Lundi 14 décembre, un projet de « programme parallèle »
a été soumis aux députés grecs par le gouvernement
de ce pays. Ce programme avait pour but officiel de « compenser »
les mesures d'austérité réclamées par les créanciers
et la Troïka et adoptées par le gouvernement Syriza-Anel en juillet
dernier. Il comprenait plusieurs dispositions :
une couverture médicale à ceux qui ne sont pas couverts par la
sécurité sociale.
une « facture sociale » d'électricité, permettant
des baisses pour les ménages les plus pauvres.
des cellules de soutien aux « personnes vulnérables » dans
les mairies et les préfectures
la soupe populaire, payée par l'État, élargie et prolongée
d'une année.
des classes de soutien dans l'éducation.
Ce projet de « programme parallèle » a été
retiré le 17 décembre par ce même gouvernement. LEuro
working group (EWG, cellule technique de l'Eurogroupe), en effet, lavait
rejeté en échange de la possible libération du milliard
d'euros attendus par la Grèce
Pour éviter le risque de ne pas avoir cet argent, le gouvernement Tsipras sest à nouveau couché, comme il lavait fait le 19 août dernier en signant le troisième mémorandum qui dit explicitement que lexécutif grec ne doit prendre aucune mesure budgétaire supplémentaire sans laval des créanciers.....
L'extrême gauche européenne, qu'il s'agisse de Podemos, ou du NPA,
ou d'autres
.. avait avant tout besoin d'un héros. Elle ne voulait
pas ou ne savait pas en appeler aux peuples pour soutenir Tsipras. Elle a tué
son héros potentiel en ne lui apportant aucun soutien réel, c'est-à-dire
aucun conseil d'expérience, si ce n'est " Tiens leur tête,
dis leur non
" cf Mélenchon.
Les hommes politiques à la tête de Bruxelles sont des loups, rompus
à la politique politicienne ; ils peuvent faire plier n'importe qui,
même le plus généreux et le plus courageux. Ils savent flatter,
puis menacer, faire peur, décrire des scénarios épouvantables
en se relayant " si vous ne cédez pas c'est Aube Dorée qui
prendra le pouvoir dans le chaos ".
Car le chaos, ce n'est pas Bruxelles qui le créait depuis des années,
disaient ces politiciens, c'est Tsipras en refusant de céder ! Obéir
à Bruxelles c'était éviter le chaos ! La description renversée
de la réalité, le trucage dans l'analyse, ces politiciens savent
le faire. Concrètement ils savent aussi épuiser un homme, l'empêcher
de dormir, l'isoler, le plaindre, le menacer, le faire boire
Alors quels conseils aurait-on pu donner à Tsipras ?
-Ne jamais dire que la Grèce allait ou pouvait sortir de l'euro, mais
faire valoir des revendications conformes à l'Europe des peuples dont
tout le monde rêve.
-Ne jamais se présenter seul face à ces bandits ; être 3
au minimum, 4 c'est mieux, très organisés, avec une stratégie
" toujours ensemble " pour faire front, veiller les uns sur les autres,
noter les faiblesses qui vont vers la division du groupe, tout arrêter
quand la fatigue saisit le groupe. Etre témoins. Avoir une réponse
unique.
-Savoir qu'à moment donné on peut flancher, n'avoir pas la répartie,
ne plus savoir quoi répondre, mal connaître un dossier, perdre
les pédales. Dans ce cas, il faut la pose, se retirer pour se concerter,
tout interrompre, ne rien décider sans accord unanime des 3 ou 4 ; être
capable de partir malgré les menaces. Et dire " On va dormir "
et l'imposer.
-Ne jamais se prendre pour un héros. Savoir qu'on est vulnérable.
Se tenir strictement à ce qu'on a décidé, savoir ce sur
quoi on ne devra jamais céder, et ce sur quoi on peut plonger.
-Dire sans arrêt " on va tout rendre public ; on va rendre compte
aux citoyens grecs et on reviendra "
-Partir, rentrer en Grèce, s'emparer de la télévision,
et non pas aller s'enfermer avec les partis politiques, et lancer un appel public
" Voilà où nous en sommes, dans quelle impasse. Nous refusons
la diplomatie secrète. Nous allons tout vous dire, car c'est votre intérêt
et c'est le nôtre. Oui nous passons par-dessus la tête des partis,
nous nous adressons à vous directement les citoyens
Voilà ce que Bruxelles veut. Voilà ce qu'ils nous disent
.
"
.. "
Les brigands de Bruxelles tentent de nous faire peur en disant qu'accepter leurs
propositions c'est éviter de donner le pouvoir à l'extrême
droite de ce pays. Nous disons, nous, aux citoyens grecs, quels qu'ils soient,
de droite, de gauche et des extrêmes, qu'ils ont tous les mêmes
intérêts, sauf ceux qui ont placé leur argent hors du pays,
sauf ceux qui exploitent les travailleurs, sauf les nantis qui ne veulent pas
payer d'impôts
Nous avons tous les mêmes intérêts,
qui que nous soyons. Nous voulons la justice, du travail, des salaires corrects,
des retraites qui puissent nous faire vivre, des logements pour tous, des services
publics
.Citoyens, faites la liste de ce qui est utile au pays, nous publierons
ce que vous considérez comme indispensable. On ne discutera pas de parti
à parti car cela nous divise
Il y a de la corruption dans notre système fiscal et ailleurs, de l'injustice
? Oui mais c'est notre problème, c'est à nous de le résoudre,
et pas à Bruxelles. Ils sont prêts, disent-ils à nous prêter
80 milliards. A quoi serviront-ils ces milliards ?? A nous redonner les services
publics dont ils ont exigé la disparition ? A rembourser la BCE de ce
que nous lui avons déjà payé ? A rembourser le FMI qui
est la plus grande institution organisée pour le vol des peuples ? A
renflouer les banques qui ont organisé la sortie des capitaux des nantis
? Elles sont là pour ça
Que restera-t-il pour créer
des activités utiles ? Créer des emplois. Que nos économistes
fassent les comptes, qu'ils se réunissent en table ronde, et qu'ils viennent
nous dire la vérité de ces prêts qui doivent nous désendetter
pour nous ré-endetter
.
Les gens de Bruxelles nous ont tracé des scénarios divers et terribles
pour tenter de nous obliger à vendre tout notre patrimoine : dites ce
que vous pensez de ces scénarios
(
.°
Nous ne dirons pas à Bruxelles que nous voulons sortir de l'euro. Nous
dirons à Bruxelles, voilà ce que veut le peuple grec, voilà
quelle Europe nous voulons. C'est à Bruxelles de qualifier l'Europe qu'ils
veulent nous imposer encore et toujours, et de nous chasser de leur univers
de soumission
Nous en appelons aux peuples des autres pays : que pensent-ils
de tout cela ?
Organisez-vous en assemblées de quartiers ! Faites remonter vos doléances,
vos analyses, mandatez nous précisément
etc
Ils nous ont donné des délais pour nous étrangler. Ce sont
eux qui organisent ces délais. Oui nous reviendrons à Bruxelles,
le plus vite possible, non pas à 4 mais à 10, à 20
"
Voilà ce qu'on aurait pu dire à Tsipras en guise de soutien. Et on l'aurait écrit, car nous n'avons rien à cacher. Cette vision des choses devait être connue, les grecs devaient en être avertis, devaient y avoir réfléchi. Tsipras ne devait pas mettre sa cravate pour aller se faire écraser seul, il devait rester sans cravate, accompagné de vrais amis, et sérieusement mandaté.
Le 20 août 2015
Mieux et plus vite que les staliniens ! Les leçons sont vite apprises. Et sans état d'âme.
N'était-ce pas Pierre Laurent, secrétaire national du PCF (soi-disant déstalinisé), qui avait dit le 14-7, que Tsipras avait fait " un choix responsable, celui de permettre avant tout la sabilité financière durable du pays.....Si un accord est signé, c'est grâce au courage de Tsipras ! (Le Monde du 15-7-15)
31 juillet 2015
Non content d'avoir capitulé honteusement, Tsipras épure son gouvernement des ses compagnons et va gouverner avec la droite. Celle-ci le chassera néanmoins à terme comme un malpropre qui mange à tous les rateliers. Q'espère-t-il ? Il est un homme fini à terme. Il doit bien savoir que l'Europe ne voulait pas venir en aide à la Grèce mais seulement écraser son peuple et faire de cette nation une serpillère pour l'Europe. Ce qui semble terrible, c'est le soutien implicite dont il bénéficie dans l'extrême gauche qui n'ose pas le qualifier comme il doit l'être: il a été acheté. Même l'extrême gauche de son parti ne semble pas vouloir le chasser
Tous les économistes et les journalistes font de l'humour noir sur la Grèce: La dernière négociation n'a que le but d'endetter encore plus la Grèce puisqu'on lui prête uniquement pour qu'elle rembourse sa dette... afin d'augmenter encore les intérêts à devoir, et le capital. Même le FMI dit que la Grèce ne pourra rien rembourser si sa dette n'est pas recapitalisée..."
Mais la recapitalisation est un piège! Cela veut dire "dette à vie" et intérêts accrus. Donc consolidation de la dépendance.
Un exemple du scandale : La BCE qui a acheté des obligations grecques, c'est à dire de la dette grecque, contre intérêts, réclamait le 20 juillet 3,5 milliards d'euros en capital prêté. Entre temps la même BCE s'était fait 3,3 milliards de profits en 2014 et 2015 en recevant les intérêts de la dette. Extraordinaire !! La dette est tout bénéfice ! Où va cet argent ? Vers les banques européennes !
Il n'est dit nulle part combien la BCE a prêté à la Grèce, sur combien de temps, et à quel taux d'intérêt. Mais voilà, la bonne aubaine des achats d'obligations par la BCE est clairement énoncée.
La BCE va prêter 7 mds pour que la Grèce la rembourse et rembourse 1,6 mds d'euros au FMI. Génial , non ?
Tsipras a accepté des privatisations. A quoi vont-elle servir ? Outre qu'il n'y aura plus de service public en Grèce, cela servira: 25 mds pour restructurer les banques grecques, 25 au service de la dette et... aux investissements ? Non même pas... et ça sera géré par le Luxembourg. A force, l'humour noir devient comique !! Aux dernières nouvelles, ce ne sera pas le Luxembourg mais Athènes...
Parlons en des investissements ! Du simple point de vue capitaliste, on pourrait en causer un peu concrètement ! Mais pas du tout, ça n'intéresse pas l'Europe.
Le peuple a accepté jusque là. Pendant encore combien de temps
? Que dit l'extrême gauche ? Qu'il faut constituer un rassemblement européen
anti-austérité, avec les organisations traditionnelles , le même
programme que la CGT. Le PCF a donné son accord total aux décisions
de Tsipras.
C'est tragique !
L'Argentine en 2001 n'avait pas capitulé aussi honteusement, tout simplement parce que c'était un gouvernement de la droite populiste qui avait conduit au naufrage. Il vaut mieux que ça soit la gauche qui mène au naufrage, du point de vue du capitalisme, car la gauche a la spécificité d'être davantage capable de contraindre le peuple ! En 2001, le peuple avait immédiatement constitué ses Assemblées populaires... Ce dernier ne parvient pas aujourd'hui à s'opposer à tout ce qui s'appelle la gauche avec ces mêmes assemblées.. Ce respect et cette crédulité face à la gauche et son extrême est une véritable chape de plomb qui pèse sur le peuple.
Le 20-7-15
http://www.mondafrique.com/lire/international/2015/07/24/larmee-israelienne-pourra-sentrainer-librement-en-grece
Pendant que son premier ministre, Alexis Tsipras, ferraillait avec Angela Merkel, Panos Kammenos le patron de la Défense, signait un accord de coopérations avec Israël.
Alexis Tsipras que l'on présente comme le damné de la terre, en tout cas de celle d'Europe, n'a pas que des ennemis. Pendant que son premier ministre ferraillait avec Angela Merkel, Panos Kammenos, le patron de la Défense, signait un accord de coopérations avec Israël. Kammenos, ministre des armées, est au sein de gouvernement le représentant de la minorité d'appoint qui a permis à Tsipras de gouverner le pays. Kammenos est le dirigeant d'ANEL, le petit parti souverainiste des " Grecs indépendants ". Le ministre de la Défense grecque vient de se rendre en Israël où il a signé un document SOFA (Status of Forces Agreement) avec son équivalent Moshé Yaalon.
Dans le sillage américain
Selon ce " traité ", les forces israéliennes pourront s'entrainer en Grèce et vice versa. Cet accord a vraiment un caractère exceptionnel puisque seuls les Etats-Unis ont signé un tel échange avec Israël. Yaalon a salué chaleureusement la collaboration entre la Grèce et son pays " Nous apprécions grandement la coopération sécuritaire qui se traduit par l'entraînement de nos soldats et officiers sur le territoire grec. Nos États partagent des intérêts communs, car ils doivent faire face aux conséquences de l'accord signé la semaine dernière entre les grandes puissances et l'Iran. ".
Absolument pas pris de court Panos Kammenos a répliqué avec le même enthousiasme : " Le peuple grec est très proche du peuple d'Israël. Concernant notre coopération militaire, nos relations sont excellentes, nous continuerons à les entretenir et poursuivrons les entraînements communs. Le terrorisme et le djihad ne frappent pas que le Proche Orient, mais également les Balkans et l'Europe. C'est la guerre. Nous étions également très proches d'Israël pour tout ce qui est relatif au programme de missiles de l'Iran. Nous nous trouvons à la portée de ces missiles. Si un missile iranien se dirige vers la mer Méditerranée, cela peut signifier la fin de tous les pays de la région. "
Et, le souffle court, la France attend la réaction de Mélenchon qui s'affirme un ami de la Palestine.
Nous venons de vivre comment l'Europe et Tsipras veulent apprendre à la Grèce à mourir, après que son peuple se soit dressé pour dire NON. Mais l'histoire des peuples, depuis près de 100 ans, est cette histoire là qui ne cesse de se répéter. La perte de la Palestine au profit d'Israël en est l'exemple le plus criant, mais cela dure dans le temps et n'en finit pas. Par contre la Grèce nous laisse médusés, et la trahison semble avoir quelque chose de plus tragique, tout simplement parce que la reddition est en raccourci, en gros plan, comme un résumé grotesque de toutes les redditions...
Le principe est le suivant: La négociation des questions de la vie d'un peuple, doit se faire par dessus la tête de ce peuple, c'est à dire entre Etats, entre les institutions internationales, dans le cadre du jeu parlementaire et avec l'assentisment des partis dits" de gauche" traditionnels. Il faut donner la parole au peuple uniquement pour lui donner une fausse confiance, l'endormir et le gruger.
Tsipras a subi les pires pressions et n'en a pas fait part: on lui a décrit par le menu ce qui allait arriver à la Grèce si celle-ci ne se pliait pas une nouvelle fois dans le cadre de la "négociation" capitaliste: fermeture totale et asphyxie de toutes les banques, fuite massive des euros, aucun secours de l'Europe, impossibilité d'importer quoi que ce soit, impossibilité d'exporter, plus de numéraire pour payer les salaires, pénuries en tous genres, guerre civile, spectre du régime des colonels.... Mais il a décidé seul, face à ces menaces. Nous ne connaissons pas la teneur des dicsussions secrètes.
Les Mélenchon et les autres, s'ils avaient eu quelque conscience tout court, auraient pu suggérer à grand bruit à Tsipras "Vas au devant du peuple, appelle à d'immenses meetings dans tout le pays, et explique ce qu'on t'a fait valoir, les menaces, les pressions, les scénarios... Mets tout sur la table; appelles en à tous les grecs et aussi à tous les peuples d'Europe, dis leur " Réunissez-vous d'urgence en commissions, en conseils, en ce que vous voulez, élaborez une réponse.. Définissez comment la Grèce peut tenir, réinventer une production, un autre genre de vie... Prenez vos affaires en mains ! Retrouvons nous dans 24heures, nous ferons valoir toutes les propositions, nous discuterons de tout publiquement. Nous ne négocierons pas en secret. Vous voterez dans les structures mises en place par vous... Nous appelons tous les journalistes à être présents.... Nous allons ensemble répondre à la Troïka et décider de notre destin..." etc
Il est en effet utile de connaître tous les scénarios possibles d'une fin de non recevoir à payer une dette inventée pour soumettre la Grèce, et d'une sortie éventuelle de l'euro. Que peut faire la Grèce dans une situation d'isolement économique, dans des circonstances où les réfugiés affluent aussi dans ce pays ?? Que peut faire la Grèce si par exemple l'énergie ne peut plus être importée ? Il y a des solutions dans la Grèce elle-même, et en faisant appel à la solidarité internationale ! Tout doit, en tous cas, être discuté. Le peuple pouvait faire front vis à vis de la Troïka, nouvelle formule, en disant "Voilà ce que nous n'accepterons jamais".
La peur des technocrates vis à vis du peuple est immense. On ne fait appel à lui que pour soutenir les apparatchiks, mais jamais pour qu'il prenne ses affaires en main. Un jour le peuple comprendra, et chassera les Hollande, Tsipras, Mélenchon et autres, qui en définitive font tous les mêmes choses.
le 14-7-15
Si l'on admet que le capitalisme survit d'une part grâce à l'acceptation massive et passive de l'exploitation des peuples par ces derniers, d'autre part grâce à la montagne de médicaments, d'armements, de voitures, et du libre échange......
Si l'on admet que les politiques d'austérité sont avant tout des politiques visant à casser socialement les peuples, et non pas des nécessités technico-économiques intrinsèques, étant entendu que l'accroissement de l'exploitation se fait au travers de la généralisation de la précarité...
Si l'on admet cela, la Troïka va absorber le NON des grecs, vite fait bien fait, exactement comme la BCE, depuis plus d'un an, a dérogé à toutes les règles pour renflouer les banques et les Etats en rachetant la dette...(avec profit)...
Le matraquage mensonger des européens a eu quelque chose d'indécent ! La Grèce allait tomber dans l'inconnu, dans le goufre, allait droit dans le mur; c'était le risque de la "rupture", "les grands périls" (pour la zone euro)... tout y est passé. Le seul péril est que la population, qui subit en Europe les effets des politiques d'austérité, relève la tête.
Le seul danger, pour les capitalistes, sont les pays ex-communistes, les pires rats capitalistes, fabriqués par l'URSS, qui peuvent hurler à la trahison de sa sainteté l'Euro, s'opposer à un apaisement social, à une renégociation de la dette grecque..., ce sont eux qui peuvent faire chuter l'Europe... les opposants tels que Podemos et Syriza, n'ayant pas les forces pour l'instant de proposer une alternative à l'Europe, telle qu'elle est, parce que PERSONNE ne met en question la production capitaliste. On peut toujours psalmodier les éternelles litanies marxistes, ça ne changera rien à l'affaire.
Produire autrement, travailler autrement, dans une autre Europe, c'est l'alternative que personne n'avance. Seules des minorités veulent modifier la production et la nature du travail.
A petits pas, peut-être, ira-t-on vers cette perspective, le NON offrant une petite ouverture devant une porte bien fermée ??....mais que ferons-nous face à Daech ?
Le capitalisme a une solution: les armes, la noyade, la famine, la résurgence des camps nazis.. Quelle réponse offrons-nous socialement ?
Le 6-7-2015
Le Monde publie en première page, le mercredi 24-6-15, cette photo très symbolique et significative. Tsipras, en cravate, a le bras gauche posé sur le bras droit de Juncker, et ce dernier lui caresse le visage avec bienvaillance.
Le 5 juin, le Monde publie une photo de Tsipras sans cravate, que Juncker tient par le cou.
Qu'attendait-on fondamentalement de Tsipras ? Non pas qu'il effectue une réddition en matière de protocole d'habillement (même s'il agaçait), mais une reddition politique.
Après des mois de pressions politiques intenses, il convenait que Tsipras, commence non seulement à entrer dans la logique des concessions, même à petits pas, et qu'il reconnaisse la légitimité de la Troïka, nouvelle appellation, et du FMI. Il devait faire mieux que l'Argentine, renoncer à toute autonomie et reconnaître le diktat du Fond de la Misère International, FMI appelé ainsi par celle-là. Mais surtout il devait entrer dans le rang, après maintes humiliations et flateries, et ne plus être le porte -parole des masses grecques. En effet quel scandale, un homme politique qui venait au sommet de la zone euro parler au nom de la rue, quelle mésalliance ! Quelle saleté ! C'est pourquoi Tsipras après avoir offert le principe d'une capitulation à l'Europe, menace de démissionner s'il n'est pas suivi par son parlement. Est-ce à cet effet qu'il a mis une cravate ?
Pendant tout le mois de mai et celui de juin, il a été question des risques que la Grèce "tombe au bord du précipice"; en réalité c'est la politique européenne qui était au bord du précipice, la conception même de l'Europe et de l'euro qui a fait faillite. Le philosophe Habermas (le Monde du 25 juin) rapporte que Amartya Sen (Prix Nobel d'économie) a comparé la politique d'austérité de l'Europe en Grèce à un mélange toxique d'antibiotiques et de mort-aux-rats.
Tsipras aurait fait dernièrement des propositions à l'Euro-groupe qui légitimeraient qu'on le considère enfin comme un homme politique sérieux.
Oui il renonce aux pré-retraites, ne touche pas à la TVA mais propose une taxe de solidarité exceptionnelle, des broutilles pour Bruxelles, qui veut non pas de nouvelles recettes mais des coupes financières nouvelles.... Tsipras propose un nouvel impôt sur le revenu de 8% pour les revenus de plus de 500 000 euros. On ne va pas nous faire croire que c'est Bruxelles qui le demande, puisque ce sont les retraites en général, déjà amputées de moitié, qui devaient être encore diminuées ! Il eût été très important par contre que cet impôt de 8% ait été voté depuis longtemps, du point de vue même de l'intérêt des grecs, mais voilà, il n'y avait sans doute pas la majorité requise pour ce faire... Il fallait ménager la bourgeoisie grecque. C'est comme le contrôle des capitaux ! C'est Bruxelles qui finirait pas l'imposer, alors que c'eut été une mesure de sauvegarde immédiate contre les banques et la grande bourgeoisie, que de l'établir de suite.
Tsipras n'a toujours rien obtenu sur la remise à plat de la dette grecque, dont les analystes comptétents s'accordent pourtant à dire qu'il s'agit d'une dette fabriquée, illégitime, absurde, dont le remboursement n'est nullement utile au FMI, si ce n'est au titre d'une allégeance au principe d'un racket international imposé par les grands de ce monde. Ce n'est pas d'une remise à plat dont a besoin la Grèce, mais d'une annulation. Sauf que la dette justifie les très chères politiques d'austérité, partout. Il est tout à fait remarquable que les plus grands ennemis de la Grèce, dans l'Europe, soient les anciens pays "communistes" pour qui l'austérité imposée par l'Europe est bien moins pire que le communisme subi jadis.... Paradoxe des temps qui courent.
Souhaitons que la rue ait le dernier mot en Grèce et que nos diplomates européens bien cravatés en aient des crampes d'estomac.
26-6-15 AMC
Lundi 27 avril 2015 le ministre des finances Yanis Varoufakis, nommé le 27-1-2015, est écarté des discussions avec "l'Eurogroup". Euclide Tsakalotos le remplace. Voilà qui rassure l'Eurogroup. Quel présage ?
(revu et corrigé)
Le libéralisme économique a réalisé une prouesse sur le plan intellectuel. Sa cruauté n'a d'égale que sa candeur à produire des clichés, et sa médiocrité. Ses tenants se passeraient bien de la philosophie, de l'histoire, du raisonnement, de l'étude, de l'esprit critique. C'est un bulldozer de clichés, de préjugés, d'affirmations non fondées. Leur diffusion passe par les journalistes à la botte des économistes et des politiques libéraux. Surtout il convient d'ignorer l'histoire de la Grèce et le rôle continu qu'y a joué la Grande Bretagne jusqu'à nos jours.
On voit ainsi écrit constamment dans des journaux comme le Monde, le Figaro, Libération " la fraude fiscale est un sport national en Grèce ", ou bien il est affirmé que par nature les grecs sont des truqueurs, des menteurs, qu'ils s'endettent sans vergogne, ou encore on entend dire par Angela Merkel qu'il serait temps que les grecs se mettent à travailler etc etc
Depuis sa naissance en 1830, la Grèce a été quasiment
une colonie de la GB (ou un " Etat protégé " en langage
poli, avec l'accord des grandes puissances de l'Europe.) Ce statut a induit
ce type de phrases de mépris, exactement comme on dirait que les noirs
ne travaillent pas par nature ou que les maghrébins répandent
des odeurs
Et cela s'est tellement inscrit dans notre psychisme, que nous finissons pas
engranger que les grecs sont des gens paresseux, incapables des respecter les
lois ; vous savez des " méditerranéens " ! Donc ce ne
serait pas étonnant qu'ils soient dans cette situation grave aujourd'hui.
On notera le mot " les grecs " sans distinction des classes sociales,
or les grecs ne sont pas homogènes entre eux loin de là.. Ils
ont une bourgeoisie favorable aux anglo-saxons de droite, une partie du peuple
acquis aux idées communistes et anarchistes, et une autre à un
nationalisme exacerbé d'extrême droite. La politique de "
diviser pour régner " de la GB, jusque dans le financement de la
résistance dans la dernière guerre, est en grande partie cause
de cela, d'où le fait que l'Etat grec n'a aucune crédibilité
auprès des citoyens.
De plus la mise en place d'une " démocratie ", supervisée
par la GB, a pris soin de préserver un aspect féodal à
la société grecque, en imposant d'abord un roi, extérieur
à la société grecque, jusqu'à la première
guerre mondiale, puis en sauvegardant l'existence des grandes familles (Karamanlis,
Papandreou, Mitsotakis par ex
) à la tête des gouvernements,
et un Etat dans l'Etat à savoir l'Eglise orthodoxe, sans compter des
armateurs qui ne sont là que pour avoir des privilèges fiscaux...
Cette structure sociale est un empêchement majeur à l'existence
d'un lien social entre les grecs. Elle a introduit une défiance naturelle
vis-à-vis de l'Etat, qui se traduit par le non paiement de l'impôt
par les classes riches. La contrepartie monnayée entre l'Etat et le peuple,
est une fonction publique pléthorique, pour compenser l'absence d'emplois
et réaliser la paix sociale.
Revenons aux origines rapidement :
La révolte du peuple grec contre l'Empire ottoman a été
soutenue par la France, La Russie et la GB, au 19ème siècle ;
non pas par bonté d'âme mais parce que chacun de ces pays étaient
aux aguets, pour s'approprier, avec des motifs différents, des morceaux
d'un empire, dont la dislocation ouvrirait la voie au Moyen Orient. Celle-ci
interviendra du fait de la première guerre mondiale.
La City anglaise a " financé " par deux fois les grecs combattants
pour la liberté: " l'emprunt de la révolution " en 1824-25,
puis " l'emprunt de l'indépendance " en 1832-33. Elle a fait
gager ces emprunts sur " les terres nationales " appartenant jadis
à l'Empire Ottoman, et dont le statut juridique ne sera réglé
que tardivement au profit de la Grèce.
Donc dès l'origine, la GB prenait pied en Grèce, exactement en
même temps qu'elle imposait le libre échange à l'Egypte
(elle y détruisit l'artisanat égyptien après un blocus
de plusieurs mois à Aden). De plus elle n'a pratiquement jamais versé
l'argent prêté, décidant de son utilisation : construction
de bateaux de guerre non désirés, commissions généreuses
à un tel ou un tel, salaires des services de l'amiral anglais Cochrasse
.(voir: Georges B Dertilis : "Dette publique et dépenses
militaires: la Grèce et la Question dOrient". Journées
du Centre de Recherches Historiques, EHESS, 2001. Acta: sous la direction de
J.Andreau, G.Béaur et J.-Y. Grenier, «La dette publique dans lhistoire».
Ministère de lÉconomie, des Finances et de lIndustrie,
Paris 2006, p. 395-422 )(voir aussi du même auteur grec : Historia tou
Hellinikou Kratous, 1830-1920.(Histoire de lÉtat grec, 1830-1920)
Première édition: Banque Nationale de Grèce, Athènes
2004. Cinquième édition revue et augmentée: Hestia, Athènes
2009, deux volumes)
Le pays a été abominablement endetté de suite, car le gouvernement
grec se devait de rembourser les sommes " prêtées " plus
les intérêts. Or tout a été fait pour qu'il ne puisse
jamais rembourser (exactement comme en Haïti), la renégociation
des emprunts l'endettant toujours plus.
60% des dépenses publiques à la création de la Grèce
étaient, selon l'auteur cité, des dépenses militaires imposées
par la GB.
De ce fait, la GB mettait en gage les recettes fiscales futures de l'Etat grec,
et, avec la France, établissait un contrôle international sur les
douanes grecques.
La GB a obligé la Grèce à suivre une politique définie
sur la question d'Orient. Les emprunts ne servirent jamais à redresser
le pays ruiné par les guerres.
En 1836, l'Etat grec, qui n'en peut plus, suspend les versements des intérêts.
La GB renforce l'embargo aux frontières et dans les ports, et interdit
l'accès de la Grèce aux bourses européennes. La Grèce
est privée d'investissements, un peu comme les Etats américains
avant leur indépendance.
Le peuple grec avait l'habitude de se révolter contre l'empire Ottoman qui imposait un système fiscal très dur. La GB impose un service de l'emprunt tout aussi dur, et exige la participation à ses guerres, sous ses ordres (Guerre de Crimée par ex). Palmerston impose, pour ce faire, l'occupation du Pirée par des bateaux de guerre de la France et de la GB pendant deux ans. Les habitants grecs devaient fournir des militaires à la GB, exactement comme les " indigènes " africains devaient le faire vis à vis de la France.
Gladstone expliquait que le " levier de l'emprunt " doit être
utilisé comme moyen tactique capital pour contraindre la Grèce,
car elle est " irrédentiste " ; elle aide par ex les crétois
dans leur révolte
Ce pays ne doit avoir qu'une force de police,
mais pas d'armée, pas de flotte ; elle doit combattre sans arrêt
et emprunter pour ce faire.
Il faut l'obliger, dit Gladstone, à avoir une " bonne conduite ",
à " pratiquer la rigueur " si l'Etat grec veut du crédit
(les textes de Gladstone sont publiés par Dertilis) ; on croirait Angela
Merkel parlant de la situation actuelle.
La Grèce doit obéir à la seule GB même si la France
a une autre opinion.
La première ouverture aux investissements a lieu entre 1878 et 1890.
La Grèce avait obtenu la création d'une banque nationale en 1841
et la création de la monnaie drachme. Cette banque pouvait obtenir des
crédits mais à des taux très élevés : 7 à
11%, ceci au profit d'une petite classe aisée. Les taux actuels imposés
à la Grèce sont de même nature.
En contrepartie la Grèce doit faire la guerre à la Turquie de
1887 à 1898 sous contrôle international.
La Grèce est en cessation de paiement en 1893, sa dette extérieure
est de 200% son PIB. Nouveaux accords et nouvel endettement en 1928. "
La structure de longue durée en Grèce est l'endettement ".
A la veille de la deuxième guerre mondiale, la Grèce n'a aucune
autonomie en matière politique et économique.
La Grèce est donc sous contrôle économique, mais également
politique
L'Europe par la voix de la GB lui impose en 1830 un roi, le Prince Othon de
Bavière ! Après les révoltes de 1863, un Prince Danois
Georges 1° lui est imposé
.
En 1936 le général Metaxas, ancien ministre du roi Georges II
prend le pouvoir. Le 28 octobre 1940, l'Italie somme la Grèce d'accepter
l'occupation du territoire par Mussolini. Metaxas aurait répondu NON
ou " Alors c'est la guerre ". Or les salariés grecs et le peuple
grec ne se soumettent jamais. Ils vont se battre contre Mussolini, puis contre
l'occupation nazie. Aucun répit de leur est accordé. Les forces
de l'axe ravagent le pays.
Les historiens considèrent qu'après l'URSS c'est la Grèce
qui a le plus souffert : 500 000 morts (dont 340 000 de faim), 1000 villages
détruits, la quasi-totalité des routes, ponts, chemin de fer,
moyens de transports détruits..)
Le 28 octobre deviendra jour férié, fête nationale du " jour du NON "
La GB n'a de cesse de vouloir rétablir l'autorité du roi après
la guerre. Les trois mouvements de résistance s'y opposent. Churchill
s'implique en octobre 1944 en allant négocier avec Staline de lui laisser
la Grèce, tandis qu'en contrepartie il lui laisse la Pologne. Les visées
au Moyen Orient exigent que la Grèce soit contrôlée par
la GB.
Celle-ci qui ne veut pas d'un mouvement de résistance unifiée,
paye des bandes rivales pour établir la zizanie. L'armée de la
GB est présente à Athènes et à Salonique.
L'exaspération est telle que le peuple grec est tenté par le communisme.
En 1947 un gouvernement communiste provisoire est proclamé, tandis que
la GB et les USA financent les armées royalistes. Les grecs se battent,
toujours sans soutien. C'est la guerre civile jusqu'en 1949, après quoi
s'instaure un régime parlementaire de type " féodal bourgeois
" qui reçoit la défiance du peuple, et en 1967, les colonels
pro-américains prennent le pouvoir jusqu'en 1975. Voilà les conséquences
de l'intervention en continu de la GB sur la Grèce.
.Les grecs ont bénéficié du plan Marshall, dont 40% sera
détourné, dans une situation d'impossibilité du contrôle
des finances. Le peuple développe une économie de subsistance
et cultive la " débrouille ", tandis que la bourgeoisie, mafieuse
par définition dans ce pays, n'a pratiquement aucune visée sur
la constitution d'une économie nationale.
Oui la Grèce a toujours été endettée, mais par la volonté de la GB. Le peuple grec a toujours refusé la soumission. Mais sa classe bourgeoise, très liée à la GB et aux USA, est une classe qui vit des prébendes accordées par l'étranger et sur le dos du peuple. Elle n'a pas d'attache forte dans une industrie nationale. C'est pratiquement une bourgeoisie compradore qui considère qu'elle n'a pas d'impôts à payer. Cette idée vient des propriétaires fonciers qui, à l'indépendance, obtiennent la propriété réelle des terres, alors que dans l'Empire Ottoman les terres sont nationales. Le Sultan laissait la jouisance de la terre aux paysans et à ses militaires mais demeurait propriétaire. Les propriétaires fonciers vont refuser de payer l'impôt soutenus par la GB pour qui "diviser pour régner" est le grand fondement de sa politique d'occupation indirecte.
La question de l'absence de cadastre en Grèce provient plus que probablement du statut des terres nationales. Les terres étaient sans arrêt redistribuées dans l'empire otttoman. Pas besoin de cadastre. Ce dernier se justifie lorsqu'il y a pleine propriété individuelle.
La question de la propriété de la terre est devenue un tel casse-tête après 1830 que la question cadastrale n'a jamais été réglée.
On peut ajouter que lors de l'indépendance, les corsaires, liées à de grandes familles dans les îles, se sont rapidement rattachés à l'Etat grec pour bénéficier d'exonération fiscale en tant qu'armateurs. Le refus de l'impôt, y compris par l'église, provient de la nature de l'Etat grec indépendant, soumis en fait à une puissance coloniale la GB. Celle-ci a vu d'un bon oeil le soutien des classes dirigeantes à son égard contre un peuple qui s'est révélé turbulent dans la conquête de son indépendance.
Quand la Grèce est entrée dans la zone euro, des banques américaines lui avaient beaucoup prêté. Entre autres Goldman Sachs (auj sur les bancs des accusés aux USA), banque d'investissement de Manhattan. Cette banque fournit de hauts dirigeants aux États dans le secteur économique et financier tels Robert Rubin ou Henry Paulson (Hank), ancien Secrétaire du Trésor des États-Unis, ou encore Mario Draghi, gouverneur de la Banque d'Italie (cf Wikipédia), puis de la BCE aujourd'hui. Cette banque gomme 1 MD d'euros de dettes publiques en 2001 des comptes publics de la Grèce. Ce sont les banques, mandatées par Bruxelles, qui organisent la présentation des comptes publics des Etats (Morgan fera la même chose avec l'Italie). On modifie les règles comptables à l'envie. (Le Monde du 20-2-10)
L'Europe " découvre " tardivement que tous les chiffres annoncés
pour pouvoir entrer dans la zone étaient faux. Eurostat ignorait ? La
discipline européenne était très élastique. Barroso
en 2004 n'aurait-il rien su ? Ou d'autres motifs étaient-ils à
l'uvre, comme l'ouverture d'un nouveau marché prometteur sous un
gouvernement corrompu et une direction de l'Europe tout aussi corrompue ? (Le
Monde du 20-2-10). Mais la crise de 2008 change la donne
Et la Grèce
se retrouve sous la tutelle de la CE (communauté européenne),
du FMI et de la BCE (banque centrale européenne), la Troïka (qui
circule en voiture blindée à Athènes en 2011 !!!)! : Rien
de très nouveau dans son histoire, sauf que cette fois ce sont les banques,
qui ont prêté énormément avec tant d'empressement,
qui prétendent être en difficulté dans un pays où
la dette est éternelle, parce que non remboursable. La France et l'Allemagne,
par l'intermédiaire de leurs banques y sont bien engagées également.
Le magazine Euromoney parle en 2005 de " l'enronisation " (du scandale
Enron) des comptes publics européens avec la complicité de Bruxelles.
Ce n'est donc pas la Grèce qui a falsifié ses comptes.
Toutes les tricheries ont été à l'uvre pour faire
passer la Grèce dans l'euro. C'était une affaire trop juteuse,
un marché à prendre.
Il s'agissait en effet de faire de la Grèce un marché pour les produits européens des pays riches, et de lui prêter pour qu'elle puisse importer et payer ses produits. On peut éventuellement envisager de délocaliser des entreprises européennes en Grèce à condition que les salariés grecs soient soumis, or ça n'est pas le cas. Par conséquent la Grèce importe trois fois la valeur de ce qu'elle exporte C'est bien ce que l'Europe voulait ?
La Grèce à court de capitaux pouvait, avant l'euro, créer
de la monnaie pour régler ses problèmes. Si cette monnaie se transformait
en capital de façon productive, le danger d'inflation était faible
; mais si cette monnaie était dilapidée par une classe riche pour
ses besoins propres, ou si l'Etat payait ses fonctionnaires avec cette monnaie,
sans qu'il y ait d'investissements en contrepartie, l'inflation était
un grand risque (théorie de Smith). C'était la situation de tous
les pays peu riches en PIB.
Or avec l'euro, l'Etat grec perd toute prérogative monétaire
et économique. Il n'a plus qu'à emprunter. Pour la Grèce,
c'est le pire des pièges.
Si la bourgeoisie grecque avait été nationaliste, elle aurait
refusé à juste titre l'euro. Or les nationalistes sont une poignée
et liés à l'extrême droite.
Passer d'une politique monétaire souveraine à la soumission à
une monnaie forte, va faire de ce pays un vassal encore plus évident
des pays riches. La croissance de son PIB, était totalement compromise
d'un point de vue capitaliste, sauf à faire un tourisme ravageur.. La
bourgeoisie grecque se préparait donc à livrer le pays aux prédateurs.
Les salariés avaient eux aussi toutes les raisons de refuser l'euro en
raison de la politique de rigueur que cela impliquait mais ils n'ont pu l'exprimer
sous l'avalanche des crédits qui leur étaient offerts.
La Grèce devait donc aller au devant d'un endettement encore plus massif
qui ne pourra jamais être remboursé et qui sera refinancé
sans arrêt, d'autant que faire payer l'impôt à la bourgeoisie
est une affaire difficile.
Le mécanisme et les faits :
La zone euro a réintégré les critères de Maastricht
pour que fonctionne une " saine " gestion de l'euro, dans un environnement
pourtant sans homogénéité économique entre les différents
partenaires européens, sans gouvernement central ayant autorité
(et heureusement peut-être pour les salariés), avec une banque
centrale " indépendante " (BCE) qui ne peut intervenir en dernier
ressort (donc qui livre les gouvernements aux banques privées), et dans
le cadre d'une concurrence effrénée organisée par l'Europe.
Laquelle ouvre à la finance la possibilité de la pire des spéculations,
comme il a été décrit ci-dessus.
-a)La Grèce a une dette publique en 2010 de 160% son PIB, alors qu'elle
ne devrait être que de 60% selon les critères de Maastricht. Son
adhésion à la zone euro a accru mécaniquement son endettement.
Les leaders européens expliquent que c'est un scandale, mais le Japon
a un endettement quasi traditionnel de 200% du PIB, en ne se portant pas si
mal
C'est en effet la zone euro qui a obligé la Grèce à
acquérir les devises nationales qui lui étaient nécessaires
par l'emprunt, devises qu'autrefois elle créait dans le cadre d'une politique
monétaire indépendante.
En 2009 déjà, une baisse des dépenses publiques de 13,6
% par rapport au PIB était exigée par l'Europe pour entraîner
une réduction du déficit public. Pour l'année 2010, le
déficit public devait également baisser de 9,3 %. En réalité
le déficit n'a fait que se creuser toujours davantage par le mécanisme
même de la dite réduction des déficits qui nécessite
toujours plus d'endettement !!
-La Grèce peut-elle espérer obéir à l'Europe par
une croissance de son PIB ? Les autorités européennes ont calculé
que son PIB devrait croître de 4% par an à partir de 2010 pour
que de la richesse en capital se reconstitue. Or la Grèce n'est compétitive
en rien à ce jour sauf dans le tourisme et importe énormément
du fait même de son intégration à l'Europe.
Il faut savoir de plus que le secteur public constituait traditionnellement
40% du PIB, or ce secteur est en train d'être balayé par les plans
de rigueur !
La Grèce ne peut donc compter sur une croissance du PIB
-b)La Grèce peut-elle compter sur ses impôts ?
Ce pays souffre, l'Europe le savait, d'un manque chronique d'impôts. C'est
un leg de ses relations de soumission à l'Angleterre, laquelle favorisait
comme dans un pays colonisé la classe riche pour obtenir sa reddition.
La Grèce a la structure fiscale d'un pays colonial où les riches
ont obtenu de ne payer que très peu ou pas du tout d'impôts, de
la même façon que par exemple en Amérique du sud, anciennement
colonisée par l'Espagne et le Portugal. Entre autres, l'Eglise est pratiquement
dispensée d'impôts, bien que le gouvernement ait juré le
contraire ; elle ne paye rien sur ses activités commerciales car il est
impossible de connaître la nature de ses biens et de ses propriétés.
La taxe immobilière votée en septembre 2011 ne la touchera donc
pas, ses richesses étant tabou (Le Monde du 21-9-11).
Autre exemple, la Grèce, l'une des plus importantes puissances maritimes
mondiales, a des armateurs qui ne payent pratiquement pas d'impôts. En
effet, les navires détenus par des intérêts grecs constituent
72% de la flotte battant pavillon chypriote, 55% de la flotte battant pavillon
maltais, 18% de la flotte battant pavillon des Bahamas (cf Wikipedia). Autrement
dit les armateurs grecs sont sous pavillon étranger, et échappent
très largement à l'impôt. De ce fait, les agents des impôts
se prêtent à une corruption passive, encouragés par les
intérêts des hommes politiques. Avant sa chute, DSK, patron du
FMI, reprend le 15-3-11 les clichés traditionnels sur la Grèce
en lançant dans un discours que " les grecs truandent un maximum
" parce que " ne pas payer d'impôts est un sport national ".
Très futé DSK !
Des querelles chiffrées ont également eu lieu sur la question
de la fuite des capitaux grecs en Suisse, dont s'est fait l'écho la Figaro
économique (3-6-2011) : Quelques 38 milliards d'euros de capitaux auraient
été placés en Suisse sur 2010 et début 2011. Le
Ministère grec des Finances, lui-même a confirmé ce fait.
Enfin, malgré les récents essais de contrôles accrus du
gouvernement, la récession, le chômage ont fait mécaniquement
baisser les impôts.
Par conséquent la Grèce n'a rien à attendre du côté des impôts. Chacun le savait pertinemment.
-c)La Grèce peut-elle se financer par l'emprunt.
Du fait de la situation ci-dessus, les banques privées ne veulent plus
prêter à la Grèce ou alors à des taux d'intérêt
très élevés sur les marchés financiers, par exemple
de l'ordre de 14,5 % en avril 2011 (le taux passe à 16% en mai
),
pour les prêts à 10 ans, alors que l'Allemagne emprunte à
3,2.%. On crie au secours quand l'Italie doit payer 7,45% d'intérêts
actuellement
mais la Grèce ??
La situation va continuer de se dégrader au fur et à mesure qu'il
apparaît qu'elle ne parviendra pas à rembourser et à exécuter
ses plans de rigueur.
Les acheteurs traditionnels de la dette grecque, " les zinzins " (caisse
de retraites, fonds d'épargne, compagnies d'assurances, investisseurs
privés
) se détournent de l'achat des titres de cette dette,
pourtant très prisée du fait de la hauteur des taux, mais devenue
dangereuse au cas où la Grèce déclarerait forfait. La situation
apparaît comme étant grave dès 2010, tandis que les créanciers
sont principalement les banques allemandes puis françaises dont la Société
Générale, la BNP, le Crédit agricole.
Si la Grèce devait sortir de l'euro et retrouver le drachme, elle s'affranchirait
certes de ses dettes, mais n'aurait plus aucune possibilité d'emprunter,
et surtout n'aurait plus de productions exportatrices, la zone euro les ayant
balayées.(biens manufacturés, ciment, produits chimique et pharmaceutiques
.)
La Grèce n'a donc plus aucune chance de se financer par l'emprunt pour rembourser une dette totalement fabriquée.
-d)L'aide européenne
Il ne restait plus que la BCE, le FESF (fond européen de stabilité
financière crée en mai 2010) et le FMI
.
Le FMI s'empare en effet de la question de la Grèce avec les Etats de
la zone euro et " vole à son secours " ( !) dit-on en mai 2010.
En fait la FMI vient au secours des banques mais pas de la Grèce.
Les responsables ci-dessus ne voient en effet plus qu'une solution : imposer
à la Grèce des plans de rigueur du même type que ceux qui
ont été imposés à la Roumanie (par les bons soins
de DSK), l'Espagne, le Portugal, l'Irlande. L'un des premiers plans de rigueur
auquel le parlement grec se soumet et qu'il vote en mai 2010 prévoit
:
-la diminution du salaire des fonctionnaires (- 10 %) ;
-la diminution des pensions accordées aux retraités (- 10 %) ;
-le recul de 5 ans de l'âge légal de départ à la
retraite (65 ans contre 60) ;
-la réduction des investissements publics et des dépenses de fonctionnement
de l'État ;
-la création de nouveaux impôts et de nouvelle taxes, hausse de
10 % des taxes sur l'essence, le tabac et l'alcool ;
-la hausse de la TVA de deux points (23 % contre 21 %, et contre 19 % avant
mars 2010) ;
-la baisse des dépenses de l'armement de 2,5 milliards d'euros en deux
ans.
Mais tout cela n'est rien en comparaison du plan imposé en octobre 2011.
La Grèce est sommée également de vendre une partie de son
patrimoine, d'abord par une tranche de 50 Mds d'euros, pour rembourser sa dette.
Ceci dans une période de récession, où il est prévu
que, dans ce pays, le PIB diminue encore en 2011.
D'autres plans de rigueur vont être votés, tous plus criminels
les uns que les autres, car ils aboutissent à la fermeture d'entreprises,
de commerces, à un chômage massif et à assécher la
rentrée des impôts.
Par exemple, en septembre 2011, la Troïka exige (le Monde du 20-9-11)
-la rupture de tous les contrats en CDI
-la mise au chômage technique dans les organismes publics
-le gel des retraites en 2015
-la fermeture de 30 organismes publics (les mis au chômage n'auront que
60% de leur salaire)
-le paiement des impôts via la facture d'électricité
Moyennant l'application drastique de ces plans successifs, la Grèce devait
recevoir un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans, en mai 2010,
du FMI et de la zone euro. En octobre 2011, 65 Mds seulement ont été
versés, et il est question de prévoir une autre tranche "
d'aide " si les autorités de la zone euro constatent des progrès
dans l'application des plans de rigueur qui s'échelonnent depuis 2010.
Athènes indique en octobre 2011 qu'il lui faut 60 Mds d'euros pour couvrir
les intérêts de la dette publique et payer ses fonctionnaires.
L'application des plans de rigueur successifs est pourtant de plus en plus difficile
face à une hausse continue du chômage et de la contestation sociale.
Il faudrait d'énormes excédents budgétaires, ne serait-ce
que pour pouvoir payer les intérêts des emprunts
Les plans de rigueur ne sont donc pas la solution pour résoudre le dit
endettement de la Grèce. Que veulent donc les autorités ci-dessus
??
e)Mais l'Europe veut toujours plus de plans de rigueur et
.recapitaliser
les banques.
-Le chien de garde des banques, Standard Poor (lire le § consacré
aux agences de notation), dégrade la note de la Grèce en mai 2011,
pour faire pression sur la Grèce, et indique " il faut restructurer
la dette ". Ce qui signifie que les créanciers doivent renoncer
à environ 50% des créances. L'effondrement boursier qui accompagne
cela (sept-octobre 2011) constitue une pression de plus pour accréditer
le bien fondé des exigences vis-à-vis de la Grèce. En même
temps le FMI annonce dès juin 2011 la nécessité de "
recapitaliser " les banques. L'un ne va pas sans l'autre, mais un jeu de
rôle se développe, chacun faisant comme si ces mesures étaient
inutiles ou absurdes. On attend un signe qui rende la chose urgente. Ce sera
la chute attendue de Dexia, la banque franco-belge en octobre 2011. Le marché
financier est en effet persuadé que la Grèce ne peut pas s'en
sortir. Si on veut garder cette dernière dans la zone euro, il faut couvrir
sa dette sous peine d'explosion financière, ou sociale. Pour ce faire,
il faut alléger la dette, à condition de préserver les
banques.
Que veut dire recapitaliser ? Renflouer les banques en capitaux propres. Les
marchés financiers ne prêtent plus facilement, ils attendent la
notation des agences. Les Etats commencent par répondre, pour la galerie,
que c'est aux banques de trouver à se recapitaliser. En réalité
chacun sait que les Etats doivent payer pour cette recapitalisation. Une radio,
France info, faisait dire à un commentateur le 9-10-11 que l'Etat devait
trouver l'argent nécessaire à cette recapitalisation. Tout bonnement.
En plus des plans de rigueur imposés dans tous les pays à des
degrés divers, il faudra aider à recapitaliser les banques
.
De façon remarquable, la gauche française reprend à son
compte tous les ingrédients de cette question et promet de faire de l'endettement
le point central de son programme.
En l'absence d'un gouvernement européen, le FESF pourrait prendre ici
tout son sens puisque la BCE " ne peut " pas jouer le rôle traditionnel
d'une banque centrale de " prêteur en dernier ressort " (bien
qu'elle ait fait déjà des entorses aux interdictions qui lui sont
faites). Mais l'Allemagne n'est pas cet avis. Les deux jours de grève
générale en Grèce les 21 et 22 octobre 2011, qui se sont
soldés par un mort, ont fait apparaître que la Grèce ne
pourrait pas payer " sa dette " ni ses intérêts, et que
le peuple se moquait de ces discussions. D'autant que l'aide promise n'a jamais
été versée, ou quand elle a été versée,
c'était en paiement des intérêts, donc pour les banques
Mais, nous dit-on, celles-ci doivent donc accepter des pertes évaluées
à 50% de leurs prêts
et se recapitaliser ! Grotesque. Le
paiement des intérêts a déjà largement ou pratiquement
couvert les prêts initiaux. Cela on n'en parle pas.
Les Etats européens qui devaient alimenter le FESF, pour venir en aide
aux Etats en difficulté, vont peut-être se récuser et de
toutes façons cela n'est pas suffisant. La Grèce est ainsi acculée
à une éventuelle faillite qui, contrairement à ce que l'on
dit, pourrait enfin lui permettre de décider de son sort librement hors
de l'euro, avec certes des faillites retentissantes puisqu'elle est devenue
totalement dépendante du marché européen et a perdu toute
autonomie. Mais le peuple grec retrouverait la possibilité de créer
de petites activités leur permettant de vivre de façon indépendante
Puis il y a eu le coup de Trafalgar du 28 octobre 2011.
La veille du 28-10, le socialiste Papandreou donne son accord pour un nouveau
plan de rigueur à la communauté européenne. Tout va bien
pour l'euro.
Le 28 c'est la fête nationale de la journée du NON en Grèce.
Des tribunes sont érigées dans les villes pour que les officiels
fassent des discours en hymne à la résistance passée. Pour
les centaines de milliers de gens qui sont dans les rues, la seule résistance
actuelle est celle contre les plans de rigueur. Ils s'emparent des tribunes,
descendent le Président de la république d'une tribune de Salonique
et lui disent " traitre ! ". Et tout le peuple fait de même
dans tout le pays.
Papandréeou affolé ne veut pas devenir le martyr du peuple. Il
annonce sans concertation qu'il va lancer un référendum sur le
plan de rigueur. Les marchés financiers plongent. Merkel et Sarkozy s'indignent
" Mais comment comment ? Tout ça sans nous avertir ? Alors c'est
nous qui allons poser LA question pour le référendum ! ".
C'est l'aveu de la manipulation à venir. Mais les caricaturistes ne rient
pas !!! Ils sont bien plus occupés par le 2-11, intervenu opportunément
: l'attentat contre Charlie hebdo
Ils n'ont pas eu le temps de s'esclaffer
et se précipitent sur l'occasion d'un beau dérivatif... En fait,
ce qui les fait rire est ailleurs.
La parade sera trouvée. Papandreou va démissionner et laisser
le soin à un autre gouvernement vaudevillesque de se coucher devant la
Troïka... Les marchés vont remonter, et, puisqu'il n'y a plus rien
à piller pour l'instant en Grèce, leur armée d'avant-garde,
les agences de notation, vont se précipiter sur une autre proie, l'Italie
! Bien joué ! Berlusconi mis en minorité, obligé de démissionner,
qui peut s'en plaindre ? Quel beau coup ! Ce que la gauche n'a pu faire, les
voyous des marchés financiers le font, ce sont les meilleurs balayeurs
!
Et comme des chiens renifleurs, les crocs aiguisés, les voilà
qui tournent autour de la France
mais les bons toutous français
assurent qu'ils vont de suite présenter un autre plan de rigueur. Et
les parlements espagnols et portugais se précipitent et votent d'eux-mêmes
d'autres plans de rigueur. Que voilà donc des gouvernements dociles,
prêts à prendre le thé avec les mafieux de la finance internationale
! Comme ils sont mignons ! " Voulez vous encore un plan de rigueur, avec
un zest d'obligations françaises ? Mais si mais si
"
Ridicule, à mourir de honte.
Mais d'autres, autour de l'aile avancée du PS français, disent
(le Monde du 11-11-11p 25) qu'il suffirait que la BCE déclare "
Nous allons jouer notre rôle de prêteur en dernier ressort "
et couvrir toutes les dettes d'Etat, contre les canons du libéralisme,
pour que les marchés financiers soient mis " aux pas " et que
la spéculation cesse et que les taux baissent !
.OUI oui, une broutille,
et trop tardive, il faudrait bien d'autres gestes, dont le contrôle immédiat
de la circulation des capitaux, la nationalisation des banques et la séparation
de leurs activités de dépôts d'avec celles de leurs investissements,
et sans doute une mise en cause de la zone euro ?
. Mais le peuple grec
? Il n'a rien à faire de tout cela. Que va-t-il faire ? Sombrer dans
le désespoir ou destituer le gouvernement, sûr de sa nouvelle force
? Comment un gouvernement peut-il venir à bout d'un peuple dans ces conditions
? Si ce n'est par les armes (Rocar le 4-10-11) ? Ou bien le peuple s'organise
en assemblées populaires et fait face
?
(Les Mondes de début février 2012)
Après le 30-1-12, la Grèce, avec un gouvernement de droite, refuse la proposition allemande d'un commissaire européen à la Grèce, et de la présence à Athènes de Bailleurs de fonds (l'argent qui arriverait à Athènes serait immédiatement géré par des fonctionnaires européens qui en organiseraient le retour vers les banques européennes..), c'est à dire une mise sous tutelle ! Ce n'est pas nouveau dans l'histoire grecque.
Volonté affirmée de la Troïka (Bruxelles, BCE, FMI) de diminuer les salaires du privé pour payer une dette qui ne fait que s'accroître mécaniquement du fait des intérêts à payer et de la récession. La dernière solution: vendre le pays par morceaux.
Le premier plan d'avril 2010 était de 80 milliards d'euros; le second décidé en octobre 2011 est de 130 mds, mais au profit des banques européennes...
"Le patient est déjà presque mort, il faut le tuer et lui prendre tous ses biens" ! Ainsi s'exprime Varoufakis un économiste de l'Université d'Athènes. Cela s'appelle "sauver le malade".
Les créanciers privés effaceraient 100 mds de dettes et renonceraient à 70 % de leurs créances, à condition dit la Troïka de mettre le salaire minimum à 750 euros mensuel, de négocier "hors conventions collectives", de couper dans le budget de la défense et de la santé, de supprimer 150000 emplois dans la fonction publique (les journalistes sont tellement stupéfaits du chiffre qu'ils se trompent et parlent une fois sur deux de 15000 emplois) y compris par le licenciement. Tout cela pour rendre la Grèce plus compétitive ! A longueur de discours le FMI explique que la baisse du salaire minimum doit renforcer la compétitivité. Même l'archevêque d'Athènes a mis en garde... (Le FMI est-il en train de donner une leçon de marxisme sur le rôle des très bas salaires dans l'extorsion de plus-value ?)
Le coût horaire de la main d'oeuvre dans l'industrie, selon Natixis (le Monde du 8-2), est de 25,43 euros en Italie, 33,10 en Allemagne (sans salaire minimum et une pléthore de précaires), 21,70 en Espagne, 10,3 au Protugal, 16,6 en Grèce...
(il ne s'agit nullement dans tout cela de faire payer des impôts à ceux qui n'en payent jamais, comme les armateurs, l'église, des grands propriétaires et certaines professions libérales....)
Mais.. les créanciers privés s'opposent à l'effacement de leurs créances si la BCE ne couvre pas la perte. En effet la BCE qui a racheté des créances grecques à bas prix pour 35 et 55 mds d'euros (70% de leur valeur), pourrait si la Grèce finit pas payer sa dette, faire un gros bénéfice (le fait de racheter une créance à bas prix n'efface pas le montant de la créance). Aux dernière nouvelles, la BCE cèderait ces créances aux créanciers actuels.!... fructueuses affaires sur les créances!!
Il y a aussi, dit la Troïka, trop de petits commerces, de petites entreprises... (trop de petites gens ! Tout cela n'est pas assez capitaliste...)
Il faut signer un accord, absolument avant le 12 -2 ... avec le gouvernement grec, il faut qu'il s'engage par écrit. Les 4 ministres d'extrême droit démissionnent (bien vu..), deux autres secrétaires d'Etat du Pasok font de même... Mais les députés vont voter dans la nuit, protégés par la police et le PC (!) malgré une véritable insurrection à Athènes (les libertaires disent que 35 bâtiments ont été brûlés)
Que veut Bruxelles ? Faire un exemple pour le Portugal, l'Espagne, L'Irlande, l'Italie, La France ??? Mettre à genoux le salariat et le petit peuple au profit d'une poignée de chacals ?
14-2-12
(Le Monde du 10-12-13)
Une loi de 2010 permit à la justice de geler la saisie d'un bien immobilier par une banque, si ce bien constituai l'habitation principale d'un individu, et ceci jusqu'au 10-12-2013.... Les banques réclament la fin de ce moratoire! Elles rêvent de mettre à la rue plus de 150 000 personnes, de sasir les biens immobiliers, de les vendre aux enchères à des vautours, ou de les louer ou les vendre dès la reprise du marché immobilier...en accord avec ces vautours... Que deviendraient ces milliers de personnes jetées à la rue ?
Des quantités de gens ont vu leurs retraites diminuer de plus du tiers, les impôts augmenter, les tarifs de l'électricité croître, tandis que leurs proches étaient mis au chômage... Les grecs vont-ils descendre dans la rue à nouveau et partir à l'assaut des banques et du gouvernement ? Qui se plaindrait aujourd'hui de l'expropriation des banques ? La troïka bien sûr (banque et commission européenne + FMI) ! A la belle Europe !
Est-ce la répétition de ce qui nous attend en Europe Occidentale ?
2015: Voir la réalité de la dette grecque par Yves Toussaint sur internet. Difficile de faire mieux.
Le gouvernement grec actuel doit saigner le peuple pour remburser... le FMI au 30 juin 2015. Seulement à ce moment là, ce qui ne s'appelle plus la Troïka ouvrira un nouveau crédit à la Grèce. C'est en apparence d'une telle absurdité, qu'il faut chercher plus loin l'explication: Tzipras doit en fait faire la démonstration qu'il peut faire courber la tête au peuple et cesser de le représenter; il doit être acheté, il doit se corrompre. Résister est éprouvé comme une grossièreté par les responsables européens, d'où les noms d'oiseaux dont les responsables financiers l'affublent.
Le fait qu'il tienne ses positions montre qu'il est possible de faire face. Nous souhaitons qu'il ne cède pas.
20 juin 2015