octobre 2013
-LES ELEMENTS FONDATEURS D'UNE MONNAIE DE VALEUR EN SYSTEME MARCHAND, PUIS
EN SYSTEME CAPITALISTE..
La monnaie a toujours existé dans l'histoire, de même que les marchés
où les villageois venaient échanger leurs produits. Rapidement
les villageois ont inventé la monnaie d'échange pour faciliter
les échanges. La monnaie s'est donc présentée immédiatement,
par accord social (monnaie fiduciaire), comme représentant la valeur
des produits pour pouvoir simplifier les échanges (valeur symbolique
ou en temps de travail comme le suggérait Marx), mais beaucoup de produits
s'échangeaient par troc. Donc l'idée que la quantité de
monnaie en circulation doit représenter la quantité es produits,
est absurde. Les premières monnaie sont n'importe quoi : du sel, des
coquillages, un métal grossier
Dès qu'il est apparu à une catégorie sociale particulière,
les marchands, qu'on l'on pouvait payer un produit pour moins que sa valeur
et le vendre soit à sa valeur ou pour plus que sa valeur, le principe
de l'exploitation moderne est apparue, sous une forme simplifiée d'abord,
puis sous sa forme plus élaborée : faire travailler un salariat
pour une somme moindre que la valeur crée par lui.
Ceci dit, la toute première exploitation repose sur l'esclavage : faire
travailler gratuitement.
Dès lors qu'il y a exploitation et fructification d'un capital, la monnaie
remplit la fonction spécifique de représenter le capital. Il faut
donc définir sa valeur de façon stricte, historiquement en poids
de métal précieux.
Pendant des lustres, les villageois utilisent la même monnaie que celle
des marchands comme seule monnaie d'échange, tandis que ceux-ci l'utilisent
comme représentation du capital, réserve en capital. Par simplification,
les marchands vont utiliser par la suite, entre eux des lettres de change, première
forme du billet, convertible à tous moments en métal. Aucune clause
d'équivalence entre les quantités de lettres et de métal
précieux ; la seule équivalence concerne la valeur de la lettre
et celle du métal. Il y a là une confusion qui va durer jusqu'à
nos jours.
IL est évident que pour faire des affaires, la monnaie doit avoir une
valeur stable : rôle des changeurs entre les différentes monnaies
métalliques.
Le système capitaliste, reposant sur la concurrence, va parfaire l'exploitation
du travail et concevoir un rôle de l'Etat tel qu'il ne puisse plus manipuler
les monnaies comme les royautés le faisaient, au détriment des
marchands.
Concurrence, organisation de l'exploitation du travail, un Capital qui doit
toujours être en croissance, une monnaie stable :Ces 4 éléments
marchent ensemble.
Les bourgeois marchands voulaient se saisir de l'Etat féodal pour imposer
la concurrence ainsi qu'une monnaie d'or ou d'argent stable. Cela s'est passé
au 17ème siècle en GB, et à la fin du 18ème en France.
Pour que le capital circule sans encombre, il fallait, redisons-le, une monnaie
stable. IL fut retiré à l'Etat de droit divin toute prérogative
concernant le bricolage de la monnaie (par ex lui enlever un poids d'or ou d'argent
et mettre à la place des alliages sans valeur pour rembourser les marchands
en monnaie de singe), toute prérogative en matière de création
monétaire, toute prérogative en matière de dépenses
: tout juste de quoi entretenir l'armée, la police et une administration
minimum avec l'impôt indirect. Ces bourgeois voulaient donc avoir la main
mise sur la monnaie et le budget. L'auteur du film dont nous débattons
ignore cela.
Cette vision des choses n'est pas idéologique, elle découle de
l'expérience. L'Etat bourgeois n'est là que pour maintenir l'ordre
social, protéger le capital, et faire voter ce qui est utile à
ce dernier. L'Etat bourgeois ne fait pas tout ce qu'il veut dans le capitalisme
libéral, bien au contraire, il n'est pas au-dessus de la classe qu'il
protège, il est un outil entre les mains des bourgeois. C'est tout. L'Etat
bourgeois type a bp moins de pouvoir que l'Etat monarchique, sauf quand il deviendra
interventionniste. Et ceci est capital pour la valeur de la monnaie.
Mais ce sont les mouvements du capital et la lutte des classes qui impulsent
le passage d'un type d'Etat à un autre.
Les bourgeois savent un certain nombre de choses par l'expérience. Si
l'Etat bricole et manipule la monnaie, fabrique du papier monnaie librement,
pour financer ses guerres plus qu'il n'est prévu par le seul impôt
indirect, il va faire perdre de la valeur à la monnaie, donc au capital,
et créer l'inflation (expérience des assignats entre autres).
Donc l'Etat ne doit pas créer du papier monnaie, sauf autorisation expresse.
Par définition, l'Etat n'a pas à être interventionniste.
C'est le B A BA du fonctionnement d'une société capitaliste "
saine ". Si les bourgeois ont besoin de financement, ont besoin d'avance
en capital, ils s'adresseront à la BC (banque centrale), à leurs
banques, seules habilitées à créer une monnaie convertible
en or, le papier monnaie de crédit.
Notre vision des choses actuelle est totalement faussée par l'après
deuxième guerre mondiale et l'idéologie keynésienne, en
sus de l'idéologie soviétique, qui accréditent l'interventionnisme
comme politique progressive. En réalité, celui-ci a été
nécessité par la première guerre mondiale et la fin de
la convertibilité; l'interventionnisme monétaire et économique
a été dû à la nécessité de financer
une telle guerre, et a mis fin à la monnaie fiduciaire telle qu'elle
existait. La monnaie est aujourd'hui imposée. Concrètement l'Etat
reçoit les pleins pouvoirs pour créer comme bon lui semble la
monnaie de papier nécessaire pour faire la guerre et financer l'économie.
La BC lui est donc soumise. Ces pleins pouvoirs lui seront constamment renouvelés.
L'organisation de l'étalon de change-or et son abandon ne sont que des
péripéties secondaires entre les Etats jusqu'à la fin des
années 70, où à ce moment - là, la classe bourgeoise
mondiale se dit qu'il faut en finir avec cet interventionnisme, qui a aussi
financé l'Etat providence, dont la gauche s'était saisi
.
Cet interventionnisme de 1914 est contraire au maître mot du capitalisme
libéral qui est " le moins d'Etat possible ". Et c'est parfaitement
justifié d'un point de vue capitaliste. C'est donc une sorte de réformisme
que le capitalisme s'est imposé pour pouvoir financer ce dernier par
la guerre.
Le rôle du keynésianisme a consisté à faire croire
tout autre chose. Alors que le capitalisme plongeait dans la barbarie et la
" putréfaction " (cf Lénine), en installant à
l'échelle mondiale un complexe militaro industriel dévastateur
d'immenses territoires, liquidateur de populations entières, mais camouflait
ce fait, grâce au baragouinage de la gauche et de Keynes, derrière
la société de consommation (une orgie de gaspillage et d'aliénation),
avec l'assentiment indirect de l'URSS. Une lutte des classes totalement déformée,
illisible, a pu donner l'illusion que le capitalisme pouvait combiner justice
sociale et croissance.
On reconnaîtra à Lénéine 'avoir écrit "
l'impérialisme stade suprême
. ", tandis que son parti
bolchévique a accrédité l'idée de l'effondrement
du capitalisme, et a tordu le cou politiquement au salariat.
Ces questions sont au cur des problèmes aujourd'hui.
-LA DETTE PUBLIQUE
La dette publique et non pas la dette, est vieille comme le monde marchand,
elle provient de la nécessité pour l'Etat féodal puis monarchique
de financer les guerres, en se faisant d'abord prêter par les bourgeois.
L'Etat leur faisait harakiri par la suite, ou les remboursait en monnaie de
singe, le souverain manipulant les monnaies de métal précieux
pour ne pas rembourser la somme convenue ; ou en pillant les pays voisins
ce
qui était le mieux encore. Les Etats chrétiens vont piller le
moyen Orient puis l'Amérique latine pour payer leurs guerres. La dette
était éteinte comme ça.
Au 19ème les Etats capitalistes financent les guerres en créant
provisoirement une monnaie de papier non remboursable (non convertible) en or,
sur autorisation du parlement des bourgeois. Ce papier circule momentanément
en cours forcé. C'est l'inflation immédiate. Le coeur de l'inflation
c'est la création monétaire par l'Etat. Ça n'a jamais été
rien d'autre. Il faut faire de l'histoire pour comprendre (inflation en France
en 1830, 1848, 1871). Toutes les inflations du 19ème en GB, FR, USA,
sont résorbées ensuite par le retrait de ces papiers de la circulation.
La libre convertibilité du papier monnaie passe par les banques. La dette
publique de l'Etat est donc momentanée. Et en retour, ce système
assure la stabilité des monnaies (c'est l'étalon or ou le bimétallisme
anglais et américain). Tout au long du 19ème et jusqu'à
1914, les monnaies, dans l'Occident capitaliste, ont une valeur stable. Il n'y
a pas ce qu'on appelle de dévaluations en continu.
C'est l'absence de dette publique de l'Etat et sa non intervention dans l'économie
qui assure la stabilité des monnaies, et non l'inverse. Ça n'est
pas une " bonne " monnaie qui assurerait la stabilité
.Le
rôle de l'Etat est donc fondamental dans la question de la stabilité
de la monnaie. Seul Smith, repris par Marx ensuite, a théorisé
ce phénomène (à voir ultérieurement)
Par contre l'Etat crée des bons du Trésor et des obligations,
soit directement soit par la BC (banque centrale) qui est autonome, à
de faibles taux d'intérêt. C'est le seul endettement autorisé.
En situation monétaire stable, cela fait vivre la classe des rentiers.
-La distinction faite entre monnaie fiduciaire et monnaie scripturale : quel
sens aujourd'hui ?
La monnaie fiduciaire (monnaie dans laquelle on a confiance), était originellement
les pièces de monnaie, la monnaie papier, représentatives de la
vraie monnaie, l'or, librement convertibles en or ou en argent pour le billet
au 19ème siècle. Cela fait longtemps que ça n'a plus guère
de sens de parler de monnaie fiduciaire puisque le métal précieux
a disparu de la circulation monétaire, et que le papier circule presque
définitivement à cours forcé à partir de 1914, dans
le monde occidental, en raison de la Première guerre mondiale. La monnaie,
quelle qu'en soit la forme nous est imposée, qu'on ait confiance ou pas
; et si on est riche on peut en transformer la majeure partie en uvres
d'art, pierres et autres
.ou risquer de tout perdre en cas d'inflation.
Cette monnaie était émise par la BC quand il y en avait une, ou
par les banques, ou par l'Etat, sous contrôle du parlement après
la révolution en France.
La monnaie scripturale fut en effet la lettre de change, mais entre les mains
des marchands dans les foires, en vue de faire des affaires plus rapidement
et moins dangereusement. Le dépôt de son or chez un orfèvre
ne donnait pas lieu à des lettres de change mais à des certificats
de dépôts remboursables. Cette lettre de change fonctionnait comme
une sorte de crédit, en passant de main en main. A partir de leurs dépôts,
avec certaines règles pour éviter les faillites, les banques firent
du crédit (prêt garanti par une banque). Cela ne veut pas dire
qu'il y a une règle d'équivalence entre les dépôts
et les crédits émis. C'est une pure absurdité, puisque
le capital est en extension continue comme les marchandises, et qu'il n'a aucune
obligation à les représenter. Par ailleurs une partie des marchandises
ne sont que des produits, non quantifiables en capital
L'auteur de la video opère la distinction parce que, selon lui, vraisemblablement,
il y a une bonne monnaie, la monnaie fiduciaire, qui devrait être garantie
par l'ETAT, et l'autre la mauvaise, la scripturale, qui est du crédit.
Mais cet auteur se fait un mauvais film, à la fois sur l'Etat, et sur
le crédit
tout dépend. Il ne sait pas ce qu'est le capitalisme,
ni son Etat, ni sa monnaie
Ou il fait semblant.
-LA VALEUR DE LA MONNAIE dépend historiquement de son poids d'or
ou d'argent, mais ce poids fut conféré par l'importance du capital
d'une nation (rien à voir avec le patrimoine) en rapport bien sûr
avec les mines d'or qu'elle s'est appropriées: capital commercial, capital
venu du commerce triangulaire, capital venu de la rapine, vol des richesses
des colonies, capital industriel, capital de prêt.. C'est la GB qui a
eu la monnaie la plus forte et ça n'est pas pour rien.
Valeur des monnaies au 19ème : Le franc (la pièce d'or) vaut tout
au long du 19ème 322 mg d'or ; la livre sterling vaut 7,98 g d'or ; le
dollar 1,67 g d'or ; le mark à partir de 1871 vaut 398,24 mg d'or ; le
yen vaut en 1871, 1,5g, mais perdra 50% de sa valeur en 1897.
Il n'y a pas d'autre rapport de valeur que celui que la monnaie entretient avec
le capital, tout le reste est du bavardage. Et qui dit capital, dit exploitation,
dont la base est marchande puis industrielle. Par conséquent la monnaie
n'est pas neutre, elle est certes un moyen d'échange pour le pauvre clampin
du bas de la société, mais elle est surtout un véhicule
du capital et elle est la représentation du capital.
Ce que nous décrivons ici n'a concerné que les pays industrialisés,
riches en capital. Les autres pays européens, ou d'ailleurs, ont été
ravagés par des dévaluations dont ils ne se sont pas remis ou
difficilement. Ils ont très vite abandonné la convertibilité
du papier de crédit qui est devenu du papier monnaie d'Etat à
cours forcé. Et ces pays sont devenus la proie des pays capitalistes
riches.
Les colonies, ou le rapport colonial, en permettant la rapine, le vol des mines
et des richesses, ont aussi permis le financement des Etats riches sans endettement.
Avec la disparition de l'étalon or de fait, à partir de 1914,
et de l'étalon de change or en 1976, les liens entre la valeur de la
monnaie et l'importance du capital d'une nation sont de plus en plus invisibles
et non distinguables, mais les liens historiques demeurent, et la valeur d'une
monnaie d'une nation a une histoire en rapport avec ses capacités marchandes
et productives. Aucune recherche scientifique n'a eu lieu sur cette question
et pour cause, cela ne pourrait que nourrir l'analyse marxiste de la monnaie,
qui est délaissée depuis Keynes. Tous les marxistes étant
devenus keynésiens.
Ce qui en ressort en tous cas, est la règle suivante : Imposer une monnaie
forte à un pays pauvre en capital, c'est le coloniser, le briser, l'abattre
(historiquement les colonies américaines, l'Inde, l'Argentine en 2001
par ex, aujourd'hui la Grèce entre autres dans l'Europe) ; ça
n'est donc pas une uvre humanitaire.
-LE CREDIT DANS LA SOCIETE CAPITALISTE.
Le crédit bancaire est à l'origine une avance en capital, il est
du capital en puissance. Il n'est pas de la dette, c'est un prêt et il
ne produit pas de l'inflation. Pendant tout le 19ème il ne produit pas
d'inflation. C'est un fait, ça n'est pas une théorie. Mais Adam
Smith a théorisé ce fait (nous l'avons déjà dit
plus haut). Dans les pays occidentaux capitalistes, seules les banques avancent
du crédit, c'est-à-dire de la monnaie remboursable en or. Les
faillites bancaires sont provoquées par des faillites d'entreprises ou
des mauvaises affaires des banques : les agents économiques exigaient
alors le remboursement en or des billets auprès de la banque, tous en
même temps, et c'était la faillite.
Aux USA, lors de la guerre de sécession, l'Etat procèda lui-même
à la production du papier sans passer par la BC puisqu'il n'y en avait
pas. La première BC US existera en 1913.
Prétendre que le crédit pourrait ne pas exister revient à
nier la réalité capitaliste telle qu'elle existe, sans pour autant
exiger sa disparition.
Par ailleurs, pourquoi refuser dans un système non capitaliste des banques
gérées par les citoyens avec des prêts à 1 ou 2%
?
Dans l'optique de l'impérialisme, le Capital doit retrouver tous ses
droits et la stabilité monétaire. C'est le bilan que les économistes
américains de l'école de Chicago font. Les Etats devront trouver
d'autres méthodes pour tenter d'assurer coûte que coûte une
relative stabilité des monnaies, car c'est d'une nécessité
absolue pour le capital lui-même
Se fait jour l'idée qu'il faut limiter à nouveau les prérogatives
de l'Etat en matière monétaire, et restreindre l'interventionnisme
social . Il faut casser l'Etat Providence; la CFDT, la SFIO puis le PS vont
se porter à l'avant-garde en parlant de " l'épuisement de
l'Etat providence " (Jacques Juliard, Pierre Rosanvallon).
On en viendra alors aux politiques de désinflation compétitive,
de rigueur sociale, pour tenter d'imposer par cette voie la stabilité
monétaire. Le prétexte sera donné par la dite crise du
pétrole de 1973, totalement inventée
qui soi-disant sera
la cause de l'inflation.
Et comme tout cela ne suffira pas, il faudra créer de toutes pièces
la dette publique de l'Etat, pour que l'union de toutes les classes confondues
s'organise pour étrangler le peuple et le salariat, afin de revenir aux
sacro saints principes du 19ème siècle.
L'organisation de la libre circulation du capital
Le capital circulait librement au 19ème en or et en argent, mais à
une faible échelle, dans une situation où les marchés restaient
à conquérir et où le salariat était régulièrement
écrasé par la police et l'armée.
L'avant-garde du capitalisme libéral anglo-saxon formule très
clairement aux USA ce qui lui est nécessaire dans la décennie
70 et 80 (entre autres la dictature Pinochet) et dicte son souhait avec Reagan
et Thatcher en 79-80 : liberté totale pour le capital de circuler comme
il l'entend, sans entrave, avec une simplification de tous les marchés
de liquidités, et l'obligation pour les pays émergents (si on
ne parvient pas à les écraser à l'avance) d'avoir des marchés
financiers conformes aux marchés occidentaux. Dans le même temps
il faut donner l'exemple de la pire des fermetés dans la répression
ouvrière (la grève des mineurs en GB). Tout cela se tient et c'est
d'autant plus facile que l'URSS vacille sur ses bases économiques. Cela
est su et analysé.
Qui va répondre " présent " ? La social démocratie
répond présent pour l'ensemble de ce qu'on appelle le mouvement
ouvrier. Les PC acceptent comme ils ont accepté le keynésianisme.
Ils se planquent derrière celle-là.
La France va jouer, après la GB, l'avant-garde dans le domaine de la
préparation de cette libre circulation.
Année 1985 : modernisation du marché monétaire à
court term. ; Décloisonnement et inter-connection des divers marchés
; accès des marchés à tous les agents économiques
; intensification de la concurrence pour collecter les dépôts et
distribuer les crédits ; rôle des taux d'intérêt pour
réguler la masse monétaire (perte du rôle de l'Etat) ; déréglementation
et libéralisation des marchés financiers (création à
l'infini de possibilités de mise sur le marché de n'importe quel
type de papier ; voie ouverte aux marchés de gré à gré;
certificats de dépôt au profit des entreprises qui révolutionnent
le marché obligataire ; réforme du marché hypothécaire
. Tout cela en vue d'assouplir les possibilités pour le capital
de faire ce qu'il veut
et création d'une série de marchés
visant à se couvrir des variations de la monnaie (MATIF), des prix des
matière premières, des prix de ceci ou cela
extension des
territoires en exterritorialité.. La spéculation devient le maître
mot pour se couvrir de pertes éventuelles.
Le contrôle des changes est toujours là. Il est juste assoupli.
Les socialistes ne peuvent tout faire en même temps.
Mais en 1986, il est supprimé. Plus de contrôle des changes. Mais
pour que tout marche, comme dans la théorie cette fois, il faut que les
monnaies soient stables. L'Etat ne doit plus jamais créer de la monnaie
ou exiger que la BC joue le rôle de prêteur en dernier ressort.
S'il y a catastrophe sociale, il faut faire intervenir l'armée, mais
ne plus distribuer des subsides. Ou alors l'Etat s'endette sur les marchés
financiers. Et dans le même temps il faut diminuer les impôts. Le
tour est joué, l'Etat va s'endetter affreusement afin de justifier les
pires politiques de rigueur. Et si les banques ont des problèmes, l'Etat
devra renflouer
.
Les syndicats et la gauche, intégrés à l'Etat, vont jouer
le jeu du désendettement de l'Etat.
NOTE SUR LA QUESTION MONETAIRE ET LES RAPPORTS DE CLASSES
(thèses résumées en 2012, non démontrées ici)
-La monnaie est, dans le capitalisme, accessoirement un moyen d'échange
des marchandises entre les citoyens, c'est avant tout un moyen de circulation
du capital.
-Pour faciliter les opérations du capital, ce moyen doit au cours du
temps devenir si possible unique ou unifié, et stable. D'où la
monnaie unique européenne, et les politiques de stabilité monétaire.
-Qui dit " stabilité monétaire " dit " politiques
de rigueur " et absence d'intervention de l'Etat dans la création
monétaire.
-La création monétaire par l'Etat a été exceptionnelle
durant tout le 19ème siècle, et a toujours entraîné
l'inflation. Elle n'était autorisée par les parlements, dans les
grands pays riches que dans les périodes de guerre, où il fallait
financer cette dernière. Obligation lui était faite après
la guerre de récupérer la monnaie d'Etat et de la détruire.
-Seules les banques de crédit pouvaient créer de la monnaie comme
avance de capital et pour les seuls besoins de ce dernier.
-La première guerre mondiale a fait basculer les grands pays riches dans
l'inflation et le cours forcé des monnaies de façon durable, car
le capitalisme avait plus besoin de la guerre que de la stabilité monétaire
(guerre pour le partage du monde et pour faire disparaître une notable
partie de la paysannerie et du salariat).
-La création de l'URSS peut être vue rétrospectivement comme
ayant été un moyen objectif de ligoter le mouvement social dans
un pseudo communisme (en réalité la dictature) afin de préserver
le monde capitaliste.
-Le nazisme peut être regardé comme ayant été un
moyen d'extermination industrielle des peuples et des classes sociales surnuméraires
-Une fois la période du capitalisme d'Etat, d'après la seconde
guerre mondiale, liquidée peu à peu après 1968, avec un
grand coup de balai en début de la décennie 80 (la mondialisation)
pour contrecarrer la tendance nette à la baisse du taux de profit, l'
Etat ne doit plus avoir le droit de battre monnaie pour financer les besoins
sociaux. S'il a besoin d'argent, il doit s'endetter sur les marchés financiers.
-Cette période de capitalisme d'Etat a correspondu à un peu plus
de 20 ans d'intenses conflits de classes, dans l'après 2ème guerre
mondiale, où d'importants acquis sociaux (très pervers cependant
quant à leur contenu) ont été concédés par
la bourgeoisie, du fait de l'existence de l'URSS et de la croyance en la vision
positive qu'en avait le salariat.
-La libre circulation des capitaux (c'est-à-dire la " mondialisation
"), mise en uvre en Europe dans les années 80, suivant l'exemple
Reagan/Thatcher, et par la social-démocratie, a exigé la stabilité
monétaire au profit du seul Capital, et a signé la grande défaite
du monde ouvrier et salarié.
-Le capitalisme d'Etat et son " Etat providence " était parvenu
à faire chuter le taux de profit dans la décennie 70. Il était
urgent de rebasculer dans le libéralisme le plus dur pour remédier
à cette situation, afin de faire face à une concurrence internationale
dévoratrice.
-On ne peut donc pas faire coïncider, dans le capitalisme, un haut niveau
de satisfaction sociale, avec une monnaie abondante dont la valeur soit préservée
(stabilité). La monnaie est au cur du conflit meurtrier entre
les classes sociales. Le keynésianisme est donc un phénomène
passager et n'a pas d'aptitude à se reproduire, sauf très provisoirement
peut-être dans une renaissance d'un mouvement social violent contre le
capitalisme libéral, mais dans des conditions tellement dégradées
que, par exemple, " la consommation de masse " devra disparaître.
(une série de démonstrations économiques doivent être
faites pour expliquer pourquoi les choses se passent de cette façon dans
le capitalisme)
Le problème de la monnaie est le problème le plus difficile en général.
La lecture n'en est pas aisée chez Marx. Elle demande une très bonne compréhension de la théorie de la valeur-travail et un abandon de tous les préjugés qui nous envahissent à notre insu. En quoi Marx peut nous apporter quelque chose à ce niveau là ?
La monnaie comme le marché ne sont pas une spécificité capitaliste, contrairement à ce qu'en avaient dit Lénine et les bolchéviks. Vouloir les supprimer, comme lors de l'économie de guerre entre 1918 et 1920, c'est instaurer la dictature. Les citoyens doivent pouvoir échanger ce qu'ils veulent sans contrôle avec une monnaie d'échange, sauf si certains pratiquent des escroqueries manifestes. On ne peut rêver à une société sans marché et sans monnaie d'échange, à moins d'envisager la vie citoyenne sous contrôle policier permanent.
Mais la monnaie dans le système capitaliste, et dans toute société marchande pré-capitaliste, a bien plus qu'une fonction d'échange : elle est une réserve de valeur et elle véhicule de ce fait du capital ; par conséquent, elle peut nuire très gravement à toute la société. En effet la monnaie d'une économie marchande, parce qu'elle a une valeur, a la particularité de permettre l'inflation dans certaines conditions qu'il est intéressant d'examiner. Et c'est l'Etat qui précipite l'inflation, autre remarque importante.
Si on ne veut pas qu'elle produise de l'inflation , il est nécessaire de pratiquer des politiques sociales régressives ou de n'en faire aucune. La monnaie, dont le rôle ne se limite pas à l'échange, dans une économie marchande, est le véritable gendarme de la société au service du capital. L'inflation est son corollaire obligé si l'Etat se donne pour objectif des buts de justice sociale . De ce point de vue, le libéralisme économique du 19 ème siècle, et le libéralisme actuel, préconisent les seules politiques adéquates contre l'inflation, et celles-ci sont les seules que le capitalisme peut tolérer pour que le capital ne se dévalorise pas . Plus encore, le capitalisme s'attache les grandes masses populaires dans sa lutte contre l'inflation tellement celle-ci est redoutable, mais la rigueur sociale en est la contrepartie nécessaire. Ceci condamne les politiques réformistes à l'échec, à moyen terme, dans la mesure où elles veulent cohabiter avec le capital. Ceci ne condamne pas les politiques réformistes qui viseraient à marginaliser le capital jusqu'à sa disparition, mais s'agirait-il alors de politiques réformistes ?
Nous avons indiqué ici un véritable dilemme. Nous le vivons actuellement. Il est donc intéressant sur le plan théorique de comprendre ses bases.
Il est par conséquent permis d'envisager une société non capitaliste, non marchande, sans inflation. Car l'inflation est une façon de mettre à genoux un peuple. N'oublions pas que le fascisme a suivi de quelques années l'immense inflation allemande de 1923.
Mais il n'est pas permis, sur le plan théorique et réel, d'envisager une société capitaliste non inflationniste et juste sur le plan social. C'est pourquoi l'économiste autrichien Hayek est sans doute, du point de vue capitaliste, le plus grand théoricien, lorsqu'il disait que la justice sociale était un concept qui n'avait rien à faire avec l'économie capitaliste. Ce faisant, nous réfutons totalement les illusions keynésiennes, même si elles partaient, éventuellement, des meilleurs sentiments.
Peut-on imaginer une société non marchande aujourd'hui ? « Non marchande » ne veut pas dire sans marché et sans monnaie, encore une fois. Sans doute ce qualificatif est inapproprié. Marx emploie le qualificatif « marchande » pour parler d'une société qui fait fructifier du capital. Mais dans une société marchande, il peut y avoir de vastes secteurs non marchands.
Peut-on revenir à une société non marchande, sans revenir à l'âge de pierre comme disent nos détracteurs ? Bien sûr. Si le capital n'a plus cours, si la production se fait pour les seuls besoins humains et non pour la rentabilité, si les citoyens contrôlent eux-mêmes cette production et les techniques, si l'exploitation est majoritairement bannie, si les bourses de valeur tombent en désuétude car n'ayant plus d'objet.
Les argentins, s'étant fait confisquer leurs avoirs en pesos, monnaie capitaliste, en décembre 2001, ont créé d'autres monnaies qui n'ont eu qu'un rôle d'échange, de paiement, de rémunération d'un service. Ces monnaies ne peuvent véhiculer du capital, n'ont pas vocation à faire du commerce international dans le cadre des règles capitalistes, ne peuvent rémunérer des actions ou des obligations… C'est une expérience sur laquelle personne ne médite et ne donne d'information. Certes toute la vie fut désorganisée, du fait par exemple que, dans la question du ravitaillement, il y a peu de paysans…mais essentiellement des grands propriétaires. Il y a comme un brûlot derrière cette situation sur laquelle on ne dit rien.
Disons également ici que, lors de l'inflation en Indonésie, qui a suivi la crise financière de 97-98, de nombreuses régions de cet immense pays (en particulier les îles) n'ont pas connu cette inflation, en pratiquant le troc et en utilisant des monnaies locales d'échange. Les paysans et les pêcheurs des îles ne parvenaient même pas à comprendre ce qu'était l'inflation, même lorsque le phénomène était expliqué à la télévision (oui ils avaient des télévisions… ! Ce n'était pas l'âge de pierre)
La question de savoir comment peut fonctionner une monnaie d'échange dans une économie non marchande est de la plus haute importance , et nécessite que l'on sache bien comment la société capitaliste fonctionne. Ce n'est pas qu'un problème technique, c'est un problème politique.
Il y a chez Marx, à propos de la monnaie des analyses d'une richesse théorique presque totalement inexploitée.
Les principaux textes de Marx sont les suivants au livre I : Misère de la philosophie , p 51 à 61 ; Critique de l'économie politique , chapitre II, p 317 à 419 sq ; Le capital , chapitre II et III. Au livre II : Le Capital , chapitre XVI le Crédit, chapitre XVII l'Accumulation du capital monétaire, chapitre XVIII Circulation , Crédit et Change. C'est de l'ensemble de ces importants textes que tout ce qui suit a été construit.
Pour tout compliquer, chez les idéologues bourgeois, il est de bon ton de dire, et ça n'est pas un hasard, particulièrement depuis Keynes, que la monnaie est réputée sans valeur, du fait qu'elle n'est plus apparemment représentée par un métal mais par du papier . La monnaie ne serait, à l'intérieur du capitalisme, qu'un simple moyen d'échange, et un moyen de reconnaissance des dettes. Cette affirmation constitue une négation de ce qu'est le capitalisme, ce qui permet aux économistes de parler de l'économie en général mais jamais du capitalisme . La fonction des économistes du système capitaliste semble claire : affirmer que le véhicule du capital est sans valeur a priori ; afin que se trouve niée sa spécificité.
Egalement les économistes réfutent toute possibilité d'une théorie monétaire des prix, qui supplanterait la théorie de l'offre et de la demande sur un marché. C'est toujours la même démarche : rien n'a de valeur a priori. Il ne se passerait rien avant que le marché n'intervienne.
Par opposition, chez Marx, le prix est le rapport de valeur entre des marchandises et la monnaie . Et cette valeur se constitue avant le marché. Cette vision est totalement laissée de côté par la théorie économique dominante, quelle qu'elle soit. Cette idéologie dominante n'a plus, après Marx, de théorie objective de la valeur . Les apports de Smith et Ricardo sont totalement abandonnés. Le prix est réputé indifférent à la valeur de la marchandise et indifférent à la valeur de la monnaie . Seul le marché va faire le prix. Le mot « valeur » tel que l'avaient défini les classiques anglais et Marx n'a plus de sens spécifique, c'est à dire un temps de travail.
De plus, pourquoi chaque monnaie donne-t-elle des prix différents, et pourquoi toute nation avait-elle jusqu'ici sa propre monnaie ? ? Questions capitales. La théorie dominante ne répond pas à cette question. Il est évident à ce niveau que la valeur de la monnaie intervient bien dans les prix.
Toutes les sociétés humaines se sont données des monnaies, plusieurs monnaies par régions et par pays.
La monnaie se présente historiquement comme un symbole de l'équivalent valeur des produits qui sont habituellement échangés. Marx a supposé que les sociétés les plus anciennes s'échangeaient empiriquement les produits grosso modo à la valeur en temps de travail. Toute une série d'économistes se sont moqués de ce point de vue en expliquant que les sociétés traditionnelles n'avaient aucun des critères rationnels de l'Occident d'aujourd'hui pour échanger. Cela est bien évident mais c'est mal comprendre Marx. Celui-ci fait l'hypothèse que, de façon tout à fait intuitive, les hommes des sociétés traditionnelles échangeaient selon une certaine équivalence, celle-ci ne pouvant être que le temps de travail. Que des éléments de rites religieux, de don, ou autres s'y soient mêlés, ne change rien à l'affaire.
Par commodité et pour faciliter les échanges, les humains se sont donnés une représentation commode de la valeur dans l'échange, soit pour permettre des échanges non équivalents, soit pour différer une partie de ces derniers dans le temps. L'équivalent valeur pouvait être lui-même un produit, facilement cessible (du sel, du grain, du thé), soit il était un pur symbole, par exemple des coquillages en Afrique ou dans des contrées d'Amérique latine, ou du papier. La monnaie, dans l'échange simple, n'a pas fonction à véhiculer un capital, à conserver une richesse , mais à représenter la valeur d'un produit. La richesse était d'ailleurs représentée directement par des biens matériels, ou des savoirs faire (les égyptiens riches se font enterrer avec leurs meubles, leurs bijoux, leurs vaisselles, c'est à dire leurs richesses. De plus celles-ci son sensées répondre à leurs besoins dans leur seconde vie. On ne trouve pas d'égyptiens s'étant fait enterrer avec des pièces d'or). La monnaie n'est donc pas une richesse dans l'échange simple. Il y a une différence fondamentale entre une monnaie équivalent valeur en temps de travail (monnaie d'échange, qui ne représente pas de richesse), et une monnaie qui doit conserver une richesse en capital, et qui devient une richesse en soi (au sens de Marx, c'est une richesse fondée sur l'exploitation du travail) . Dans l'échange simple, nous sommes dans une économie non marchande, toujours au sens de Marx (il existe des marchés mais pas de capital). Dans les grands empires non marchands, ce sont les souverains qui contrôlent les échanges et garantissent la bonne circulation d'une monnaie, symbole de valeur, à laquelle ils donnent une capacité de représentation déterminée. L'autorité du souverain est garante du symbole. Mais ces souverains ne considèrent pas que la monnaie d'échange soit une richesse.
L'apparition des marchands dans le bassin méditerranéen, hors de tout contrôle des Etats, modifie la fonction et le contenu de la monnaie . Celle-ci devient du capital matérialisé dans un poids d'or, d'argent ou d'autres métaux… Les marchands cherchent un métal rare dont ils feront des petites unités, frappées à leur effigie. L'or, l'argent, le bronze, le cuivre, donnent des pièces hiérarchisées, et se multiplient. La monnaie devient un moyen de conserver un capital, et celui-ci a vocation à fructifier car la relation marchand-patron/producteur exploité tend à se généraliser . Naît alors le taux d'intérêt : je te prête de l'argent à condition que tu me donnes à peu près l'équivalent de ce que je gagnerais si je plaçais cet argent dans une production soumise au marchand. La monnaie n'a alors plus seulement une fonction d'échange, mais également une fonction de représentation réelle et de véhicule du capital. On passe dans une économie marchande. Chaque pièce, selon sa valeur intrinsèque (le temps de travail nécessaire à son extraction et sa fabrication, selon Marx) aura d'une part la vocation à représenter telle fraction de marchandise, à travers un prix qui s'exprimera dans le nom d'une monnaie particulière (fonction d'échange), d'autre part la vocation à représenter de la richesse en capital (fonction de conservation et de véhicule du capital). Les monnaies vont proliférer. Les voleurs ne voleront pas que les marchandises mais désormais les monnaies également. Le métier de « changeur » va apparaître et demeurera jusqu'à ce que les royautés européennes unifient les monnaies dans chaque pays et réglementent leur contenu, c'est à dire en poids de métal précieux. Ces changeurs savent ce que chaque pièce de monnaie contient en poids de métal précieux et en poids d'alliages divers, ils jouent un rôle essentiel dans les foires en permettant non seulement l'échange mais l'enrichissement en capital. Les économistes classiques n'ont pas su analyser cette fonction nouvelle de la monnaie (Smith, Ricardo…). Pour eux la monnaie demeure un simple moyen d'échange, et ceci jusqu'à Keynes qui va compliquer la question, en réfutant toute représentation du capital dans la monnaie.
Plus la production et la circulation des marchandises sont denses en vue de faire fructifier un capital au profit des marchands qui deviennent rapidement des producteurs et des entrepreneurs, plus le capital s'accroît, et plus les pièces en métaux précieux doivent être frappées et engrangées dans des coffres, en attendant de nouvelles affaires. Qu'est ce qui fait décider que tel marchand va faire frapper des pièces d'une plus grande valeur que tel autre marchand qui opère dans une autre sphère ou dans un autre pays ? C'est d'une part l'importance du capital accumulé qui pousse chaque marchand à frapper monnaie et d'autre part l'accès à des sources de métaux précieux. Si cet accès est important, le marchand fera frapper des pièces moins nombreuses et plus denses en métal précieux.
Ainsi s'explique qu'avant la révolution industrielle, chaque pays a déjà une ou des monnaies métalliques de valeur variable, dont les rois se sont appropriés la frappe en intégrant les marchands au royaume. Les rois trouvaient là des ressources nouvelles en impôts et se permirent alors de « trafiquer » les pièces pour rembourser leurs emprunts aux marchands en monnaie de singe.
En effet, les rois vont exiger que les marchands leur prêtent de l'argent. Ils vont s'endetter pour éviter des banqueroutes, du fait des guerres et d'un gaspillage effréné. Les marchands feront les frais de ces emprunts. Ce sont les Etats qui vont introduire les premières gigantesques dévalorisations monétaires. Celles-ci ne sont possibles qu'en raison essentiellement de la 2 ème fonction de la monnaie, celle de représenter du capital donc aussi des dettes en capital.
Il y a deux possibilités de dévalorisation monétaire d'une monnaie de métal précieux :
1)une dévalorisation décrite par Marx qui tient à la baisse de la valeur en temps de travail du métal (le métal devient plus accessible, les moyens de l'extraire se sont améliorés). Cette dévalorisation est fonction des nouvelles découvertes de mines ou des nouveaux moyens techniques acquis par la société. Cette dévalorisation reste faible .
2)une dévalorisation volontaire, dont le principe est, pour un souverain, de tenter de rendre moins que ce qui a été emprunté. Les rois, qui ont conquis le pouvoir de frapper les monnaies, font modifier la teneur en métal précieux des pièces. Le roi qui a emprunté 20 livres dont la teneur en or est de 900 pour 1000 par gramme de métal, va rapidement avoir dans l'idée qu'il peut rembourser 20 livres dont la teneur en or ne serait plus que de 500 pour 1000 par exemple…Le roi va donc rembourser 20 livres dont la teneur en métal sera moindre.
Les marchands vont donc subir une perte sèche et les prix vont instantanément monter, car il faudra presque deux fois plus de métal pour établir l'équivalent valeur en temps de travail (si le temps de travail pour extraire l'or est resté le même pendant ce temps). C'est le marché qui imposera l'équivalence entre les marchandises et la nouvelle valeur en or de la pièce, et entre cette dernière et les autres monnaies or venues de l'extérieur dont la teneur ne sera pas la même.
Cette explication n'a pas été retenue par l'histoire de la grande dévalorisation monétaire du 16 ème et 17 ème siècle (référence à l'explication quantitativiste de Bodin pour justifier la hausse des prix..). Elle n'a pas été retenue non plus au 19 ème et 20 ème siècle. Cela eû été, au 19 ème , faire honneur à la théorie de la valeur de Marx.
Ces manipulations détruisent les bons rapports entre les rois et les marchands. Ces derniers vont rêver d'une revanche, la seule possible : renverser les rois, prendre leur place et contrôler les monnaies, les impôts…et imposer des entreprises libres.
A coté de cela, le poids d'or et d'argent du numéraire est très différent selon chaque pays indépendamment des manipulations des monnaies métalliques. Ce n'est ni le fait du hasard, ni le fait de la fantaisie des rois. Cela correspond à la puissance économique d'un pays qui se mesure en capital, et de son accès à des mines d'or, comme nous le disions précédemment. Ainsi l'Angleterre qui a une puissance coloniale considérable, une bourgeoisie marchande de longue date, fort développée, une banque centrale depuis la fin du 17 ème , a une monnaie dont l'unité a plus de 10 fois la valeur de l'unité de la monnaie française à la fin du 18 ème siècle, tandis que le yen japonais aura un poids d'or très faible à la fin du 19 ème siècle . La monnaie métallique, dans une économie marchande, est donc un produit économique de l'histoire, on peut en manipuler le contenu mais aux risques et périls des dominants et des prêteurs. La valeur du numéraire dépend d'éléments précis : son poids est fonction de l'importance du capital accumulé dans le pays, du caractère plus ou moins dominant de ce pays, et de la gratuité ou non de l'accès aux métaux précieux. Aucun travail sérieux, à la fois historique et économique n'a été entrepris de façon systématique sur ces questions dans la perspective de Marx. Ce qui est sûr est que le contenu de la monnaie métallique, spécifique à chaque pays, remplit une fonction particulière, y compris de protection, en engendrant un système des prix unique, comme une sorte de barrière douanière. Les prix vont exprimer non seulement la diversité des numéraires (avec toute leur histoire propre), mais les différences de productivité d'un pays à un autre. Vouloir une monnaie unique entre des pays de richesses en capital forts différentes, ou vouloir assujettir la monnaie d'un pays pauvre à la monnaie d'un pays riche, c'est prétendre gommer d'un trait de plume toutes ces différences, c'est rendre le pays le plus pauvre extrêmement fragile et dépendant vis à vis du pays le plus riche, et c'est ruiner la petite production dont la productivité du travail est plus faible que la grande production du pays riche (L'Inde vis à vis de la GB au 18 et 19 ème ; cas de l'Argentine vis à vis des USA de 1991 à 2001 où le peso équivalait le dollar selon un accord monétaire scélérat) . Et c'est le cas aujourd'hui qu'on a imposé à des pays plus pauvres en capital (Portugal, Espagne, Grèce, Irlande) et cela va être le cas avec les ex-pays communistes de l'est
Dans les pays occidentaux, plus un pays a eu des colonies riches à exploiter, et une classe marchande ancienne, plus sa monnaie a eu un numéraire d'un poids d'or élevé
Puis les marchands vont introduire une facilité supplémentaire pour faire leurs affaires, qui deviendra une difficulté supplémentaire du point de vue de la compréhension théorique. Ils trouveront commode, pour aller plus vite en affaires, de trouver une représentation papier de la monnaie en métal précieux (d'autres diraient monnaie-marchandise). C'est d'abord la lettre de change représentative d'une dette en capital, endossable successivement par plusieurs marchands, puis la lettre de crédit endossable par les banques, et enfin la monnaie de papier, représentative d'un poids de métal précieux. Mais ce papier, pour ne rien arranger, va susciter éventuellement des dévalorisations monétaires très importantes qui n'obéissent pas au mécanisme de celles du numéraire en métal.
On se figure au départ que la monnaie de papier, ce que Marx appelle la monnaie de crédit, pour conserver sa valeur, doit être strictement gagée sur une quantité d'or déposée à la banque centrale (c'est la GB qui théorise cela).
L'expérience montre, cependant, que c'est faux, mais la théorie n'engrange pas l'expérience. Celle-ci montre que la monnaie de papier reste stable, donc ne se dévalorise pas, à deux conditions qui s'additionnent :
-si la convertibilité papier/métal à la banque est totale dans les deux sens (mais c'est plus une conséquence qu'une cause).
-si seuls les agents économiques engagés dans la création de capital (marchands, capitalistes industriels) sont à l'origine de la création monétaire en présentant aux banques une lettre de crédit endossable contre de la monnaie de papier, moyennant intérêt. La valeur de cette monnaie n'est préservée que si elle représente du crédit, c'est à dire une avance en capital (la contrepartie étant une créance en capital). L'exemple le plus célèbre est donné par les USA. Ceux-ci suppriment leur banque centrale vers 1830, l'accusant d'être aux mains de l'Etat. Les banques créent de la monnaie de papier autant que les demandeurs petits et grands capitalistes en demandent contre des créances, absolument sans règles de couverture. Les faillites de banques sont nombreuses mais aucune dévalorisation du papier n'apparaît.
Par contre, dès que l'Etat, pour ses propres besoins (guerre, problème social aigu), crée ou fait créer de la monnaie de papier (guerre de sécession par exemple), la dévalorisation s'amorce et peut devenir catastrophique. Cette dévalorisation est mécanique. La pièce et le billet de même dénomination n'ont tout d'un coup plus la même valeur. L'or est thésaurisé ou part à l'étranger. Il faut suspendre la convertibilité (la possibilité pour un citoyen d'aller à la banque échanger son billet contre du métal) et prononcer le cours forcé du papier. Que s'est-il passé ? L'Etat, fort de son pouvoir, a crée du papier sans contrepartie de créance équivalente en capital dans le but d'assurer ses dépenses. Ce papier fonctionne comme un revenu (c'est à dire pour être dépensé. La distinction « revenu » et « capital » est de Smith. Un revenu se dépense, un capital fructifie) et non comme un capital qui doit être investi. On observe que c'est ce phénomène qui engendre la dévalorisation.
En fait, pour éviter la dévalorisation, le papier ne doit pas être gagé sur une quantité d'or mais sur une quantité de capital .
La dévalorisation est donc de la responsabilité des Etats, mais ceux-ci ne peuvent la stopper que s'ils suppriment ce qu'ils ont créé (s'ils remboursent les autorités monétaires, c'est à dire s'ils restituent le papier qu'ils ont créé), ou s'ils transforment cette création en capital (en investissant) ; or ce n'était pas l'objet de la création monétaire étatique. Cette dévalorisation du papier n'a lieu que si celui-ci a cours dans une société marchande, où le papier a la fonction de représenter un crédit en capital.
On ne connaît pas de dévalorisation monétaire mécanique des signes monétaires (papier compris) n'ayant qu'une fonction d'échange, dans les sociétés non marchandes dans l'histoire. Ceci n'appartient qu'aux signes monétaires en or ou en argent de l'époque précapitaliste, ou qu'au papier monétaire de l'époque capitaliste. Il y a là matière à une véritable recherche scientifique qui n'a pas encore eu lieu.
En conséquence de ce qui précède, il n'y a pas pire chose pour la monnaie de type capitaliste que l'intervention étatique, ce qui donne totalement raison aux libéraux et font de ceux-ci les meilleurs interprètes du capitalisme. La monnaie papier, dans une économie marchande capitaliste, a été créée au service du capital, comme crédit, et non pas comme moyen d'échange. Cette dernière fonction passe au second plan. Mais les citoyens utilisent ces papiers comme moyens d'échange ; ils seront donc les victimes de la dévalorisation du papier si celle-ci se produit.
Au fur et à mesure que la fonction guerrière des Etats s'accélère (20 ème et 21 ème siècle), et que l'Etat concentre ou centralise, comme dans un lointain passé, des fonctions de gestionnaire des services collectifs, même dans les pires conditions, il crée ou fait créer de la monnaie comme revenu ce qui est incompatible avec la fonction de cette dernière comme crédit, ou comme avance en capital. C'est le paradoxe de la nature de l'« Etat bourgeois » dont parle Marx.
Les fonctions d'échange (où la monnaie fonctionne comme revenu à dépenser) et celles de conservation de la richesse capitaliste sont incompatibles à terme, du point de vue des citoyens, dès lors que l'Etat veut assumer un rôle, non pas de capitaliste, mais de distribution des revenus, de répartition, ou veut guerroyer, ou veut à toute force créer de la monnaie contre la fonction de capitaliste .
La dévalorisation monétaire du papier, dans la période capitaliste, peut aller jusqu'à donner la valeur 0 au papier, comme dans l'Allemagne de 1923 qui connaît une inflation galopante.
De ce point de vue le réformisme social est contraire à la stabilité monétaire, car il exige des engagements monétaires de l'Etat incompatibles avec celle-là, sauf si le financement est assuré par des sources externes à la métropole, par exemple le colonialisme ou la dépendance économique d'autres pays (les guerres napoléoniennes) . Il eût été intéressant que les « marxistes » se préoccupent de ces problèmes, du point de vue même de la lutte des classes. De ce point de vue, les pays dominants auraient sans doute eu besoin des pays du Tiers monde non pas d'abord pour les piller, mais pour tenter de préserver la stabilité monétaire de leurs monnaies . C'est une hypothèse intéressante.
On comprendra pourquoi le souci permanent des libéraux actuels est la stabilité monétaire par le biais des politiques de rigueur sociale, assurée par des critères stricts de rapport entre les dépenses publiques et le PIB, ou plus clairement les critères de Maastricht en Europe ou les critères des politiques d'ajustement structurel imposés par le FMI aux pays du Tiers monde.
Le seul moyen pour les gestionnaires capitalistes de ramener la stabilité monétaire, est d'imposer de terribles politiques de rigueur (appelées déflationnistes au 19 ème et début du 20 ème siècle) : les citoyens payent les frais de la dévalorisation monétaire. Il est cependant facile d'obtenir le soutien des grandes masses sur des politiques dites désinflationnistes, alors que ces politiques sont meurtrières. Mais elles paraissent moins meurtrières que l'inflation. En réalité, l'unique solution, du point de vue des citoyens, serait d'en finir avec l'existence du capital. Mais l'idéologie ambiante explique volontiers que ce serait revenir à l'âge de pierre !
Un exemple intéressant est donné par l'Argentine. Après les errements d'une politique monétaire désastreuse imposée par le FMI depuis 91 et qui a ruiné le pays, les gouverneurs de Province, poussés par les populations, ont crée fin 2001 des monnaies locales, simples moyens d'échange, telles que : les patacones, lecop, quebracho, secacor, lecor..etc, pour permettre aux gens de disposer de leurs payes, de leurs revenus et d'en vivre.
En conclusion seule la monnaie d'échange intéresse les besoins des gens . La monnaie réduite à cette seule fonction n'a aucune raison de se dévaloriser. Elle repose sur la confiance et l'autorité de la communauté, à plus forte raison si les fonctions de celle-ci sont reconnues comme étant utiles.
Dès lors que les citoyens se voient imposer une monnaie qui a d'abord comme fonction essentielle de préserver la valeur du capital et de véhiculer ce dernier, ils seront les premiers à être victimes des dévalorisations monétaires, qui les ruinent.
La théorie économique qui se doit d'expliquer soit l'éternité du capitalisme, soit l'inéluctabilité de l'existence du capital (au sens de Marx, c'est à dire fondé sur l'exploitation), ne veut pas intégrer ces faits. Pour minimiser le rôle du capital, elle présente précisément la monnaie capitaliste comme une monnaie fondée sur la confiance, elle fait comme s'il s'agissait d'une simple monnaie d'échange. La théorie a là une vocation d'obscurcissement, voire de véritable escroquerie intellectuelle.
Tout ceci pose avec acuité la question : l'humanité a-t-elle besoin du capital pour vivre ? Nous répondons de suite, et sans attendre les développements ultérieurs, que le capital fondé sur l'exploitation n'est qu'une forme spécifique, passagère de la richesse. C'est même une forme dévoyée de la richesse, une forme barbare .
Nous allons maintenant montrer, dans le cadre de ce qu'est la monnaie typique du capitalisme, que c'est l'étalon monétaire qui donne sa valeur au numéraire.
( voir étalon monétaire et prix, marchés de l'or, inflation, libre échange et monnaies coloniales...)