Le vendredi 19 novembre 2021 le chef de l'Etat MODI s'engage à abroger les 3 lois qui justifiaient depuis 15 mois le blocage des routes, les grèves et l'insurrection paysanne en INDE.
Les paysans ont juré de demeurer sur place tant que les 3 lois ne seront pas effectivment abrogées.
C'est une explosion de joie dans le pays !
Mais cette abrogation des trois lois visant à libéraliser le marché agricole est encore insuffisante. Les « mandis » (les marchés régulés par l'Etat) ne profitent pas à tous les exploitants et reste très inégalitaire, car ils prennent en compte majoritairement les cultures de riz et de blé. De plus, lintensification de la production pose un problème écologique et de qualité des récoltes : les nappes phréatiques se vident, les sols se retrouvent sans vie, et lair et leau se polluent...
Donc le combat ne va pas s'arrêter là d'autant que toutes les couches de la population ont soutenu les paysans et vont s'impliquer dans les combats à venir
25-11-21
La paysannerie est la plus vieille classe soiale du monde.
Son objet est de produire des valeurs d'usage pour se nourrir et nourrir les populations.
Par voie de conséquence, elle s'est toujours livrée à la conservation des graines et semences, et à leur amélioration pour remplir ce rôle.
Elle remplit la fonction d'intégrer toutes les activités : production alimentaire, légumes, fruits, élevage, transformation de la nourriture, production des semences, engrais de compost et fumier, bois de forêt, plantes médicinales, préservation de l'eau, nettoyage des rivières et étangs, artisanat, vente aux marchés locaux....
C'est tout un savoir à tous les niveaux qu'il faudrait préserver;
Elle est indispensable à la vie, sans elle l'humanité ne peut plus se nourrir.
La paysannerie traditionnelle cherche a augmenter son patrimoine mais ne cherche pas à faire fructifier du capital. ça n'est pas son objet. Elle s'est toujours fait rouler par les marchands qui lui ont acheté au plus juste ses produits pour les revendre bien plus cher.
La paysannerie n'est prête à modifier son genre de vie que si elle y voir un intérêt pour produire mieux et plus, avec moins de fatigue, mais elle refuse tout ce qui peut la faire disparaître. Elle est anticapitaliste par définition, et antiproductiviste, mais peu et mal politisé. Elle est conservatrice sur la question des moeurs, des modes de vie, et des femmes.
Cette classe tend à disparaître.
Qui la fait disparaître ? le capitalisme en la remplaçant par des agriculteurs-capitalistes dont l'objet est avant tout de faire fructifer du capital, de faire du capital avec les produits de la vie. Comment ? En introduisant dans le cycle de la production des éléments étrangers à la terre et la production: la chimie pour accroître articiellement les rendements. Cela a donné des résultats mais en modifiant considérablement la nature des produits, et en déttruisant leur qualité et à terme la terre. Et surtout en détruisant l'équilibre interne de la ferme traditionnelle où tout sert et rien de ne perd, et où sont parfaitement intégrés l'élevage (viande et engrais), la production agricole, la production des fruits et légumes (engais verts), la production des engrais (fumier et compost), les sources et les rivières, la forêt (bois, produits de la forêt, gibier, réserve d'humidité et d'eau, produits utiles pour faire la soudure entre les récoltes).
Le communisme a fait exactement la même chose en URSS, et dans tous les pays où la révolution a été confisquée au profit d'un nomenklatura productiviste et incompétente
La marchandisation à outrance de la production agricole par des acteurs de l'industrie, a coupé la production de ses bases traditionnelles, a fait disparaître peu à peu la paysannerie, pour une production industrielle des aliments.
La paysannerie, avec plus ou moins de succès, a tenté de résister à sa disparition. Elle n'y est pas parvenue.
On pourrait développer tous ces points de façon importante.
Des paysanneries ont tenté de résister, entre autres la paysannerie de l'Inde.
(Réécrit août 2021)
(Reproduction d'un texte donné sur internet)
La BBC, présente, estime la participation à 500 000 personnes,
certains parlent du million, quoi qu'il en soit, ils étaient des centaines
de milliers à être présents ce dimanche 5 septembre à
Muzaffarnagar dans l'Uttar Pradesh pour ce Mahapanchayat (AG de démocratie
directe) à vocation nationale.
Bien que des milliers de paysans et soutiens ainsi que des délégations
aient été empêchés d'arriver par la police qui bloquait
de nombreux trains et bus, il y avait des représentants de 22 États
du pays, 300 organisations de paysans et ouvriers agricoles, aussi bien que
des organisations d'ouvriers, d'employés, d'artisans et commerçants,
de femmes, de jeunes, etc...
Selon certains, il n'y aurait pas eu de rassemblement de ce type et d'une telle
importance dans toute l'histoire de l'Inde.
Pour accueillir tout ce monde, le SKM (coordination qui anime le soulèvement
paysan) avait organisé 500 cantines et 100 campements médicaux.
La commune de Muzaffarnagar avait été choisie symboliquement comme
un défi à la politique de division religieuse du pouvoir, car
c'est dans ce même endroit où le BJP (parti au pouvoir) avait essayé
de diviser la société en suscitant des émeutes entre hindous
et musulmans.
Les dirigeants du SKM ont déclaré que leur objectif était
de faire tomber Modi (1er ministre BJP) et Yogi (idéologue du BJP, président
ultra réactionnaire de l'Uttar Pradesh, un Etat de 210 millions d'habitants,
cur du pouvoir national du BJP) tout en mettant fin à la vente
du pays aux capitalistes, en stoppant la destruction du service public, en se
battant aux côtés des jeunes pour leur embauche par millions et
bien sûr en éradiquant toutes les lois anti-paysans et anti-ouvriers.
Pour cela, le SKM a prévu d'organiser des Mahapanchayats de ce type partout
dans le pays ainsi que des parlements paysans dans les différents États
tout en élargissant leur politique de bannissement social des dirigeants
du BJP et leurs alliés, qui existe maintenant en Haryana, Pendjab, Uttar
Pradesh, Rajasthan et Himachal Pradesh.
Pour commencer la campagne de Mahapanchayats qu'ouvre celui de Muzaffarnagar,
ils ont annoncé un Mahapanchayat à Karnal dans l'Haryana le 7
septembre, un meeting général les 9 et 10 septembre à Lucknow,
la capitale de l'Uttar Pradesh, des actions de reprise du butin des capitalistes
dans l'Himachal Pradesh le 13 septembre, un parlement paysan dans le Rajasthan
le 15 septembre et enfin un blocage général du pays (Bharat Bandh)
le 27 septembre.
Ce rassemblement de Muzaffarnagar confirme l'émergence d'une coalition
des mouvements sociaux autour du soulèvement paysan qui s'est formée
au cours de l'année écoulée.
Tout en étant une démonstration de force pacifique nationale,
il est aussi la preuve du poids politique grandissant que prend le soulèvement
paysan dans un pays où plus de 30% de la population est en insécurité
alimentaire ou sous-alimentée, où plus de la moitié des
enfants souffrent d'un retard de croissance et d'une insuffisance alimentaire,
où la classe moyenne est économiquement épuisée
par les confinements imposés pour ralentir la propagation du Covid-19,
où les coûts des soins de santé grimpent en flèche,
où enfin tout le monde se souvient de famines provoquées par les
entreprises agro-alimentaires.
Le soulèvement paysan a toujours refusé de se transformer en parti
politique mais il est très politique, de plus en plus, mais hors du jeu
institutionnel traditionnel, en affirmant par la mobilisation de rue des pauvres
et au moyen d'un système de démocratie directe, le projet d'une
autre société, plus solidaire, sans les oppressions de religions,
de castes ou de sexes.
(Pour comprendre le texte de la première image ci-dessous, 1 lakh équivaut
à 100 000, 20 lakhs font donc 2 millions)
(L'Inde est en train de nous indiquer la voie à suivre grâce à un mouvement paysan d'une force extraordinaire qui a réussi à digérer POSITIVEMENT l'affreuse division du 15 août 1947 en deux Etats distincts au moment de l'indépendance.... C'est un hommage intellectuel et moral à Ghandi. Démocratie à la base, Unité...C'est un exemple fantastique.. 8-9-21.)
De longue date, les paysans avaient obtenu que les marchés soient régulés par l'Etat pour leur assurer la vente de leurs produits avec un revenu attendu du fait des prix fixés et négociés. Le gouvernement constituait ainsi des stocks stratégiques, en riz et blé, pour une revente à bas prix aux pauvres (problème récurrent en Inde). Et en même temps un revenu décent était permis aux paysans. C'était le cas au Pendjab, en Haryana, en Uttarakhand, en Uttar Pradesh...
Or le gouvernement Modi a fait libéraliser en septembre 2020 la vente des produits agricoles et les prix, par le parlement: les acheteurs ne sont plus désormais l'Etat mais les grandes sociétés de distribution qui négocient en force à bas prix, et plus que cela, qui passent contrat avec les paysans sur les engrais, les tracteurs, le type de production, les semences... etc etc endettent la paysannerie et leur prend leurs terres (cf stratégie Monsanto).
Les paysans ont le souvenir de la révolution dite verte en 1970 qui les a ruinés, et a modifié complètement la configuration de la production agricole (cf les livres de Vandana Shiva sur la question)
Les paysans sont alors partis début décembre 2020 en tracteurs vers New Delhi, avec de quoi se nourir plusieurs semaines et font le siège devant la ville pour que le gouvernement revienne sur ces dispositions. Le gouvernement ne veut rien entendre et veut amender des dispositions mortifères. Les paysans ont bien compris la manoeuvre. Ils veulent le retrait pur et simple des dispositions étatiques qui les livrent au secteur de la grande distribution, à Monsanto bis, et vise leur disparition.
C'est à notre avis un bataille d'une grande ampleur et très difficile si elle n'est pas soutenue par les villes; or les villes et l'opposition à Narandra Modi soutiennent les paysans; il ne faudrait pas qu 'elles négocient autre chose que ce que les paysans veulent;
Des échaufourées ont eu lieu le 26 janvier aux portes de New Delhi avec la police, alors que le mouvemnt paysan est pacifique.
Le gouvernement cèdera-t-il ? Toutes les routes vers la capitale sont coupées.
(ref aux Mondes du 1°-12-20, du 20 au 28-1-21 etc...)
Les paysans ont besoin d'un revenu garanti pour subsister. L'Etat du sud, l'Andhra Pradesh, fait figure d'Etat d'avant garde qui s'est reconverti à l'agroécologie, et fait la démonstration qu'on peut cultiver autrement, préserver l'eau, utiliser les engrais animaux et verts, pour un bon rendement, tout en restaurant les terres.
Mais cela n'est pas du goût des grandes sociétés de l'agro-alimentaire qui veulent le retour aux principes de la révolution verte::
-avoir le contrôle sur les semences (génétiquement modifiées sans contrôle paysan), semences infertiles qu'il faut reouveler tous les ans.
-avoir le contrôle sur les engrais, mais chimiques, et obliger les paysans à renoncer à l'autonomie de la production
-endetter les paysans avec des tracteurs trop gros et trop chers.
-obliger les paysans à adopter le productivisme, et à renoncer à l'assolement pratiqué traditionnellement
-leur faire acheter des insecticides qui vont avec le productivisme
-leur faire gaspiller l'eau que demande le nouveau système de production.
-définir la distribution eux-mêmes
C'est le principe de la "révolution verte de 1970" qui revient au galop qui a ruiné les paysans, et en a conduit au suicide une grande partie.
Aux portes de New Delhi fin janvier 2021, les paysans disent non à ce système qui est derrière la libéralisation des prix proposée par le gouvernement.
Sauf que Monsieur COVID est arrivé et a tenté de donner un bon coup de main au gouvernement dans les villes et les campagnes, en appauvrissant les gens, en augmentant les disparités, en mettant en évidence le manque d'infrastructures médicales... et etc
Le 6-2-2021
Les paysans sont restés sur place, refusant que Mr Covid les chasse des routes. Ils ont juré qu'ils resteraient jusqu'à ce que le gouvernement cède et le parlement indien annule les lois iniques. .
Pour ne pas mettre en péril leurs exploitations, ils ont mis en place un système de rotation entre eux: 15 jours à Delhi, 15 jours dans leurs exploitations. Les femmes jouent un grand rôle dans la viabilité de l'ensemble du mouvement.
Ils ont décidé de convoquer également leur propre parlement à Jantar Mantar un lieu moghole ancien à Delhi.
Ils ont obtenu le droit que 200 paysans y soient admis chaque jour jusqu'au 9 août pour une session paysanne de travail, sous escorte policière. L'opposition qui les soutient n'a pas le droit d'entrer. Le gouvernement et Mr Covid ont dû céder sur l'organisation de ce parlement qui a eu lieu.
Des milliers de paysans campent depuis 8 mois à l'entrée de Delhi et en bloque les accès. Le projet est de bloquer l'accès de Lucknow capitale de l'Uttar Pradesh en septembre. La police, présente, ne peut pas s'attaquer à ce mouvement.
La cour suprême a décidé d'analyser l'effet des 3 lois incriminées pour tenter de sortir de cette impasse et face à la détermination paysanne. Les paysans savent que s'ils cèdent maintenant, ils sont morts.
De plus en plus de citoyens indiens soutiennent le mouvement moralement, politiquement, financièrement.
Le vendredi 6 août 2021, des députés d'une dizaine de partis de l'opposition sont venus assister à ces discussions pour les soutenir. Cela signfie qu'ils ont eu le droit d'entrer dans le parlement des agriculteurs.
Le parlement du Congrès dit souhaiter en août le retrait total de ces trois lois, contrairement à ce qu'il disait qqs mois auparavant.
Il semble donc que les lignes bougent. Il s'agit d'un mouvement sans précédent qui concerne auj toute la population de l'Inde. C'est un mouvement historique qui va entraîner des changements considérables dans les mentalités et dans les rapports de force entre les classes sociales.
Tout est fait pour que ce mouvement passe inaperçu et qu'on ne sache rien de ce qui s'y passe à part les frasques de Mr Covid.
A suivre avec passion
2-9-21