(J'offre aux lecteurs cet échange avec un journaliste du MD. Les articles
proposés par Renaud Lambert sont en anglais, et montrent bien que ni
l'OTAN, ni l'Ukraine n'avaient, et n'ont, modifié leurs objectifs à
terme, ce dont la Russie n'était pas dupe. Le fond du débat se
trouve-t-il cependant être là ?? A vous de juger)
1)Le dim. 1 mai 2022 AMC écrit à Renaud Lambert du Monde diplomatique
Votre article " La casserole russe du MD d'avril 22
Cet article en p 13 indique que l'impérialisme occidental a encouragé
l'impérialisme russe. Tout à fait exact. Mais j'ai des doutes
sur les raisons avancées (de cet encouragement).
En effet bien que les Etats baltes aient demandé très vite leur
adhésion à l'OTAN, il y a eu une retenue exemplaire en Europe
à ce sujet.
Entre autres l'Ukraine avait renoncé à entrer dans l'OTAN le 3
juin 2010 par un vote au parlement, dans le but de calmer la Russie et d'amadouer
celle-ci.
Ne pourrait-on pas penser à l'inverse de Renaud Lambert que la Russie
a vu dans ce vote une capitulation et une opportunité pour se préparer
à occuper l'Ukraine par petits bouts
,? Je croirais plutôt
que l'humiliation des nationalistes russes a commencé avec l'exigence
du démantèlement de l'industrie russe en 91-92 pour recevoir de
l'aide.... puis au fil du temps avec la proclamation "de l'ordre nouveau
international" sous l'égide des USA, les proclamations sur la "fin
de l'histoire", et l'affirmation sans fin de la supériorité
de l'Occident, dans le même temps où aucune collaboration sérieuse
n'était organisée avec la Russie, l'OTAN n'étant qu'une
des péripéties tardive....
Les nationalistes russes ont été convaincus de la nécessité
d'une revanche, à la chute de l'URSS, ce me semble. D'où la guerre
en Tchétchénie... Et les occidentaux ont accepté cette
horrible guerre qu'ils auraient pu éviter. Leur faute et arrogance est
plus lointaine
C'est une question importante, quel est l'avis de la direction du MD ?
2) Réponse :
Le lun. 2 mai 2022 à 06:07, Renaud Lambert a écrit :
Je vous remercie pour votre message ainsi que d'avoir pris le temps de réagir
à mon article " La casserole russe ".
Bien entendu, il ne me revient pas de m'exprimer au nom de la direction du Monde
diplomatique, que vous interpellez dans votre message. Mais il m'a semblé
utile d'apporter les éléments suivants, dont je ne suis pas certain
qu'ils étayent la thèse d'une " capitulation " de l'Ukraine
et/ou de l'OTAN. Mais je vous laisse en juger.
1/ Le 14 juin 2021, l'OTAN confirme soutenir les efforts de l'Ukraine visant
à la rejoindre (point 69 de la déclaration suivante : https://www.nato.int/cps/en/natohq/news_185000.htm).
2/ Le 19 février 2022, le président ukrainien exige de l'OTAN
un " calendrier clair " pour l'entrée de son pays dans l'OTAN
(https://thehill.com/policy/international/europe/595040-zelensky-ukraine-wants-clear-timeframe-for-nato-membership/
Renaud Lambert Rédacteur en chef adjoint Le Monde diplomatique
2)Réponse le 2 mai 22
Je vous remercie de la promptitude de votre réponse, et des éléments
que vous apportez.
Quand l'Ukraine a renoncé à entrer dans l'OTAN en mars 2010; c'était
un renoncement stratégique, non une capitulation.
C'est la Russie qui a pu voir une capitulation (provisoire) dans ce vote. La
Russie n'était pas dupe qu'on pouvait chercher à l'amadouer.
Et que l'OTAN gardait ses objectifs
Il n'en demeure pas moins que la vraie raison des occupations militaires successives
de la Russie trouve son origine dans la décennie 90, j'en reste convaincue.
Ceci dit l'existence même de l'OTAN indique bien que la coopération
avec la Russie est estimée vaine par l'Occident.
Qu'est-ce qui eut été souhaitable ?? Que ces deux impérialismes
n'existent pas....
AMC
Poutine et Xy Jinping, représentant deux immenses pays, disent combattre
pour un ordre mondial nouveau contre l'Occident corrompu, pour le retour à
la Grande Russie d'antan pour l'un en occupant l'Ukraine, et pour la préservation
du pouvoir du parti communiste chinois pour l'autre.
En réplique à cela, les ukrainiens et les occidentaux disent combattre
pour la liberté, contre l'autocratie, pour la démocratie. Les
pays occidentaux ont décidé plus que jamais d'aider militairement
l'Ukraine, surtout les USA, face à la débâcle actuelle de
l'armée russe.
L'Occident milite-t-il aujourd'hui pour la démocratie ? En réplique
aux actions des autocrates Poutine et XY, nous pourrions dire " Oui ".
Face à l'occupation russe de l'Ukraine, nous voulons très majoritairement
que l'armée russe évacue l'Ukraine et que Poutine soit traduit
en justice. Pour cela il faut très certainement l'aide supplémentaire
des armes américaines. Mais les USA apportent-ils la démocratie
dans leurs armes ? NON.
L'Occident fut le creuset de la démocratie et du droit. Mais l'Occident
est aujourd'hui corrompu. C'est exact. Il a abandonné tous les principes
de la démocratie et du droit. Mais ce dont parlent Poutine et XY, ce
sont " les droits de l'homme " qui corrompent l'Occident !
Si le combat pour la victoire de l'Ukraine est un combat pour la démocratie,
et si nous avons besoin d'armes pour ce faire, il n'est pas dit que les pays
occidentaux militent pour la démocratie. Quand Gorbatchev est venu demander
l'aide des USA en 1991 au nom de la démocratie qu'il voulait instaurer
en URSS, les USA et l'Europe lui ont fermé la porte " Privatise
l'industrie russe d'abord, on verra ensuite
! "
Ne nous y trompons pas. Tandis que les ukrainiens sont aujourd'hui accueillis
en France,( et c'est bien !) les réfugiés et immigrés d'autres
pays sont malmenés : les afghans, irakiens, syriens, yéménites,
soudanais, libyens, algériens
.etc sont mis de côté,
oubliés, refoulés pour certains.
N'oublions pas que le droit international dont on se gargarise, a été
foulé aux pieds, par les USA surtout, en Irak notamment, en Libye et
ailleurs. Des bombes à sous munitions, au phosphore ont été
lancées à Falouja en Irak en 2003.. L'Occident a armé l'autocratie
Saoudienne contre les yéménites. L'armée française
n'a cessé d'armer les pouvoirs despotiques en Afrique dont le Tchad,
idem les USA en Egypte
Nous ne pouvons tout passer en revue.
Notre démocratie occidentale est malade depuis longtemps. Et c'est pour
cela que Poutine en a profité pour occuper l'Ukraine ; c'est parce qu'elle
est très malade que les massacres ont repris au Darfour sur ordre des
despotes Soudanais ; c'est pour la même raison que les religieux réactionnaires
relèvent la tête partout en Afrique pour mener des campagnes contre
les droits humains, contre les droits des femmes, contre l'IVG au Sénégal
par exemple
.
Nous souhaitons la victoire des ukrainiens contre l'armée russe, la victoire
de la démocratie en Ukraine, et que le peuple russe, entre autres, se
réapproprie tout ce qui lui a été volé en Russie
même. Nous souhaitons la victoire de l'Ukraine, mais attention aux lendemains
de celle-là, il nous faudra travailler en force, et cela dès aujourd'hui,
pour que la démocratie soit respectée en Occident.
AMC 30-4-22
Poutine, d'abord premier ministre de Eltsine le 8 août 1999, puis Président
par intérim le 31-12-1999, lors de la démission de Eltsine, devient
Président de la Fédération de Russie, le 7 mai 2000. Cette
fédération remplace l'URSS, dissoute le 8-12-1991. Toutes les
républiques de l'ex URSS sont appelées à entrer dans la
Fédération.
Or une partie de celles-ci, ayant tellement souffert de leur passé dans
l'URSS, fuient et proclament leur indépendance. Il s'agit des pays Baltes
(Estonie, Lituanie, Lettonie), de l'Ukraine, la Biélorussie, l'Arménie,
l'Azerbaïdjan, la Moldavie, la Géorgie, la Tchétchénie
et, en Asie centrale, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan,
le Tadjikistan et le Kirghizstan, soit 15 Républiques.
En outre, les pays de l'est sur qui l'URSS avait étendu son pouvoir
après Yalta et Potsdam, entre 1945 et 1948 sont l'Albanie, l'Allemagne
de l'Est (ou RDA), la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie
et la Yougoslavie, soit 8 républiques qui vont toutes retrouver leur
indépendance après 1991...
Les nationalistes de l'ex URSS vécurent cela comme un démantèlement
de l'Empire. Ils mirent en cause l'influence de l'Occident et son rôle
nocif car une grande partie de ces républiques vont demander au fil du
temps leur adhésion à l'UE (union européenne) et la protection
de l'OTAN.
Qui pourrait s'en étonner ? L'histoire de chacune de ces républiques
est cauchemardesque. A titre d'exemple, la Tchétchénie
a connu la déportation de 450 000 habitants, tchétchènes
et Ingouches (hommes, femmes, enfants, vieillards), le 23-2-1944, en Asie Centrale,
ceux-ci étant estimés non " soviétisables ".
Transportés en wagons à bestiaux, beaucoup moururent en route.
Autre exemple, l'Ukraine vécut une terrible guerre civile de 1919
à 1921, bien que l'un de ses chefs anarchiste, Makhno, prêta main
forte aux bolchéviques dans sa chasse contre Dénikine, un général
tsariste. Il fut ensuite pris en chasse par l'Armée Rouge et dû
fuir en France en 1923. Les ukrainiens voulant des soviets libres, non bolchévisés,
le payèrent très cher, et se firent infliger une famine organisée
par Staline dans les années 1932-33, qui fit plus de 5 millions de morts
Poutine est non seulement le produit du KGB transformé en FSB (service
de sécurité fédéral), et d'un Communisme devenu
monstrueux, particulièrement sous Staline, mais il est aussi le produit
du nationalisme "Grand russe" de l'ex URSS. A ce titre, Poutine n'a
jamais accepté le refus des républiques ci-dessus de faire partie
de la Fédération de Russie.
Poutine s'est donc donné pour tâche, à sa prise du pouvoir
dès 1999, de récupérer par tous les moyens ces républiques.
Entre autres la Tchétchénie, la Géorgie et l'Ukraine par
petits morceaux
Il convient aujourd'hui de parler de ce nationalisme que l'Occident s'est efforcé
d'ignorer, après la chute de l'URSS, tant il est apparu nécessaire
de faire de Poutine, à la suite de Eltsine, un occidental intégré
et d'y croire. Rappelons que Mitterrand avait proposé une confédération
européenne entre l'Europe et la Russie, projet qui n'aboutira pas.
Un excellent article paru dans le Monde diplomatique d'avril 2022 " Qui
sont les faucons de Moscou ? ", indique que les " nationaux patriotes
" russes se constituent en courant politique en même temps que les
" occidentalistes " de la Pérestroïka, entre 1985 et 1991,
au sein même du PCUS avant la fin de l'URSS.
Les " nationaux patriotes " sont nostalgiques de la Russie impériale
et de l'establishment du complexe militaro-industriel de l'URSS.
Il faut saisir le contenu de ce courant. Celui-ci veut restaurer les valeurs
traditionnelles et spirituelles de la Grande Russie et a fait alliance avec
la partie monarchiste de l'Eglise orthodoxe, avec les musulmans traditionnalistes,
et les partisans spirituels de Staline (1). Il fait alliance aujourd'hui avec
toute l'extrême droite européenne.
Selon ce courant, la démocratie occidentale serait porteuse de toutes
les valeurs décadentes liées, pêle- mêle, aux libertés
individuelles, qui fustigent les valeurs morales et conduisent à la dépravation
des murs.
La propagande russe actuelle, produite par Poutine et ses proches, contre la
démocratie et l'Occident, ressemble à s'y méprendre à
celle de l'Arabie Séoudite, de l'Iran
.. et à la propagande
islamiste.
Mais cette propagande s'appuie également sur les guerres occidentales
de colonisation et leurs destructions, qui n'ont pas cessé depuis la
2ème guerre mondiale, pour amalgamer , en un tout homogène fallacieux,
le principe démocratique qui demeure le ciment de l'Occident, avec un
impérialisme américain (ou occidental) conquérant et destructeur.
Si ce principe démocratique (dont les bases ont été posées dans les révolutions américaine de 1776, et française de 1789), n'est plus libérateur, alors le nationalisme tel qu'il s'exprime aujourd'hui en Russie a toutes ses chances de conquête ..
Pour ceux qui ont cru au communisme, la débâcle de l'URSS est,
pour certains, inexplicable.
Décoder le vrai du faux exige un travail méticuleux contre une
chape de plomb parfois bien arrangeante.
Dans les 5 premières années de son existence l'URSS s'est
liée avec les pires tares du totalitarisme : parti unique, liquidation
des soviets libres et démocratiques de février 1917, justice aux
ordres, rejet de la séparation des pouvoirs, police politique, féroce
guerre civile contre la paysannerie et de conquête, et pour finir, le
traité de Rapallo de 1922 instituant secrètement la collaboration
militaire avec les nationalistes allemands
(2).
Tout cela a permis, peu à peu et insidieusement, le retour aux valeurs
traditionnelles de la Russie impériale, et a engendré un nationalisme
patriote à la place de l'internationalisme prolétarien. C'est
ainsi que par exemple le magnifique projet d'émancipation d'Alexandra
Kolontaï de 1917, incarné dans le code de la famille ! (3) ne fera
pas long feu.
D'autant que les vrais communistes militants de la première heure furent
systématiquement arrêtés et jetés dans les camps
dans les années 1937-38 (4) après la mise en accusation et l'assassinat
de tous les premiers bolchéviks.
Si Gorbatchev avait pu en 1991 réformer l'URSS, d'en haut, comme il le
souhaitait, et si, dans les conditions sociales et économiques très
dégradées de l'URSS, les USA avaient répondu positivement
à sa demande d'aide financière, l'histoire aurait peut-être
été différente. Mais c'était rêver !
En effet en mai 1991, le FMI, la Banque mondiale, les USA et le G7 exigent la
privatisation de toute l'industrie russe, et la fin du contrôle des prix,
avant toute aide, ce qui est inacceptable pour Gorbatchev qui en imagine les
conséquences. Le récit qu'en fait Naomi Klein dans " La stratégie
du choc " est presque insoutenable, tant les occidentaux rient au nez cyniquement
de Gorbatchev en lui demandant d'être le Pinochet de la Russie (5). Celui-ci
démissionne et Eltsine fera le travail exigé pour recevoir une
aide. Ce fut la curée !. Mais le complexe militaro-industriel revanchard
de l'URSS restera debout et jurera vengeance.
On voit mal en effet les USA aider à restaurer la Russie des révolutions
de 1905 et de février 1917 ( !!!), ou même simplement de permettre
l'introduction d'une démocratie de type occidental en Russie sans avoir
auparavant vu démanteler l'industrie soviétique ! La Russie ne
fut pour eux que l'ouverture d'un marché juteux ! Pourtant ! C'est là
en 1991 que se situe la responsabilité objective immense des Occidentaux
et pas dans les grimaces provocatrices de l'OTAN plus tard.
Pourtant Gorbatchev était " occidentalisé "
.Poutine
ne le sera pas.
Les USA ont de ce fait favorisé les oligarques, mafieux, nationalistes
et militaires, tous membres du PCUS, prédateurs du bien commun, dans
leur choix de continuer à piller ce qu'il y avait à piller en
URSS, contre les masses ouvrières et paysannes.
De ce point de vue, les USA ont préparé la revanche de ces gens-
là, revanche qui s'est mise en marche dès 1994 avec le début
de la destruction en règle de la Tchétchénie qui s'était
déclarée indépendante en 1991. Celle-ci possédait,
outre du pétrole, un oléoduc venu d'Azerbaïdjan
(les
plus grandes réserves de pétrole de la mer caspienne).
Cette guerre de reconquête se situe dans la tradition bolchévique.
Cette tradition de reconquête s'est forgée dans la guerre civile
de 1918 à 1921.
L'indépendance de certaines républiques de l'URSS est d'autant
plus insupportable aux yeux des nationalistes de 1991, que dans la tradition
" révolutionnaire " bolchévique, la révolution
devait s'étendre naturellement à toutes les régions de
la Russie tsariste, sans défection. S'il n'en était pas ainsi,
la révolution devait s'imposer par les armes.
En février 1917, l'occupation des usines, l'expropriation des terres
des grands propriétaires terriens par les paysans, dans toute la Russie
et ses régions proches, entraîna la création spontanée
de soviets (ou conseils) sur le modèle de 1905, tandis que le tsar démissionnait.
Un pouvoir constitutionnel provisoire très fragile s'instaurait et les
soldats engagés dans la grande guerre fuyaient leurs régiments
et rentraient dans les campagnes. Tout indiquait que la situation pouvait évoluer
vers une fédération de tous les soviets, dont nul ne sait quelle
aurait été sa destinée.
Les bolchéviques, minoritaires dans les soviets, ne l'entendirent pas
ainsi et prirent le pouvoir par les armes en octobre, en s'appuyant sur des
régiments qui leur étaient acquis. Ils bousculèrent le
gouvernement provisoire et récusèrent l'assemblée constituante
à laquelle ils s'étaient engagés.
Au cours de la guerre civile qui suivit cette prise du pouvoir, un désordre
indescriptible s'ensuivit sur tous les fronts de la Russie. Il fallut aux bolchéviques
garder le pouvoir, le justifier, et l'étendre, avec l'outil de l'Armée
Rouge faite d'ouvriers et de paysans enrôlés par la conscription
. Conflits avec la paysannerie soutenue par les socialistes révolutionnaires
et les mencheviks, conflits avec des nationalités qui cherchaient leur
indépendance, conflits avec des bandes armées tsaristes soutenues
par les belligérants anglais ou français, conflits avec des soviets
qui récusaient les bolcheviques, conflits violents suscités par
des réquisitions sans fin
.
Ceux-ci qui avaient eu comme mot d'ordre " A bas la guerre ", firent
plus que défendre par les armes leur pouvoir sur l'ensemble du territoire,
mais voulurent en conquérir de nouveaux pour préserver "
les acquis de la révolution ". Pour ce faire ils durent d'abord
mâter la paysannerie, lui imposer la conscription, en même temps
que des prélèvements agricoles obligatoires, qui créèrent
rapidement la famine dans des régions entières.
C'est ainsi que Lénine vit en novembre 1918 la Pologne comme un pont
que l'Armée Rouge devait franchir pour faire la jonction avec la révolution
allemande ( !). Sur le corps de la " Pologne blanche ". Après
le traité de Versailles de juin 1919, la guerre civile en Russie est
dès lors aussi une guerre de conquête et de reconquête contre
des ennemis innombrables. Ceci dure 4 ans et consolide la dictature au risque
de l'explosion sociale.
Si les bolchéviques sont parvenus à garder le pouvoir en Russie,
ils seront vaincus par les polonais en octobre 1920. La paix de Riga est signée
le 18 mars 1921 qui marque la fin de la guerre civile. L'URSS dut reconnaître
l'indépendance de la Pologne mais récupéra l'Ukraine.
Cet épisode avec la Pologne est emblématique du comportement du
gouvernement de l'URSS. La tentation de prise de territoires nouveaux par l'URSS
est demeurée une tradition avant même qu'il s'agisse de récupérer
un territoire perdu.
L'exemple de l'Afghanistan qui est envahi le 27-12-1979 par l'armée soviétique,
sous couvert d'aider un gouvernement chancelant pro-russe, fait partie des libertés
que se permet l'URSS tout au long de son histoire. Celle-ci en partira vaincue
en 1989, en laissant des milliers de morts et un pays ravagé. Les combattants
sont essentiellement des paysans musulmans qui vaincront grâce aux missiles
Stinger apportés par les USA via la CIA, avec l'aide de Ben Laden, créature
de la CIA à l'époque. L'Europe ne trouva rien à y redire
( Les USA croyaient maîtriser le processus mis en route par cette aide,
il n'en sera rien....). L'histoire du djihadisme armé trouva en Afghanistan
son terrain de prédilection. Tout ceci a été analysé.
Fallait-il ne pas aider les afghans, ou les aider ? Aucune instance internationale
n'a manifesté contre cette intervention militaire illégale. Il
eût fallu les aider officiellement en toute clarté.
C'est Léonid BREJNEV qui avait lancé l'occupation de l'Afghanistan,
c'est Gorbatchev qui décida de retirer les troupes russes de ce pays
en 1989, trop tard !
La déconvenue et l'esprit de revanche devint considérable des
deux côtés chez les nationalistes.
Plus tard, après l'indépendance autoproclamée de la Tchétchénie
en 1991, l'URSS occupa ce pays pour l'obliger à rester dans la fédération
de Russie. Le massacre effroyable de la population à Grozny et la démolition
de la ville se fit en deux temps : 1994 où l'URSS dut se retirer, et
à nouveau en 1999, cette fois avec Poutine, qui déclara que tous
les hommes étaient des terroristes et devaient être poursuivis.
On n'entendra que le silence de l'Europe. Les musulmans tchétchènes
se sont férocement battus, mais n'ont pas reçu d'aide des USA.
Ils seront vaincus. Ils font encore partie de la Fédération de
Russie avec un gouvernement cruel à la solde de Poutine. L'islamisme
s'est développé dans ce pays comme on pouvait s'y attendre.
Ces guerres ont illustré la fureur à venir des nationalistes ex-soviétiques
qui prétendaient conquérir ou récupérer des territoires
pour consolider les frontières de l'URSS.
Le nationalisme soviétique, qui s'est construit dans la guerre civile,
s'est paré de la théorie de "la défense de l'URSS"
à tout prix, en se couvrant du voile de la défense de la révolution.
Cette théorie n'est en fait que la conception bolchévique puis
stalinienne de la construction de l'URSS, qui fait suite à celle de Lénine
lorsque celui-ci voulait se saisir de la Pologne en 1919.
La question finlandaise en 1939 illustre cette théorie, reprise par des
marxistes, opposants à Staline, pour justifier le comportement de ce
dernier.
Pourtant la duplicité avec laquelle l'URSS décide de s'approprier,
bien avant l'Afghanistan, un pays étranger à sa porte, est extraordinaire.
De ce point de vue, Poutine est dans la droite ligne d'une conception bolchévique.
En 1939 Staline, au nom de la défense et de la protection de l'URSS,
mène une opération de "libération des finlandais"
contre les "fascistes" (gouvernement de Mannerheim appelé ainsi)
qui avaient gagné le pouvoir dans la guerre civile de 1918, contre le
petit peuple.(6).
Cette guerre civile avait opposé cruellement les "blancs" (propriétaires
terriens, conservateurs) aux rouges ( prolétaires, métayers, petites
gens) soutenus par les bolchéviks en 1918. Ceux-ci, à la défaite
des "rouges" finlandais, durent reconnaître l'indépendance
de la Finlande, alors qu'une révolution victorieuse des "rouges"
leur aurait permis de s'approprier toute la Finlande.
En novembre 1939, Staline organise à la frontière entre les deux
pays, une mise en scène de bombardement d'un village russe par de soi-disant
finlandais, pour "riposter" et envahir ainsi la Finlande. Il compte
sur les divisions du peuple pour faire une guerre éclair d'occupation
et fait bombarder 15 villes. Mais les finlandais résistent vivement tous
ensemble tout l'hiver, et cela scelle leur unité. Malgré tout,
ils seront vaincus, mais les russes perdront un nombre considérable d'hommes
mal équipés dans la neige. La Finlande perdra une partie de la
Carélie qui fait frontière avec l'URSS. L'ensemble des marxistes
justifieront cette intervention de "consolidation" des frontières
au nom de la défense de l'URSS. Raisonnement absurde puisque le gouvernement
finlandais, ennemi définitif de l'URSS, s'alliera de ce fait à
l'Allemagne nazie pendant la guerre.
Mais encore ! On a oublié l'occupation des pays de l'est par Staline
après Yalta et Postdam, entre 1945 et 1948, qui a constitue une extension
de l'impérialisme soviétique par la force militaire : Staline,
autre vainqueur des nazis, a terrifié l'Occident.
Poutine aujourd'hui se réclame de fait de la légitimité
de Postdam, sans jamais en parler.
Certains ont considéré que les pays de l'Est, devenus communistes,
étaient une extension "d'octobre 17" ! Ce fut une colonisation
du type de celle pratiquée par l'Occident
Poutine poursuit aujourd'hui en Ukraine, à sa façon paranoïaque,
un objectif fixé, il y a plus de 20 ans, mais dans le droit fil de la
guerre civile de 1919. Il est commode pour lui, comme pour la Chine, face à
la veulerie de l'Occident, de mettre en avant les responsabilités de
l'OTAN et des USA, qui auraient " attisé les flammes " ces
dernières années (Le Monde du 23 mars 2022. Alice Ekman), pour
justifier ses actions belliqueuses.
Argument repris par certains courants d'extrême gauche empressés
de voir en Poutine des relents du bolchévisme! Ce qui est vrai mais pas
dans le sens voulu.
L'Ukraine avec renoncé à entrer dans l'OTAN le 3 juin 2010 par un vote au parlement, dans le but de calmer la Russie et d'amadouer celle-ci. En réalité la Russie y a vu un capitulation et une opportunité pour se préparer à occuper l'Ukraine par petits bouts
L'expression " les provocations de l'OTAN " relèvent aujourd'hui,
à l'évidence, dans la guerre contre l'Ukraine, de la propagande
" poutinienne ", ce qui ne justifie en aucune façon que la
politique de celle-ci soit correcte.
Encore faut-il l'analyser
C'est ainsi que l'OTAN a laissé des souvenirs terribles en bombardant
la Serbie inutilement en 1999, sans l'avis de l'ONU, pour en finir avec la guerre
du Kosovo ; c'est ainsi que les USA ont utilisé des provocations insupportables
et fausses, pour envahir l'Irak en 1991, et des mensonges de type " poutiniens
" en 2003 pour ravager ce même pays
etc
Cela démontre que d'une certaine façon, les mêmes peuvent
être à l'uvre, d'un côté et de l'autre, mais
pas au même moment, pour détruire des pays convoités et
leurs peuples. Cela n'explique ni n'excuse Poutine d'avoir envahi l'Ukraine
en février 2022.
Il faut rappeler que l'Allemagne et la France au sein de l'OTAN s'opposent depuis
un certain temps à toute demande nouvelle d'adhésion de la part
des pays de l'Est. Aujourd'hui a-t-on le droit de réfléchir sérieusement
à ces problèmes, et de se demander si tel acte est légitime
Qui pratique le bien ? Qui pratique le mal ?
La méthode employée par Staline pour "consolider" les
frontières de l'URSS, n'a donc pas échappé à Eltsine
et Poutine, qui s'en sont inspirés dès 1994 et 1999 en Tchétchénie,
puis en bombardant en août 2008 la Géorgie pour lui ravir l'Ossétie
du sud et l'Abkhazie, puis en 2014 pour saisir la Crimée, le Donbass..
et 2022 pour envahir l'Ukraine, sans oublier l'intervention en Syrie, à
la demande d'Assad, et la destruction totale d'ALEP en 2013.
Le monde occidental laissera largement faire. Poutine est-il l'exécutant
des basses uvres de l'Occident ? N'oublions pas que la Syrie est habitée
en majorité d'arabes et de musulmans qui n'ont pas reçu l'aide
appropriée, tout comme la Tchéchénie.
Pourquoi l'Afghanistan fut le seul pays à recevoir l'aide nécessaire
pour se défendre ?? La Russie était-elle devenue après
1991, un allié indiscutable des pays occidentaux ? La mise à sac
de l'industrie soviétique, déjà mal en point, a-t-elle
valu caution de l'acceptation de l'ultra libéralisme par la Russie ?
Etait-ce un passage obligé ? Un passeport de bonne conduite ? De ce point
de vue l'Occident laisserait faire cet allié incomparable ?
Les mensonges colportés et diffusés largement depuis 2004 sur
les" fascistes" qui gouverneraient de façon homogène
l'UKRAINE (7) ressemblent à s'y méprendre à l'excuse inventée
par Staline pour bombarder la Finlande de 1939, ou pire aux insultes inventées
par Trotsky, chef de l'Armée rouge, contre Makhno pour exterminer les
anarchistes russes et ukrainiens
ou à l'insulte " 'hitléro-trostkyste
" de Staline contre Trotsky lui-même pour l'assassiner !!
Les mensonges sur la " révolution orange", laquelle aurait
été fomentée et manipulée par les USA, ressemblent
à ceux lancés contre les démocrates syriens " manipulés
par les USA " pour en découdre contre Assad
.
Le malheur est qu'il s'agit d'une propagande efficace qui fait dérailler
des groupes marxistes en Europe qui reprennent la propagande russe sous des
formes diverses.
En réalité en 2004, les protestations contre l'élection
frauduleuse du pro-russe Viktor Ianoukovitch, déclaré vainqueur
de l'élection présidentielle ukrainienne, se transformèrent
en "révolution orange" place Maïdan pendant 2 mois. La
révolution biélorusse de 2021 n'est que la réplique de
la " révolution orange ".
Le nationalisme russe aurait dû être contré par des propositions
lucides de collaborations économiques et culturelles entre les peuples
avant 1991. Au contraire il a été encouragé par la cécité,
l'arrogance et l'indignité d'un Occident aux ordres de l'école
américaine de Chicago
Aujourd'hui la résistance opiniâtre, courageuse des ukrainiens,
contre l'impérialisme russe, symbolise le combat pour la démocratie
au compte de toute l'Europe. Cette évidence, avant même d'être
formulée de façon claire et consciente, a permis déjà
de revisiter le passé, ce qui explique le surgissement d'articles et
d'analyses, encore impensées il y a quelques mois, ou inaudibles jusqu'à
présent.
Les ukrainiens doivent être vainqueurs. Nous devons les y aider.
Non seulement les ukrainiens ont subi la pire des famines organisée par
Staline en 1932-33, pour venir à bout de la résistance des paysans
contre la collectivisation, mais ils viennent de subir l'interdiction en Russie,
en janvier 2022, de l'ONG MEMORIAL contre l'HOLODOMOR, crée à
la mémoire des victimes. C'était lourd de sens avant l'entrée
de l'armée russe en Ukraine. La France fait partie des pays qui n'ont
pas reconnu l'HOLODOMOR. 37 pays l'ont reconnu dont les USA.
Il y a un grand absent ukrainien, jusqu'à présent, dans les prises
de position publiques contre la guerre : le mouvement anarchiste ukrainien.
Incarné par Makno en URSS, né à Zaporijia sur le Dniepr,
qui allia son armée à l'armée rouge en 1919 pour combattre
les blancs, le mouvement anarchiste ukrainien, très important à
l'époque, fut rapidement pourchassé par l'armée rouge de
Trotsky, car il combattait pour des soviets libres de tout parti. Il fut complètement
décimé.
Voici ce qu'écrit ce mouvement, aujourd'hui ressuscité, composé
essentiellement de jeunes, juste avant l'invasion: " Cela vaut-il la
peine de combattre les troupes russes en cas d'invasion ? Nous pensons que oui.
Les options que les anarchistes ukrainiens envisagent à l'heure actuelle
comprennent l'adhésion aux forces armées de l'Ukraine, l'engagement
dans la défense du territoire, l'engagement dans un parti, et le volontariat.
L'Ukraine est désormais à l'avant-garde de la lutte contre l'impérialisme
russe. La Russie dispose de plans à long terme pour détruire la
démocratie en Europe. Nous savons que ce danger fait encore peu l'objet
d'attention en Europe
. " (8)
La compréhension du passé, la levée des tabous sur ce qui
était encore impossible de penser jusqu'au bout, entravés que
nous étions par un conservatisme de la raison, et par l'ultralibéralisme
occidental, vont provoquer, espérons-le, une modification des perspectives,
et sans doute une clarification sur ce que doit être la démocratie,
et le combat à mener pour qu'elle soit victorieuse.
AMC 3-4-22
Notes :
(1)Les articles très importants du Monde du 24-3-22 de Anne Applebaum,
et du 31-3-22 de Michel Elchaninoff (Poutine mène une guerre de civilisation),
très nouveaux dans leur contenu, sont essentiels à la compréhension
de ce qui se passe aujourd'hui
(2) Même l'historien Pierre Broué, peu prompt à critiquer les bolchéviks, pose la question de la fin de l'extension de la révolution avec le traité de Rapallo de 1922, dans son livre sur la Révolution allemande. 1971. Les Editions de Minuit
(3)Alexandra Kollontaï, grande féministe russe, a rédigé le Code de la famille, le plus émancipateur du 20ème siècle, pour le compte de l'URSS. Ce code a rallié les femmes à la révolution déjà confisquée. Kollontaï sera rapidement écartée de l'URSS et le code aura pratiquement disparu en 1924 (" ne convenant pas aux ouvriers ")
(4)Lire parmi tant d'autres, les récits de Evguenia Guinzbourg : " Le vertige " et " Le ciel de la Kolyma " 1967 et 1980 au Seuil, et " Vie et destin " de Vassili Grossman chez Julliard, sur la liquidation des communistes, entre autres .
(5)Naomi Klein, La stratégie du choc. Actes Sud 2008, p 266 et suivantes
(6)Résumé de cet épisode dans le Magazine du Monde, 1ère semaine de mars 2022
(7) Le bataillon ukrainien Azov, ultranationaliste, s'est engagé contre l'occupation russe, et n'a jamais atteint 2% aux élections.
(8)collectif de jeunes anti-autoritaires d'Ukraine. Texte publié le
22-2-2022 par " Marseille Infos Autonomes ", 2 jours avant la guerre.
La République de Crimée a subi dans l'URSS la famine organisée
par Staline en 1932-33, c'est-à-dire l'Holodomor, exactement comme la
République d'Ukraine.
Le fait que de nombreux russes y habitaient déjà n'a rien changé
à la brutalité de la politique de Staline, concernant la collectivisation
forcée.
La Crimée a ensuite été occupéé par les
nazis en 1941, étant un point stratégique. Sébastopol a
résisté avec ténacité à cette occupation
et s'est fait une réputation pour cela.
L'armée rouge a repris la Crimée aux nazis en 1944.
En représaille d'avoir été occupée par les nazis,
Staline a fait déporter les tatars (une minorité) de Crimée
en Asie. 44 % sont morts en route ou de mauvais traitements. Ce type de déportation
a touché, on l'a vu, les Tchétchéchènes et les Ingouches
à la même époque. Les habitants russes n'ont pas été
déportés.
La République de Crimée fut rétrogradée en Oblast
(région dirigée par un gouverneur) dans l'URSS, et Sébastopol
fut directement rattachée à la Russie : ainsi en avait décidé
le tsar de l'époque en 1944.
Qu'on n'aille pas dire que les russes de Crimée avaient toutes les raisons
d'aimer l'URSS pour n'avoir pas été déportés !
Kroutchev, dans sa bonté, a rattaché l'Oblast de Crimée
à l'Ukraine en 1956. Les deux avaient subi l'Holodomor
En 1967, les tatars furent réhabilités et autorisés à
revenir en Crimée. C'est devenu une diaspora qui ne retrouve pas ses
biens. On en compte près de 500 000 en Crimée.
En 1991, à la chute de l'URSS, La Crimée (qui avait tellement
aimé l'URSS), se déclare " République autonome ",
comme des dizaines d'autres, et prépare une constitution en 92. Mais
rattachée juridiquement à l'Ukraine, cette dernière n'accepte
pas la constitution.
En 1997, comme pour manifester son soutien aux russes de Crimée ( !), la Russie reconnait le rattachement de la Crimée à l'Ukraine !! (en fait pour créer la zizanie entre populations, ce qui fut sa politique constante).
Mais en 2014, Poutine qui poursuit un plan de rattachement forcé de
plusieurs Républiques à la fédération de Russie,
décide de s'approprier la Crimée.
La méthode est intéressante :
-le 1er mars 2014, les blindés russes occupent la Crimée !
-le 9 mars, la Russie organise un référendum demandant aux habitants
leur choix : Russie ou Ukraine !!
Un référendum avec des blindés dans les rues donne tout
pouvoir à la Russie. On appelle cela la démocratie.
Ensuite c'est au tour de la Géorgie qui capitule et entre dans la fédération
de Russie.
Au Donbass, la population ne se laisse pas faire. C'est la guerre civile de
2014 à 2022
(lire " la Grande Russie de Poutine ")
21-4-22 AMC
Impossible pour nos esprits endormis par le société de consommation, enkylosés par "l'amitié poutinienne" de l'Europe, et ceci malgré le martyr subi par les syriens du fait des bombardements russes pour aider le dictateur Assad à exterminer une partie de sa population... oublieux de l'histoire, formatés par l'Europe coupable de s'être tue face à Poutine depuis 1994 !
Qui est Poutine ? Un ancien du KGB, un représentant du nationalisme "Grand russe" de l'URSS, issu de la "théorie de la défense de l'URSS" avant tout, du "socialisme dans un seul pays" attribué à Staline, mais inscrit dans la politique de Lénine (Traité de Rappalo de 1922), issu de la dictature du parti unique et de ses polices politiques, issu de la répression féroce contre les opposants politiques, les paysans, les ouvriers, les intellectuels, les poètes....issu des Goulags depuis 1922... issu du flirt permanent avec le nationalisme allemand...
L'échec en Russie du capitalisme d'Etat (échec dont la Chine tirera profit en ne relâchant jamais la machine répressive, la terreur, le bourrage de crâne..) a laissé des rancoeurs terribles dans la tête des oligarques russes, qui avaient construit leur fortune sur la prédation du bien public, sur l'exploitation éhontée des travailleurs de toutes sortes, en s'alliant à la mafia qui occupait une place de choix dans le PCUS..
L'échec de la Russie a entraîné l'indépendance de facto de quantité de pays baillonnés par l'URSS dont les pays Baltes, l'Ukraine, la Moldavie, le Kirgystan, l'Ouzbékistan, la Tchétchénie... et d'autres.
Les nationalistes communistes russes (très fascisants) ont vu s'effondrer leurs rêves de la Grande Russie. Après Eltsine, ils ont placé leurs espoirs en Poutine.
Schématiquement, Poutine, comptant sur la sottise des occidentaux, et leur "stratégie du choc" comme seule réponse à la demande populaire de démocratie incarnée pour partie par Gorbatchov, a conçu un plan de récupération des territoires perdus, en imaginant que celle-ci serait facile.
Il a commencé par la Tchétchénie (ressources pétrolières) martyrisée par Staline qui avait déporté en 1944 ses habitants en Asie, maillon faible, croyait-il. Il n'en fut rien : guerre féroce en 1994 sous Elsine avec destruction presque totale de Grosny, la capitale; puis 2ème guerre en 1999 où le pays passe sous la direction directe de la Russie. La mainmise sur le Caucase à titre définitif est une question importante pour la circulation pétrolière.