Lire "le salariat";
Comment fait-on pour obtenir le "plein emploi" ?? Il n'y a pas qu'une recette !
On peut d'abord truquer les statistiques: instituer des emplois de quelques heures par semaine dans la population employée; camoufler le chômage en mettant tout le monde "au travail" en travaillant peu, avec des salaires de misère; généraliser le travail précaire; transformer les salariés en " Auto-Entrepreneurs" comme en GB; faire disparaître des actifs potentiels de la populaion active...
Un article du Monde (18-8-17) confirme exactement ce que nous annonçons ci-dessus. Le "plein emploi" est quasiment atteint. Mais un travailleur sur cinq exerce une activité dite atypique, c'est à dire précaire, soit 7,6 millions de personnes. Il s'agit d'emplois partiels, d'auto-entrepreneurs, de contrats à activité réduite, de mini-jobs, d'intérimaires... au total surtout des femmes.
Ces emplois échappent aux syndicats, aux augmentations de salaires, aux conventions collectives.
( entre autres Le Monde du 21-10-16)
Il y aurait un faible taux de chômage aux USA par rapport à l'Europe. en réalité la populaion en âge de travailler, de plus de 16 ans, diminue, disparait pour partie de la population active. 67,3% de la population de plus de 16 ans travaillaient ou cherchaient du travail en 2000. Ce pourcentage est descendu à 62, 4% en 2015.
Une partie de la population soit s'exclut de la population active (travail au noir, travail informel), soit en est exclu, entre autres pour des raisons de santé. 44% des hommes de 25 à 54 ans qui ne participênt pas au marché du travail prennent des médicaments contre la douleur (cela est révélé au moment de l'enquête) et disent n'être plus capables de travailler. Mais certains sont accrocs aux jeux video.
Ces gens sont souvent sans formation, à la limite de l'analphabétisme. Ils se sont désengagés socialement et politiquement. ils seraient une des bases de l'électorat de Trump....
Donc un faible taux de chômage ne dit rien a priori sur l'état du chômage réel dans un pays, même sans secours social... comme c'est souvent le cas aux USA
UNE PRECARITE D' AVENIR EN GB .
(Le Monde du 22-8-14)
Objectif : en finir avec le chômage, donc faire du travail précaire
à tour de bras. (C'est-à-dire retrouver un taux de plus- value
digne du 19ème siècle. Cet objectif est poursuivi depuis Thatcher
en GB et mis en uvre avec succès. Le salariat anglais a été
battu, avec l'accord de la gauche et de son extrême gauche. Dans le reste
de l'Europe, le salariat, s'il n'est pas toujours battu, est en plein recul.
Dans les circonstances où la classe ouvrière est dans cet état,
il paraît futile, vain, de tenter de prouver que le taux de profit est
en déclin. C'est impossible. Nous affirmons que les déclarations
en ce sens sont fausses. Le bavardage sur la " crise " et la "
chute du taux de profit ", est le cache sexe de l'impuissance, voire du
mensonge. La situation de la GB est regardée avec envie par le "
gouvernement " européen)
Il y a eu un bond spectaculaire du travail flexible de janvier 2008 à
juin 2014. Le nombre des emplois a augmenté de 1,1 million dont 732000
sous le statut d'" auto-entrepreneurs ". Traditionnellement
ce statut était réservé au bâtiment, aux taxis, à
l'artisanat. Aujourd'hui il touche 17,3% des emplois des " cols blancs
".
La méthode est la suivante : une entreprise met dehors un cadre moyen,
puis le réembauche comme auto-entrepreneur. L'entreprise n'a plus à
le licencier, à financer sa retraite, ses allocations sociales ; elle
le paye moins (-22%) et l'auto-entrepreneur travaille plus, jusqu'à 45
h par semaine.
Egalement la GB a créé " les contrats à zéro
heure ". L'entreprise donne du travail uniquement quand elle en a besoin.
500000 à 1 million de travailleurs sont dans ce cas.
" C'est mieux que le chômage de masse de la France " dit le
National Institute of Economic and social Research de GB.
Oui, mais....Le statut d'auto-entrepreneurs est décrié en France ! Parce que ces derniers ne déclarent pas toutes leurs heures et frauderaient au niveau des cotisations sociales (rien à voir avec les cadeaux que la Sécu fait aux labos...). Donc la solution, c'est de mettre la Sécu au niveau le plus bas, comme ça le tour est joué, non ? Et la cour des comptes sera contente !
(Le Monde du 18-9-14)
Le Monde des 30 et 31-2016
Un tournant ! Uber, une entreprise californienne, fournit des services de transport à Londres: un chauffeur est un client, une embauche est un enrôlement, un licenciement est une désactivation....Et l'entreprise ne serait qu'une plateforme technologique.Autrement dit Uber n'a pas de salarié ! Un juge en a décidé autrement. Les 30000 chauffeurs de Londres seront désormais des salariés, si, en appel, le jugement est confirmé.
Mais il a fallu que le juge démontre la supercherie.
Est-il possible qu'à terme la justice et le droit mettent fin à cette situation ??
Une situation similaire à la généralisation des auto-entrepreneurs pourrait être engendrée par un "revenu minimum d'existence" pour tous qui délivrerait les entreprises du salariat, du code du travail et les services sociaux de toute couverture sociale automatique. A l'individu de tout payer avec son revenu d'existence, y compris sa retraite... Il n'a qu'à prévoir. Et s'il veut arrondir ses revenus, il s'embauche dans une entreprise comme auto-entrepreneur..
Le libertarien Charles Murray, qui propose le "revenu universel", lequel supprimerait tous les transferts de revenus et l'aide sociale, a calculé que l'économie des USA ferait par an 200 milliards d'économie (Le Monde du 29 octobre 16). Génial, non ?
Marx rêvait de l'abolition du salariat ! Eh bien voilà !!
(Mais d'où sort donc Trump ??)
5 juin 2016 (après les grands mouvements sociaux d'avril et mai 2016 et "Nuit Debout")
Pour être bref et concis, l'objet de la " loi travail " (comme
demandé par l'Europe) devait (doit) permettre de tenter de résorber
le chômage à l'anglaise. C'est-à-dire baisser fortement
les salaires, développer encore davantage la précarité
et supprimer pratiquement toute assurance chômage et tout RSA, justement
pour faire accepter les très bas salaires, ce qui est la façon
de mettre tout le monde au travail
! Il y a en effet deux façons
de faire disparaître le chômage, soit ignorer statistiquement le
nombre de gens qui s'excluent de la population active en vivant totalement en
marge, soit faire en sorte que les gens n'aient que le choix d'accepter n'importe
quel salaire pour au moins se nourrir.
La GB a développé ce qui serait inimaginable en France à
grande échelle : le statut " d'entrepreneur individuel " à
la place du salarié, lequel n'est plus ni embauché, ni débauché,
ni donc salarié, mais passe contrat, et n'a plus de couverture sociale
; il est son propre maître tout ce qu'il y a de plus précaire
.et
n'a plus qu'à dormir dans la rue.
En effet on peut en finir avec le chômage à la façon dont l'économiste libéral Ricardo le prévoyait au 19ème siècle. Sans couverture sociale, aucune, on offre des bas salaires, et tout le monde travaille pour une misère, et les gens dorment dans des " workhouses ". On résoudrait aujourd'hui ainsi le problème du logement social ; et on pourrait ré-instituer le travail des enfants.
Mais la recherche de la paix sociale exclut pour l'instant une solution aussi cynique. Il faut trouver des transitions. La " loi travail " est une transition vers cette solution, où l'on supprime encore un peu ce qui fait le lien social, sans toutefois tout supprimer.
La CGT avait absolument compris l'enjeu de cette question, car elle sait comprendre la situation des salariés, elle connait le mécanisme de la lutte des classes, à l'égal des " marxistes soviétiques ", d'autant que le mouvement de " Nuit debout " la poussait en avant.
S'est développé alors un " jeu de rôle " entre
la CGT, " Nuit debout " et le gouvernement.
Les cris du gouvernement et du MEDEF contre la CGT visaient à accréditer
l'idée que celle-ci était très révolutionnaire,
et donc que les salariés pouvaient lui faire confiance. Et chaque partie
savait le rôle qu'elle devait jouer. Les salariés ont cru encore
une fois au " jusqu'auboutisme " affirmé de la CGT.
Tout le monde s'est mobilisé, des débrayages massifs et des blocages
ont commencé à faire peur. Les jeunes ont partiellement cru que
ça y était .. ! Et le 28-5, alors qu'il fallait donner un coup
de pouce supplémentaire, un peu plus manifester et débrayer pour
en finir, voilà que la CGT, qui a mûrement préparé
son coup, dit que pour augmenter la mobilisation (c'est-à-dire la casser),
on va pétitionner, s'adresser à la population de façon
approfondie.... et je ne sais quoi
.pour se donner le temps d'organiser
une grande manif le
..14 juin, en plein dans les matchs de foot !! Génial.
Et le tour est joué. Et Valls a pu dire que ça n'était
pas la CGT qui ferait céder le gouvernement. Mais c'était tout
su d'avance. C'est donc fini, les travailleurs arrêtent le mouvement et
n'y reviendront pas. Et les cheminots se retrouvent tout seuls
La CGT se saborde ainsi ?? Encore un peu plus certes, mais il y a des salariés
qui n'ont pas vu, pas compris
et le gouvernement est sauvé. Ce
gouvernement n'est fort que de la trahison constante des directions des syndicats
et de la soumission des salariés aux appareils
bien que ceux-ci
rejettent de plus en plus massivement syndicats et partis.
Ah ! le savoir- faire de la trahison en permanence des directions issues du
" marxisme " soviétique ! C'est quelque chose !
Ceux qui collaborent ouvertement montrent leur visage. Ceux qui font croire
qu'ils vont combattre jusqu'au bout, cachent leur visage et vont nous chanter
la chanson " Les masses ne sont pas assez mobilisées ". Si
le PS n'est pas encore mort, c'est à cause de cela même.
Quel est l'intérêt de la CGT ? La préservation de sa place
sociale et de son appareil, la sauvegarde des avantages de ses cadres quitte
à ce que les petits cadres soient envoyés en prison quand ils
déchirent les chemises des patrons, et la possibilité de rejouer
ce jeu-là autant de fois que nécessaire, tant que les salariés
n'auront pas tout compris.
En attendant, les jeunes de " nuit Debout " vont engranger la leçon
à n'en pas douter .
AMC 5-6-16
Dans un article du Monde du 26-8-14, les entreprises renaclent aux injonctions et supliques de F Hollande. En clair, elles disent qu'elles ont de quoi investir, mais que si elles n'investissent pas c'est parce qu'il n'y a pas en perspective des projets rentables.
Par contre si le gouvernement dit socialiste faisait la peau au Code du travail, il y aurait peut-être des projets rentables....
Ce n'est pas l'aide publique aux entreprises qui les fera investir.
Donc c'est l'impasse, les entreprises créeront des emplois à l'anglaise si les conditions sont réunies, du seul point de vue des entreprises.
L'emploi du point de vue du Medef, ça n'est pas l'emploi du point de vue des citoyens.
En conséquence l'argumentation keynésienne est nulle et non avenue. Les entreprises n'attendent pas la relance de la demande mais la fin du code du travail et ce qu'elles appellent la politique de l'offre.
Cette méthode pour tenter de réaliser "le plein emploi", doit à coup sûr relancer la croissance, c'est ce que voudraient faire Hollande et Valls, sauf qu'elle n'est pas garantie par les temps qui courent où l'OFCE signale que 190 000 postes sont encore en sureffectifs dans l'industrie française (Le Monde du 30-8-14). Donc il n'est pas sûr que la croissance engendre les emplois précaires dont nous parlons ci-dessus, dans la logique capitaliste.
Les français ne voudraient pas travailler, les propositions de travail offertes ne trouveraient pas preneur...
Un article du Monde Diplomatique révèle que tout cela est mensonger (février 2015). De la même façon les bénéficiaires de droits sociaux, assimilables à des paresseux ou des fraudeurs en puissance, désignés à la vindicte, cachent en fait un nombre important de gens qui ne font pas valoir leurs droits, parce qu'ils ne savent pas et qu'ils ne se battent pas pour les faire reconnaître. Les droits non perçus excèdent largement la fraude sociale (voir MD de juillet 2013)