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    RUSSIE de Poutine

    (lire "Revolution, communisme, bolchévisme)

     

    RETOUR VERS L' HISTOIRE: Naissance des oligarques

    Rappelons nous, après l'effondrement de l'URSS, de nombreux Etats à l'intérieur de l'URSS décident de prendre leur indépendance. Ceci est complètement compréhensible. Echapper à ce que fut l'URSS et devenir indépendant !

    Mais cette indépendance ne s'est pas faite avec le peuple des Etats concernés, la démocratie étant largement ignorée.

    Le peuple était pour cette indépendance, mais il n'était pas pour que leurs anciens responsables ou membres du KGB en profitent pour se saisir des biens du pays. Le peuple a laissé faire après plus de 70 ans de soumission au pouvoir ! C'est ainsi que les prédateurs des différents pays de l'URSS et la Russie elle-même, en ont profité pour acheter à bas prix les entreprises de ces pays, la privatisation étant devenue à la mode et étant un mot d'ordre occidental.

    La classe des oligarques s'est constituée de cette façon dans tous les ex pays de l'URSS, et en URSS elle-même, sur demande des USA. Mais pas seulement, une mafia en tous genres dans tous les domaines, s'est saisie de l'économie russe.

    Nous avons avons retrouvé une vieil article de la "Tribune Desfossés du 13-9-1994 qui fait état de 5600 groupes criminels qui contrôleraient en Russie même plus de 35% du volume des affaires.

    Tous les trafics possibles ( drogue, prostitution, import-export, armes......) ont été rendus possible en l'absence de lois sur la gestion de l'économie et des affaires.

    Des fortunes gigantesques ont été constituées, largement placées à l'étranger.

    .....

    Mars 2023

     

     

     

    LOIN TRES LOIN DE ALEXANDRA KOLONTAI

    Souvenons nous que Lénine, pour avoir l'appui des femmes, avait chargé la féministe russe Alexandra Kolontaï, de rédiger le code de la famille du nouvel Etat.

    Une façon de se faire pardonner la transformation des soviets en organes administratifs ainsi que la liquidation de la révolution de février 1917 !

    A Kolontaï rédigea le code de la famille le plus moderne, le plus évolué qui soit, un modèle du genre, en faveur des femmes, des enfants, des homosexuels. Il fit beaucoup d'heureux pendant quelques années, puis Kolontaï passa à l'opposition ouvrière et fut envoyée comme ambassadrice dans différents pays dès 1922 où l'URSS vit le retour à des moeurs très encadrés et puritains...

    C'en était fait.....

     

    La loi actuelle en Russie exclut toute référence aux homosexuels , interdit toute mise en cause des valeurs familiales.

    Le combat civilisationnel contre l'Occident satanique est une priorité, à peu près dans les mêmes termes en Chine, et en Iran...

    Le patron du groupe Wagner , un repris de justice Evgueni Prigogine, a maintenant droit de cité en Russie. Il fait le tour des prisons, embauche pour faire la guerre contre l'Ukraine, en 1ère ligne, avec peu de chances d'en réchapper; fait des promesses contraires à la loi, mais il a toutes les permissions de Poutine.

    Il a convoité le pétrole syrien, les diamants de Centrafrique, l'or du Mali ???

    Progogine envoie à la mort certaine, les prisonniers qu'il sort de prison en Russie

    (les Mondes des 18- 26-27-28- novembre 22)

    (Rappel: Emmanuel Todd avait prédit en 1976 l'effondrement de l'URSS en voyant baisser l'espérance de vie, dysfonctionner le système de santé, croître l'addiction aux opioïdes et à l'alccol....

    (La Chute finale 1976) )

     

     

     

    Le gouvernement russe félicite la victoire de l'extrême droite en Italie

    Le 26-9-22 Poutine fait adresser ses félicitations à Giorgia Meloni.

    L'alliance de la droite et de l'extrême droite en Italie donne la majorité à l'extrême droite.

    Après la Suède et la Hongrie, l'extrême droite avance en Europe... voir la France également.

    Bruit de bottes, antisémitisme, chasse aux musulmans, chasse aux émigrés....

    La Russie d'aujourd'hui, héritière du soviétisme, a joué et joue un rôle de premier plan pour permettre l'expansion du fascisme.

    C'est une conséquence du monstre produit par la dictature du bolchévisme et du stalinisme

    Le 27-9-22

     

    La "Grande Russie" de Poutine contre la démocratie.


    Poutine, d’abord premier ministre de Eltsine le 8 août 1999, puis Président par intérim le 31-12-1999, lors de la démission de Eltsine, devient Président de la Fédération de Russie, le 7 mai 2000. Cette fédération remplace l’URSS, dissoute le 8-12-1991. Toutes les républiques de l’ex URSS sont appelées à entrer dans la Fédération.
    Or une partie de celles-ci, ayant tellement souffert de leur passé dans l’URSS, fuient et proclament leur indépendance. Il s’agit des pays Baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie), de l’Ukraine, la Biélorussie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Moldavie, la Géorgie, la Tchétchénie et, en Asie centrale, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan, soit 15 Républiques.
    En outre, les pays de l’est sur qui l’URSS avait étendu son pouvoir après Yalta et Potsdam, entre 1945 et 1948 sont l'Albanie, l'Allemagne de l'Est (ou RDA), la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, soit 8 républiques qui vont toutes retrouver leur indépendance après 1991...
    Les nationalistes de l’ex URSS vécurent cela comme un démantèlement de l’Empire. Ils mirent en cause l’influence de l’Occident et son rôle nocif car une grande partie de ces républiques vont demander au fil du temps leur adhésion à l’UE (union européenne) et la protection de l’OTAN.
    Qui pourrait s’en étonner ? L’histoire de chacune de ces républiques est cauchemardesque. A titre d’exemple, la Tchétchénie a connu la déportation de 450 000 habitants, tchétchènes et Ingouches (hommes, femmes, enfants, vieillards), le 23-2-1944, en Asie Centrale, ceux-ci étant estimés non « soviétisables ». Transportés en wagons à bestiaux, beaucoup moururent en route.
    Autre exemple, l’Ukraine vécut une terrible guerre civile de 1919 à 1921, bien que l’un de ses chefs anarchiste, Makhno, prêta main forte aux bolchéviks dans sa chasse contre Dénikine, un général tsariste. Il fut ensuite pris en chasse par l’Armée Rouge et dû fuir en France en 1923. Les ukrainiens voulant des soviets libres, non bolchévisés, le payèrent très cher, et se firent infliger une famine organisée par Staline dans les années 1932-33, qui fit plus de 5 millions de morts …

    Poutine est non seulement le produit du KGB transformé en FSB (service de sécurité fédéral), et d'un Communisme devenu monstrueux, particulièrement sous Staline, mais il est aussi le produit du nationalisme "Grand russe" de l'ex URSS. A ce titre, Poutine n’a jamais accepté le refus des républiques ci-dessus de faire partie de la Fédération de Russie.
    Poutine s'est donc donné pour tâche, à sa prise du pouvoir dès 1999, de récupérer par tous les moyens ces républiques. Entre autres la Tchétchénie, la Géorgie et l’Ukraine par petits morceaux…

    Le nationalisme russe.

    Il convient aujourd’hui de parler de ce nationalisme que l’Occident s’est efforcé d’ignorer, après la chute de l’URSS, tant il est apparu nécessaire de faire de Poutine, à la suite de Eltsine, un occidental intégré et d’y croire. Rappelons que Mitterrand avait proposé une confédération européenne entre l’Europe et la Russie, projet qui n’aboutira pas.
    Un excellent article paru dans le Monde diplomatique d’avril 2022 « Qui sont les faucons de Moscou ? », indique que les « nationaux patriotes » russes se constituent en courant politique en même temps que les « occidentalistes » de la Pérestroïka, entre 1985 et 1991, au sein même du PCUS avant la fin de l’URSS.
    Les « nationaux patriotes » sont nostalgiques de la Russie impériale et de l’establishment du complexe militaro-industriel de l’URSS.
    Il faut saisir le contenu de ce courant. Celui-ci veut restaurer les valeurs traditionnelles et spirituelles de la Grande Russie et a fait alliance avec la partie monarchiste de l’Eglise orthodoxe, avec les musulmans traditionnalistes, et les partisans spirituels de Staline (1). Il fait alliance aujourd’hui avec toute l’extrême droite européenne.
    Selon ce courant, la démocratie occidentale serait porteuse de toutes les valeurs décadentes liées, pêle- mêle, aux libertés individuelles, qui fustigent les valeurs morales et conduisent à la dépravation des mœurs.
    La propagande russe actuelle, produite par Poutine et ses proches, contre la démocratie et l’Occident, ressemble à s’y méprendre à celle de l’Arabie Séoudite, de l’Iran….. et à la propagande islamiste.
    Mais cette propagande s’appuie également sur les guerres occidentales de colonisation et leurs destructions, qui n’ont pas cessé depuis la 2ème guerre mondiale, pour amalgamer , en un tout homogène fallacieux, le principe démocratique qui demeure le ciment de l’Occident, avec un impérialisme américain (ou occidental) conquérant et destructeur.

    Si ce principe démocratique (dont les bases ont été posées dans les révolutions américaine de 1776, et française de 1789), n’est plus libérateur, alors le nationalisme tel qu’il s’exprime aujourd’hui en Russie a toutes ses chances de conquête…..

    Pour ceux qui ont cru au communisme, la débâcle de l’URSS est, pour certains, inexplicable.
    Décoder le vrai du faux exige un travail méticuleux contre une chape de plomb parfois bien arrangeante.

    Dans les 5 premières années de son existence l’URSS s’est liée avec les pires tares du totalitarisme : parti unique, liquidation des soviets libres et démocratiques de février 1917, justice aux ordres, rejet de la séparation des pouvoirs, police politique, féroce guerre civile contre la paysannerie et de conquête, et pour finir, le traité de Rapallo de 1922 instituant secrètement la collaboration militaire avec les nationalistes allemands…(2).
    Tout cela a permis, peu à peu et insidieusement, le retour aux valeurs traditionnelles de la Russie impériale, et a engendré un nationalisme patriote à la place de l’internationalisme prolétarien. C’est ainsi que par exemple le magnifique projet d’émancipation d’Alexandra Kolontaï de 1917, incarné dans le code de la famille ! (3) ne fera pas long feu.
    D’autant que les vrais communistes militants de la première heure furent systématiquement arrêtés et jetés dans les camps dans les années 1937-38 (4) après la mise en accusation et l’assassinat de tous les premiers bolchéviks.

    Préférence de la « stratégie du choc » à Gorbatchev 



    Si Gorbatchev avait pu en 1991 réformer l'URSS, d’en haut, comme il le souhaitait, et si, dans les conditions sociales et économiques très dégradées de l’URSS, les USA avaient répondu positivement à sa demande d'aide financière, l’histoire aurait peut-être été différente. Mais c’était rêver !
    En effet en mai 1991, le FMI, la Banque mondiale, les USA et le G7 exigent la privatisation de toute l’industrie russe, et la fin du contrôle des prix, avant toute aide, ce qui est inacceptable pour Gorbatchev qui en imagine les conséquences. Le récit qu’en fait Naomi Klein dans « La stratégie du choc » est presque insoutenable, tant les occidentaux rient au nez cyniquement de Gorbatchev en lui demandant d’être le Pinochet de la Russie (5). Celui-ci démissionne et Eltsine fera le travail exigé pour recevoir une aide. Ce fut la curée !. Mais le complexe militaro-industriel revanchard de l'URSS restera debout et jurera vengeance.
    On voit mal en effet les USA aider à restaurer la Russie des révolutions de 1905 et de février 1917 ( !!!), ou même simplement de permettre l'introduction d'une démocratie de type occidental en Russie sans avoir auparavant vu démanteler l’industrie soviétique ! La Russie ne fut pour eux que l'ouverture d'un marché juteux ! Pourtant ! C’est là en 1991 que se situe la responsabilité objective immense des Occidentaux et pas dans les grimaces provocatrices de l’OTAN plus tard.
    Pourtant Gorbatchev était « occidentalisé »….Poutine ne le sera pas.

    Les USA ont de ce fait favorisé les oligarques, mafieux, nationalistes et militaires, tous membres du PCUS, prédateurs du bien commun, dans leur choix de continuer à piller ce qu'il y avait à piller en URSS, contre les masses ouvrières et paysannes.
    De ce point de vue, les USA ont préparé la revanche de ces gens- là, revanche qui s'est mise en marche dès 1994 avec le début de la destruction en règle de la Tchétchénie qui s'était déclarée indépendante en 1991. Celle-ci possédait, outre du pétrole, un oléoduc venu d’Azerbaïdjan… (les plus grandes réserves de pétrole de la mer caspienne).
    Cette guerre de reconquête se situe dans la tradition bolchévique.


    Retour bref sur la guerre civile après octobre 1917


    Cette tradition de reconquête s’est forgée dans la guerre civile de 1918 à 1921.
    L’indépendance de certaines républiques de l’URSS est d’autant plus insupportable aux yeux des nationalistes de 1991, que dans la tradition « révolutionnaire » bolchévique, la révolution devait s’étendre naturellement à toutes les régions de la Russie tsariste, sans défection. S’il n’en était pas ainsi, la révolution devait s’imposer par les armes.
    En février 1917, l’occupation des usines, l’expropriation des terres des grands propriétaires terriens par les paysans, dans toute la Russie et ses régions proches, entraîna la création spontanée de soviets (ou conseils) sur le modèle de 1905, tandis que le tsar démissionnait. Un pouvoir constitutionnel provisoire très fragile s’instaurait et les soldats engagés dans la grande guerre fuyaient leurs régiments et rentraient dans les campagnes. Tout indiquait que la situation pouvait évoluer vers une fédération de tous les soviets, dont nul ne sait quelle aurait été sa destinée.
    Les bolchéviks minoritaires dans les soviets, ne l’entendirent pas ainsi et prirent le pouvoir par les armes en octobre, en s’appuyant sur des régiments qui leur étaient acquis. Ils bousculèrent le gouvernement provisoire et récusèrent l’assemblée constituante à laquelle ils s’étaient engagés.
    Au cours de la guerre civile qui suivit cette prise du pouvoir, un désordre indescriptible s’ensuivit sur tous les fronts de la Russie. Il fallut aux bolchéviks garder le pouvoir, le justifier, et l’étendre, avec l’outil de l’Armée Rouge faite d’ouvriers et de paysans enrôlés par la conscription . Conflits avec la paysannerie soutenue par les socialistes révolutionnaires et les mencheviks, conflits avec des nationalités qui cherchaient leur indépendance, conflits avec des bandes armées tsaristes soutenues par les belligérants anglais ou français, conflits avec des soviets qui récusaient les bolcheviks, conflits violents suscités par des réquisitions sans fin….
    Ceux-là qui avaient eu comme mot d’ordre « A bas la guerre », firent plus que défendre par les armes leur pouvoir sur l’ensemble du territoire, mais voulurent en conquérir de nouveaux pour préserver « les acquis de la révolution ». Pour ce faire ils durent d’abord mâter la paysannerie, lui imposer la conscription, en même temps que des prélèvements agricoles obligatoires, qui créèrent rapidement la famine dans des régions entières.
    C’est ainsi que Lénine imagina en novembre 1918 la Pologne comme un pont que l’Armée Rouge devait franchir pour faire la jonction avec la révolution allemande ( !). Sur le corps de la « Pologne blanche ». Après le traité de Versailles de juin 1919, la guerre civile en Russie est dès lors aussi une guerre de conquête et de reconquête contre des ennemis innombrables. Ceci dure 4 ans et consolide la dictature au risque de l’explosion sociale.
    Si les bolchéviks sont parvenus à garder le pouvoir en Russie, ils seront vaincus par les polonais en octobre 1920. La paix de Riga est signée le 18 mars 1921 qui marque la fin de la guerre civile. L’URSS dut reconnaître l’indépendance de la Pologne mais récupéra l’Ukraine.
    Cet épisode avec la Pologne est emblématique du comportement du gouvernement de l’URSS. La tentation de prise de territoires nouveaux par l'URSS est demeurée une tradition avant même qu’il s’agisse de récupérer un territoire perdu.

    De la tentative de conquête de l’Afghanistan à la reconquête de la Tchétchénie


    L'exemple de l'Afghanistan qui est envahi le 27-12-1979 par l'armée soviétique, sous couvert d'aider un gouvernement chancelant pro-russe, fait partie des libertés que se permet l’URSS tout au long de son histoire. Celle-ci en partira vaincue en 1989, en laissant des milliers de morts et un pays ravagé. Les combattants sont essentiellement des paysans musulmans qui vaincront grâce aux missiles Stinger apportés par les USA via la CIA, avec l'aide de Ben Laden, créature de la CIA à l'époque. L'Europe ne trouva rien à y redire ( Les USA croyaient maîtriser le processus mis en route par cette aide, il n'en sera rien....). L’histoire du djihadisme armé trouva en Afghanistan son terrain de prédilection. Tout ceci a été analysé.
    Fallait-il ne pas aider les afghans, ou les aider ? Aucune instance internationale n’a manifesté contre cette intervention militaire illégale. Il eût fallu les aider officiellement en toute clarté.
    C'est Léonid BREJNEV qui avait lancé l'occupation de l'Afghanistan, c’est Gorbatchev qui décida de retirer les troupes russes de ce pays en 1989, trop tard !
    La déconvenue et l'esprit de revanche devint considérable des deux côtés chez les nationalistes.
    Plus tard, après l’indépendance autoproclamée de la Tchétchénie en 1991, l’URSS occupa ce pays pour l’obliger à rester dans la fédération de Russie. Le massacre effroyable de la population à Grozny et la démolition de la ville se fit en deux temps : 1994 où l’URSS dut se retirer, et à nouveau en 1999, cette fois avec Poutine, qui déclara que tous les hommes étaient des terroristes et devaient être poursuivis.
    On n’entendra que le silence de l'Europe. Les musulmans tchétchènes se sont férocement battus, mais n’ont pas reçu d’aide des USA. Ils seront vaincus. Ils font encore partie de la Fédération de Russie avec un gouvernement cruel à la solde de Poutine. L’islamisme s’est développé dans ce pays comme on pouvait s’y attendre.
    Ces guerres ont illustré la fureur à venir des nationalistes ex-soviétiques qui prétendaient conquérir ou récupérer des territoires pour consolider les frontières de l’URSS.


    La défense de l’URSS et la question finlandaise.


    Le nationalisme soviétique, qui s'est construit dans la guerre civile, s'est paré de la théorie de "la défense de l'URSS" à tout prix, en se couvrant du voile de la défense de la révolution. Cette théorie n’est en fait que la conception bolchévique puis stalinienne de la construction de l'URSS, qui fait suite à celle de Lénine lorsque celui-ci voulait se saisir de la Pologne en 1919.
    La question finlandaise en 1939 illustre cette théorie, reprise par des marxistes, opposants à Staline, pour justifier le comportement de ce dernier.
    Pourtant la duplicité avec laquelle l'URSS décide de s'approprier, bien avant l’Afghanistan, un pays étranger à sa porte, est extraordinaire. De ce point de vue, Poutine est dans la droite ligne d’une conception bolchévique.
    En 1939 Staline, au nom de la défense et de la protection de l'URSS, mène une opération de "libération des finlandais" contre les "fascistes" (gouvernement de Mannerheim appelé ainsi) qui avaient gagné le pouvoir dans la guerre civile de 1918, contre le petit peuple.(6).
    Cette guerre civile avait opposé cruellement les "blancs" (propriétaires terriens, conservateurs) aux rouges ( prolétaires, métayers, petites gens) soutenus par les bolchéviks en 1918. Ceux-ci, à la défaite des "rouges" finlandais, durent reconnaître l'indépendance de la Finlande, alors qu'une révolution victorieuse des "rouges" leur aurait permis de s'approprier toute la Finlande.
    En novembre 1939, Staline organise à la frontière entre les deux pays, une mise en scène de bombardement d'un village russe par de soi-disant finlandais, pour "riposter" et envahir ainsi la Finlande. Il compte sur les divisions du peuple pour faire une guerre éclair d'occupation et fait bombarder 15 villes. Mais les finlandais résistent vivement tous ensemble tout l'hiver, et cela scelle leur unité. Malgré tout, ils seront vaincus, mais les russes perdront un nombre considérable d'hommes mal équipés dans la neige. La Finlande perdra une partie de la Carélie qui fait frontière avec l'URSS. L'ensemble des marxistes justifieront cette intervention de "consolidation" des frontières au nom de la défense de l'URSS. Raisonnement absurde puisque le gouvernement finlandais, ennemi définitif de l'URSS, s'alliera de ce fait à l'Allemagne nazie pendant la guerre.
    Mais encore ! On a oublié l'occupation des pays de l'est par Staline après Yalta et Postdam, entre 1945 et 1948, qui a constitue une extension de l’impérialisme soviétique par la force militaire : Staline, autre vainqueur des nazis, a terrifié l'Occident.
    Poutine aujourd’hui se réclame de fait de la légitimité de Postdam, sans jamais en parler. 
    Certains ont considéré que les pays de l'Est, devenus communistes, étaient une extension "d'octobre 17" ! Ce fut une colonisation du type de celle pratiquée par l'Occident


    Et l’OTAN dans tout cela ?


    Poutine poursuit aujourd’hui en Ukraine, à sa façon paranoïaque, un objectif fixé, il y a plus de 20 ans, mais dans le droit fil de la guerre civile de 1919. Il est commode pour lui, comme pour la Chine, face à la veulerie de l’Occident, de mettre en avant les responsabilités de l’OTAN et des USA, qui auraient « attisé les flammes » ces dernières années (Le Monde du 23 mars 2022. Alice Ekman), pour justifier ses actions belliqueuses.
    Argument repris par certains courants d’extrême gauche empressés de voir en Poutine des relents du bolchévisme! Ce qui est vrai mais pas dans le sens voulu.
    L'Ukraine avait renoncé à entrer dans l'OTAN le 3 juin 2010 par un vote au parlement, dans le but de calmer la Russie et d'amadouer celle-ci. En réalité la Russie y a vu une capitulation et une opportunité pour se préparer à occuper l'Ukraine par petits bouts….
    L’expression « les provocations de l'OTAN » relèvent aujourd’hui, à l’évidence, dans la guerre contre l’Ukraine, de la propagande « poutinienne », ce qui ne justifie en aucune façon que la politique de celle-là soit correcte.
    Encore faut-il l’analyser
    C’est ainsi que l’OTAN a laissé des souvenirs terribles en bombardant la Serbie inutilement en 1999, sans l’avis de l’ONU, pour en finir avec la guerre du Kosovo ; c’est ainsi que les USA ont utilisé des provocations insupportables et fausses, pour envahir l’Irak en 1991, et des mensonges de type « poutiniens » en 2003 pour ravager ce même pays… etc
    Cela démontre que d’une certaine façon, les mêmes peuvent être à l’œuvre, d’un côté et de l’autre, mais pas au même moment, pour détruire des pays convoités et leurs peuples. Cela n’explique ni n’excuse Poutine d’avoir envahi l’Ukraine en février 2022.
    Il faut rappeler que l’Allemagne et la France au sein de l’OTAN s’opposent depuis un certain temps à toute demande nouvelle d’adhésion de la part des pays de l’Est. Aujourd’hui a-t-on le droit de réfléchir sérieusement à ces problèmes, et de se demander si tel acte est légitime… Qui pratique le bien ? Qui pratique le mal ?


    Conclusion provisoire


    La méthode employée par Staline pour "consolider" les frontières de l'URSS, n'a donc pas échappé à Eltsine et Poutine, qui s'en sont inspirés dès 1994 et 1999 en Tchétchénie, puis en bombardant en août 2008 la Géorgie pour lui ravir l’Ossétie du sud et l’Abkhazie, puis en 2014 pour saisir la Crimée, le Donbass.. et 2022 pour envahir l'Ukraine, sans oublier l’intervention en Syrie, à la demande d'Assad, et la destruction totale d'ALEP en 2013.
    Le monde occidental laissera largement faire. Poutine est-il l’exécutant des basses œuvres de l’Occident ? N’oublions pas que la Syrie est habitée en majorité d'arabes et de musulmans qui n’ont pas reçu l’aide appropriée, tout comme la Tchéchénie.
    Pourquoi l’Afghanistan fut le seul pays à recevoir l’aide nécessaire pour se défendre ?? La Russie était-elle devenue après 1991, un allié indiscutable des pays occidentaux ? La mise à sac de l’industrie soviétique, déjà mal en point, a-t-elle valu caution de l’acceptation de l’ultra libéralisme par la Russie ? Etait-ce un passage obligé ? Un passeport de bonne conduite ? De ce point de vue l’Occident laisserait ensuite faire cet allié incomparable ?
    Les mensonges colportés et diffusés largement depuis 2004 sur les" fascistes" qui gouverneraient de façon homogène l'UKRAINE (7) ressemblent à s’y méprendre à l’excuse inventée par Staline pour bombarder la Finlande de 1939, ou pire aux insultes inventées par Trotsky, chef de l’Armée rouge, contre Makhno pour exterminer les anarchistes russes et ukrainiens …ou à l’insulte « ’hitléro-trostkyste » de Staline contre Trotsky lui-même pour l’assassiner !!
    Les mensonges sur la " révolution orange", laquelle aurait été fomentée et manipulée par les USA, ressemblent à ceux lancés contre les démocrates syriens « manipulés par les USA » pour en découdre contre Assad ….
    Le malheur est qu’il s’agit d’une propagande efficace qui fait dérailler des groupes marxistes en Europe qui reprennent la propagande russe sous des formes diverses.
    En réalité en 2004, les protestations contre l'élection frauduleuse du pro-russe Viktor Ianoukovitch, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle ukrainienne, se transformèrent en "révolution orange" place Maïdan pendant 2 mois. La révolution biélorusse de 2021 n’est que la réplique de la « révolution orange ».
    Le nationalisme russe aurait dû être contré par des propositions lucides de collaborations économiques et culturelles entre les peuples avant 1991. Au contraire il a été encouragé par la cécité, l’arrogance et l’indignité d’un Occident aux ordres de l’école américaine de Chicago
    Aujourd’hui la résistance opiniâtre, courageuse des ukrainiens, contre l’impérialisme russe, symbolise le combat pour la démocratie au compte de toute l’Europe. Cette évidence, avant même d’être formulée de façon claire et consciente, a permis déjà de revisiter le passé, ce qui explique le surgissement d’articles et d’analyses, encore impensées il y a quelques mois, ou inaudibles jusqu’à présent.
    Les ukrainiens doivent être vainqueurs. Nous devons les y aider.
    Non seulement les ukrainiens ont subi la pire des famines organisée par Staline en 1932-33, pour venir à bout de la résistance des paysans contre la collectivisation, mais ils viennent de subir l’interdiction en Russie, en janvier 2022, de l’ONG MEMORIAL contre l’HOLODOMOR, crée à la mémoire des victimes. C’était lourd de sens avant l’entrée de l’armée russe en Ukraine. La France fait partie des pays qui n’ont pas reconnu l’HOLODOMOR. 37 pays l’ont reconnu dont les USA.
    Il y a un grand absent ukrainien, jusqu’à présent, dans les prises de position publiques contre la guerre : le mouvement anarchiste ukrainien.
    Incarné par Makno en URSS, né à Zaporijia sur le Dniepr, qui allia son armée à l’armée rouge en 1919 pour combattre les blancs, le mouvement anarchiste ukrainien, très important à l’époque, fut rapidement pourchassé par l’armée rouge de Trotsky, car il combattait pour des soviets libres de tout parti. Il fut complètement décimé.
    Voici ce qu’écrit ce mouvement, aujourd’hui ressuscité, composé essentiellement de jeunes, juste avant l’invasion: « Cela vaut-il la peine de combattre les troupes russes en cas d’invasion ? Nous pensons que oui. Les options que les anarchistes ukrainiens envisagent à l’heure actuelle comprennent l’adhésion aux forces armées de l’Ukraine, l’engagement dans la défense du territoire, l’engagement dans un parti, et le volontariat. L’Ukraine est désormais à l’avant-garde de la lutte contre l’impérialisme russe. La Russie dispose de plans à long terme pour détruire la démocratie en Europe. Nous savons que ce danger fait encore peu l’objet d’attention en Europe…. » (8)
    La compréhension du passé, la levée des tabous sur ce qui était encore impossible de penser jusqu’au bout, entravés que nous étions par un conservatisme de la raison, et par l’ultralibéralisme occidental, vont provoquer, espérons-le, une modification des perspectives, et sans doute une clarification sur ce que doit être la démocratie, et le combat à mener pour qu’elle soit victorieuse.


    AMC 3-4-22


    Notes :
    (1)Les articles très importants du Monde du 24-3-22 de Anne Applebaum, et du 31-3-22 de Michel Elchaninoff (Poutine mène une guerre de civilisation), très nouveaux dans leur contenu, sont essentiels à la compréhension de ce qui se passe aujourd’hui
    (2) Même l'historien Pierre Broué, peu prompt à critiquer les bolchéviks, pose la question de la fin de l'extension de la révolution avec le traité de Rapallo de 1922, dans son livre sur la Révolution allemande. 1971. Les Editions de Minuit
    (3)Alexandra Kollontaï, grande féministe russe, a rédigé le Code de la famille, le plus émancipateur du 20ème siècle, pour le compte de l’URSS. Ce code a rallié les femmes à la révolution déjà confisquée. Kollontaï sera rapidement écartée de l’URSS et le code aura pratiquement disparu en 1924 (« ne convenant pas aux ouvriers… »)
    (4)Lire parmi tant d’autres, les récits de Evguenia Guinzbourg :  « Le vertige » et « Le ciel de la Kolyma » 1967 et 1980 au Seuil, et « Vie et destin » de Vassili Grossman chez Julliard, sur la liquidation des communistes, entre autres….
    (5)Naomi Klein, La stratégie du choc. Actes Sud 2008, p 266 et suivantes
    (6)Résumé de cet épisode dans le Magazine du Monde, 1ère semaine de mars 2022
    (7) Le bataillon ukrainien Azov, ultranationaliste, s'est engagé contre l'occupation russe, et n'a jamais atteint 2% aux élections.
    (8)collectif de jeunes anti-autoritaires d’Ukraine. Texte publié le 22-2-2022 par « Marseille Infos Autonomes », 2 jours avant la guerre.

    (lire en plus : la Crimée, comment la Russie se l’est ré- appropriée)
    ……………………………
    OTAN une discussion
    (J’offre aux lecteurs cet échange avec un journaliste du MD. Les articles proposés par Renaud Lambert sont en anglais, et montrent bien que ni l’OTAN, ni l’Ukraine n’avaient, et n’ont, modifié leurs objectifs à terme, ce dont la Russie n’était pas dupe. Le fond du débat se trouve-t-il cependant être là ?? A vous de juger)
    1)Le dim. 1 mai 2022 AMC écrit à Renaud Lambert du Monde diplomatique

    Votre article « La casserole russe du MD d’avril 22

    Cet article en p 13 indique que l'impérialisme occidental a encouragé l'impérialisme russe. Tout à fait exact. Mais j'ai des doutes sur les raisons avancées (de cet encouragement). 
    En effet bien que les Etats baltes aient demandé très vite leur adhésion à l'OTAN, il y a eu une retenue exemplaire en Europe à ce sujet.
    Entre autres l'Ukraine avait  renoncé à entrer dans l'OTAN le 3 juin 2010 par un vote au parlement, dans le but de calmer la Russie et d'amadouer celle-ci. 
    Ne pourrait-on pas penser à l'inverse de Renaud Lambert que la Russie  a vu dans ce vote une capitulation et une opportunité pour se préparer à occuper l'Ukraine par petits bouts… ,? Je croirais plutôt que l'humiliation des nationalistes russes a commencé avec l'exigence du démantèlement de l'industrie russe en 91-92 pour recevoir de l'aide.... puis au fil du temps avec la proclamation "de l'ordre nouveau international" sous l'égide des USA, les proclamations sur la "fin de l'histoire", et l'affirmation sans fin de la supériorité de l'Occident, dans le même temps où aucune collaboration sérieuse n'était organisée avec la Russie, l'OTAN n'étant qu'une des péripéties tardive....
    Les nationalistes russes ont été convaincus de la nécessité d'une revanche, à la chute de l'URSS, ce me semble. D'où la guerre en Tchétchénie... Et les occidentaux ont accepté cette horrible guerre qu'ils auraient pu éviter. Leur faute et arrogance est plus lointaine
    C'est une question importante, quel est l'avis de la direction du MD ?

    2) Réponse :
    Le lun. 2 mai 2022 à 06:07, Renaud Lambert a écrit :

    Je vous remercie pour votre message ainsi que d’avoir pris le temps de réagir à mon article « La casserole russe ».
    Bien entendu, il ne me revient pas de m’exprimer au nom de la direction du Monde diplomatique, que vous interpellez dans votre message. Mais il m’a semblé utile d’apporter les éléments suivants, dont je ne suis pas certain qu’ils étayent la thèse d’une « capitulation » de l’Ukraine et/ou de l’OTAN. Mais je vous laisse en juger.
    1/ Le 14 juin 2021, l’OTAN confirme soutenir les efforts de l’Ukraine visant à la rejoindre (point 69 de la déclaration suivante : https://www.nato.int/cps/en/natohq/news_185000.htm).
    2/ Le 19 février 2022, le président ukrainien exige de l’OTAN un « calendrier clair » pour l’entrée de son pays dans l’OTAN (https://thehill.com/policy/international/europe/595040-zelensky-ukraine-wants-clear-timeframe-for-nato-membership/
    Renaud Lambert Rédacteur en chef adjoint Le Monde diplomatique

    2)Réponse le 2 mai 22
    Je vous remercie de la promptitude de votre réponse, et des éléments que vous apportez. 
    Quand l'Ukraine a renoncé à entrer dans l'OTAN en mars 2010; c'était un renoncement stratégique, non une capitulation.
    C'est la Russie qui a pu voir une capitulation (provisoire) dans ce vote. La Russie n'était pas dupe qu'on pouvait chercher à l'amadouer. 
    Et que l'OTAN gardait ses objectifs
    Il n'en demeure pas moins que la vraie raison des occupations militaires successives de la Russie trouve son origine dans la décennie 90, j'en reste convaincue. Ceci dit l'existence même de l'OTAN indique bien que la coopération avec la Russie est estimée vaine par l'Occident. 
    Qu'est-ce qui eut été souhaitable ?? Que ces deux impérialismes n'existent pas....

    AMC