Nous sommes très réservés sur le concept même de développement.
Ce mot n'a jamais signifié aure chose que la perspective, pour les pays du Tiers Monde, de faire comme l'Occident : devenir capitaliste.
En faisant abstraction de ce débat, faisons comme si le développement consistait, vis à vis du peuple, à lui donner une production nationale qui satisfasse ses besoins, à créer des emplois, à mailler le pays de petites entreprises et d'artisanats, et de services publics, à développer l'agriculture traditionnelle en y ajoutant des machines utiles aux hommes, à créer un réseau d'écoles qui unifie les populations qui ont des langues variées, à créer un système de santé qui permette de soigner la population... etc
Pour cela il faut de l'argent.
Les occidentaux ont imaginé qu'un "modèle de développement" pourrait s'appuyer sur les matières premières, en situation de libre échange (modèle ouvert !). Or les prix des matières premières sont déterminés sur le marché mondial, à la bourse des valeurs...Les pays "soumis" , n'ayant que peu de capital, sont donc à la merci des pays riches capitalistes quant à la détermination des prix. Exactement ce que ces capitalistes voulaient.
Pendant longtemps le prix du pétrole s'est mis à flamber pour des raisons qu'on n'analysera pas ici. Les pays cités ci-dessus dans cette rubrique ont donc compté sur le pétrole pour "développer" leur pays, quand ils en avaient.
Qu'ont fait Chavez au Vénézuela et Lula au Brésil ? Ils ont prétendu faire un "socialisme américain "
Forts de la rente pétrolière très élevée, ils ont divisé cette rente en plusieurs strates:
-Ils ont acheté la paix sociale: augmentation des ressources des pauvres des favelas, écoles, maisons de santé, habitations, ont importé massivement de l'étranger des produits de première nécessité, et ont appelé à une gestion à la base de certaines sommes allouées par le gouvernement. De ce fait, surtout au Brésil, des forums mondiaux se sont tenus sur cette forme "démocratique" de socialisme. Tout le monde a marché.
-Ils ont acheté les gérants publics et propriétaires des sociétés du pétrole en les corrompant
-Ils ont financé des grands groupes industriels et financiers pour acheter leurs votes
-Ils ont acheté l'armée (et des groupes paramilitaires au Vénézuela) pour qu'elle appuie la coexistence des classes sociales
-Ils se sont servis eux-mêmes copieusement dans la manne pétrolière.
Ils n'ont pas investi dans des petites entreprises, n'ont pas rénové et renforcé un artisanat important et de qualité, n'ont pas cherché à remplacer les productions importées par des productions nationales, en rendant par exemple le pays autonome sur le plan alimentaire, par une production vivrière variée. Ils n'ont donc pas cherché à créer massivement des emplois dans des entreprises dans le pays...Ils n'ont rien mis de côté pour la rénovation et l'entretien des services de l'eau, des transports...etc.. Ils n'ont rine prévu au cas où....Ils ont compté sur l'éternité d'une manne pétrolière pourtant réputée en voie d'extinction; ils ont compté sur un prix stable du pétrole sans se méfier de la politique pétrolière US qui visait, avec l'exploitation des gazs de chiste, à faire chuter ce prix et à rendre la production de pétrole pléthorique... Ils se sont comporté comme des hommes politiques aveuglés par leur pouvoir et la richesse qu'il volait au pays et au peuple finalement.... Des politiques à courte vue et sans maturité, des bavards, des corrompus, des machos.
Quand le prix du pétrole a dégringolé, patatrac..Au Vénézuela, les produits de première nécessité se sont mis à manquer. Pourtant il devrait y avoir l'argent nécessaire dans les caisses de l'Etat, malgré la chute du prix du pétrole. On estime à 300 Mds de dollars les fonds dérobés à l'Etat ces 20 dernières années , soit le tiers de la rente pétrolière. Ceci à l'époque de Hugo Chavez. (Le Monde u 6-9-17)
Et c'est l'armée qui a pris le dessus. C'est typique au Vénézuela où Maduro se présente comme un petit dictateur en herbe avec une armée surpuissante, qui n'en fera qu'une bouchée le moment venu.. Et ce moment est venu. Il suffit d'un petit embargo des grands propriétaires terriens, de l'armée et des USA, et c'est fini, le pays manque de tout. Même de l'eau. Plus rien ne fonctionne. Il est évident qu'un président moins bavard et plus drôle, tel le double de Coluche comme en Ukraine, aurait pu mettre de l'argent de côté pour le peuple.....Pas besoins d'avoir fait St Cyr !
La situation est un peu différente au Brésil où la classe politique est divisée à tous les niveaux, et où la dépendance vis à vis de l'étranger est moindre. Mais La soi-disant gauche y a fait les mêmes erreurs qu'au Vénézuela; Bolsonaro aujourd'hui s'arttaque aux territoires des indiens. C''est plus qu'un mauvais coup pour voler de la terre pour l'agriculture industrialiste, c'est tout un symbole: S'attaquer à la terre et au type d'activité agricole des indiens, c'est frapper au coeur de la seule réplique sociale et humaine possible que portent les indiens dans leur culture: une production respectueuse des besoins humains et de l'environnement.
L'Angola dirigée par un ex "communiste" (!) a développé les villes et méprisé les campagnes, et a surtout développé la corruption et la fortune personnelle du dirigeant de ce pays.
La Nigéria a totalement négligé la diversité des régions, des populations. Le gouvernement s'est moqué de leurs besoins, de leurs antagonismes éventuels, s'est moqué de l'agriculture polluée par le pétrole. Il s'est contenté de distribuer les prébendes du pétrole à ses proches, à sa famille, et à ses clientèles dites ethnies (car on ne sait plus distinguer ce qui est une véritable ethnie, de ce qui est une clientèle). Des régions entières ont manqué de tout. Le résultat en a été la création de BOKO HARAM, qui voulait, sous couvert de religion, sa part de butin...Façon simpliste de voir les choses ? A voir.
2019
Ce pays, ex République de l'URSS, est devenu immensément riche grâce à ses ressources fabuleuses en pétrole dans le Caucase. Il est dirigé depuis 1991 par un dictateur issu de l'ex PCUS nommé Ilham Aliev. c'est tout dire.
Les traditions de prédation du bien public, de répression, d'incarcération des opposants, de torture, et d'activités plus que douteuses en font un pays vis à vis duquel la méfiance de l'Europe devrait en principe être de mise. Point du tout.
Aliev est en train de corrompre les responsables de l'Europe, dont le Conseil de l'Europe, (larges invitations en Azerbaidjan, et argent déversé en France, en Allemagne, Italie pour divers projets) (cf le Monde du 6-9-17) par l'argent du pétrole, avec comme objectifs: avoir gain de cause contre l'Arménie, faire taire les critiques dans les médias, faire blanchir de l'argent dans les banques européennes, s'acheter une influence en Europe.. Pendant ce temps, le peuple désespère de voir sa situation s'améliorer.
Septembre 2017
Voici ce que nous écrivions en mai:
(D'après le Monde du 27 mai 2017)
L'une des stratégies les plus néfastes et perverses du capitalisme pour promouvoir le "développement" consiste à ce qu'un pays s'appuie sur une ou deux ressources minières, dont les prix sont momentanément élevés, pour avoir un budget tel, que les réformes sociales, les constructions nécessaires à la vie puissent s'effectuer. En réalité la majeure partie de ces ressources vont dans la poche des politiciens, par absence de contrôle de la population, , tandis qu'une autre permet un développement de façade. Assez rarement ces ressources permettent de créer un tissus industriel, artisanal, agricole favorable au peuple, ou de diminuer la pauvreté. Voir le Vénézuela, le Brésil, le Tchad et tant d'autres pays, où, si la pauvreté a pu diminuer, parfois de façon appréciable, la corruption est devenue un mal endémique... On pourrait parler de l'Arabie Séoudite qui a fait relativement profiter à son peuple des richesses du pétrole, moyennant une dictature féroce.
On supposait que le prix du pétrole serait, toujours et de plus en plus, élevé, en devenant une ressource rare. Les USA ont fait basculer cette croyance à extrayant le gaz de schiste..... qui a diminué les surfaces agricoles, pollué l'eau sur des milliers d'hectares... Mais le prix du baril de pétrole a diminué de moitié ces dix dernières années, et nous en sommes à la surproduction du pétrole actuellement !! Chose incroyable...
Tandis que les 13 pays de l'OPEP diminuent leur production, les pays occidentaux USA, Canada, Norvège, ainsi que la Chine, maintiennent leur production à un niveau élevé. Rapport des forces oblige.
D'où un appauvrissement considérable de certains pays de l'OPEP dont le Tchad ! Idriss Déby ne doit sa longévité au pouvoir que grâce au pétrole et au soutien inconditionnel de la France. Aujourd'hui les caisses de l'Etat sont vides, les dettes sont immenses, le chômage immense, mais Mr Déby se porte bien car il soutient les opérations françaises au Sahel.
L'espérance de vie ne dépasse pas 52 ans au Tchad. Malnutrition, manque de soins médicaux, sous-instruction; la situation est grave pour le peuple. Le développement humain devrait se fonder d'abord sur les ressources nationales agricoles, protégées, aidées, dans le cadre des méthodes traditionnelles améliorées, avec l'assentiment de la population.
Compter sur une seule ressource minière, c'est la voie asurée vers le sous-développement, l'injustice, la guerre civile
AMC