LOI TRAVAIL : Quand les syndicats, et la CGT en tête, se préparent à saborder la résistance populaire à la LOI TRAVAIL en France.
Alors que des milliers de gens sont descendus dans la rue pour s'opposer à
cette loi depuis un mois, quand la CGT a fait sortir ses troupes des chantiers
navals, des raffineries, des centrales nucléaires en feignant la grosse
voix, quand le gouvernement a accrédité la dite force de la CGT
(" La CGT ne fera pas la loi dans ce pays "
.a dit Valls), et
quand le mardi 24, 60 000 personnes descendaient dans la rue à Bruxelles
pour s'opposer à ce même type de loi impulsée par l'Europe
.la
CGT se demande comment sauver le gouvernement qui ne tient plus qu'à
un cheveu
. Que fait-elle le jeudi 26 mai en France ? Elle annonce que
la mobilisation doit se renforcer ( !!!) alors qu'elle est au mieux de ce qu'elle
peut être par les temps qui courent, alors qu'il y a des grévistes
qui attendent qu'on y aille franchement et que le pays soit réellement
bloqué
la CGT nous baratine pour que la mobilisation se renforce
! C'est-à-dire se délite.. Cette mobilisation doit se " renforcer
" en faisant participer les citoyens à une votation ( !!) en attendant
le 14 juin, la prochaine manifestation ( !!) quand tout sera rentré dans
l'ordre, que les grévistes lassés et en colère auront cessé
leur mouvement
. Voilà le travail de la CGT et de ses amis de FO
et SUD qui emboîtent le pas..
Là où la CGT a pu, elle a commencé, avant les manifs, par
faire des kermesses, en proposant des saucisses et du vin blanc, 2 heures avant
le départ. Ainsi les gens bien pintés, en pleine chaleur, avaient
toute chance de rentrer chez eux
cela fut fait à Grenoble !
On aurait pu croire que la CGT, pour redorer son blason, et redevenir ce qu'elle
n'est plus, allait jouer la mobilisation gagnante, en tenant bon avec un discours
de combat. Dans ces conditions, les travailleurs et les jeunes gagnaient, et
le gouvernement pouvait tomber. Ou bien la CGT choisissait de se saborder (car
elle a toutes chances de se saborder aux yeux de la jeunesse) et de venir en
aide au gouvernement. Apparemment elle préfère sauver ce dernier
et le système économique, et ne pas avoir l'air de " détruire
l'économie ". Car c'est le refrain " les grévistes veulent
détruire l'économie, les transports, le tourisme
"
Mais pour qui fonctionne cette économie qu'il faudrait sauver ? Elle
fonctionne pour les holdings qui licencient à tout va, qui ont besoin
de la " loi travail " pour embaucher encore plus de précaires
et pour les jeter dehors encore plus facilement.. Holdings qui ont besoin de
la destruction des pays du Moyen Orient et de l'Afrique pour s'y installer ;
holdings militaires qui ont besoin de vendre des armes à des dictateurs
dans des pays dévastés ; holdings qui s'opposent en Europe à
l'accueil des réfugiés qu'ils ont mis à la rue ; holdings
qui ne peuvent qu'être de mèche avec les passeurs pour que leurs
client se noient dans la mer ou soient parqués dans des camps de misère
aux frontières de l'Europe
Holdings qui veulent encore plus d'exploitation
du travail. La CGT, FO et SUD se taisent sur la nature de cette économie
Ils la défendent.
Par leur veulerie et leurs mensonges, ils veulent que ce gouvernement reste
en place. Ils ont toujours fait ça, ils le referont encore car c'est
grâce à eux que ce système économique et politique
reste en place.
Que peut-il se passer ?? Que les travailleurs excédés passent
par-dessus ces appareils dont tout gouvernement a besoin, et qu'ils fassent
la jonction avec les travailleurs belges ? A l'intérieur même de
ces appareils, il serait étonnant que certains ne bougent pas en ce sens.
Et chez les jeunes de " nuit debout ", il pourrait aussi se passer
des choses, sauf que c'est le moment des examens et des révisions
Peut-être que d'autres couches sociales pourraient se mettre à
pied d'uvre pour prendre la relève
?
Qui va appeler à faire face, à tenir, et a manifester à
nouveau de suite pour le retrait de la " loi travail " et peut-être
pour la chute de ce gouvernement? Qui ??
Le 28-5-16 AMC
NUIT DEBOUT
Les fondements de " Nuit debout " sont déjà lointains.
Ils se sont forgés dans des conflits anciens, dont le plus exemplaire
fut 1968, contre les forces politiques dominantes à gauche, c'est-à-dire
les partis communistes et les mouvements relevant d'un marxisme de type bolchévique,
à savoir le refus de la hiérarchie, de la discipline, de l'autoritarisme,
des dogmes, la réhabilitation de la pensée critique, la démocratie
à la base, les formes collectives d'organisation, la convivialité...
Les idées anarchistes sont les plus lointains fondements, à condition
d'en écarter le sectarisme.
Les traces saisissables ces dernières années, après 1968, sont : LIP en 1973 (L'imagination au pouvoir), le conflit du Larzac de 1971 à 1981, le soulèvement au Chiapas en 1994 avec Marcos, les assemblées populaires d'Argentine de 2001, les émeutes anti-G8 à Gênes en 2001, les divers mouvements des sans-papier, l'affaire Tarnac qui commence en 2008, le mouvement largement international des Indignés, les mouvements Occupy en GB et aux USA, les révolutions arabes en 2011 rapidement confisquées, la Plaza del Sol à Madrid, Podemos en Espagne, Syriza en Grèce, la révolte de Hong Kong, tous les mouvements français contre les OGM (avec la confédération paysanne..), contre les gaz de schiste, les mines, les barrages, les center parcs etc etc
Ces mouvements s'éteignent parfois sous les coups des polices politiques, et des services secrets alliés aux forces wahhabites au Maghreb et au Machrek, mais également parce que les relais n'existent pas ou trop faiblement. Mais ils renaissent. Les idées des uns se transmettent à d'autres. Il s'agit d'un processus profond mais discontinu, prêt à réapparaître à tout moment dans des endroits inattendus. Rien n'indique que le feu va s'éteindre. Car chaque nouveau mouvement s'enrichit de l'expérience du précédent. La question de sa continuité reste posée. Ni les jeunes au travail, ou engagés dans des études, ni les salariés, ne peuvent maintenir ce mouvement en continu sans les relais que nous évoquons plus haut, mais précisément ceux-ci pourraient contredire les fondements du mouvement. Il conviendrait de trouver au sein du salariat la confiance nécessaire pour ce faire, or celle-ci n'existe pas, et ne peut exister à travers les partis et syndicats traditionnels. Des liens se sont forgés, mais fragiles et éphémères, au sein des manifs ou des AG, liens qui iront forcément en se renforçant dans l'expérience des combats.
C'est donc la jeunesse qui est principalement au centre de ces mouvements et qui ont engrangé l'expérience de leurs aînés sous la forme de ce qu'il ne faut plus faire. N'oublions pas que le mouvement ouvrier a pu se saisir de cette expérience, là où le carcan bureaucratique et idéologique traditionnel était le plus faible (LIP .); la paysannerie s'en est saisie également (Chiapas, Bolivie, Larzac..) là où n'existait pas des organisations pourries et liées au pouvoir du type de la FNSEA française
Ces mouvements partent de revendications précises et s'élargissent à la contestation de la société, au " comment vivre ensemble " ? Ils se placent délibérément dans une autre perspective que le capitalisme, mais également hors du " grand soir " , hors de la lutte armée, et pour la démocratie, avec passion.. Cette passion pour la démocratie est un trait fort de ces mouvements.
On peut énumérer quelques traits communs :
-le rejet des partis politiques traditionnels
-le rejet des idéologies
-le rejet tout aussi équivalent des syndicats (ceux-ci n'étant
pas réformables)
-le rejet de la manipulation
-le rejet de l'individu providentiel ou charismatique
-d'où la volonté d'éliminer au départ le leader
charismatique qui prendrait la tête du mouvement
- ou dit autrement, le refus de se laisser confisquer le mouvement
-la volonté de délibérer dans des AG souveraines
-chacun devant parler seulement en son nom
-l'égalité homme/femme prônée dans les AG : parité
recherchée.
-la volonté d'une direction tournante des AG
-l'affirmation du pouvoir de la base et de sa capacité à promouvoir
des initiatives
-la promotion de la démocratie réelle
-la non-violence comme choix " sans violence on avance " ; mais le
refus égal de se laisser violenter par la police, la riposte étant
reconnue comme étant nécessaire
-la contestation qu'il y ait des casseurs autres que des provocations policières
Au niveau des revendications :
-contre toutes les expulsions,
-la solidarité avec les migrants et les Roms
-contre une société dont les valeurs principales seraient "
l'argent "
-l'intervention pacifique en groupe contre ce qui caractérise la société
de consommation : les grandes surfaces (dîners gratuits), les banques
(blocage, peinture des façades
), les chambres de commerce, les
médias qui propagent des fausses nouvelles ou mentent (le DL à
Grenoble), les Macdo (peinture des façaes) ; la préférence
aux pots de peinture contre les flics plutôt que les pierres
.
-les soutiens à des conflits locaux ou internationaux (les réfugiés
entre autres..)..
-le changement de la constitution : entre autres un seul mandat pour les élus
.
Révocabilité à tous moments
.
Ces mouvements imprègnent la société d'une nouvelle vision des combats à mener pour changer la société, en rupture totale avec la vision centralisée des organisations traditionnelles.
L'installation de nouvelles exigences ou modes de vie à côté
de la société de l'argent et du gaspillage, vise à saboter
les normes admises permettant à la société de consommation
de perdurer...
Notre vieille expérience s'étant transmise aux jeunes sous son
aspect repoussant d'interdiction de penser librement, de créer librement,
les jeunes veulent restituer des combats collectifs, où la composante
" solidarité " est forte, combats qui ne soient jamais inféodés
à une idéologie.
C'est le meilleur bilan qu'on puisse faire sur la carcan qui pèse toujours
sur ce qu'il est convenu d'appeler le mouvement ouvrier.
A suivre avec intérêt.
15-5-16 AMC