L'héritage empoisonné du Cambodge (Handicap International juin 2015)
Le Cambodge figure au palmarès des pays qui possèdent le plus
d'engins explosifs sur leur territoire.
Victime de bombardements intensifs durant la guerre du Vietnam, miné
ensuite par des guerres civiles intestines pendant des décennies, le
sol cambodgien regorge de ces souvenirs mortels qui tuent encore aujourd'hui.
Selon les estimations, il resterait entre six et sept millions d'engins non-explosés
à travers le pays.
Victime de son histoire troublée, la population cambodgienne paie encore
aujourd'hui le prix de la folie des hommes.
Le Cambodge paie aujourd'hui l'addition d'un demi-siècle de conflits.
Entre six et sept millions d'engins mortels sommeillent encore sur son territoire,
essentiellement dans les zones frontalières.
Retour sur une histoire troublée.
En pleine guerre du Vietnam, le Cambodge est utilisé comme base arrière
pour les forces Viêt-Congs. Il sera dès lors victime d'une "
guerre délocalisée ". L'armée américaine lance
une opération d'envergure sur le sol cambodgien, afin de déloger
la guérilla ennemie. L'opération " Menu " consistera
en un ballet incessant de raids aériens, visant à détruire
toute présence au sol. Durant quatre ans, plus de 3000 attaques
seront lancées, soit plus de 550.000 tonnes de bombes larguées
sur le pays.
Un pilonnage intensif mais officieux. Le congrès US n'ayant jamais donné
son aval, le bombardement du Cambodge, (de même que son voisin laotien)
est une guerre secrète.
Les bombes et les victimes sont elles, pourtant, bien réelles.
Un fléau mondial
Les engins non-explosés sont un fléau mondial. Moyen-Orient, Asie
du sud-est, Afrique, Amérique du sud, nombreuses sont les régions
" polluées " par ces engins mortels. Même si en Europe,
il n'est pas rare de découvrir de vieilles munitions, héritage
de deux guerres mondiales, la situation est sans commune mesure avec celle que
vivent les populations des " pays à hauts risques ". Pour ces
pays, dont le Cambodge fait partie, le danger est permanent.
Certes, la situation s'améliore. Un travail énorme de déminage
est effectué. Plus de 500.000 engins explosifs furent détruits
cette année dans le monde. Alors qu'il y a 10 ans, une personne était
blessée ou mutilée toutes les 20 minutes à la suite d'un
" accident par mine ", la fréquence estimée des accidents
est désormais d'une victime toutes les 90 minutes.
La situation s'améliore mais le bilan reste lourd. Selon le rapport 2008
de l'Observatoire des mines, plus de 5.000 victimes furent encore à déplorer
cette année.