système bancaire actuel qui
fait ce qu'il veut.( Il ne devrait pas être autorisé de prêter
à plus de 2 %, et les banques devraient être contrôlées
par les prêteurs.)
-les placements d'argent à plus de 2%
-la
bourse
-les marchés monétaires actuels
-les entraves à
la libre circulation des hommes
-le libre échange
-la concurrence
.
Aucun
parti n'est demandeur de cela, ni le Tartuffe Mélenchon, ni les organisations
dites d'extrême gauche. Dans ces conditions, l'Europe des peuples, démocratique,
non xénophobe, respectueuse des diversités culturelles, avec une
seule monnaie d'échange apparaît comme une chimère très
lointaine. AMC le 6-12-10
(1) Comptoirs coloniaux, plantations
esclavagistes, ou et (et) élevage de moutons pour vendre la laine et cultures
intensives de céréales par les féodaux anglais et prussiens
dès le 16ème siècle, grosses foires en liaison avec le commerce
par mer.
(2)Signalons que la Chine s'en goberge! Et maintient le
cap d'une centralisation féroce de ses décisions
Un gros avantage
du " capitalisme d'Etat communiste " !!
le 2-12-10
(3) Un euro valait 0,7 livre irlandaise en 2000... ! Donc les rapports coloniaux entre la GB et l'Irlande obligeaient encore ce dernier à avoir une monnaie forte, collée à la livre, qui ne correspondait en rien à sa situation économique. L'euro ou la livre n'ont donc pas changé grand chose pour l'Irlande ! C'est un pays où il y a le moins d'acquis sociaux, où par conséquent il faut maintenir un degré de tension important entre les communautés, pour éviter d'affronter ensemble la métropole... Donc revenir à une monnaie nationale pour l'Irlande n'a que le sens de pouvoir pratiquer des politiques monétaires autonomes.... très illusoires cependant.
(4) C'est-à-dire investir dans les pays les plus pauvres, acheter des terres, rationaliser la production, embaucher leurs salariés à bas prix, certes, et renflouer ces pays ? NON ou à des conditions draconiennes qui portent de lourds dangers d'un nationalisme xénophobe .La répétition yougoslave n'a servi à rien !.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxx
En juin 2008, une étude du ministère chiffrait à 500 000 le stock de logements neufs (construits depuis 2005) non vendus. Daprès une estimation du journal Público, qui croise les données sur les transactions enregistrées au Registre de la propriété et les données ministérielles sur les logements construits, ce chiffre sélevait à 780 000 à la fin du mois de septembre 2008. Ce nest donc pas seulement à un retournement de conjoncture que lon assiste, mais à une véritable crise de surproduction
3 millions de logements vides en 2001....... On compte 22-24 millions de maisons dont 3-4 millions de maisons vides en 2004. Sur l'ensemble des maisons construites durant la période 2001-2007, "pas moins de 28 % sont vacantes à la fin de l'année 2008" ( 5 millions ?)[
Du fait de louverture aux capitaux étrangers dans la décennie 70, le développement de léconomie espagnole sappuie sur le bâtiment et le tourisme.....Ainsi le crédit consenti aux promoteurs immobiliers a-t-il augmenté, durant la seule année 2005, de 40 %. Les investissements absorbés par le secteur immobilier (financement de la promotion, de la construction, de lactivité des intermédiaires et de lacquisition de logement) représentaient alors 54 % des investissements dans le secteur privé contre 40 % en 1997 . Cette place considérable occupée par limmobilier, qui est une des clés du « miracle économique » espagnol, pourrait avoir des conséquences lourdes sur léconomie nationale.
Dans le même temps entre 1997 et 2004, le prix des logements a cru de 88 % de plus que les loyers.
(www.laviedesidees.fr
Aujourd'hui, après la crise financière et l'effondrement de l'immobilier, les banques espagnoles détiennent 180 mds d'euros d'actifs immobiliers susceptibles de se transformer en impayés. Déjà 300 000 familles se sont fait saisir leurs maisons par les banques et chaque semine 800 familles sont expulsées, alors que les logements vides et non vendus sont pléthore...40% des 4,5 millions de chômeurs soit 1,8 million, vivent dans un foyer sans travail. Et le gouvernement va supprimer en 2011 l'aide exceptionnelle de 426 euros mis en place en 2009 pour les chômeurs en fin de droits.
Le salaire minimum est de 740 euros: pas de quoi payer un loyer. Et le prix d'un appartement reste élevé : plus de 100 000 euros pour 70m2... Qui soutient les prix de l'immobilier dans cette situation ? Qui achète ?
(Le Monde du 7-12-10)
SOMMAIRE
1)QU'EST CE QUE L' ENDETTEMENT PUBLIC ?
2)L'ENDETTTEMENT PUBLIC : UNE ARME DE GUERRE SOCIALE
3)PEUT IL Y AVOIR FAILLITE D UN ETAT ?
4)QU'EST-CE QUE LA MONDIALISATION ?
5)LA STABILITE MONETAIRE ET LES POLITIQUES DE RIGUEUR ;
6)LE SYSTEME ECONOMIQUE ACTUEL N'EST PAS FONDE SUR LA PRODUCTION DE BIENS ET SERVICES UTILES, MAIS SUR LA PRODUCTION DE PROFIT.
7)LE CREDIT COMME SOUBASSEMENT AU BON FONCTIONNEMENT DU
CAPITALISME
8)POURQUOI LE MARCHE EUROPEEN A EU BESOIN DE L'EURO ?
9)LES AGENCES DE NOTATION, CHIENS DE GARDE DU CAPITAL FINANCIER.
10)L'ENDETTEMENT HISTORIQUE ET ACTUEL DE LA GRECE.
(Grand détour sur l'histoire)
11)LES PRETS A LA GRECE DANS LA ZONE EURO ET L'ORGANISATION DE SA DESTRUCTION.
"Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour
nos libertés
que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain
permet un jour que
des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes
les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute
possession, par la récession, jusqu'au jour où leurs enfants se
réveilleront sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents
ont conquise .
Thomas Jefferson , 3ème Psdt des USA 1802
Introduction
Jefferson a pu écrire cela parce qu'il avait probablement vécu
le terrible esclavage monétaire imposé par la GB aux colonies
d'Amérique avant 1776. L'obligation de n'utiliser que la livre sterling,
sans possibilité de crédit, dans le cadre d'un libre échange
à sens unique, empêchait tout artisanat ou entreprise de se constituer,
de se financer par le crédit, et limitait la circulation monétaire
au point d'étouffer toute production libre (voir dans notre site www.marx21siecle.com,
la rubrique " Libre échange, monnaie coloniale "). Les américains
en gardèrent un souvenir tellement violent qu'ils interdirent toute banque
centrale jusqu'au début du 20ème siècle, et se jetèrent
à corps perdu
..dans le libéralisme économique (
!) qui favorisa l'émergence de Georges Friedman au 20ème siècle
et reproduisit ce dont ils avaient souffert, dans une ignorance totale des leçons
de la colonisation
. Les anglais firent pareil en Inde et ruinèrent
le pays.. Les américains firent de même en Argentine jusqu'à
l'explosion en 2001. Les " puissants ", en utilisant l'Europe, font
de même avec leur zone euro, avec l'appui du FMI et des agences de notation
L'ajustement
structurel, instrument du pillage et de l'endettement sans fin, dans les pays
du Tiers monde, est maintenant utilisé dans ce qu'on appelle " les
pays développés " au profit des seules puissances d'argent
!
Il n'empêche, la pensée de Jefferson était d'une immense
lucidité.
La crise autour de l'euro est actuellement l'aboutissement de la mainmise des
marchés financiers sur tous les gouvernements nationaux, et sur tous
les peuples.
Il apparaît bien en effet, en novembre 2011, que ce sont précisément
les agences de notation, porte paroles des marchés financiers, qui dictent
la politique économique et sociale des pays européens. Le respect
et les révérences du gouvernement Sarkozy à ces agences,
après la Grèce et l'Italie, ne peuvent manquer d'interpeller.
Et tous les partis politiques, de droite et de gauche, en Estonie, en Espagne,
au Portugal s'inclinent et en rajoutent. Les socialistes grecs se félicitent
d'aller plus vite que Mme Thatcher !
Rien ne peut laisser croire qu'un Hollande fera différemment d'un Sarkozy comme Président. Ils disent exactement la même chose quant au fond, avec un habillage différent : " oui il faut faire une politique de rigueur pour en finir avec l'endettement ".qui n'existe que par la grâce des politiques imposées par l'euro, et pour croître indéfiniment, selon le rythme imposé par les agences de notation qui font grimper les taux à leur guise . Pire, un Hollande peut paraître plus menteur qu'un Sarkozy car il enveloppe sa soumission au capital financier de crème au beurre !
Les derniers évènements politiques en Grèce début
novembre 2011 montrent donc la contradiction absolue entre ce qui est nécessaire
à la zone euro, et donc les marchés financiers (on va le démontrer),
et ce qui est nécessaire au peuple grec, et par là même
à tous les peuples.
L'agence Fitch a dit " un non des grecs menacerait la viabilité
de la zone euro ". Il ne faut donc pas que les grecs s'expriment par un
vote sur la politique assassine que " l'Europe " entend leur imposer.
Mais dans le même article du journal le Monde (du 3-11-11), il est écrit
sans aucune gêne : " Une nouvelle fois, les banques ont été
les principales victimes des errements de la zone euro ". ( !). Ce serait
les banques qui seraient victimes !! Finalement les errements des politiques
se résument, selon cette logique, à l'incapacité de l'Europe
à signifier encore plus clairement aux grecs " Aux pieds ! Couchés
! ".
Les banques contre les peuples, le capital financier contre les peuples ! Les
gouvernements quels qu'ils soient au service du capital financier ! (lire à
ce sujet le dernier livre de Benoit Hamon du PS !). Le parasitisme financier
du capitalisme va-t-il aller jusqu'au bout de sa logique de destruction, grâce
à l'approbation de la droite et de la gauche sur le dos des salariés,
des petites gens et des jeunes ?
La chute boursière mondiale et européenne n'a pas cessé
depuis juillet 2011 (le CAC 40, qui est réputé à la mi
juillet être à son plus bas niveau de l'année à 3650
points, recule de 19% en deux semaines, fin juillet et début août.
Semaine noire pour Wall Street début août, 7000 Mds de dollars
partent en fumée ; puis chute sans fin en septembre 2011 : il est à
moins 1000 points par rapport au 21-6-11, passe sous la barre des 2000 points
le
CAC tombera à près 3000 en octobre
).
Cette chute a été alimentée par la certitude que la Grèce
ne pourra honorer les remboursements des prêts effectués ce qui
aura un effet boule de neige étant donné que les mêmes doutes
concernent l'Italie, le Portugal, l'Espagne, l'Irlande
.l'Italie, la France
? " On " s'esclaffe en novembre que jamais l'Italie ne pourra rembourser
les intérêts de la dette avec un taux d'intérêt de
plus de 7%... ! Mais La Grèce en est à 12% !...
La crainte (ou le chantage à) d'un effondrement boursier encore plus
grave, d'une chute de l'euro, et les sombres perspectives concernant la reprise
de la croissance semblent superficiellement nourrir la défiance "
des marchés financiers ", alors que ce sont eux qui créent
cette situation !!
Finalement, on s'est gargarisé de grands mots sur la crise !! La Crise
du capitalisme ! Mais où se cache-t-elle ??. Ce sont les marchés
financiers qui créent le chaos dont ils s'abreuvent avec des taux d'intérêt
très élevés, et les spéculations qui vont avec.
Ils s'apprêtent à se nourrir des faillites en cascades (y compris
entre banques bien sûr), de la misère à venir des millions
de chômeurs, des guerres civiles où il n'y aura rien de plus facile
que de désigner un bouc émissaire : les populations les plus fragiles.
La dynamique des futures dictatures est là !
En face, la veulerie des hommes politiques face à la liberté d'aller
et venir des capitaux, aux mains des banques, sans aucun contrôle !
S'agit-il à proprement parler de la crise du capitalisme, ou de la barbarie
d'un système qui se donne le droit d'aller là où il en
est aujourd'hui grâce à la soumission de ces politiques face à
un processus qu'ils pourraient au moins bloquer ?
Nous pensons donc que si la logique capitaliste peut aller jusque là
où elle en est, c'est parce que les hommes politiques le veulent. Il
n'y a aucune fatalité. Il y a des coups d'arrêt à donner,
des NON à dire aux pouvoirs des puissants, des NON à dire à
des mécanismes de dévastation. Le capitalisme ne peut pas jamais
devenir humain, mais on peut juguler ses forces dévastatrices. Il n'y
a pas un déterminisme agissant sans volonté humaine.
Aussi, quand nous parlerons du " capital financier ", quasiment comme
d'une personne morale, il faudra comprendre que nous parlons des " puissants
" qui agissent derrière lui, une poignée des plus grands
brigands internationaux qui sévissent dans les banques, les grands conglomérats
industriels, financiers et de service, représentés dans les gouvernements
par leurs valets politiques de droite et de gauche, et de tous bords.
Les conflits sociaux, les conflits de classes sous jacents, animés par
la haine des politiques de rigueur, peuvent soit retrouver la solidarité
internationale qu'on leur a volée, soit sombrer temporairement dans le
désespoir xénophobe.
Il faut d'urgence tenter de s'y retrouver dans les discours qui nous sont donnés.
Comment comprendre les mécanismes dans lesquels nous sommes embarqués
? Comment saisir la nature du lavage de cerveau que nous subissons ?
Nous nous proposons de commencer par quelques points de repère et définitions: (On peut lire aussi avec profit le " Manifeste d'économistes atterrés, " Les liens qui libèrent ". Nov 2010)
1)QU'EST-CE QUE L'ENDETTEMENT PUBLIC PRECISEMENT ?.
La dette publique est plus large que la dette de l'Etat proprement (dette souveraine),
laquelle se fabrique avec le déficit budgétaire.
C'est formellement la différence entre les recettes et les dépenses.
Mais ces deux paramètres sont manipulables à volonté par
les Etats, surtout à l'époque où l'Etat dispose des impôts.
L'impôt sur le revenu naît avec la première guerre mondiale
en Europe et en France.
Lorsque l'impôt n'est pas suffisant ou bien lorsque que l'Etat ne veut
pas l'accroître, il émet des obligations d'Etat, ou des bons du
Trésor, rémunérés par un taux fixe, auxquels souscrivent
les particuliers, les entreprises, les banques, l'étranger. L'Etat ne
peut pratiquement jamais dire qu'il ne paye pas les intérêts de
ses emprunts. Par contre il peut dévaluer constamment la valeur de ses
dettes en dévaluant la monnaie.
Le montant des impôts comme le montant des dépenses, sont des
questions politiques et non des questions techniques. Il fait l'objet de tractations
; il est le résultat d'un rapport de classes.
Le livre " Le président des riches : Enquête sur l'oligarchie
dans la France de Nicolas Sarkozy " des auteurs Monique Pinçon-Charlot
et Michel Pinçon, explique comment Sarkozy a fait en sorte d'accorder
un maximum de baisses d'impôts, de niches fiscales aux riches, comme tâche
première.
A l'époque où il n'y avait pas d'impôt, l'Etat de type
féodal empruntait aux bourgeois et commerçants. Et ces emprunts
étaient remboursés en monnaie de singe, c'est-à-dire par
des monnaies dépréciées, ce qui était tout bénéfice
pour l'Etat. La bourgeoisie montante a brisé ce type d'Etat pour imposer
le sien, en tout premier lieu pour avoir la main sur les impôts, et imposer
la libre concurrence contre les corporations.
Le 19ème siècle a connu un Etat qui n'intervenait pas dans la
question sociale, qui lâchait la police montée et l'armée
contre toute insurrection, sans la moindre hésitation, et tirait dans
la foule. On oublie trop vite que la bourgeoisie vivait sans larme ce type de
rapport avec le salariat et les pauvres au 19ème, et que la bourgeoisie
anglaise mettait les pauvres et indigents dans les workhouses sans état
d'âme. Les dames patronnesses faisaient la charité et c'était
bon.
Depuis, ce n'est pas la bourgeoisie qui a changé, ce sont les rapports
entre classes sociales, vers une dégradation de la conscience du salariat,
qui ont changé.
Le financement de la paix sociale est apparu, dès 1929, et s'est généralisé
après la guerre de 39-40, comme étant désormais une variable
obligée, à cause de l'existence de l'URSS. Les Etats occidentaux
ne pouvaient se permettre de laisser s'étendre des crises sociales, en
raison de l'aura de l'URSS, même si cette aura était purement imaginaire.
Face au risque de l'extension du communisme, les USA ont été jusqu'à
proposer leurs bons offices par le plan Marshall. On oublie trop vite que c'est
la situation d'alors qui nécessitait ce type de propositions.
La sécurité sociale financée en grande partie par le patronat
n'aurait jamais pu voir le jour en France sans cette situation particulière.
Le déficit public a toujours été relativement secondaire
sur le plan politique, il a largement financé les acquis sociaux.
Le financement de la paix sociale a été l'élément
premier de toute politique après la seconde guerre mondiale
L'endettement public devint une vraie question avec la victoire des libéraux en économie, c'est-à-dire des capitalistes et financiers, avec le déclin et l'effondrement de l'URSS.. Ce sont les théories de Milton Friedman, Friedrich Hayek . qui constituent l'idéologie ambiante : privatisation de l'Etat, baisse des impôts, question sociale livrée au seul marché, expulsion de la notion de " justice sociale " comme étant contraire à la logique économique (Hayek), libre échange absolu, et libre circulation du capital etc etc
Depuis la chute de l'URSS en 1989, ll y a donc eu inversion des priorités. Les USA tout puissants, sous la houlette des idéologues ultra libéraux fascisants de l'école des Chicago Boys, ont cru pouvoir imposer partout la " stratégie du choc ", c'est-à-dire le libéralisme économique le plus violent. Les premiers essais concluants ayant été appliqués au Chili en 1973, soit 16 ans avant 1989. (rappel Noami Klein. La stratégie du choc. Actes Sud 2008).
Dès lors, les notions de déficit public, d'endettement public,
de dite " faillite " d'un Etat, de " règle d'or "
de l'équilibre budgétaire, purement " smithiennes ",
de désengagement de l'Etat dans la question sociale, s'imposent à
toute la société, et curieusement en apparence ne sont pas contestées
par la gauche, et faiblement par l'extrême gauche laquelle bafouille sur
cette question.
Les politiques vont s'employer à fabriquer et réciter des discours
de " bon sens " pour convaincre les citoyens qu'une saine politique
doit éliminer l'endettement public. On ne peut cependant comparer la
gestion d'un Etat à celle d'une famille comme les politiques ou les médias
le font habituellement
soi-disant pour que les citoyens " comprennent
bien " et soient sensibles au fait qu'il s'agirait d'un problème
de saine gestion; alors qu'il s'agit d'un problème politique. A la différence
d'une cellule familiale qui reçoit un revenu donné ( et qui peut
emprunter mais avec des remboursements immédiats exigés), les
recettes de l'Etat ne sont jamais une donnée intangible (sauf pour un
Etat soumis ou colonisé) pour les Etats occidentaux. Elles sont manipulables
de plusieurs façons.
Elles s'accroissent ou diminuent par le montant de l'impôt sur les sociétés
et sur les revenus, l'abolition ou la création des niches fiscales, la
privatisation ou non du patrimoine public, par l'émission d'obligations
et bons du trésor (emprunts), parla création monétaire
du prêteur en dernier ressort (la banque centrale) et par toutes les économies
réalisées sur le dos de la population en matière sociale
notamment.
Il faut savoir que plus l'Etat a la maîtrise de sa politique monétaire,
plus il peut créer de la monnaie et manipuler éventuellement le
montant de ses recettes.
La manipulation des recettes et des dépenses d'un Etat constitue en fait un enjeu politique considérable, pour gérer l'antagonisme toujours présent, et de plus en plus violent, des forces sociales entre elles, par le marchandage, et des pressions politiques majeures. Cet antagonisme doit être administré au mieux des intérêts de ce qui est nécessaire aux grands groupes industriels et financiers susceptibles de bien se positionner dans la compétition internationale, mais au mieux également de la paix sociale. Les politiques dites keynésiennes sont moins fondées sur la théorie de Keynes que sur cette nécessité de la paix sociale dans une période d'après guerre où l'idée de la révolution sociale faisait son chemin, pas seulement dans la tête des prolétaires mais dans celle des bourgeoisies. La politique sociale et la politique économique se fabriquent et se négocient " à vue " selon un réalisme froid, selon la compréhension de ce qui est nécessaire à la bourgeoisie et au mode de financement auprès des banques. Mais dans des circonstances données à prendre en compte très soigneusement.
Le déficit public peut être creusé volontairement pour favoriser les lobbys de l'économie, de la finance. Par ex la défiscalisation, à tout va, a favorisé pendant des années l'industrie du bâtiment et de l'immobilier. C'est un renoncement explicite, calculé, à des recettes d'Etat. Le gouvernement sait ce qu'il fait quand il propose de telles mesures. Mais les particuliers devront payer ce déficit !
Dans ce contexte, les questions de luttes sociales pour l'emploi, l'éducation, la santé, la vie des citoyens, ne constituent nullement des priorités à quelque niveau que ce soit, pour un gouvernement quel qu'il soit, mais sont seulement les éléments constitutifs de cette paix sociale à maintenir, soit par la force, soit de préférence par un consensus, qui se négocie selon le degré de finesse des hommes politiques de bassesse des représentants des citoyens, et de capacités de révolte de ces derniers.
Entre de Gaulle, négociant en 1946 la sécurité sociale, avec comme contre partie le ramassage des armes par le PCF, dirigé par Thorez, et les déclarations de guerre fracassantes d'un Sarkozy contre les banlieues, il y a un monde. Dans le premier cas, l'URSS faisait peur, dans le second cas, l'URSS s'est effondré et les représentants des salariés se sont tellement compromis que le chef de l'Etat peut même choisir de s'exprimer avec grivoiserie... Le bas niveau intellectuel des hommes d'Etat semble être à la hauteur de la nauséabonde concupiscence des dirigeants syndicaux et politiques d'une dite gauche .
Le discours alarmiste sur le déficit public est donc une arme de propagande
de premier choix faisant croire à la réalité d'une possible
faillite d'Etat, et à la nécessité de se " serrer
la ceinture ". Le parti socialiste se fait le chantre de ce discours, au
même niveau que l'UMP.
L'un et l'autre acceptent l'idée que, pour diminuer le déficit,
il faut s'en prendre aux dépenses sociales, donc il faut baisser les
salaires en commençant pas la fonction publique, puis les retraites,
puis les dépenses de sécurité sociale. Et Bernard Acoyer,
sans rire, explique le 3-11, qu'il " n'est plus possible de se tourner
vers des recettes nouvelles
.. alors que la dépense publique est
trop élevée ".
Tout est donc mis en place pour accréditer l'idée que " nous
vivons au-dessus de nos moyens (nous les salariés) " et pour rendre
improbable une riposte efficace à la nécessité de résister
au déficit public.
2)L'ENDETTTEMENT PUBLIC : UNE ARME DE GUERRE SOCIALE
L'ENDETTEMENT PUBLIC EST AUJOURD'HUI UNE ARME DE GUERRE CONTRE LE SALARIAT ET LE PEUPLE, AU SERVICE DE LA " STRATEGIE DU CHOC " DES MARCHES FINANCIERS
Le conflit entre républicains et démocrates aux USA à
la fin de l'été 2011 éclaire la signification profonde
de l'endettement public par un exemple concret.
La dette publique depuis Reagan en 1982 est passée de 1000 Mds de dollars
à 14300 Mds en 2011, sous le seul effet de l'abaissement continu des
impôts. Ce fut une politique délibérée. Entre 81
et 89, les dépenses de la Défense se sont accrues et les baisses
d'impôts ont constitué un principe. Entre 89 et 93, la guerre du
Golfe est lancée en pleine récession et de baisse des recettes
fiscales. Entre 93 et 2001, sous les démocrates, la poursuite des dépenses
de guerre a lieu dans un contexte où l'Etat doit payer les lourds intérêts
des déficits précédents sans augmentation d'impôts.
Entre 2001 et 2009, de nouvelles guerres sont financées tandis qu'ont
lieu de drastiques coupes d'impôts et une période de récession
en 2008 (crise des subprimes). En 2009-2011, sous les démocrates, le
plan de relance a lieu avec des baisses d'impôts. L'Etat se finance donc
en empruntant. En 2011, les républicains tentent d'interdire à
l'Etat de continuer à se financer de la sorte : ni impôts, ni emprunts
! Or les démocrates veulent voir relever le plafond de la dette pour
pouvoir se financer.
Quel est le sens de tout cela ?
-L'endettement de l'Etat ne pose visiblement pas un problème majeur au
gouvernement fédéral US, qu'il soit républicain ou démocrate.
-L'Etat, selon l'idéologie libérale doit étendre la guerre
pour relancer le complexe militaro industriel, donc l'économie, et continuer
d'ouvrir la voie aux grands groupes financiers et industriels en vue de racketter
les parties du monde sous domination américaine ( l'Irak, l'Afghanistan,
la Somalie par Etat interposé).
-L'Etat doit cesser toute dépense de type social. Le principe est donc
d'assécher les finances publiques qui ne sont pas militaires, et permettre
aux riches de ne plus payer d'impôts.
-L'Etat doit donc trouver de quoi se financer dans la privatisation de toutes
ses activités, ce qui constitue le B A BA de la stratégie libérale
qualifiée de " Stratégie du choc " par Noami Klein,
auteur américaine (Actes Sud 2008).
-Pour se faire, l'Etat doit revenir sur toutes ses avancées sociales,
même précaires. Il s'agit, de plus, de briser tous les points de
contact possibles, accessibles, saisissables, entre d'une part la bourgeoisie,
les administrations publiques, les administrations privées capitalistes,
et d'autre part les citoyens, le salariat, pour en faire des rapports indéterminés,
inintelligibles, obscurs, afin que plus personne ne sache à qui s'adresser.
L'Etat et les capitalistes doivent devenir invisibles. Ceci se met en place
par petites touches dans tous les pays capitalistes (inaccessibilité
de toute direction d'organisme par courrier, téléphone ou déplacement)
-Les puissants circuleront en voiture blindée (comme en Grèce)
-Il convient de dégager le terrain économique ou social de toute
entrave pour laisser libre cours aux activités des divers groupes financiers
industriels qui ne manqueront pas de s'entredévorer incognito. Ce terrain
doit être le chaos, le " Far West " selon une qualification
entendue à la radio.
-Il s'agit donc de détruire l'Etat capitaliste dans ce qu'il a encore
d'Etat providence, d'activités productives particulières, qui
peuvent constituer des freins au libre comportement des groupes financiers :
C'est l'aboutissement de la libre concurrence.
-De ce point de vue il nous faut comprendre que ce qu'on nomme la " croissance
" et le PIB (son expression), sont en train de devenir des notions indifférentes,
voire gênantes, pour le capital financier. Le PIB rend compte encore,
même si c'est de façon très lacunaire, de la gestion des
biens collectifs et publics par l'Etat. Le capital financier, ses marchés
financiers, ses traders formés à cela, s'asseyent sur la croissance,
ils n'en ont que faire, car, par destination, ils font leur beurre sur le racket
dans des espaces de désastre économique, social, public (cf l'Irak).
Le principe d'exploitation expliqué par Marx, se moque de la croissance
définie dans l'après seconde guerre mondiale dans un contexte
de pacification des relations sociales, et de collaboration implicite des classes,
pour résister à l'URSS. Le Far West est la situation la meilleure
qui soit pour une exploitation accrue, sans Etat si possible.
-En conséquence, ce sont les marchés financiers qui érigent
en principe les politiques de rigueur, les dérégulations en tous
genres en se servant d'organes comme le FMI, la BCE (banque centrale européenne)
lesquels ne " volent pas au secours des pays en danger " mais se font
l'instrument du chaos. Ce sont eux qui favorisent la chute de la croissance
des pays, ou la récession, au profit de la croissance du capital et de
l'accumulation pour quelques grands groupes financiers qui se sont appropriés
l'industrie.
-Le capital financier est cosmopolite, comme la bourgeoisie marchande l'était
avant que le capital industriel prenne des formes nationales. Il est cosmopolitique
dans le sens où il veut tout homogénéiser, briser les frontières
et faire fi de toute barrière en matière de circulation du capital
et des marchandises, sauf pour les populations. Il fait table rase de ce qui
est particulier, différent, diversifié. Il veut standardiser.
Marx avait mis cela en évidence dans le " Manifeste communiste ",
mais s'en réjouissait en y voyant, de façon erronée, le
caractère progressif de la bourgeoisie dans sa phase ascendante !!
A l'opposé, l'Internationale des travailleurs de 1864, constitué
à l'initiative de Marx aussi, se voulait une organisation solidaire et
internationale, et non pas cosmopolite, pour définir des revendications
communes, non contradictoires avec la diversité de ses membres. Une confusion
grave s'est introduite à ce niveau entre mondialisation, cosmopolitisme
et internationalisme, y compris chez les marxistes, du fait de la phrase ambiguë
de Marx " les travailleurs n'ont pas de patrie " ! Si, ils ont une
patrie, mais la solidarité internationale était d'une essence
supérieure. C'est pour cela qu'elle a été brisée
par le pays qui prétendait construire le communisme..
-C'est pourquoi le capital financier veut balayer les Etats Nations capitalistes
et leur ancrage économique particulier. En effet, cet ancrage économique
national a nourri des industries autonomes, des cultures industrielles variées,
et qu'on le veuille ou non, les traditions ouvrières propres à
chaque pays, lesquelles n'excluent pas la solidarité internationale.
S'il faut s'indigner des ripostes " souverainistes " xénophobes,
il faut les comprendre, et savoir quoi leur opposer, qui soit accessible à
une révolte justifiée contre les saccages nationaaux. La défense
de l'Etat Nation protecteur ne paraît pas aujourd'hui incompatible avec
la restauration de l'internationalisme aboli par Staline après la seconde
guerre mondiale. Bien au contraire.
- Dans une situation de désordre social intense, le capital financier
ne semble pas en peine de trouver suffisamment de populations riches et compradores,
vivant derrière des barrières électrifiées, ainsi
que des populations vautrées dans la misère et criblées
de dettes, pour acheter ses marchandises empoisonnées
.
En conséquence de ce qui précède, le capital financier,
et derrière lui le pouvoir des puissants de ce monde, a besoin d'une
arme pour parvenir à ses fins et imposer la destruction des Etats Nations,
celle de toutes les conquêtes sociales, l'écrasement et la soumission
des salariats et des populations : c'est l'arme de l'endettement public. Et
il compte sur les bourgeoisies compradores pour forger une idéologie
de l'équilibre des finances publiques et du remboursement nécessaire
de la dette.
L'endettement public constitue, selon nous, un détour stratégique,
comme instrument de guerre, pour obliger tous les Etats à s'appliquer
à eux-mêmes, la stratégie du choc, en vue de s'auto détruire
au profit du capital financier et d'une poignée de puissants.
Dans une situation où la classe politique dirigeante tient bien en mains
un politique monétaire indépendante et la capacité de manipulation
du niveau des recettes de l'Etat, puis contrôle les éléments
constituants de la paix sociale (dont le discours sécuritaire et les
campagnes de recherche des boucs émissaires sont des parties prenantes..),
la faillite est exclue dans les grands pays capitalistes occidentaux.
Il n'en est pas forcément de même dans les pays sous influence,
ou soumis économiquement, comme par exemple les pays à faible
PIB dans la zone euro, ou colonisés, ou les pays du Tiers monde dont
les monnaies sont enserrées dans des pactes politiques avec les puissants
de ce monde, ou l'ont été. Par exemple l'obligation pour l'Argentine
d'avoir un peso = un dollar avant la crise de 2001, c'est-à-dire une
monnaie trop forte, a participé à la faillite provisoire du pays.
De nombreux pays furent obligés de rembourser leurs dettes en dollars, dans le cadre des politiques d'ajustement structurel imposé par le FMI, ce qui les ruinait peu à peu. Cette hypothèse de faillite est cependant pratiquement exclue, car les artifices pour créer de nouvelles conditions de remboursement sont immenses (ce qu'on appelle le rééchelonnement..), sauf en cas de panique bancaire comme celle que nous vivons, vis-à-vis de la Grèce, où les banques ne veulent plus prêter, après s'être gavées des intérêts faramineux de la dette publique imposée.
Nous notons qu'il y a abus de langage dans ce domaine. La faillite concernerait
d'abord les banques et est le plus souvent un " défaut de paiement
" d'un pays. L'exemple de faillite, donné récemment par les
médias, concernant le Mexique en 1982 qui avait déclaré
un moratoire du fait de sa dette, est une absurdité. C'était un
15 août et le dollar avait vacillé. Or le Mexique n'était
pas en faillite ! Il déclarait ne plus vouloir rembourser sa dette. Point.
C'était les banques qui risquaient la faillite. C'est du reste à
partir de là que le FMI a pris le relais des banques dans les prêts
aux Etats du Tiers monde.
Aujourd'hui, ce n'est pas la Grèce qui court d'abord à la faillite,
ce sont les banques ! Le défaut de paiement des intérêts
de la dette n'est pas la faillite. Le retour au drachme serait l'issue, avec
des faillites d'entreprises et de banques, surtout liées à l'étranger.
Par contre à l'inverse, les banques et l'Etat peuvent mettre en faillite
les citoyens en leur raflant tous leurs comptes : cas de l'Argentine en 2001.
Cependant nous pouvons imaginer un seul cas de faillite réelle : Une population qui partirait à l'assaut des banques pour les supprimer, à l'assaut des entreprises pour se les approprier, et des institutions d'Etat, tarirait les ressources de l'Etat. Il y aurait non seulement faillite mais chute de l'Etat. Cette hypothèse n'est jamais à exclure.
Conclusion : déficit public et stabilité monétaire.
Le " nouveau danger " du déficit public clamé par les libéraux et la gauche, s'accompagne de la mise en uvre de politiques de stabilité monétaire. C'est aussi une résurgence de la théorie économique de Smith de la fin du 18ème siècle. Celui-ci savait par expérience, et il en donne des éléments de compréhension théorique, que le désengagement de l'Etat dans l'économie et la question sociale est la condition d'une monnaie stable.
Ont ressurgi depuis 30 ans les politiques de stabilité monétaire (désinflation compétitive, politique de rigueur) qui signifient la liquidation progressive de tous les " acquis sociaux " et la rentabilisation des services publics, c'est-à-dire leur disparition..
Ces politiques sont une nécessité pour le capitalisme qui doit sans cesse approfondir la concurrence et la compétition internationale, et faire davantage de profits.
La stabilité monétaire, prônée par les Etats dominants, fut et est un rouage essentiel de ce qu'on a appelé " la mondialisation " sans la définir.
4)QU'EST-CE QUE LA MONDIALISATION ?
Les artisans de la mondialisation sont des férus de " libéralisme
économique " tel qu'il fonctionnait au 19ème siècle,
des partisans du retour à la théorie d'Adam Smith sous la forme
la plus cynique, à savoir l'école américaine de Friedman,
issue de celle de Hayek (autrichien du début du 20ème siècle),
dont les principes sont : non intervention de l'Etat au niveau social, réduction
de l'Etat à ses fonctions de police et d'armée, absence d' impôts,
libre échange (à ceci près que seule la GB était
alors libre échangiste au 19ème).., stabilité monétaire,
si possible pas de banque centrale, pas de réglementation du marché
du travail.
Il manquait à cela un point capital très imparfaitement réalisé
: une circulation du capital sans entrave aucune, dans le monde entier. Mais
à l'époque, ça n'était pas encore une revendication
essentielle de la grande bourgeoisie car le capital circulait relativement librement,
et les occasions d'investir nationalement n'étaient pas encore épuisées.
La fin du 20ème siècle, va réaliser cette exigence.
On dit tout et n'importe quoi sur la mondialisation. Celle-ci n'est pas l'internationalisation du capital, ni la tendance à l'élargissement des échanges, lesquelles existent depuis les débuts du capitalisme marchand dès le 16ème siècle, mais surtout depuis la fin du 19ème siècle, dans un monde pourtant protectionniste, de la fin du 19ème jusqu'à l'époque Reagan/Thatcher.
Définition
La mondialisation née avec Reagan/Thatcher, fin 79-80, puis avec les
socialistes français et la social démocratie européenne
en 84-85, c'est la LIBRE CIRCULATION DES CAPITAUX, la fin du contrôle
des changes aux frontières, l'organisation de vastes zones de libre échange
réciproque entre pays capitalistes, l'accentuation de l'imposition du
libre échange à sens unique dans les pays du Tiers monde, c'est-à-dire
des pays riches aux pays pauvres, et l'abolition des exceptions de protectionnisme
dans certains pays ex colonisés. Cette dernière pratique fut le
fondement du colonialisme capitaliste dévastateur qui a commencé
en Inde au 18ème siècle et en Amérique latine, puis au
Maghreb (Tunisie, Egypte) et en Afrique : les pays riches en capital exportaient
leurs produits à bas prix dans des pays de production artisanale traditionnelle,
et détruisaient ainsi toutes les productions locales.
Mais l'essentiel aujourd'hui est la libre circulation des capitaux, laquelle
a donné un rôle extravagant aux paradis fiscaux..
Cela s'accompagne des restrictions les plus grandes concernant la libre circulation des personnes, sauf pour les citoyens occidentaux !
Conséquence : la dérégulation financière.
Pour favoriser la libre circulation des capitaux, on a élargi et rendu
plus souples les marchés financiers et monétaires. Ont été
crées des marchés multiples (des marchés secondaires en
nombre), des marchés de couvertures des risques
Tous les agents
économiques peuvent aujourd'hui y intervenir.
Les banques ont pu à nouveau, comme avant la crise de 1929, mélanger
leurs activités de dépôts, d'investissements et de spéculation.
Il en découle que doivent être supprimées toutes les restrictions
à la mise sur le marché de n'importe quels titres (par exemple
les crédits
), tandis que les entreprises peuvent émettre
des titres comme les banques : c'est la dérégulation. Les emprunts
de toutes sortes doivent pouvoir se faire au-delà de tout ce qui est
imaginable, avec un contrôle réduit.
Pour parfaire le tout, l'élargissement et la multiplication des paradis
fiscaux (pays refuges pour le capital, hors de toutes les lois fiscales des
pays nationaux) ont été autorisés, et pire, pour satisfaire
à la soif des rapine des pays capitalistes dominants, on a obligé
les pays dits émergents (pays du tiers monde dits " avancés
") à avoir des marchés financiers du même type et avec
les mêmes règles que ceux des pays capitalistes dits modernes.
La raison avancée était de permettre à ces pays de voir
s'investir chez eux les capitaux des pays dits du nord, pour " se développer
". En fait il s'agissait de mieux les piller, les ravager, y créer
la prédation, et se retirer à toute allure en cas de faillite
(1997 : crise monétaire puis boursière catastrophique en Corée
du sud, Philippines, Thaïlande, Irak, Taïwan, puis 2001 : l'Argentine..avec
retrait à toute allure des capitaux étrangers).
Cette dérégulation rend possible une spéculation effrénée, dont les Etats, soumis au capital financier, sont totalement responsables.
Le directeur de campagne de A Montebourg, Aquilino Morelle, écrit faussement
dans le Monde du 8-9-2011, que la mondialisation est un projet idéologique
pensé et voulu par des responsables politiques de gauche, une certaine
élite incarnée par Jacques Delors (le père de Martine Aubry),
Pascal Lamy de l'OMC, et Michel Camdessus, ex patron du FMI. Ces derniers ont
certes accrédité le bien fondé de la mondialisation en
France et en Europe à partir du début des années 80, mais
ils n'en sont pas les penseurs, qui sont Reagan et Thatcher, éduqués
par Milton Friedman.
" Ces hommes de la gauche française ont ainsi crée un nouveau
Moloch libéral, qui a dévoré toute la gauche européenne
et ouvert à Tony Blair le chemin de " sa troisième voie ",
écrit-il.
Ceci est vrai mais pourquoi épargner les libéraux américains
qui ont mis au point " la stratégie du choc " ?
Ce consentement des hommes de gauche, en Europe, nous a préparé
Maastricht et l'euro. La gauche constitue bien la béquille du capitalisme.
Rien d'étonnant à cela, après la reddition de l'URSS en
89, et la mise au pas du salariat russe par les bons soins de ses nouveaux dirigeants.
Du fait de la déferlante de la mondialisation, présentée
comme inéluctable, allant dans le sens du progrès et de la modernité,
les financiers de Wall Street et les traders ont fait preuve d'une imagination
débordante pour créer des produits nouveaux, des combines invraisemblables
pour contourner les dernières règles existantes et se livrer à
une spéculation éhontée.
Mieux, en 2004, l'Europe par la voie de sa Commission vote la directive "
Marché d'instruments financiers " (MIF), qui entre en vigueur le
1° novembre 2007. Celle-ci dérégule l'organisation des places
boursières européennes. Elle abolit la règle de concentration
des ordres concernant les transactions qui ne devaient s'effectuer qu'en Bourse.
Le Monde diplomatique qui relate ce fait (MD de septembre 2011) fait remarquer
que le MIF a force de loi au moment où va éclater la crise financière.
Les marchands régulaient leurs transactions par la bourse dès
le 18ème siècle en France, ce qui nécessitait leur publicité.
La commission européenne institue, contre cette régulation, le
principe de la concurrence entre bourses, et autorise les transactions opaques
de gré à gré (entre particuliers, entre sociétés),
hors des bourses, pour le plus grand bonheur des financiers. Il existerait aujourd'hui
plus d'une centaine de systèmes multilatéraux de négociation,
sans publication des prix et quantités échangées. En 2010,
moins de la moitié des transactions se font hors bourse. Les banques
trouvent là le moyen de s'affranchir des marchés organisés.
Le gratin de la finance s'en trouve fort bien.
Au nom des bienfaits de la concurrence, la spéculation est devenue ultrarapide
; et les banques peuvent investir et désinvestir au gré de leurs
intérêts, et faire disparaître des activités comme
elles l'entendent.
En outre les paradis fiscaux, qui engraissent du fait de la libre circulation
des capitaux, sont de mieux en mieux protégés par l'Europe, sous
couvert de petits " coups de gueule ", de temps en temps, pour indiquer
que soi-disant l'Europe a fait de la lutte contre eux
son cheval de bataille.
L'OCDE avait répertorié 42 paradis fiscaux en 1999. Elle n'en
répertorie que 5 aujourd'hui en 2011. Les autres ont-ils disparu ?? Non
pas du tout, mais on ne les compte plus comme tels. Ils ne se sont jamais aussi
bien portés. 20% des sociétés du CAC 40 ont des filiales
dans ces paradis bien planqués.
Qu'on vienne nous dire que " l'Europe " fait progresser la civilisation
!
Le G20 qui s'est réuni fin octobre 2011 va-t-il se saisir de ce scandale
continu ? Point du tout.
Pour parfaire l'aisance de la circulation du capital, il convenait en outre que, dans les zones de cette circulation, les monnaies soient stables. Ceci du point de vue des intérêts bien compris du capital financier.
5)LA STABILITE MONETAIRE ET LES POLITIQUES DE RIGUEUR ;
La condition à une bonne libre circulation du capital est une monnaie
stable.
Comment obtenir la stabilité monétaire ? Par la rigueur sociale,
telle qu'elle fonctionnait au 19ème siècle.
Les monnaies sont stables pendant de longues périodes dans les grands
pays capitalistes au 19ème siècle d'une part parce que l'Etat
ne crée pas de monnaie (seules les banques en créent par le crédit
aux entreprises), d'autre part parce qu'il est désengagé sur le
plan social : c'est une règle mécanique bien connue dont nous
n'allons pas donner les rouages ici.
Les méthodes pour obtenir à nouveau cette stabilité à
la fin du 20ème siècle ont été expérimentées
par le FMI à partir de 1982 (comme une répétition des politiques
monétaires dans les pays colonisés) dans les pays du tiers monde
au travers des politiques dites " d'ajustement structurel ". Mais
on réservait cela aux pays dits du sud
.
Une des tentatives pour l'appliquer en Occident a commencé par les politiques
de " désinflation compétitive " dans les années
80 (politiques de rigueur pour susciter plus de compétitivité)
pour résister à l'inflation, soi-disant venue de la crise pétrolière
de 1973
..
La rigueur sociale ne doit plus être seulement un choix de politique
nationale souveraine, mais doit devenir une règle légale, inscrite
dans un texte quasiment constitutionnel ou un traité. Cette politique
de rigueur sociale passe mécaniquement par la question du déficit
et de la dette publique, selon les libéraux de l'école de Milton
Friedman. C'est, en Europe, Maastricht et ses règles énoncées
en 1992 (rendus formellement caduques pour partie avec l'euro mais dont
les principes sont réintroduits avec un vigueur nouvelle.
Rappelons ces règles:
1. Stabilité des prix : le taux d'inflation d'un État membre
donné ne doit pas dépasser de plus de 1,5 point celui des trois
États membres présentant les meilleurs résultats en matière
de stabilité des prix.2. Situation des finances publiques :
a. Interdiction d'avoir un déficit public annuel supérieur à
3 % du PIB .
b. Interdiction d'avoir une dette publique supérieure à 60 % du
PIB
3. Taux de change : interdiction de dévaluer sa monnaie ; ceci fut rendu
obsolète avec le passage à l'euro pour les pays de la zone euro.
En outre, l'État membre doit avoir participé au mécanisme
de taux de change du système monétaire européen (SME) sans
discontinuer pendant les deux années précédant l'examen
de sa situation, sans connaître de tensions graves
4. Taux d'intérêt à long terme : ils ne doivent pas excéder
de plus de 2 % ceux des trois États membres présentant les meilleurs
résultats en matière de stabilité des prix.
On notera que le déficit est entériné comme étant normal, à condition de ne pas dépasser un certain seuil
La question que se posent les libéraux concerne l'applicabilité sociale d'une telle politique à la fin du 20ème et au début du 21ème siècle. Peut-on revenir en arrière sur le plan social, car il s'agit bien de cela ? Ceux qui présentent la question comme étant de l'ordre d'un réformisme moderne, sont particulièrement pervers, car il ne s'agit rien de moins que de revenir au 19ème siècle en matière sociale, médicale, humaine .Pourquoi ne pas tenter face à l'incurie de tout ce qui se prétend à gauche, et après le rouleau compresseur du soviétisme qui a déboussolé le salariat ?
Il a fallu cependant user de trésors d'ingéniosité, de mensonges, dans le discours et dans les demies mesures, au départ, pour pouvoir imposer les politiques de rigueur, condition de la stabilité monétaire. Il faut poursuivre inexorablement ces objectifs sur plusieurs années pour parvenir à un libéralisme économique parfait
Un mot sur cette stabilité monétaire dont on a fait croire aux peuples qu'elle leur était favorable. Apparemment oui, mais au prix d'une terrible rigueur. Alors l'inflation est-elle préférable ? C'est à ce niveau là très précisément que le capitalisme n'offre aucune bonne solution, aucune alternative. Il faut en finir avec une monnaie véhicule du capital, en bridant ce dernier puis en le brisant.
Parallèlement à la recherche de stabilité monétaire,
la limitation du nombre des monnaies est indispensable pour les libéraux,
afin d'effectuer un contrôle rigoureux des politiques monétaires
et de limiter ces dernières.
Il convient entre autres d'en finir avec les dévaluations ou les réévaluations
nationales.
Les variations de cours du change doivent être le plus limitées
de façon draconnienne.
On passera sur toute l'histoire monétaire récente des pays européens.
Sur le plan mondial la Chine et le Japon faussent le jeu en maintenant autoritairement
un cours bas de leur monnaie.
Mais le " top " sera la monnaie unique en Europe, qui exclut la création
monétaire comme politique nationale souveraine.
Faisons ici une parenthèse sur la nature du système économique
actuel pour bien comprendre ce qui se passe.
6)LE SYSTEME ECONOMIQUE ACTUEL N'EST PAS FONDE SUR LA PRODUCTION DE BIENS
ET SERVICES UTILES, MAIS SUR LA PRODUCTION DE PROFIT.
Les rationalités qui découlent de l'une ou l'autre production
ne sont pas les mêmes.
Le discours économique traditionnel ou à l'usage des étudiants,
ne fait pas la clarté sur ce point. Il prétend très généralement
que la production capitaliste et la consommation de masse répondent aux
besoins des gens.
Cette absence de clarté tient au fait que les deux types de production
utilisent les mêmes produits de base, et apparemment des marchandises
identiques. Mais dans un cas il s'agit de faire le plus possible d'argent, dans
l'autre uniquement de satisfaire les besoins. Et il n'est pas aisé de
s'y reconnaître. Comment savoir qu'un médicament présenté
comme étant indispensable à la santé, est en réalité
un poison pour cette dernière, en sachant que certains médicaments
répondent quand même aux exigences de la santé ? Comment
imaginer a priori que les magnifiques légumes offerts sur les marchés
sont en fait pourris par les herbicides et pesticides ?
La plupart des économistes n'admettent pas cette différence de
perspectives. Ils pensent seulement que l'économie capitaliste subit
une dérive qui relève de l'absurdité, et qu'il serait possible
de le réformer de cette absurdité. Par exemple, l'organisation
de la production capitaliste serait devenue aberrante par ignorance ou mauvaise
gestion
La production de nitrates, d'algues vertes par les élevages industriels,
pouvant entraîner la mort, serait une absurdité non seulement du
point de vue de la production de biens utiles mais d'un point de vue capitaliste.
Or ce type de production génère tellement de profits pour les
grands groupes industriels et les grandes surfaces que ça n'est absolument
pas absurde d'empoisonner bêtes et hommes d'un point de vue capitaliste,
contrairement à ce qui peut être dit.
.Sans doute, parce que cela ne peut être dit froidement, les économistes
et les politiques font comme si les deux rationalités n'en étaient
qu'une.
Mais il est vrai que la rationalité du seul profit génère
des problèmes majeurs, qui cachent des contradictions pouvant devenir
insupportables. La nécessité de produire toujours plus, de jeter
toujours plus des produits non avariés, de produire n'importe quoi de
vendable et d'apparemment utile, de produire de mauvais produits pour obliger
à les jeter et à en racheter, d'imaginer n'importe quelles combinaisons
productives, d'inventer des besoins imaginaires dits fondamentaux, de susciter
des marchés suspects, de convaincre le public d'acheter par la publicité,
de provoquer de fausses annonces, de pratiquer l'escroquerie à grande
échelle (le Médiator), d'enfermer les gens dans des dettes à
n'en plus finir, de fabriquer un droit spécifique et justificateur de
l'enfermement (" le temps partagé " dans l'immobilier), de
soumettre le citoyen à des biens et services dont il ne pourra plus se
passer
tout cela devient tellement visible, insupportable que même
les capitalistes ont du mal à se justifier. Eux-mêmes parlent d'erreur,
alors que leur mépris des besoins humains ne relève pas d'une
erreur.
Ce type de production engendre une circulation de marchandises en tous sens,
apparemment dans le désordre et le gaspillage pour un esprit rationnel..
Des tomates industrielles de Hollande qui partent vers la Grèce qui ne
peut plus produire ses tomates traditionnelles ; d'innommables tomates d'Espagne
qui arrivent en hiver au nord de l'Europe ou inonde le marché africain
qui produit pourtant des tomates ; des marchandises dont les différentes
parties sont construites dans des pays les plus divers, pour être assemblées
encore ailleurs, avec des prix de transports finalement négligeables
etc ceci finissant par engendrer au final une pénurie artificielle, comme
par exemple une pénurie alimentaire destinée aux organismes caritatifs
(septembre 2011) : tout cela relève d'une froide rationalité,
celle du profit.
Illogique ? Absolument pas illogique, tout dépend de quel point de vue
on se place..
A l'inverse, une production pour les besoins, pour " les seules valeurs
d'usage ", ferait d'abord appel aux produits et marchés locaux,
à la petite production artisanale et familiale, à des entreprises
choisies, et devrait faire l'objet de décisions des citoyens rassemblés
dans des comités de quartier ou régionaux.
Plus de satisfaction, moins de gaspillage, plus d'activités locales,
plus des responsabilités locales pour répondre aux questions.
Les citoyens organisés à la base devraient décider quoi
produire, comment produire, avec quoi produire.
Cette production inciterait à redéfinir toutes les questions relatives
à la propriété de la terre et à son usage, à
généraliser les réparations, donc l'abandon de certaines
technologies inutiles.
Elle n'engendrerait que le besoin de monnaies d'échange et non de monnaies
véhicules de capital et de spéculation.
Il nous paraît évident que le capital financier n'a que faire d'une production pour les besoins, qui limiterait le nombre des marchandises. Il n'appuie son désir effréné d'argent que sur ce qu'on nomme la " société de consommation de masse ", la concurrence la plus absurde.. Parallèlement, l'enfermement et l'abrutissement par la télévision, les grandes surfaces, la publicité, le nerf de la guerre étant le crédit, visent à acheter la soumission des citoyens et des salariés
7)LE CREDIT COMME SOUBASSEMENT AU BON FONCTIONNEMENT DU
CAPITALISME
Le capitalisme est contraint de s'accommoder d'une contradiction fondamentale.
Il doit exploiter les salariés un maximum, c'est-à-dire ne leur
donner que le minimum vital pour avoir un taux de profit le plus élevé.
Et en même temps il doit vendre le plus possible et toujours plus aux
salariés qu'il exploite, et il doit tout marchandiser : la maternité,
l'éducation des bébés et des enfants, l'amour, le corps
humain, toutes les formes de soins, la sexualité, l'hygiène, l'art
, et tout ce qui est le plus intime en l'homme.
Les salariés se battent pour avoir plus que le minimum vital biologique,
ils veulent plus que le minimum social, lequel a augmenté sans cesse
avec les acquis sociaux
L'existence de l'URSS, et ce qu'elle a été censée représenter,
a posé l'exigence pour les pays capitalistes de pratiquer des politiques
sociales, dans le même temps où les politiques coloniales se sont
fait toujours plus violentes pour trouver dans les pays colonisés la
main d'oeuvre peu chère désirée. Les colonies ont permis
de donner des miettes pour une aristocratie ouvrière, ainsi que Marx
l'explique à la fin du 19ème siècle.
Il n'en demeure pas moins qu'entre la bourgeoisie, les classes moyennes et les salariés un peu mieux payés, il n'y a jamais assez de consommateurs pour le capitalisme.
Pour que tout baigne dans l'huile, et pour remédier à tous les dysfonctionnements apparents, le système économique a dû introduire le crédit dans le système bancaire. Il a commencé à apparaître au début du 20ème siècle et s'est généralisé après la seconde guerre mondiale. C'est un instrument économique et politique.
D'une façon générale, il faut prêter aux Etats,
aux institutions, aux entreprises, aux individus, bien plus qu'ils ne possèdent,
pour qu'il soit possible de vendre tous les biens et services fabriqués
en masse, de façon standardisée et anarchique, et avec le moins
de contrôle possible sur ce qu'ils contiennent.. C'est là que se
situe l'endettement, dans un système économique qui connaît
pourtant l'impôt.
Les Etats doivent faire construire des aéroports là où
il n'y en a pas besoin, des centrales nucléaires là où
le solaire eût été approprié, subventionner l'irrigation
pour le maïs alors que l'eau manque
etc ; les municipalités
doivent détruire des immeubles, des gares (la gare des Brotteaux à
Lyon..), des vieilles maisons pour reconstruire du neuf parfois invendable et
de qualité médiocre; les individus doivent collectionner et changer
sans arrêt les téléphones portables, les télévisions,
les sacs, les chaussures, les voitures, les frigos, les machines à laver
s'endetter..
. Il faut bannir la réparation et faire du neuf, acheter
du pain frais et jeter l'ancien, et tout à l'avenant. Il faut vendre
les loisirs, le corps humain, le sexe, tout
Donc il faut prêter.
Mais il faut rembourser les crédits contractés. Sinon on vous
jettera dehors de vos maisons. Pour éviter la faillite, les banques vont
donc imaginer une multitude de subterfuges, qui à terme peuvent devenir
dangereux pour le système financier lui-même. Mais qu'à
cela ne tienne, les financiers ne sont pas à court d'imagination.
C'est ainsi que plus les écarts entre riches et pauvres s'accroissent, plus les crédits deviennent hasardeux et dangereux. Les financiers vont alors inventer des crédits dits " produits toxiques " dont ils vont mettre les titres en bourse par petites tranches dans des produits apparemment acceptables. Mais pour être vendables, il faut proposer des taux élevés, et dès l'origine prévoir par exemple des taux variables, qui vont faire plonger les petites gens.
L'aboutissement est les subprimes (nous en avons expliqué le fonctionnement dans une rubrique à cet effet dans www.marx21siecle.com. Il faut s'y reporter) ou encore la situation grecque, entièrement fabriquée par les ingrédients ci-dessus.
Les banques ont donc parfaitement digéré les contradictions évoquées ci-dessus. C'est pour cela que la dérégulation ouverte par la mondialisation leur a donné l'occasion de vendre sur le marché et en bourse, les dettes pour retarder les échéances de remboursement, mais surtout les risques de non remboursement. C'est ainsi que l'on a vu apparaître de façon systématique en bourse cette drôle de chose : DES TITRES DE DETTES.
Ce système était supposé faire disparaître les non remboursements et apporter des capitaux sans restriction, même en cas de défaut de paiement.
Le système comptait de plus sur la renégociation des dettes, qu'il s'agisse des individus ou des Etats (du tiers monde par ex), pour retarder les échéances. Mais qui dit renégociation ou rééchelonnement, dit hausse des taux d'intérêt et des remboursements, jusqu'à un point de non retour et d'endettement insupportable. Les individus qui sont pris dans cet engrenage, sont obligés de tout vendre et se retrouvent à la rue comme des clochards.
Les Etats du Tiers monde endettés, sous la houlette du FMI, ont ainsi perdu tous leurs maigres acquis dans les politiques dites d'ajustement structurel : perte de tous les services publics, des entreprises publiques, privatisation de toute la société. L'Amérique latine a été un laboratoire d'expériences à cet égard. Et ont subi de tels niveaux d'endettement, qu'un certain nombre de dettes ont été abolies (cf le moratoire au Mexique en 1982). L'endettement se présente donc comme étant sans fin.
Il a fallu alors affiner l'ingénieux montage décrit précédemment pour qu'il marche sans interruption. Mais pour ce faire, il était nécessaire que les banques se financent entre elles sans restriction, qu'elles trouvent des capitaux sur le marché, et prêtent aux Etats sans discontinuer, à des taux d'intérêt intéressants. D'où un imbroglio de plus en plus compliqué de titres divers, de titres nouveaux qui couvrent les anciens titres qui ont une mauvaise presse et un niveau de spéculation de plus en plus intense.
Mais ceci entretient LE RISQUE DE CRISE FINANCIERE.
Dans le cas précis qui nous occupe, il convient, avant de revenir en
arrière et de comprendre comment fonctionne le marché européen,
pourquoi l'Europe avait besoin d'une monnaie
unique, et quel devait être le rôle de pays peu compétitifs
et à monnaies faibles à l'intérieur de l'Europe.
8)POURQUOI LE MARCHE EUROPEEN A EU BESOIN DE L'EURO ?
On ne va pas discuter ici des raisons de la constitution de l'Europe. Ces raisons
n'ont en tous cas rien à voir avec de l'humanisme. Grosso modo il s'agissait
de constituer une entité économique compétitive capable
de faire face aux USA d'un côté et au Japon de l'autre, en prévision
de la croissance de la Chine. Il fallait aussi constituer un marché non
encore exploré avec tous les petits pays qui échappaient largement
à la logique du libéralisme économique et avec ceux libérés
de la tutelle de l'URSS.
La chute de l'URSS en 89 a permis aux libéraux de penser que les populations
européennes étaient en voie d'accepter la logique de la "
stratégie du choc " par paliers, surtout du fait du rejet du communisme
par les populations de l'est. Dans sa " toute petite tête ",
la bourgeoisie européenne libérale, pensait que l'abandon de "
l'Etat Providence " (ou son " 'épuisement " comme l'expliquait
une certaine gauche au service de la CFDT)°irait de pair. C'est à
dire la mise en question de tous les acquis sociaux.
Cependant pour la galerie, et afin de disculper à l'avance la gauche
de son acquiescement, on construisait théoriquement un espace où
les droits sociaux devaient être les mêmes pour tous les pays, mais
on ne disait pas que ces droits devaient être au plus bas niveau possible.
L'Europe avait d'abord été celle du libre échange. Les
pays riches et compétitifs devaient inonder les pays pauvres de leurs
produits pas chers, tandis que disparaitraient de ceux-là les produits
traditionnels. Mais chaque pays conservait dans un premier temps sa politique
monétaire et sa souveraineté, bien que la libre circulation des
capitaux y fut réalisée..
Cependant au final, il fallait, pour les pays dominants, prendre le contrôle
de la production, de la terre, des terroirs, des espaces, des banques locales,
c'est-à-dire du crédit, soumettre la main d'uvre au turn-over
désiré, puis se saisir plus tard
. de la politique monétaire.
Pour appâter, et en contre partie, l'Europe devait offrir de l'argent
pour construire des routes (transporter les marchandises des pays riches..),
des aéroports, " moderniser " les villes, construire des hôtels
de luxe
pour le tourisme. C'était la " modernité et
la prospérité " !
Autrement dit, il convenait de soumettre ces pays, en faire des marchés
pour les pays riches, les réduire à importer tous les produits
et services nécessaires, et n'en faire que des pays subalternes, réceptacles
des usines délocalisées, des pays touristiques, offrir leur eau,
leurs fruits, leur huile, aux touristes en tous genres (cas de la Grèce).
Rapidement, le principe d'une monnaie unique apparût, sans pour autant
qu'on veuille et qu'on puisse réaliser une unité politique et
un gouvernement unique. La bourgeoisie des grands pays européens croyait
pouvoir gérer l'euro en dehors d'une intégration politique comme
les USA géraient le dollar. La perspective fut posée pour l'an
2000. En réalité, elle savait que l'attachement des peuples à
leur culture, leur histoire, leur nation, interdirait un " fédéralisme
" au profit du grand capital.
Cette perspective avait un écueil majeur. On n'impose pas une monnaie
unique entre des pays riches en capital et des pays pauvres, sauf à soumettre
et coloniser ces derniers. C'est ce que disent (et ont toujours dit), sous une
forme qui leur était propre, des économistes comme Emmanuel Todd
et Jacques Sapir " On ne construit pas une monnaie unique entre des pays
non homogènes " économiquement
. Sauf pour soumettre.
Fin octobre 2011, les grecs ont dit publiquement " nous devenons une colonie
de Bruxelles "
En effet, pour Bruxelles, disposer d'un espace économique compétitif, exigeait la stabilité monétaire. Le mieux et le plus urgent était donc la " monnaie unique ". C'était l'argument décisif de la bourgeoisie européenne, principalement allemande.
C'est ainsi qu'à pas menus, l'Europe a fait passer " les accords
de Maastricht ", que l'extrême gauche refusait, comme les souverainistes
et l'extrême droite, mais sans que personne ne décortique réellement
les données du problème quant au fond.
Personne ne se doutait clairement que ces critères signifiaient des politiques
de rigueur et un désengagement de l'Etat sur le plan social.
Pourtant en 2005, des peuples comme ceux de France, de Hollande, d'Irlande,
ont eu l'intuition de la sauce à laquelle on voulait les manger, en refusant
de voter pour une dite constitution européenne
Les politiques de rigueur (désinflation compétitive, les " ajustements structurels ", la privatisation des services publics), sont des politiques qui, mécaniquement, stabilisent la monnaie (on n'entrera pas ici dans la démonstration théorique ici). Dans cette vision des choses, il convenait de réduire le pouvoir monétaire des pays occidentaux subalternes à une peau de chagrin, et de remettre ce pouvoir entre les mains principalement de l'Allemagne et de la France. Par l'existence de l'euro, chaque pays devait perdre l'autonomie de sa politique monétaire, sa capacité de création monétaire, les banques centrales abandonnant leur rôle d'intervenant " en dernier ressort ". Et on allait créer cet instrument de guerre, une banque centrale (la BCE) autonome, libre c'est-à-dire aux mains de la finance internationale.
Faisons ici une parenthèse sur l'opinion d'Amartya Sen, l'économiste
réformiste très modéré de l'Inde, bien connu (3
et 4 juillet 2011, Le Monde). Il avait donné sa bénédiction
à la constitution de l'Europe, après la deuxième guerre
mondiale, en pensant qu'elle serait un garde fou contre toute réminiscence
du nazisme, et qu'elle préserverait les démocraties. Quand l'idée
de l'euro est née, il n'a pas été dupe qu'il y avait derrière
elle le pouvoir des financiers. Il s'est prononcé de suite contre l'euro
en indiquant que l'abandon des politiques monétaires nationales et des
réévaluations des taux de change dans chaque pays, serait une
perte considérable d'autonomie. Il rappelle cela dans l'article cité
et voit dans la situation actuelle le passage de la démocratie à
une intégration financière incohérente sous l'égide
des financiers. Le pouvoir des financiers fera tomber les régimes démocratiques,
pense-t-il, et les politiques de rigueur tueront la croissance
Tout était donc clairement pensé depuis un certain temps.
Pour tenter d'unifier ce que ne l'était pas, il était donc nécessaire
au départ de prêter de l'argent à tour de bras aux pays
les plus pauvres de l'Europe, les endetter, et leur faire le coup des politiques
" d'ajustement structurel " au cas où ils ne payeraient pas
les intérêts de leurs dettes rubis sur l'ongle
La crise de 2008 a mis en relief, plus tôt que prévu, le pouvoir
des financiers, et les conséquences de la mondialisation, c'est-à-dire
de la libre circulation des capitaux.
L'euro, monnaie forte, a imposé de fait une prédation totale, et a donné le " coup du lapin fatal" aux pays à monnaies faibles, parce que pays à faible PIB.
Tout pouvait à la rigueur fonctionner un certain temps, à condition qu'il n'y ait pas de crise économique. Mais comme les ex marxistes le savent encore, le capitalisme subit des crises périodiques, d'autant plus graves que les capitaux financiers n'ont plus la bride sur le cou.
La chute de l'URSS a pour ainsi dire anéanti les capacités de raisonnement des économistes libéraux. Ceux-ci, avec les hommes politiques les soutenant, ont fini par imaginer que c'était la présence même de l'URSS qui avait posé problème (à la gestion des profits bien sûr.), pendant 60 ans, d'un point de vue économique. La liberté retrouvée, le marché devait tout régler. Une atmosphère euphorique s'est développée dans les petits cercles irréalistes des libéraux. Les crises devaient disparaître avec l'URSS et l'imagination des traders ferait face à tout !
Or la crise des subprimes a éclaté et a naturellement tout mis en question. (voir notre rubrique dans www.marx21siecle.com).
Un nouveau gendarme prit alors une autorité inattendue.
9) LES AGENCES DE NOTATION, CHIENS DE GARDE DU CAPITAL FINANCIER.
Il est utile de lire le livre " Les Agences de notation " (la Découverte
en 2010). Il est stupéfiant que ces agences soient réputées,
par des analystes sérieux, comme non sérieuses et qu'elles fassent
cependant la pluie et le beau temps !
Elles se sont crées au début du 20ème siècle aux
USA, comme pures entreprises capitalistes, sans lien et contrôle avec
les Etats: la Moody's Investor Corporation en 1909, la Ficht Publishing Company
en 1913, la Standard Poor's en ?; les " Big Tree " qui ont 90% du
marché
Elles se mettent à noter les collectivités
et les Etats latino américain vers 1930, ainsi que la Grèce, provoquant
une flambée des taux d'intérêt et un coup d'Etat dans ce
pays. Elles sont au service de la finance anglo saxonne à l'évidence.
En 1975, ces agences doivent obtenir un agrément de la SEC, le régulateur
boursier américain. Qu'à cela ne tienne, elles font ce qu'elles
veulent. Et leur histoire est jalonnée de scandales que les Etats s'empressent
d'oublier. Par exemple, elles ont laissé s'endetter AIG, Fannie Mae,
Freddie Mac et autres, avec d'énormes risques, pour des montants astronomiques,
sans avoir jamais dégradé leur notation ; elles ont agi de même
avec des sociétés de crédit sans foi ni loi qui fabriquaient
des titres pourris. Elles ont sur notés des douzaines de crédits
hypothécaires US en toute conscience. Aujourd'hui elles font le jeu du
Tea Party, la frange républicaine la plus radicale, pour que l'Etat US
ne puisse plus agir.
En 2009 les 3 Agences brassaient environ 4 Mds de dollars. Leur problème: faire de l'argent en vendant leurs services.
Les choses sont donc claires. Elles le sont pour tout le monde. Des poursuites
judiciaires ont même été engagées contre elles par
le département de la justice US. Les faits sont graves mais qu'à
cela ne tienne. Il suffit que ces agences notent " en moins " pour
semer la panique, aggraver la hausse des taux d'intérêts, précipiter
la récession. On sait que c'est l'opinion du capital financier ! Lequel
gouverne le monde
. Très peu contrôlées, ces agences
sont donc dépendantes des institutions financières et payées
par elles. Leurs notations précipitent les investisseurs vers les organismes
et les Etats bien notés au détriment des autres. C'est une façon
d'exprimer la volonté et les intentions du grand capital financier. Sur
le marché mondial de la dette, elles se font les chantres de la résorption
des déficits, à coup de notations, et dictent leur loi aux Etats
tétanisés (Le Monde du 20 juillet 2011).
Un article de la Tribune de l'économie du 2-6-2010 écrivait ceci
:
"| Il y a beaucoup à dire et écrire sur les agences de notation.
Contentons nous à ce stade de relever le stupéfiant et coupable
laxisme dont fait preuve à leur égard le gouvernement français.
Ainsi par deux arrêtés du 19 décembre 2006, le ministère
français (c'est utile de le préciser, car à lire le contenu
de ces arrêtés la question de la nationalité du ministère
qui en est à l'origine peut se poser) de l'Economie, des Finances et
de l'Industrie a établi la liste des organismes habilités à
noter les fonds communs de créances mentionnée à l'article
L. 214-44 du code monétaire et financier ainsi que les émetteurs
de titres de créance négociables visés à l'article
D.213-3 du même code. Les organismes agréés pour évaluer
ces opérations financières régies par la loi françaises
sont exclusivement américains : Dominion Bond Rating Services, Fitch
Ratings, Moody's Investors Services, Standard & Poor's ; aucun organisme
privé ou public français n'a été agrée par
les ministères français compétents
".
Selon le journal, cela assurait de façon scandaleuse un régime
d'irresponsabilité quasi-totale à ces agences. Néanmoins
le Ministère français avait décidé de se soumettre
au jugement du capital financier US. Rappelons que Baroin le 21 octobre 2011,
alors que la France était menacée de perdre ses 3 A, disait que
la France répondrait " présent " à l'avertissement,
afin de " préserver le système social français "
( !). Pour ce faire, il préconisait d'aggraver les politiques de rigueur
(donc de casser ce système social !), car les taux d'intérêt
allaient grimper et les intérêts de la dette croître, ce
qui est vrai
Nous n'allons pas revenir sur les courbettes du gouvernement au mois de novembre
face à ces agences.
On comprendra donc pourquoi les agences sèment la pagaille sur les Bourses.
Cette pagaille est bénéfique, comme nous le disions plus haut,
pour toutes sortes d'opérations spéculatives les plus tordues.
Le libéralisme économique a réalisé une prouesse sur le plan intellectuel. Sa cruauté n'a d'égale que sa candeur à produire des clichés, et sa médiocrité. Ses tenants se passeraient bien de la philosophie, de l'histoire, du raisonnement, de l'étude, de l'esprit critique. C'est un bulldozer de clichés, de préjugés, d'affirmations non fondées. Leur diffusion passe par les journalistes à la botte des économistes et des politiques libéraux. Surtout il convient d'ignorer l'histoire de la Grèce et le rôle continu qu'y a joué la Grande Bretagne jusqu'à nos jours.
On voit ainsi écrit constamment dans des journaux comme le Monde, le Figaro, Libération " la fraude fiscale est un sport national en Grèce ", ou bien il est affirmé que par nature les grecs sont des truqueurs, des menteurs, qu'ils s'endettent sans vergogne, ou encore on entend dire par Angela Merkel qu'il serait temps que les grecs se mettent à travailler etc etc
Depuis sa naissance en 1830, la Grèce a été quasiment
une colonie de la GB (ou un " Etat protégé " en langage
poli, avec l'accord des grandes puissances de l'Europe. Ce statut a induit ce
type de phrases de mépris, exactement comme certains disent que par nature
les noirs ne travaillent pas ou que les maghrébins répandent des
odeurs
Et cela s'est tellement inscrit dans notre psychisme, que nous finissons pas
engranger que les grecs sont des gens paresseux, incapables des respecter les
lois ; vous savez des " méditerranéens " ! Donc ce ne
serait pas étonnant qu'ils soient dans cette situation grave aujourd'hui.
On notera le mot " les grecs " sans distinction des classes sociales,
or les grecs ne sont pas homogènes entre eux loin de là.. Ils
ont une partie de leur bourgeoisie favorable aux anglo-saxons de droite, une
autre aux fascistes, une partie du peuple acquis aux idées communistes
et anarchistes, et une autre à un nationalisme exacerbé d'extrême
droite. La politique de " diviser pour régner " de la GB, jusque
dans le financement de la résistance dans la dernière guerre,
est en grande partie cause de cela, d'où le fait que l'Etat grec n'a
aucune crédibilité auprès des citoyens, c'est une création
extérieure.
De plus la mise en place d'une " démocratie ", supervisée
par la GB, a pris soin de préserver un aspect féodal à
la société grecque, en imposant d'abord un roi jusqu'à
la première guerre mondiale, puis en sauvegardant l'existence des grandes
familles (Karamanlis, Papandreou, Mitsotakis par ex
) à la tête
des gouvernements, et un Etat dans l'Etat à savoir l'Eglise orthodoxe.
Cette structure sociale est un empêchement majeur à l'existence
d'un lien social entre les grecs. Elle a introduit une défiance naturelle
vis-à-vis de l'Etat, qui se traduit par le non paiement de l'impôt
par les classes riches. La contrepartie monnayée entre l'Etat et le peuple,
est une fonction publique pléthorique, pour compenser l'absence d'emplois
et réaliser la paix sociale.
Revenons aux origines rapidement :
La révolte du peuple grec contre l'Empire ottoman a été
soutenue par la France, La Russie et la GB, au 19ème siècle ;
non pas par bonté d'âme mais parce que chacun de ces pays étaient
aux aguets, pour s'approprier, avec des motifs différents, des morceaux
d'un empire, dont la dislocation ouvrirait la voie au Moyen Orient. Celle-ci
interviendra du fait de la première guerre mondiale.
La City anglaise a " financé " par deux fois les grecs combattants
pour la liberté: " l'emprunt de la révolution " en 1824-25,
puis " l'emprunt de l'indépendance " en 1832-33. Elle a fait
gager ces emprunts sur " les terres nationales " appartenant à
l'Empire, et dont le statut juridique ne sera réglé que tardivement
au profit de la Grèce.
Donc dès l'origine, la GB prenait pied en Grèce, exactement en
même temps qu'elle imposait le libre échange à l'Egypte.
De plus elle n'a pratiquement jamais versé l'argent prêté,
décidant de son utilisation : construction de bateaux de guerre non désirés,
commissions généreuses à un tel ou un tel, salaires des
services de l'amiral anglais Cochrasse
.(Georges B Dertilis : dettes publiques
et dépenses militaires La Grèce et la question d'Orient, Date
? texte sur internet)
Le pays a été abominablement endetté de suite, car le gouvernement
grec se devait de rembourser les sommes " prêtées " plus
les intérêts. Or tout a été fait pour qu'il ne puisse
jamais rembourser (exactement comme en Haïti), la renégociation
des emprunts l'endettant toujours plus.
60% des dépenses publiques à la création de la Grèce
étaient, selon l'auteur cité, des dépenses militaires imposées
par la GB.
De ce fait, la GB mettait en gage les recettes fiscales futures de l'Etat grec,
et, avec la France, établissait un contrôle international sur les
douanes grecques.
La GB a obligé la Grèce à suivre une politique définie
sur la question d'Orient. Les emprunts ne servirent jamais à redresser
le pays ruiné par les guerres.
En 1836, l'Etat grec, qui n'en peut plus, suspend les versements des intérêts.
La GB renforce l'embargo aux frontières et dans les ports, et interdit
l'accès de la Grèce aux bourses européennes. La Grèce
est privée d'investissements, un peu comme les Etats américains
avant leur indépendance.
Le peuple grec avait l'habitude de se révolter contre l'empire Ottoman qui imposait un système fiscal très dur. La GB impose un service de l'emprunt tout aussi dur, et exige la participation à ses guerres, sous ses ordres (Guerre de Crimée par ex). Palmerston impose, pour ce faire, l'occupation du Pirée par des bateaux de guerre de la France et de la GB pendant deux ans. Les habitants grecs devaient fournir des militaires à la GB, exactement comme les " indigènes " africains devaient le faire.
Gladstone expliquait que le " levier de l'emprunt " devait être
utilisé comme moyen tactique capital pour contraindre la Grèce,
car celle-ci est " irrédentiste " ; elle aide par ex les crétois
dans leur révolte
Ce pays ne doit avoir qu'une force de police,
mais pas d'armée, pas de flotte ; elle doit combattre sans arrêt
et emprunter pour ce faire.
Il faut l'obliger, dit Gladstone, à avoir une " bonne conduite ",
à " pratiquer la rigueur " si l'Etat grec veut du crédit
(les textes de Gladstone sont publiés par Dertilis) ; on croirait Angela
Merkel parlant de la situation actuelle.
La Grèce doit obéir à la seule GB même si la France
a une autre opinion.
La première ouverture aux investissements a lieu entre 1878 et 1890.
La Grèce avait obtenu la création d'une banque nationale en 1841
et la création de la monnaie drachme. Cette banque pouvait obtenir des
crédits mais à des taux très élevés : 7 à
11%, ceci au profit d'une petite classe aisée. Les taux actuels imposés
à la Grèce sont de même nature.
En contrepartie la Grèce doit faire la guerre à la Turquie de
1887 à 1898 sous contrôle international.
La Grèce est en cessation de paiement en 1893, sa dette extérieure
est de 200% son PIB. Nouveaux accords et nouvel endettement en 1928. "
La structure de longue durée en Grèce est l'endettement ".
A la veille de la deuxième guerre mondiale, la Grèce n'a aucune
autonomie en matière politique et économique.
La Grèce est donc sous contrôle économique, mais également
politique
L'Europe par la voix de la GB lui impose en 1830 un roi, le Prince Othon de
Bavière ! Après les révoltes de 1863, un Prince Danois
Georges 1° lui est imposé
.
En 1936 le général Metaxas, ancien ministre du roi Georges II,
associé à la monarchie, prend le pouvoir. Pour Churchill, la royauté
est le meilleur moyen de contrôler la Grèce. Le 28 octobre 1940,
l'Italie somme la Grèce d'accepter l'occupation du territoire par Mussolini.
Les salariés grecs et le peuple grec ne se soumettent jamais. Ils vont
se battre contre Mussolini, puis contre l'occupation nazie en créant
un front de libération nationale. Aucun répit de leur est accordé.
Les forces de l'axe ravagent le pays. Les milices britanniques jouent double
jeu entre les nazis et les résistants (MD de juillet 2012). Quand le
pays est enfin libéré, Chruchill fait déporter un grand
nombre de grecs en Afrique.
Les historiens considèrent qu'après l'URSS c'est la grèce
qui a le plus souffert : 500 000 morts (dont 340 000 de faim), 1770 villages
détruits et brûlés, la quasi-totalité des routes,
ponts, chemin de fer, moyens de transports détruits..) par la grâce
de la GB !
Le 28 octobre deviendra jour férié, fête nationale du " jour du NON "
La GB n'a de cesse de vouloir rétablir l'autorité du roi après
la guerre. Les trois mouvements de résistance s'y opposent. Churchill
s'implique en octobre 1944 en allant négocier avec Staline de lui laisser
la Grèce, tandis qu'en contrepartie il lui laisse la Pologne. Les visées
au Moyen Orient exigent que la Grèce soit contrôlée par
la GB.
Celle-ci qui ne veut pas d'un mouvement de résistance unifiée,
paye des bandes rivales pour établir la zizanie. L'armée de la
GB est présente à Athènes et à Salonique.
L'exaspération est telle que le peuple grec est tenté par le communisme.
En 1947 un gouvernement communiste provisoire est proclamé, tandis que
la GB et les USA financent les armées royalistes. Les grecs se battent,
toujours sans soutien. C'est la guerre civile jusqu'en 1949, après quoi
s'instaure un régime parlementaire de type " féodal bourgeois
avec Georges Papandreou, homme de Chrchill, " qui reçoit la défiance
du peuple. Ceci aboutit en 1967 au régime des colonels pro-américains
jusqu'en 1975. Voilà les conséquences de l'intervention en continu
de la GB sur la Grèce. La souveraineté de la Grèce est
donc très limité.
.Les grecs ont bénéficié du plan Marshall, dont 40% sera
détourné, dans une situation d'impossibilité du contrôle
des finances. Le peuple développe une économie de subsistance
et cultive la " débrouille ", tandis que la bourgeoisie, mafieuse
par définition dans ce pays, n'a pratiquement aucune visée sur
la constitution d'une économie nationale.
Oui la Grèce a toujours été endettée, mais par la volonté de la GB. Le peuple grec a toujours refusé la soumission. Mais sa classe bourgeoise, très liée à la GB et aux USA, est une classe qui vit des prébendes accordées par l'étranger et sur le dos du peuple. Elle n'a pas d'attache forte dans une industrie nationale. C'est pratiquement une bourgeoisie compradore qui considère qu'elle n'a pas d'impôts à payer.
Quand la Grèce est entrée dans la zone euro, des banques américaines lui avaient beaucoup prêté. Entre autres Goldman Sachs (auj sur les bancs des accusés aux USA), banque d'investissement de Manhattan. Cette banque fournit de hauts dirigeants aux États dans le secteur économique et financier tels Robert Rubin ou Henry Paulson (Hank), ancien Secrétaire du Trésor des États-Unis, ou encore Mario Draghi, gouverneur de la Banque d'Italie (cf Wikipédia), puis de la BCE aujourd'hui. Cette banque gomme 1 MD d'euros de dettes publiques en 2001 des comptes publics de la Grèce. Ce sont les banques, mandatées par Bruxelles, qui organisent la présentation des comptes publics des Etats (Morgan fera la même chose avec l'Italie). On modifie les règles comptables à l'envie. (Le Monde du 20-2-10)
L'Europe " découvre " tardivement que tous les chiffres annoncés
pour pouvoir entrer dans la zone étaient faux. Eurostat ignorait ? La
discipline européenne était très élastique. Barroso
en 2004 n'aurait-il rien su ? Ou d'autres motifs étaient-ils à
l'uvre, comme l'ouverture d'un nouveau marché prometteur sous un
gouvernement corrompu et une direction de l'Europe tout aussi corrompue ? (Le
Monde du 20-2-10). Mais la crise de 2008 change la donne
Et la Grèce
se retrouve sous la tutelle de la CE (communauté européenne),
du FMI et de la BCE (banque centrale européenne), la Troïka (qui
circule en voiture blindée à Athènes en 2011 !!!)! : Rien
de très nouveau dans son histoire, sauf que cette fois ce sont les banques,
qui ont prêté énormément avec tant d'empressement,
qui prétendent être en difficulté dans un pays où
la dette est éternelle, parce que non remboursable. La France et l'Allemagne,
par l'intermédiaire de leurs banques y sont bien engagées également.
Le magazine Euromoney parle en 2005 de " l'enronisation " (du scandale
Enron) des comptes publics européens avec la complicité de Bruxelles.
Ce n'est donc pas la Grèce qui a falsifié ses comptes.
Toutes les tricheries ont été à l'uvre pour faire
passer la Grèce dans l'euro. C'était une affaire trop juteuse,
un marché à prendre.
Il s'agissait en effet de faire de la Grèce un marché pour les produits européens des pays riches, et de lui prêter pour qu'elle puisse importer et payer ses produits. On peut éventuellement envisager de délocaliser des entreprises européennes en Grèce à condition que les salariés grecs soient soumis, or ça n'est pas le cas. Par conséquent la Grèce importe trois fois la valeur de ce qu'elle exporte C'est bien ce que l'Europe voulait ?
La Grèce à court de capitaux pouvait, avant l'euro, créer
de la monnaie pour régler ses problèmes. Si cette monnaie se transformait
en capital de façon productive, le danger d'inflation était faible
; mais si cette monnaie était dilapidée par une classe riche pour
ses besoins propres, ou si l'Etat payait ses fonctionnaires avec cette monnaie,
sans qu'il y ait d'investissements en contrepartie, l'inflation était
un grand risque (théorie de Smith). C'était la situation de tous
les pays peu riches en PIB.
Or avec l'euro, l'Etat grec perd toute prérogative monétaire et
économique. Il n'a plus qu'à emprunter. Pour la Grèce,
c'est le pire des pièges.
Si la bourgeoisie grecque avait été nationaliste, elle aurait
refusé à juste titre l'euro. Or les nationalistes sont une poignée
et liés à l'extrême droite.
Passer d'une politique monétaire souveraine à la soumission à
une monnaie forte, va faire de ce pays un vassal encore plus évident
des pays riches. La croissance de son PIB, était totalement compromise
d'un point de vue capitaliste, sauf à faire un tourisme ravageur.. La
bourgeoisie grecque se préparait donc à livrer le pays aux prédateurs.
Les salariés avaient eux aussi toutes les raisons de refuser l'euro en
raison de la politique de rigueur que cela impliquait mais ils n'ont pu l'exprimer
sous l'avalanche des crédits qui leur étaient offerts.
La Grèce devait donc aller au devant d'un endettement encore plus massif
qui ne pourra jamais être remboursé et qui sera refinancé
sans arrêt, d'autant que faire payer l'impôt à la bourgeoisie
est une affaire difficile.
Aujourd'hui (août 2012), aucune solution viable ne s'annonce, sinon l'aggravation de la situation des salariés et du peuple grec. "L'axe franco-allemand" Merkel-Hollande (appelé ainsi dans les médias) le sait très bien. Le gouvernement de droite Samara s'allie alors avec l'extrême droite et les neo-nazis; ils passent à l'acte dans la chasse aux étrangers et provoquent des manifestations de riposte.
(29-8-12)
Le mécanisme et les faits :
La zone euro a réintégré les critères de Maastricht
pour que fonctionne une " saine " gestion de l'euro, dans un environnement
pourtant sans homogénéité économique entre les différents
partenaires européens, sans gouvernement central ayant autorité
(et heureusement peut-être pour les salariés), avec une banque
centrale " indépendante " (BCE) qui ne peut intervenir en dernier
ressort (donc qui livre les gouvernements aux banques privées), et dans
le cadre d'une concurrence effrénée organisée par l'Europe.
Laquelle ouvre à la finance la possibilité de la pire des spéculations,
comme il a été décrit ci-dessus.
-a)La Grèce a une dette publique en 2010 de 160% son PIB, alors qu'elle
ne devrait être que de 60% selon les critères de Maastricht. Son
adhésion à la zone euro a accru mécaniquement son endettement.
Les leaders européens expliquent que c'est un scandale, mais le Japon
a un endettement quasi traditionnel de 200% du PIB, en ne se portant pas si
mal
C'est en effet la zone euro qui a obligé la Grèce à
acquérir les devises nationales qui lui étaient nécessaires
par l'emprunt, devises qu'autrefois elle créait dans le cadre d'une politique
monétaire indépendante.
En 2009 déjà, une baisse des dépenses publiques de 13,6
% par rapport au PIB était exigée par l'Europe pour entraîner
une réduction du déficit public. Pour l'année 2010, le
déficit public devait également baisser de 9,3 %. En réalité
le déficit n'a fait que se creuser toujours davantage par le mécanisme
même de la dite réduction des déficits qui nécessite
toujours plus d'endettement
-La Grèce peut-elle espérer obéir à l'Europe par
une croissance de son PIB ? Les autorités européennes ont calculé
que son PIB devrait croître de 4% par an à partir de 2010 pour
que de la richesse en capital se reconstitue. Or la Grèce n'est compétitive
en rien à ce jour sauf dans le tourisme et importe énormément
du fait même de son intégration à l'Europe.
Il faut savoir de plus que le secteur public constituait traditionnellement
40% du PIB, or ce secteur est en train d'être balayé par les plans
de rigueur !
La Grèce ne peut donc compter sur une croissance du PIB
-b)La Grèce peut-elle compter sur ses impôts ?
Ce pays souffre, l'Europe le savait, d'un manque chronique d'impôts. C'est
un leg de ses relations de soumission à l'Angleterre, laquelle favorisait
comme dans un pays colonisé la classe riche pour obtenir sa reddition.
La Grèce a la structure fiscale d'un pays colonial où les riches
ont obtenu de ne payer que très peu ou pas du tout d'impôts, de
la même façon que par exemple en Amérique du sud, anciennement
colonisée par l'Espagne et le Portugal. Entre autres, l'Eglise est pratiquement
dispensée d'impôts, bien que le gouvernement ait juré le
contraire ; elle ne paye rien sur ses activités commerciales car il est
impossible de connaître la nature de ses biens et de ses propriétés.
La taxe immobilière votée en septembre 2011 ne la touchera donc
pas, ses richesses étant tabou (Le Monde du 21-9-11).
Autre exemple, la Grèce, l'une des plus importantes puissances maritimes
mondiales, a des armateurs qui ne payent pratiquement pas d'impôts. En
effet, les navires détenus par des intérêts grecs constituent
72% de la flotte battant pavillon chypriote, 55% de la flotte battant pavillon
maltais, 18% de la flotte battant pavillon des Bahamas (cf Wikipedia). Autrement
dit les armateurs grecs sont sous pavillon étranger, et échappent
très largement à l'impôt. De ce fait, les agents des impôts
se prêtent à une corruption passive, encouragés par les
intérêts des hommes politiques. Avant sa chute, DSK, patron du
FMI, reprend le 15-3-11 les clichés traditionnels sur la Grèce
en lançant dans un discours que " les grecs truandent un maximum
" parce que " ne pas payer d'impôts est un sport national ".
Très futé DSK !
Des querelles chiffrées ont également eu lieu sur la question
de la fuite des capitaux grecs en Suisse, dont s'est fait l'écho la Figaro
économique (3-6-2011) : Quelques 38 milliards d'euros de capitaux auraient
été placés en Suisse sur 2010 et début 2011. Le
Ministère grec des Finances, lui-même a confirmé ce fait.
Enfin, malgré les récents essais de contrôles accrus du
gouvernement, la récession, le chômage ont fait mécaniquement
baisser les impôts.
Par conséquent la Grèce n'a rien à attendre du côté des impôts. Chacun le savait pertinemment.
-c)La Grèce peut-elle se financer par l'emprunt.
Du fait de la situation ci-dessus, les banques privées ne veulent plus
prêter à la Grèce ou alors à des taux d'intérêt
très élevés sur les marchés financiers, par exemple
de l'ordre de 14,5 % en avril 2011 (le taux passe à 16% en mai
),
pour les prêts à 10 ans, alors que l'Allemagne emprunte à
3,2.%. On crie au secours quand l'Italie doit payer 7,45% d'intérêts
actuellement
mais la Grèce ??
La situation va continuer de se dégrader au fur et à mesure qu'il
apparaît qu'elle ne parviendra pas à rembourser et à exécuter
ses plans de rigueur.
Les acheteurs traditionnels de la dette grecque, " les zinzins " (caisse
de retraites, fonds d'épargne, compagnies d'assurances, investisseurs
privés
) se détournent de l'achat des titres de cette dette,
pourtant très prisée du fait de la hauteur des taux, mais devenue
dangereuse au cas où la Grèce déclarerait forfait. La situation
apparaît comme étant grave dès 2010, tandis que les créanciers
sont principalement les banques allemandes puis françaises dont la Société
Générale, la BNP, le Crédit agricole.
Si la Grèce devait sortir de l'euro et retrouver le drachme, elle s'affranchirait
certes de ses dettes, mais n'aurait plus aucune possibilité d'emprunter,
et surtout n'aurait plus de productions exportatrices, la zone euro les ayant
balayées.(biens manufacturés, ciment, produits chimique et pharmaceutiques
.)
La Grèce n'a donc plus aucune chance de se financer par l'emprunt pour rembourser une dette totalement fabriquée.
-d)L'aide européenne
Il ne restait plus que la BCE, le FESF (fond européen de stabilité
financière crée en mai 2010) et le FMI
.
Le FMI s'empare en effet de la question de la Grèce avec les Etats de
la zone euro et " vole à son secours " ( !) dit-on en mai 2010.
En fait la FMI vient au secours des banques mais pas de la Grèce.
Les responsables ci-dessus ne voient en effet plus qu'une solution : imposer
à la Grèce des plans de rigueur du même type que ceux qui
ont été imposés à la Roumanie (par les bons soins
de DSK), l'Espagne, le Portugal, l'Irlande. L'un des premiers plans de rigueur
auquel le parlement grec se soumet et qu'il vote en mai 2010 prévoit
:
-la diminution du salaire des fonctionnaires (- 10 %) ;
-la diminution des pensions accordées aux retraités (- 10 %) ;
-le recul de 5 ans de l'âge légal de départ à la
retraite (65 ans contre 60) ;
-la réduction des investissements publics et des dépenses de fonctionnement
de l'État ;
-la création de nouveaux impôts et de nouvelle taxes, hausse de
10 % des taxes sur l'essence, le tabac et l'alcool ;
-la hausse de la TVA de deux points (23 % contre 21 %, et contre 19 % avant
mars 2010) ;
-la baisse des dépenses de l'armement de 2,5 milliards d'euros en deux
ans.
Mais tout cela n'est rien en comparaison du plan imposé en octobre 2011.
La Grèce est sommée également de vendre une partie de son
patrimoine, d'abord par une tranche de 50 Mds d'euros, pour rembourser sa dette.
Ceci dans une période de récession, où il est prévu
que, dans ce pays, le PIB diminue encore en 2011.
D'autres plans de rigueur vont être votés, tous plus criminels
les uns que les autres, car ils aboutissent à la fermeture d'entreprises,
de commerces, à un chômage massif et à assécher la
rentrée des impôts.
Par exemple, en septembre 2011, la Troïka exige (le Monde du 20-9-11)
-la rupture de tous les contrats en CDI
-la mise au chômage technique dans les organismes publics
-le gel des retraites en 2015
-la fermeture de 30 organismes publics (les mis au chômage n'auront que
60% de leur salaire)
-le paiement des impôts via la facture d'électricité
Moyennant l'application drastique de ces plans successifs, la Grèce devait
recevoir un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans, en mai 2010,
du FMI et de la zone euro. En octobre 2011, 65 Mds seulement ont été
versés, et il est question de prévoir une autre tranche "
d'aide " si les autorités de la zone euro constatent des progrès
dans l'application des plans de rigueur qui s'échelonnent depuis 2010.
Athènes indique en octobre 2011 qu'il lui faut 60 Mds d'euros pour couvrir
les intérêts de la dette publique et payer ses fonctionnaires.
L'application des plans de rigueur successifs est pourtant de plus en plus difficile
face à une hausse continue du chômage et de la contestation sociale.
Il faudrait d'énormes excédents budgétaires, ne serait-ce
que pour pouvoir payer les intérêts des emprunts
Les plans de rigueur ne sont donc pas la solution pour résoudre le dit
endettement de la Grèce. Que veulent donc les autorités ci-dessus
??
e)Mais l'Europe veut toujours plus de plans de rigueur et
.recapitaliser
les banques.
-Le chien de garde des banques, Standard Poor (lire le § consacré
aux agences de notation), dégrade la note de la Grèce en mai 2011,
pour faire pression sur la Grèce, et indique " il faut restructurer
la dette ". Ce qui signifie que les créanciers doivent renoncer
à environ 50% des créances. L'effondrement boursier qui accompagne
cela (sept-octobre 2011) constitue une pression de plus pour accréditer
le bien fondé des exigences vis-à-vis de la Grèce. En même
temps le FMI annonce dès juin 2011 la nécessité de "
recapitaliser " les banques. L'un ne va pas sans l'autre, mais un jeu de
rôle se développe, chacun faisant comme si ces mesures étaient
inutiles ou absurdes. On attend un signe qui rende la chose urgente. Ce sera
la chute attendue de Dexia, la banque franco-belge en octobre 2011. Le marché
financier est en effet persuadé que la Grèce ne peut pas s'en
sortir. Si on veut garder cette dernière dans la zone euro, il faut couvrir
sa dette sous peine d'explosion financière, ou sociale. Pour ce faire,
il faut alléger la dette, à condition de préserver les
banques.
Que veut dire recapitaliser ? Renflouer les banques en capitaux propres. Les
marchés financiers ne prêtent plus facilement, ils attendent la
notation des agences. Les Etats commencent par répondre, pour la galerie,
que c'est aux banques de trouver à se recapitaliser. En réalité
chacun sait que les Etats doivent payer pour cette recapitalisation. Une radio,
France info, faisait dire à un commentateur le 9-10-11 que l'Etat devait
trouver l'argent nécessaire à cette recapitalisation. Tout bonnement.
En plus des plans de rigueur imposés dans tous les pays à des
degrés divers, il faudra aider à recapitaliser les banques
.
De façon remarquable, la gauche française reprend à son
compte tous les ingrédients de cette question et promet de faire de l'endettement
le point central de son programme.
En l'absence d'un gouvernement européen, le FESF pourrait prendre ici
tout son sens puisque la BCE " ne peut " pas jouer le rôle traditionnel
d'une banque centrale de " prêteur en dernier ressort " (bien
qu'elle ait fait déjà des entorses aux interdictions qui lui sont
faites). Mais l'Allemagne n'est pas cet avis. Les deux jours de grève
générale en Grèce les 21 et 22 octobre 2011, qui se sont
soldés par un mort, ont fait apparaître que la Grèce ne
pourrait pas payer " sa dette " ni ses intérêts, et que
le peuple se moquait de ces discussions. D'autant que l'aide promise n'a jamais
été versée, ou quand elle a été versée,
c'était en paiement des intérêts, donc pour les banques
Mais, nous dit-on, celles-ci doivent donc accepter des pertes évaluées
à 50% de leurs prêts
et se recapitaliser ! Grotesque. Le
paiement des intérêts a déjà largement ou pratiquement
couvert les prêts initiaux. Cela on n'en parle pas.
Les Etats européens qui devaient alimenter le FESF, pour venir en aide
aux Etats en difficulté, vont peut-être se récuser et de
toutes façons cela n'est pas suffisant. La Grèce est ainsi acculée
à une éventuelle faillite qui, contrairement à ce que l'on
dit, pourrait enfin lui permettre de décider de son sort librement hors
de l'euro, avec certes des faillites retentissantes puisqu'elle est devenue
totalement dépendante du marché européen et a perdu toute
autonomie. Mais le peuple grec retrouverait la possibilité de créer
de petites activités leur permettant de vivre de façon indépendante
Puis il y a eu le coup de Trafalgar du 28 octobre 2011.
La veille du 28-10, le socialiste Papandreou donne son accord pour un nouveau
plan de rigueur à la communauté européenne. Tout va bien
pour l'euro.
Le 28 c'est la fête nationale de la journée du NON en Grèce.
Des tribunes sont érigées dans les villes pour que les officiels
fassent des discours en hymne à la résistance passée. Pour
les centaines de milliers de gens qui sont dans les rues, la seule résistance
actuelle est celle contre les plans de rigueur. Ils s'emparent des tribunes,
descendent le Président de la république d'une tribune de Salonique
et lui disent " traitre ! ". Et tout le peuple fait de même
dans tout le pays.
Papandréeou affolé ne veut pas devenir le martyr du peuple. Il
annonce sans concertation qu'il va lancer un référendum sur le
plan de rigueur. Les marchés financiers plongent. Merkel et Sarkozy s'indignent
" Mais comment comment ? Tout ça sans nous avertir ? Alors c'est
nous qui allons poser LA question pour le référendum ! ".
C'est l'aveu de la manipulation à venir. Mais les caricaturistes ne rient
pas !!! Ils sont bien plus occupés par le 2-11, intervenu opportunément
: l'attentat contre Charlie hebdo
Ils n'ont pas eu le temps de s'esclaffer
et se précipitent sur l'occasion d'un beau dérivatif... En fait,
ce qui les fait rire est ailleurs.
La parade sera trouvée. Papandreou va démissionner et laisser
le soin à un autre gouvernement vaudevillesque de se coucher devant la
Troïka... Les marchés vont remonter, et, puisqu'il n'y a plus rien
à piller pour l'instant en Grèce, leur armée d'avant-garde,
les agences de notation, vont se précipiter sur une autre proie, l'Italie
! Bien joué ! Berlusconi mis en minorité, obligé de démissionner,
qui peut s'en plaindre ? Quel beau coup ! Ce que la gauche n'a pu faire, les
voyous des marchés financiers le font, ce sont les meilleurs balayeurs
!
Et comme des chiens renifleurs, les crocs aiguisés, les voilà
qui tournent autour de la France
mais les bons toutous français
assurent qu'ils vont de suite présenter un autre plan de rigueur. Et
les parlements espagnols et portugais se précipitent et votent d'eux-mêmes
d'autres plans de rigueur. Que voilà donc des gouvernements dociles,
prêts à prendre le thé avec les mafieux de la finance internationale
! Comme ils sont mignons ! " Voulez vous encore un plan de rigueur, avec
un zest d'obligations françaises ? Mais si mais si
"
Ridicule, à mourir de honte.
Mais d'autres, autour de l'aile avancée du PS français, disent
(le Monde du 11-11-11p 25) qu'il suffirait que la BCE déclare "
Nous allons jouer notre rôle de prêteur en dernier ressort "
et couvrir toutes les dettes d'Etat, contre les canons du libéralisme,
pour que les marchés financiers soient mis " aux pas " et que
la spéculation cesse et que les taux baissent !
.OUI oui, une broutille,
et trop tardive, il faudrait bien d'autres gestes, dont le contrôle immédiat
de la circulation des capitaux, la nationalisation des banques et la séparation
de leurs activités de dépôts d'avec celles de leurs investissements,
et sans doute une mise en cause de la zone euro ?
. Mais le peuple grec
? Il n'a rien à faire de tout cela. Que va-t-il faire ? Sombrer dans
le désespoir ou destituer le gouvernement, sûr de sa nouvelle force
? Comment un gouvernement peut-il venir à bout d'un peuple dans ces conditions
? Si ce n'est par les armes (Rocar le 4-10-11) ? Ou bien le peuple s'organise
en assemblées populaires et fait face
?
Conclusion
Il s'agissait donc, dans cette stratégie diabolique d'endettement public,
et en faisant un détour par la Grèce, de mettre les Etats européens
au pas et aux pieds des marchés financiers, et de passer sur le corps
des peuples. On commençait par la Grèce, on tentait d'écraser
son peuple
On continuera par le Portugal, l'Espagne (dont la note a été
dégradée de 2 points le 19-10-11 !), l'Italie, La France
Mais la question dont on traite dépasse largement le problème
grec. Les peuples de l'Europe, en guerre larvée contre le capital financier,
reçoivent le souffle des peuples arabes en guerre contre les dictatures..
dont le combat est loin d'être terminé.
Tous les ingrédients sont réunis dans la vieille Europe pour en
venir à des coups d'Etat, pour le retour à des fascismes, si les
peuples se livrent au désespoir. La nouveauté de la situation
réside cependant dans le formidable appel d'air donné au sud de
l'Europe par la résistance des peuples arabes à leurs dictatures.
La ténacité des syriens face à un dictateur réellement
sanguinaire, force l'admiration de tous. Un peuple qui n'a plus rien à
perdre fait face à ses bourreaux. Les grecs en résistance disent
également n'avoir plus rien à perdre. Kadhafi tombe le 21-10,
avec l'aide, oh ironie, de l'OTAN, qui voulait dédouaner l'Europe de
ses terribles accointances avec les dictateurs
Peine perdue. Les peuples
se communiquent entre eux, sans réellement bien le théoriser,
leurs révoltes, leurs forces, leurs espoirs démocratiques, leurs
déceptions provisoires.
. Leurs luttes dépasseront tous
les schémas traditionnels avec le temps.
Le 13-11-11 AMC
PS :Note pour répondre à quelques contre-vérités
sur la Grèce :
L'ALLEGEANCE AU CAPITALISME FINANCIER AMERICAIN
(mis dans la rubrique "euro" en fin d'un article)
Ce 14 janvier 2012, Standard Poor dégrade la note de la France: celle-ci perd son 3 A !!!! D'un point de vue capitaliste cela signifie que le capital financier US n'a plus confiance dans Sarkozy pour représenter les intérêts de la finance. Il a déjà choisi Hollande ou.......Marine Le Pen, mais en imposant au premier des choix de régression sociale gravissimes et la chute de l'euro, ou en comptant sur la seconde pour en finir avec l'euro et pactiser avec elle comme il avait pactisé avec Hitler de façon souterraine, à travers FORD par exemple, lequel allait devenir l'égérie des keynésiens à travers la théorie du fordisme (les bons salaires aux ouvriers pour qu'ils achètent les voitures produites). Ne l'oublions surtout pas. Ce fut la théorie de la socialdémocratie.
Ce qui est extraordinaire est la réaction immédiate de Hollande:
-il prend au sérieux cette dégradation qui lui paraît grave pour la France ! En quelque sorte il la légitime alors qu'il n'y a pas besoin d'être grand clerc pour savoir qui s'exprime derrière la Standard Poor
-il en accuse la politique de Sarkozy, alors que c'est bien la dernière chose qu'on puisse lui reprocher. Il avait bien fait son devoir de capitaliste financier en tentant par tous les moyens d'en finir avec tous les acquis sociaux de ce pays ! Hollande lui reproche-t-il de n'avoir pas été assez loin dans ses politiques de rigueur ?? En tous cas son intervention veut dire cela. Ce faisant il se présente, face à la grande bourgeoisie financière française et européenne comme étant son digne représentant, en apportant toute sa validité aux jugements du capital financier US. Un "atlantiste" diraient les médias....
Pouah !! Quelle saleté !
Finissons en avec le mot "socialisme". Ce qui fut vrai jadis ne l'est plus aujourd'hui. Le socialisme du PS appartient à la grande bourgeoisie; le socialisme marxiste tel qu'il fut, et est encore avec son acolyte "communisme", dans le monde entier, a appartenu et appartient à un capitalisme d'Etat dictatorial et génocidaire, autant exploiteur et prédateur que son homologue occidental.
Le 18-1-2012
L'Europe, Bruxelles, s'en prend à l'Etat hongrois, non pas tellement parce que ce dernier a promulgué des lois liberticides contre la société civile, mais parce que il a rétabli la dépendance à l'Etat de la Banque centrale !! Oh crime liberticide ignoble !!! L'indépendance de la banque centrale appartient maintenant aux libertés démocratiques, nous dit l'Europe ! Fantastique, les retournements de vocabuliare auxquels nous assistons !!
Et Cohn Bendit sur ces entrefaits en rajoute une couche, on ne sait si c'est pour défendre les citoyens ou "défendre la banque centrale": Bientôt Monsieur Orban, vous deviendrez comme Chavez et Castro !! (mais pas comme Pinochet !)
Angela Merkel qui s'est portée à l'avant garde de la lutte pour la règle d'or, c'est à dire l'abolition du déficit budgétaire, et qui ose se produire en Grèce dans la dite "Troïka" pour préconiser toujours plus de rigueur pour le peuple grec, n'aurait-elle pas des problèmes de même nature que la Grèce en Allemagne ???
D'une part elle ose proposer à son gouvernement une baisse d'impôts. Les parlementaires n'en veulent pas, car diminuer les impôts c'est augmenter la dette, disent-ils. Merkel montre son vrai visage ultra libéral.
D'autre part plusieurs Etats-Régions comme Brême, Berlin, ont des dettes publiques aussi colossales qu'en Grèce, 60 MDS d'euros à Berlin. Qu'est-ce qui change la donne ? Les 4 régions les plus riches (Bavière, Bade-Wurtenberg, Hesse et Hambourg) sont tenues d'aider les 12 autres. Jusqu'à présent ni vu ni connu. Merkel parade et bavarde.
(voir le Monde du 3-2-12 p 6)
(Nouvelles de France Musique, 8h, le 27-7-12. Info non reproduite dans le reste de la journée)
L'OFCE pense que la zone euro fait erreur en préconisant à toute force le principe de la règle d'or (pas de déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB). Hollande, qui lui emboite le pas en France, ira droit dans le mur et aggravera la situation. C'est la récession qui est attendu avec cette règle qu'il faut repousser.
Dans le même temps, la "gauche" du PS déclare que le parti ne pourra pas voter le traité européen et ratifier les 3% dans une situation de récession: cela reviendrait à pratiquer des politiques d'austérité.
(Les Mondes de début février 2012)
Après le 30-1-12, la Grèce, avec un gouvernement de droite, refuse la proposition allemande d'un commissaire européen à la Grèce, et de la présence à Athènes de Bailleurs de fonds (l'argent qui arriverait à Athènes serait immédiatement géré par des fonctionnaires européens qui en organiseraient le retour vers les banques européennes..), c'est à dire une mise sous tutelle ! Ce n'est pas nouveau dans l'histoire grecque.
Volonté affirmée de la Troïka (Bruxelles, BCE, FMI) de diminuer les salaires du privé pour payer une dette qui ne fait que s'accroître mécaniquement du fait des intérêts à payer et de la récession. La dernière solution: vendre le pays par morceaux.
Le premier plan d'avril 2010 était de 80 milliards d'euros; le second décidé en octobre 2011 est de 130 mds, mais au profit des banques européennes...
"Le patient est déjà presque mort, il faut le tuer et lui prendre tous ses biens" ! Ainsi s'exprime Varoufakis un économiste de l'Université d'Athènes. Cela s'appelle "sauver le malade".
Les créanciers privés effaceraient 100 mds de dettes et renonceraient à 70 % de leurs créances, à condition dit la Troïka de mettre le salaire minimum à 750 euros mensuel, de négocier "hors conventions collectives", de couper dans le budget de la défense et de la santé, de supprimer 150000 emplois dans la fonction publique (les journalistes sont tellement stupéfaits du chiffre qu'ils se trompent et parlent une fois sur deux de 15000 emplois) y compris par le licenciement. Tout cela pour rendre la Grèce plus compétitive ! A longueur de discours le FMI explique que la baisse du salaire minimum doit renforcer la compétitivité. Même l'archevêque d'Athène a mis en garde... (Le FMI est-il en train de donner une leçon de marxisme sur le rôle des très bas salaires dans l'extorsion de plus-value ?)
Le coût horaire de la main d'oeuvre dans l'industrie, selon Natixis (le Monde du 8-2), est de 25,43 euros en Italie, 33,10 en Allemagne (sans salaire minimum et une pléthore de précaires), 21,70 en Espagne, 10,3 au Protugal, 16,6 en Grèce...
(il ne s'agit nullement dans tout cela de faire payer des impôts à ceux qui n'en payent jamais, comme les armateurs, l'église, des grands propriétaires et certaines professions libérales....)
Mais.. les créanciers privés s'opposent à l'effacement de leurs créances si la BCE ne couvre pas la perte. En effet la BCE qui a racheté des créances grecques à bas prix pour 35 et 55 mds d'euros (70% de leur valeur), pourrait si la Grèce finit pas payer sa dette, faire un gros bénéfice (le fait de racheter une créance à bas prix n'efface pas le montant de la créance). Aux dernière nouvelles, la BCE cèderait ces créances aux créanciers actuels.... fructueuses affaires sur les créances!!
Il y a aussi, dit la Troïka, trop de petits commerces, de petites entreprises... (trop de petites gens ! Tout cela n'est pas assez capitaliste...)
Il faut signer un accord, absolument avant le 12 -2 ... avec le gouvernement grec, il faut qu'il s'engage par écrit. Les 4 ministres d'extrême droit démissionnent (bien vu..), deux autres secrétaires d'Etat du Pasok font de même... Mais les députés vont voter dans la nuit, protégés par la police et le PC (!) malgré une véritable insurrection à Athènes (les libertaires disent que 35 bâtiments ont été brûlés)
Que veut Bruxelles ? Faire un exemple pour le Portugal, l'Espagne, L'Irlande, l'Italie, La France ??? Mettre à genoux le salariat et le petit peuple au profit d'une poignée de chacals ?
14-2-12
Fin février 2012, dernier plan de "soutien" à la Grèce qui efface près de 80% des dettes grecques...mais ce plan "d'aide" de 130 Mds, ne vise qu'à permettre de payer les intérêts de la dette et les grecs ne verront pas la couleur de ce nouveau prêt !! Humour noir et cynisme président à ce plan qui oblige la Grèce à trouver encore 325 millions d'euros supplémentaires d'économie: réduction de 22% du salaire minimum, de 33% des salaires des fonctionnaires, et suppression de 150 000 postes dans le public... Quand les députés ouvrent leurs appartements et maisons de campagne aux grecs ? Quand la Troïka se fait-elle dévaliser et quand lui fait-on bêcher les jardins publics ?
Ce plan n'a pu être voté au parlement allemand, le Bundestag, que grâce aux voix de l'opposition, comme quoi ça sert à la bourgeoisie d'avoir "une gauche" aux ordres... Et curieusement c'est la droite qui reconnait à la Grèce le droit et le bien fondé de sortir de l'euro. Le Ministre de l'intérieur allemand a été jusqu'à dire dans un journal, le Spiegel, :"Les chances de la Grèce de se redresser et de redevenir compétitive étaient évidemment plus grandes en sortant de la monnaie unique qu'en restant membre de la zone euro" .
En attendant le 12 février Athènes a connu l'émeute populaire, et les incendies de bâtiments.
La chasse à la dette, c'est en réalité la concentration capitaliste, l'expropriation massive des petites gens, l'écrasement des nations. Le Pasok et la "nouvelle démocratie" ont vendu la Grèce !
9-3-12
Le FMI qui fait partie de la Troïka, a besoin d'argent pour "aider" à dévaliser la Grèce. Pour cela il lui faut de l'argent. Il s'adresse au G20 et réclame 600 milliards de dollars. (Le Monde du 27-2-12)
"Donnez nous de l'argent pour qu'on puisse voue endetter un peu plus au profit du système bancaire et des grands lobbies!! On vous aime, vous les peuples qu'on écrabouille !"
La Roumanie avait emprunté 25 mds d'euros auprès du FMI (dirigé par le "socialiste" DSK à l'époque) en mars 2009 moyennant une politique de rigueur drastique (ajustement structurel classique..). Les salaires y sont de l'ordre de 350 euros en moyenne. Le coût social a été énorme. Grâce à l'Europe 450 000 roumains sont surendettés auprès des banques de l'ouest....
Les salaires et les retraites ont été baissés d'un quart, 200 000 fonctionnaires ont perdu leur emploi, 100 000 devraient encore partir d'ici fin 2012; la TVA est passée de 19 à 24%...
Un mouvement de colère très large s'est répandu dans pas moins de 30 villes roumaines en février, le premier ministre a démissionné le 6-2.... Vive l'intégration dans l'Europe !
La "dette" sert de mécanisme de concentration capitaliste.
1122 sociétés ont mis la clef sous la porte en Vénitie en 2011, et 2613 en Lombardie. 50 suicides de petits entrepreurs depuis 2008. Les petites entreprises ayant travaillé pour le compte de l'Etat ne parviennent pas à se faire payer et font faillite. Celui-ci doit 70 Mds aux entreprises italiennes.
La région dispose d'une trésorerie à Rome qui pourrait être rédistribuée. Les banques ne prêtent plus.
Les petites entreprises répugnent à licencier, ce n'est pas la tradition. Le désespoir s'empare même des petits patrons.
14-2-12
COMMENT LA BCE A SAUVE L'EURO.... au moins peovisoirement.
(Le Monde des 4 et 5 mai 2014, et du 26-4-14)Rappel: Les Etats ne doivent plus emprunter à leur banque centrale (BC) avec la mondialisation, ce qui leur permettait d'engranger des liquidités librement à taux 0 ou très faible. Mais ce faisant, les Etats provoquaient l'inflation si la BC créait de la monnaie, et donc une instabilité des monnaies, dans un cadre de taux de change flottants.
Avec la mondialisation les Etats doivent emprunter sur les marchés financiers à des taux élevés, ce qui provoque l'accroissement de la dette publique; ou ils doivent émettre des obligations auprès du public à un taux supérieur à celui de l'inflation. Chaque Etat tente donc de limiter l'emprunt et les dépenses publiques (années 80 en France) pour maintenir la stabilité de la monnaie et diminuer la dette publique. Mais les Etats ne sont pas libres en la matière. Il suffit d'un mouvement social violent ou même latent pour que l'Etat soit contraint d'augmenter ses dépenses publiques au-delà du "nécessaire" pour préserver la paix sociale.
La création de l'euro devait résoudre ces problèmes et placer l'Europe en bonne position vis à vis des USA. mais il fallait un garde-fou: la BCE, dont les pouvoirs étaient très limités au départ.
Mais il y eut les subprimes: Effondrement du système financier par impossibilité de faire rembourser les échéances des traites de milliers de citoyens dans l'immobilier aux USA, et révélation des crédits pourris circulant dans le système financier. Toutes les banques, entreprises, institutions diverses cherchent donc à revendre ces crédits: effondrement de leur valeur; personne n'achète. D'où effondrement des liquidités en dollars. Les obligations ne se vendent plus.
JC Trichet, président de la BCE, prend rapidement la décision d'accorder aux banques de la zone euro des liquidités en quantité illimitée. Il fait ce que les BC ne peuvent plus faire. La BCE agit comme une roue de secours.
Idem lorsque la banque Lehman Brothers fait faillite. Idem lorsque la spéculation attaque la Grèce et l'Espagne qui ont besoin d'emprunter et se voient contraints d'accepter des taux de 6 à 15%. La BCE outrepasse ses droits et éteint l'incendie en achetant de la dette souveraine à ces pays, c'est à dire en leur fournissant des liquidités.
Finalement la BCE obtient le droit d'acheter de façon illimitée de la dette souveraine en cas de spéculation laquelle accompagne toujours les crises.
En somme ce que la mondialisation a supprimé au niveau des Etats, la BCE le récupère au niveau européen. En contrepartie, c'est elle qui exige des politiques de rigueur à toute l'Europe mais particulièrement à la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, et ceci à l'aide du FMI et de la Commission Européenne, au nom de la stabilité monétaire, au nom des multinationales qui ont besoin d'une monnaie unique européenne, et que s'effacent les droits sociaux des pays européens qui ont favorisé à moment donné leurs salariés. L'argument: le remboursement de la dette publique, la "crise" (Quelle crise ?) c'est à dire la politique d'austérité déguisée en "crise".
....
Moyennant quoi les banques ont été inondées de liquidités, d'autant que les Etats sont venus à la rescousse de leurs supposées f'aillites.
Ces liquidités ont été placées dans les pays émergents jusqu'en 2013 via leurs marchés financiers conçus sur le modèle occidental, et via leurs monnaies stabilisées grâce aux politiques d'ajustement structurel en continu.
Puis les banques jugent intéressant en 2013 de rapatrier leurs liquidités en Europe, quitte à mettre en difficulté les pays émergents; en effet la troïka a bien travaillé, les pays européens peu sûrs ont consenti aux politiques d'austérité; la stabilité de l'euro est assurée...Les banques achètent de la dette souveraine et même les "fonds vautours" achètent des obligations grecques.. Jusque à quand ? L'euphorie peut précéder uen nouvelle crise qui sera racommodée avec des instruments connus.
Tout ceci pour indiquer que les capitalistes savent se donner les outils nécessaires pour palier aux difficultés du système financier européen et international.
Seules les actions des masses populaires peuvent provoquer, non pas une crise mais une destruction du système financier et économique, notamment en s'attaquant aux banques. Mais ceci est imprévisible.
4 juin 2014